Journal en français facile 11/05/2022 20h00 GMT
Anne Corpet : Vous écoutez RFI, il est 22h à Paris, 20h en temps universel. Bienvenue dans le Journal en français facile, présenté ce soir avec Zéphirin Kouadio. Bonsoir Zéphirin.
Zéphirin Kouadio : Bonsoir Anne, bonsoir à toutes et à tous.
AC : La région de Kherson en Ukraine va-t-elle intégrer la Fédération de Russie ? Les autorités locales, mises en place par Moscou, vont en tous cas adresser cette demande de rattachement au président Vladimir Poutine.
ZK : Émotion en Palestine après la mort de Shireen Abu Akleh, une journaliste vedette de la chaine de télévision Al Jazeera. Elle a été tuée d'une balle dans la tête, ce matin, pendant une opération militaire israélienne à Jénine en Cisjordanie occupée.
AC : En Inde, la Cour suprême a suspendu, ce mercredi, toutes les poursuites pour acte dit de « sédition ». La loi qui prévoit cette accusation date de l'ère coloniale. Elle a souvent été utilisée pour faire taire les opposants politiques.
ZK : Les tsunamis, ces vagues géantes qui occasionnent souvent de terribles dégâts sont impossibles à prévoir à l'avance. Mais selon une étude publiée par la revue Nature ce mercredi, il est possible d'améliorer les systèmes d'alerte et de gagner de précieuses minutes.
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ZK : Les Russes accusent ce soir les Ukrainiens d'avoir bombardé leur territoire.
AC : Une personne a été tuée et trois autres blessées dans le sud-ouest de la Russie selon le gouverneur de la région touchée. Il a précisé que la situation était « la plus difficile » qu'ait connu sa région, depuis que les troupes de Moscou sont entrées en Ukraine le 24 février dernier. Les autorités des régions frontalières de l'Ukraine accusent régulièrement les forces de Kiev de lancer des attaques contre leur territoire.
ZK : Les nouvelles autorités de la région ukrainienne de Kherson disent vouloir faire partie de la Russie.
AC : La région a été prise par l'armée russe au début de la guerre. Moscou y a installé une administration. Et ce mercredi, le chef adjoint de cette administration a annoncé qu'il allait demander à Vladimir Poutine l'intégration de Kherson à la Fédération de Russie. Il a précisé qu'aucune consultation de la population ne serait organisée avant de formuler cette demande. À Donetsk, c'est le 11 mai 2014 qu'avait eu lieu un référendum pour une indépendance. Depuis, la capitale de cette région séparatiste pro-russe du Donbass célèbre cette date chaque année. Mais la guerre en cours a limité les festivités. Reportage sur place Anissa El Jabri.
Il y a bien de la musique dès le matin sur la place Centrale, des drapeaux russes et ceux de la République qui claquent au vent. Le 11 mai est, pour la très grande majorité de ceux qui vivent ici, une journée pas comme les autres : « C'est un jour très important pour nous. Nous sommes devenus une République ce jour-là. C'est aussi important que le 9 mai, c'est comme un anniversaire, comme la naissance d'un enfant. » Sauf que cette année, et c'est la première fois, quelques événements officiels sont programmés, mais pas de fête, pas de parade, raisons de sécurité disent les autorités. La ville, et surtout ses quartiers périphériques, est très proche de la ligne de front. Depuis le 24 février et le début de l'opération spéciale comme dit le Kremlin, le quotidien n'est plus le même : « On tire plus qu'habituellement et on tire partout. On tire au centre de la ville, on bombarde presque tous les quartiers. Bien sûr, les quartiers qui se trouvent à côté du front. Chaque jour, j'ai des amis qui quittent leur appartement comme moi. Notre quartier est dangereux. À la fin du mois de février, on a bombardé la maison qui se trouve juste à côté de ma maison. J'y retourne de temps en temps, une fois tous les dix jours, prendre des affaires, les vêtements pour l'hiver je les laisse, je prends les vêtements de printemps. Maintenant, je pense qu'il faudra prendre les vêtements pour l'été. » Difficile de se projeter, l'espoir d'une opération rapide s'est très vite éloigné, et la population oscille désormais entre résignation et attente d'un retour à la paix. Anissa El Jabri, Donetsk, RFI.
ZK : Une célèbre journaliste d'Al Jazeera a été tuée tôt ce matin en Cisjordanie occupée pendant une opération de l'armée israélienne.
