Journal en français facile 28/12/2021 20h00 GMT
Clémentine Pawlotsky : Merci d'écouter RFI, il est 20h en temps universel, 23h à Moscou. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile, présenté ce soir avec Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie !
Sylvie Berruet : Bonsoir Clémentine, bonsoir à tous.
CP : À la Une de l'actualité, la dissolution de l'ONG Memorial en Russie, la Cour suprême s'est prononcée aujourd'hui. C'est une nouvelle étape dans la répression menée par le Kremlin, contre toutes celles et ceux qui sont considérés comme des opposants.
SB : L'ONG Save The Children suspend ses activités dans l'est de la Birmanie. Elle accuse l'armée birmane d'avoir tué deux de ses employés. Nous entendrons la directrice de l'organisation.
CP : Les relations entre le Nicaragua et Taïwan sont au plus bas. Le gouvernement nicaraguayen a décidé d'offrir plusieurs bâtiments diplomatiques taïwanais à la Chine.
SB : Et puis, en France, les oppositions réagissent aux nouvelles mesures sanitaires décrétées par le gouvernement. Vous l'entendrez, les réactions sont plutôt contrastées !
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SB : En Russie, c'est donc un pilier de la société civile qui disparait...
CP : La Cour suprême a ordonné aujourd'hui la dissolution de l'ONG Memorial, inlassable défenseuse des droits humains, symbole de la démocratisation post-soviétique. L'ONG Memorial était la gardienne de la mémoire du Goulag, ces camps de travail forcés et concentrationnaires de l'ex-URSS. Memorial avait fait, au fil des années, un travail considérable pour documenter les horreurs et crimes du régime soviétique. Anastasia Becchio, bonsoir...
Anastasia Becchio : Bonsoir...
CP : Le Kremlin accusait l'ONG d'avoir enfreint la loi sur les « agents de l'étranger ». Et cette décision de justice provoque déjà des réactions à l'étranger.
Le département d'État américain demande aux autorités russes de « cesser leur harcèlement des voix indépendantes et des défenseurs des droits humains ». Le ministère allemand des Affaires étrangères juge la décision de la Cour suprême russe « plus qu'incompréhensible » et « inquiétante ». La France fait part de son « indignation » et de sa « préoccupation » : « cette annonce est profondément inquiétante pour l'avenir de la recherche historique et la défense des droits de l'Homme en Russie », souligne le Ministre des Affaires étrangères dans un communiqué. Jean-Yves Le Drian estime que « la dissolution de Memorial International est une terrible perte pour le peuple russe qui a le droit de bénéficier d'une connaissance juste de son passé et d'une société fondée sur les valeurs fondamentales portées par le Conseil de l'Europe ». Au Conseil de l'Europe, justement, assemblée dont la Russie est membre, on déplore une « nouvelle dévastatrice pour la société civile » et on regrette que la Russie « semble s'éloigner davantage (des) normes et valeurs européennes communes ». « Un pouvoir qui a peur de la mémoire n'atteindra jamais de maturité démocratique », souligne le Mémorial du camp d'extermination nazi d'Auschwitz dans un message sur Twitter. Enfin Amnesty International Russie y voit « une attaque directe contre le droit à la liberté d'expression et d'association ». L'ONG estime qu'en fermant Memorial, « les autorités russes insultent la mémoire des millions de victimes du Goulag ».
SB : En Birmanie, l'ONG Save the Children confirme que deux de ses employés ont été tués dans un massacre imputé à l'armée...
CP : Ils ont été identifiés, parmi les 35 corps calcinés découverts le 24 décembre dans l'État de Kayah, dans l'est de la Birmanie. L'ONG affirme que les victimes étaient de jeunes pères de famille, l'un était chargé de former des enseignants, l'autre avait rejoint l'organisation il y a 6 ans. Inger Ashing est la présidente de Save The Children. Elle témoigne au micro de Martin Chabal.
« Aujourd'hui, nous pouvons en effet affirmer que deux de nos employés font partie des victimes du massacre perpétré par l'armée birmane à la veille de Noël. Ces deux employés sont de jeunes pères de famille de 28 et 32 ans… Face à cette attaque, nous avons décidé de suspendre temporairement nos opérations dans la région de Kayah mais nous nous sommes pleinement engagés à aider les enfants les plus vulnérables surtout dans cette période de conflit et de crise. Nous allons néanmoins continuer nos opérations dans les autres régions du pays et, en parallèle, on va aussi s'assurer que notre personnel est en sécurité et que les familles des victimes reçoivent toute l'aide dont elles ont besoin après cet évènement dévastateur. » CP : Inger Ashing, la présidente de l'ONG Save The Children. Et après ce massacre, les États-Unis appellent une nouvelle fois à imposer un embargo sur les armes à destination de la Birmanie.
SB : Dans l'actualité également, ces nouvelles frappes israéliennes sur l'un des principaux ports de Syrie.
