Journal en français facile 29/04/2022 20h00 GMT
Sébastien Duhamel : La Radio du monde, toujours à vos côtés pour vous informer. Il est 22 h, ici à Paris, 20 h en temps universel. Bonsoir à toutes et à tous, bienvenue pour votre Journal en français facile. Mehdi Meddeb est avec moi en studio pour le présenter ce soir. Bonsoir Mehdi !
Mehdi Meddeb : Bonsoir Sébastien, bonsoir à tous ! À la Une aujourd'hui : la guerre en Ukraine et la confirmation que l'armée russe a bien bombardé Kiev hier, alors que les civils ukrainiens toujours coincés sous l'usine Azovstal de Marioupol attendent une évacuation.
SD : Ne surtout pas prendre position entre l'Ouest et l'Est, comme au temps de la Guerre Froide. Voilà encore aujourd'hui la politique de l'Indonésie. Elle assure cette année la présidence du G20 et souhaite inviter Vladimir Poutine et Volodomyr Zelensky pour le sommet prévu en novembre prochain.
MM : Critiqué pour ses méthodes au sein de l'Union européenne, Fabrice Leggeri annonce sa démission à la tête de Frontex. Le Français dirigeait l'agence européenne des garde-côtes et des garde-frontières depuis 2015.
SD : Et puis, voilà de quoi rendre triste les très nombreux fans de Céline Dion. La chanteuse annonce le report de sa tournée de concerts en Europe. Elle évoque des raisons de santé.
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MM : C'est certain, plus de doute possible, l'armée russe a bien bombardé Kiev hier, lors de la visite du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
SD : Moscou l'a confirmé aujourd'hui, des bombardements ont visé des ateliers de l'entreprise Artiom, spécialisée dans le secteur spatial, le domaine de l'espace. D'autres frappes ont aussi pris pour cibles trois centrales électriques, selon le ministère russe de la Défense. Ces frappes ont fait au moins une victime : Vira Ghyrytch, une journaliste ukrainienne de Radio Liberty, un média financé par les États-Unis.
MM : Et sur le terrain, toujours cette question : à Marioupol, quel sera le sort des réfugiés, civils réfugiés, depuis des semaines sous l'usine Azovstal ?
SD : Dernière poche de résistance, dernier lieu qui résiste à Marioupol, mais une opération sera peut-être bientôt organisée pour les évacuer. C'est ce qu'annonce aujourd'hui la présidence ukrainienne, sans donner beaucoup plus de détails, ni d'avancées concrètes pour le moment. Cela montre en tout cas, encore une fois, la difficulté pour les civils de fuir les zones sous contrôle russe. À quelque 200 kilomètres de là, dans la ville occupée d'Enerhodar, Mikhail, un civil a lui réussit à fuir, tant bien que mal. Écoutez son témoignage.
« La ville d'Enerodhar a été occupée depuis le début de la guerre, on a donc vécu sous occupation. Ce n'était pas facile, on a vu les produits disparaitre dans les magasins, on manquait d'essence, mais je crois que la chose la plus terrible a été de voir cette armée russe dans la ville. La façon dont ils marchaient dans les rues avec leurs armes, et ce sentiment qui se dégageait d'eux, de se sentir à la maison. Au final, on a trouvé un moyen de quitter Enerhodar, de sortir de tout ça, et on a pu fuir la zone sous occupation. La route n'était pas si sûre que ça : il y avait encore des bombardements, des mines, mais moi je ne devais pas montrer ma peur parce qu'il fallait à tout prix quitter cette région sous occupation, avec ma femme. Et au final, on a réussi à le faire ».
SD : Voilà le témoignage de Mikhail, un habitant d'Enerhodar qui s'est réfugié dans la capitale ukrainienne. Il répondait au téléphone à Nicolas Feldman.
MM : Et en coulisses, loin du terrain et des bombes, il y a cette annonce du président indonésien, Joko Widodo.
SD : L'Indonésie préside cette année le G20, le sommet se tiendra à Bali en novembre prochain, et son président a décidé d'inviter pour ce sommet à la fois Vladimir Poutine et Volodomyr Zelensky. Vincent Souriau, malgré la position claire et nette des pays occidentaux, l'Indonésie souffle le chaud et le froid en matière diplomatique et ce n'est pas une nouveauté.
« Surtout ne brusquez personne : c'est un grand classique de la diplomatie indonésienne qui revendique son non-alignement depuis les années 1950. À l'époque de la Guerre Froide, il n'était déjà pas question pour Jakarta de trancher entre l'Occident et la Russie. 70 ans plus tard, le président indonésien ne veut toujours pas choisir et, malgré les pressions occidentales, il invite à la fois Vladimir Poutine et Volodomyr Zelensky, au motif que le sommet du G20 doit, dit-il, rester apolitique. Très risqué, car il y a peu de chances que Joe Biden, Emmanuel Macron ou Boris Johnson s'affichent dans la même pièce que le patron du Kremlin, accusé de crimes de guerre et mis au ban de la communauté internationale. Dès les premiers jours du conflit en Ukraine, l'Indonésie avait, certes, condamné l'invasion russe, mais elle avait prévenu qu'elle ne sanctionnerait pas Moscou. Trop risqué compte tenu des liens économiques entre les deux pays. Les Indonésiens ont besoin du pétrole russe pour maintenir leur économie à flots. Ils veillent aussi à ne pas fâcher la Chine, la super-puissance régionale qui suit l'avancement du dossier ukrainien en silence. L'exercice d'équilibrisme de l'Indonésie devrait trouver son épilogue au mois de mai, avec la visite à Washington du président indonésien, dans le cadre du sommet entre les États-Unis et l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est.