AC : Shireen Abu Akleh était en reportage dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine. Elle portait son casque, son gilet pare-balles identifié « PRESSE », mais a reçu une balle dans la tête, à un endroit qui n'était pas protégé. La chaîne de télévision Al Jazeera accuse les forces israéliennes d'avoir tué sa journaliste vedette « de façon délibérée ». Le Premier ministre israélien a lui estimé qu'elle avait « probablement » été tuée par des tirs de combattants palestiniens. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme exige une enquête indépendante sur les circonstances de la mort de la journaliste. À Ramallah, cet après-midi, des milliers de personnes étaient réunies devant les locaux d'Al Jazeera pour rendre hommage à Shireen Abu Akleh. Écoutez ce qu'en dit Dia al-Adam. Il est journaliste palestinien, présentateur pour la chaîne Palestine TV. Il était interrogé par Alice Froussard.
« Shirin Abu Akleh, pour nous, c'est une icône palestinienne. Cette femme a été l'icône du journalisme pendant plus de 25 ans. Sa voix n'est jamais sortie de nos têtes, car on l'entendait en permanence. Elle a couvert une multitude d'événements palestiniens historiques : la bataille de Jénine, la seconde intifada… Elle était extrêmement connue des Palestiniens, mais pas seulement : même les allées des camps de réfugiés en Palestine, tout le monde la connait. On la voyait passer dans tous les quartiers de toutes les villes. Elle a fait des centaines de reportages sur les familles des martyrs palestiniens, des prisonniers, des blessés. Et ce qui est arrivé aujourd'hui, c'est un crime odieux. Un crime qui a eu lieu sous les yeux du monde entier, devant les caméras, en direct. Elle a été directement visée alors qu'elle avait un casque, son gilet pare-balles avec l'inscription “PRESSE”. C'est un message pour tous les journalistes palestiniens, c'est comme si Israël voulait nous dire “n'allez pas à proximité de ces endroits” afin que l'occupation israélienne puisse faire ce qu'elle veut, le tout en dehors des caméras. Viser directement Shireen, cela montre surtout quelle est la politique d'Israël contre les journalistes palestiniens. »
ZK : En Inde, la Cour suprême a suspendu ce mercredi toutes les poursuites pour acte dit de « sédition ».
AC : Cette loi qui permet ces poursuites a souvent été utilisée pour faire taire les opposants politiques. La plus haute instance de justice du pays estime que ce texte doit être réexaminé. Et en attendant, précise la Cour, les personnes accusées en vertu de cette loi pourront obtenir la liberté conditionnelle. Correspondance, Antoine Guinard.
Il n'est pas pertinent de continuer à utiliser la loi contre la sédition, avant que celle-ci soit réexaminée. C'est ce qu'a déclaré, ce mercredi, la Cour suprême indienne, laquelle a demandé au gouvernement de ne pas recevoir de nouvelles plaintes à ce titre. La Cour suprême avait suggéré au gouvernement indien mardi que l'article 124A soit, je cite, « tenu en suspens » à travers le pays. Selon la plus haute instance de justice du pays, la révision de cette loi pourrait prendre plusieurs mois. La veille, le gouvernement Modi avait exhorté la Cour suprême à reporter les audiences qui visent à remettre en cause la validité constitutionnelle de cette loi coloniale, afin de lui laisser le temps de la réévaluer et de la modifier. Comme plusieurs autres loi héritage de la colonisation britannique qui sont encore en vigueur en Inde, cette loi est jugée abusive et facilement manipulable. Elle permet notamment d'arrêter et d'incarcérer, sans preuve tangible, manifestants, opposants politiques, journalistes et militants pour la défense des droits de l'Homme, et c'est ce que le gouvernement Modi est accusé d'avoir fait avec zèle depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Antoine Guinard, New Delhi, RFI.
ZK : Pourra-t-on bientôt mieux prédire les tsunamis ?
AC : La réponse est oui, selon une étude publiée ce mercredi par la prestigieuse revue Nature. Simon Rozé.
Le 11 mars 2011, l'alerte tsunami est déclenchée dans la région de Fukushima au Japon. Un tremblement de terre sous-marin a généré une vague qui s'apprête à déferler sur les côtes. Mais voilà, on estime alors un séisme de magnitude 8 et une vague de trois mètres. En réalité, ce sera magnitude 9 et une déferlante de 15 mètres de haut aux conséquences dramatiques. La prédiction sismologique est une science complexe, tributaire du temps que mettent les ondes sismiques à atteindre les détecteurs. Mais cela pourrait changer puisqu'une équipe internationale a mis au point une méthode, permettant de s'en affranchir et de détecter la secousse au moment même où elle se produit. Quentin Blettery, de l'Institut de recherche pour le développement, y a participé : « Les séismes, et les plus gros d'entre eux, vont déplacer une masse immense de roches qui est suffisante, quand vous la bougez très rapidement, pour perturber le champ de gravité terrestre. Cette perturbation de la gravité, elle va se propager vers la vitesse de la lumière et donc arriver sur nos capteurs sismiques avant les premières zones sismiques. »