CP : Oui, c'est le port de Lattaquié qui a été visé. Il s'agit d'une zone stratégique, située dans l'ouest du pays. Les frappes israéliennes ont entrainé d'importants dégâts matériels. Plusieurs bâtiments proches du port ont été endommagés, dont une clinique et des magasins. L'agence officielle syrienne Sana ne rapporte, pour l'instant, aucune victime humaine.
SB : Au Nicaragua, le gouvernement saisit l'ancienne ambassade de Taïwan et plusieurs de ses bureaux diplomatiques.
CP : Le gouvernement nicaraguayen affirme que ces bâtiments appartiennent désormais à la Chine. Il s'agit en fait du 2ᵉ épisode d'un feuilleton diplomatique qui a débuté il y a 3 semaines. Le 9 décembre, le Nicaragua annonce la rupture de ses relations avec Taïwan et le lendemain, le 10 décembre, le pays rétabli ses relations avec la Chine. Depuis, les diplomates taïwanais ont quitté le pays et ils dénoncent l'occupation illégale de leurs locaux. Achim Lippold.
Le gouvernement nicaraguayen avait rompu les relations avec Taïwan le 10 décembre dernier au profit de la Chine. Les diplomates taïwanais n'avaient que 14 jours pour quitter le pays, ce qui est un délai très court selon les pratiques internationales. Taïwan a alors décidé de faire don des locaux de son ambassade à l'Église catholique du Nicaragua, connue pour son attitude critique à l'égard du régime de Daniel Ortega. Mais dimanche dernier, ce dernier a annoncé avoir confisqué le bâtiment situé dans un quartier huppé de Managua, et l'avoir offert à la Chine. Cette décision a provoqué l'ire du gouvernement taïwanais qui dénonce « une occupation illégale ». Une position soutenue par des experts qui estiment qu'une mission diplomatique forcée de quitter un pays a évidemment le droit de vendre ou de faire don de ses biens à qui elle le souhaite. Il y a des précédents dans la région : lorsqu'en 2007 et en 2017 le Costa Rica et le Salvador avaient rompu leurs relations avec Taipei, les deux pays avaient respecté le droit de Taïwan à liquider ses biens.
SB : Un navire de l'ONG Médecins Sans Frontières autorisé à accoster en Italie, avec 558 migrants.
CP : Le navire doit débarquer dans le port d'Augusta tandis qu'un autre navire attend toujours au large l'autorisation de ramener 440 autres personnes à terre. Tous ces migrants sont principalement originaires d'Afrique subsaharienne. Ils ont été secourus lors de 8 opérations distinctes, menées ces 11 derniers jours au large des côtes libyennes. Plusieurs mineurs figurent parmi eux, ainsi qu'une femme enceinte de 8 mois.
SB : Les contaminations au Covid 19 explosent en France : le pays vient d'enregistrer un record de près de 180 000 nouveaux cas, en seulement 24 heures.
CP : Oui et la stratégie sanitaire du gouvernement ne fait pas l'unanimité, c'est-à-dire qu'elle ne plait pas à tout le monde. Au sein de l'opposition, les réactions sont contrastées et comme souvent, les extrêmes sont les plus sévères. Aurélien Devernoix.
Et c'est Marine Le Pen qui a dégainé le plus vite et le plus fort contre le nouveau dispositif gouvernemental : « une stratégie perdante » selon la candidate du RN, mise en place avec « des mesures punitives et ridicules ». « Pas de café debout, pas de popcorn au cinéma, pas de chips dans le train », c'est ce qui a aussi marqué Éric Zemmour, également hostile au plan dévoilé par Jean Castex, « une politique sanitaire encore plus folle que l'ancienne », juge le candidat d'extrême droite. À gauche, c'est du côté des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon que les critiques ont volé en escadrille, le député Éric Coquerel dénonçant un manque d'anticipation des autorités, qui se traduit par de nouvelles privations de liberté. Point commun de ces candidats, ils ont dans leur électorat des Français réticents au principe du passe sanitaire, futur passe vaccinal. Pas question donc de les froisser. Discrétion en revanche du côté des Républicains et des Socialistes, plutôt favorables au renforcement des mesures sanitaires, voire à aller plus loin que le gouvernement. Pas de réaction pour l'heure de Valérie Pécresse ou d'Anne Hidalgo, qui restent toutefois en embuscade si la flambée épidémique venait à paralyser le pays.
SB : Les États-Unis lèvent les interdictions de voyage sur leur territoire depuis les pays d'Afrique australe.
CP : C'est le président Joe Biden qui l'annonce : à partir du vendredi 31 décembre, tous les voyageurs en provenance de 8 pays d'Afrique australe pourront se rendre sur le territoire américain. Cet allègement concerne l'Afrique du Sud, le Botswana, le Zimbabwe, la Namibie, le Lesotho, l'Eswatini, le Mozambique et le Malawi. Cela faisait un mois que les frontières américaines étaient fermées aux voyageurs arrivant de ces pays. C'est la fin de ce Journal en français facile, merci à vous de l'avoir suivi et très belle soirée sur RFI.