MM : Invitation très risquée nous disait à l'instant Vincent Souriau, et cela semble se confirmer, Sébastien.
SD : Les États-Unis affirment ce soir qu'ils refusent de traiter avec Vladimir Poutine « comme si de rien n'était ». Cependant, la porte-parole du Département d'État qui s'exprimait sur ce point n'a pas précisé si les américains participeraient au sommet de Bali, ou non.
MM : Un attentat de plus en Afghanistan.
SD : Une dizaine de personnes ont été tuées dans une explosion qui a touché aujourd'hui une mosquée, lieu de prière des musulmans, dans la capitale Kaboul. Cet attentat n'a pas été revendiqué pour le moment, on ignore donc qui en est à l'origine, mais on sait que les attentats se font de plus en plus nombreux en ce mois d'avril, certains revendiqués par l'Organisation État islamique.
MM : De nouveaux affrontements à Jérusalem-Est.
SD : Plus de 40 Palestiniens ont été blessés aujourd'hui dans des heurts, des accrochages, avec des policiers israéliens. Cela s'est passé sur l'esplanade des Mosquées, dans le secteur palestinien de la Ville sainte occupé et annexé par Israël. Des évènements qui confirment l'escalade, c'est-à-dire la montée des tensions que l'on constate sur place depuis plusieurs semaines.
MM : Critiqué, contesté au sein de l'Union européenne, le chef français de Frontex « jette l'éponge », comme on dit dans le milieu de la boxe.
SD : Autrement dit, Fabrice Leggeri arrête là, il démissionne. Le directeur exécutif de l'agence européenne des garde-côtes et des garde-frontières l'a annoncé aujourd'hui, après une réunion de 2 jours qui faisait suite à une enquête de l'Office européen de lutte anti-fraude. Enquête qui vise trois 3 membres de Frontex dont Fabrice Leggeri. Précisions d'Aram Mbengue.
Directeur de Frontex depuis 2015, Fabrice Leggeri incarnait la lutte contre l'immigration clandestine dans l'espace Schengen. Régulièrement accusé de tolérer les refoulements illégaux de migrants, il faisait l'objet d'une enquête sur sa gestion de l'agence, par l'office européen de lutte anti-fraude. Selon le journal Le Point, il lui est reproché notamment de ne pas avoir respecté les procédures, de ne pas s'être montré loyal vis-à-vis de l'Union européenne et d'avoir mis en place un mauvais management au sein de l'agence. Ces dernières années, plusieurs journaux français et internationaux, ainsi que des ONG, ont également pointé du doigt la gestion du patron de Frontex des arrivées de migrants, aux portes de l'Europe. Mercredi dernier, le quotidien Le Monde a publié une enquête, décrivant des refoulements de migrants faits sans aucun respect des codes de procédure. Selon le journal français, Frontex a procédé à plusieurs renvois illégaux d'exilés vers la Turquie, alors que ces derniers étaient parvenus dans les eaux grecques, ce qui les rend éligibles pour demander l'asile en Grèce.
SD : Aram Mbengue. Et après cette démission, le conseil d'administration de Frontex a annoncé que c'est la directrice exécutive adjointe, Aija Kalnaja, diplomate de Lettonie, qui remplacera Fabrice Leggeri.
MM : Ça, ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle pour les nombreux fans européens de Céline Dion.
SB : La chanteuse canadienne reporte une nouvelle fois sa tournée en Europe, officiellement pour des raisons de santé. « La récupération prend beaucoup plus de temps que je le pensais », explique la star dans une vidéo publiée sur internet. Edmond Sadaka.
« Je suis tellement désolée, attristée, d'être obligé de repousser les spectacles une fois de plus. » Dans cette vidéo postée sur les réseaux sociaux, la star de 53 ans évoque des raisons de santé. Elle souffre de spasmes musculaires très douloureux, mais elle se veut tout de même rassurante. « La bonne nouvelle, c'est que je me sens quand même un peu mieux. C'est sûr que ça ne va pas assez vite. » Céline Dion avait donné les 52 premiers spectacles de sa tournée avant le début de la pandémie, début 2020. Elle avait ensuite annoncé en janvier dernier qu'elle annulait la partie nord-américaine de cette série de concerts à cause de ses problèmes de santé. Le spectacle qu'elle devait donne en septembre prochain à Paris dans la gigantesque salle de La Défense Arena a été retardé d'un an. D'ici là, les fans vont devoir prendre leur mal en patience.
SD : Et voilà, c'est la fin de ce Journal en français facile. Merci Mehdi Meddeb.
MM : Merci Sébastien Duhamel !
SD : Un journal à retrouver bien sûr, comme tous les autres, sur le site de RFI Savoirs. 22 heures 10 à Paris. Bonne soirée à tous