LA BOÉTIE - La servitude volontaire 📏 (2)
il faut évidemment précisé que si
l'habitude et la cause de la servitude
elle en devient en aucun cas une excuse
comme il l'écrit les années ne donne
jamais le droit de mal faire c'était pas
parce que l'on a été habitué depuis
l'enfance à obéir que l'obéissance
devient une vertu
c'était ma part ce que l'on s'est
habitué à ce que notre liberté soient
bridées que l'on a raison de laisser
notre liberté être [ ]
le deuxième intérêt à la soumission au
pouvoir c'est celui que j'évoquais
précédemment à savoir l'intérêt
psychologique
autrement dit le confort intellectuel de
pouvoir se positionner en victime de
l'oppression et ainsi d'avoir à sa
disposition un coupable à désigner
avoir un coupable a désigné m c'est ne
plus porter le poids de la
responsabilité de notre condition
c'est avoir entre les mains un joker de
libération mental
parce qu'avoir un coupable a désigné
nous dispense d'avoir à sortir de notre
condition de victimes
et on peut alors convertir notre
passivité pratique en gratification
symbolique
puisque être victime sait se rendre
disponible à la tension et à la
compassion d'autrui
se positionner en victime c'est se
dispenser d'avoir à mettre en oeuvre des
solutions pour sortir de sa condition de
victimes
et on peut construire un barrage anti
solutions autour de soi pour se garantir
le maintien dans notre situation victime
comme on peut se plaindre de ce qu'on
subit non pas pour trouver le moyen de
ne plus le subir
mais pour le soulagement que procure le
fait de le faire savoir
pointé la culpabilité sur les
oppresseurs de notre liberté c'est
admettre que notre liberté dépend du bon
vouloir de notre presseur c'est donc
reconnaître la supériorité de notre
presseur sur nous
c'est donc validé le rapport de
domination dont on est la victime
et sur le plan psychologique le
sentiment de bonne conscience que
produit la soumission à l'oppresseur
peut conduire à vouloir que ce rapport
de domination perdure
et alors l'intérêt psychologique peut se
prolonger en un troisième intérêt à
savoir l'intérêt intellectuel voire
philosophique et qui consiste dans la
délimitation du monde en deux catégories
les gentils et les méchants
les bons et les mauvais est faible et
l'effort
or dans l'imaginaire collectif
appartenir au camp des faibles c'est
appartenir au camp des gentils
la littérature romanesque et le cinéma
sont structurées par cette ligne
médiatrice cette vision dichotomique
entre les forces du bien et les forces
du mal et vous remarquerez qu en général
la force et du côté des méchants
et les gentils doivent souvent s'unir ou
faire preuve de ruse pour triompher des
forces du mal
même si dans les faits il ya aussi des
marques les gentils gagnent à la fin
si la force est vue comme la tribu des
méchants
la force est vu comme quelque chose
qu'il faut condamner
et c'est d'ailleurs ça qui conditionne
notre conception de la domination
politique
l'effort sont les méchants justement
parce qu'ils sont les forts
et les faibles sont les gentils
justement parce qu'ils sont les faibles
faible c'est celui qu'il faut défendre
celui qu'il faut protéger c'est celui
pour lequel il faut avoir de la
compassion
mais sauf que le pouvoir n'a aucune
compassion pour les faibles
et donc à aucun moment on ne rend
service aux faibles en le maintenant
dans sa faiblesse
à aucun moment on est le faible a relevé
la tête face au fort en lui disant que
la force c'est mal
au contraire on entérine sa servitude
parce que si la domination est le
résultat d'un rapport de force entre un
fort et un faible justifier la faiblesse
c'est se faire le complice du fort et
quand on demande au pouvoir de faire
preuve de compassion à notre égard
on lui demande de ne plus être le
pouvoir
il n'ya qu'un faible pour croire qu'un
fort et sensibles à la faiblesse
la domination politique n'est pas un
rapport de compassion la domination
politique est un rapport de force
alors là certains d'entre vous diront
peut-être d'accord mais à l'époque de la
boétie on était en monarchie
or aujourd'hui nous sommes en démocratie
et en démocratie nous sommes beaucoup
plus libre qu'en monarchie
sauf que c'est mal connaître les
principes de la domination et notamment
les modalités psychologique du
consentement au pouvoir
les modalités psychologique du
consentement au pouvoir ce sont
l'ensemble des stratégies mises en
oeuvre par un état pour substituer à la
liberté réelle ce qui n'est que le
sentiment de la liberté
or la liberté n'est pas un sentiment
on donne un esclave un psychotrope qui
lui fait prouvé un sentiment de liberté
l'esclave n'en devient pas libre dans
les faits
la liberté ce n'est pas un sentiment
subjectif c'est une réalité objective
c'est d'ailleurs sur ce point que
portait la critique virulente de marx à
l'égard des droits de l'homme puisque
marx considérait que les droits de
l'homme n'étaient que des droits formels
et non pas des droits réels
vous pouvez avoir tous les droits du
monde si vous n'avez pas les moyens
matériels de satisfaire vos droits
vos droits n'ont aucune réalité
vous pouvez avoir le droit d'être
propriétaire de votre maison mais si
vous n'avez pas les moyens matériels
d'acheter votre maison ce droit n'est
qu'une abstraction
de la même façon la liberté n'est pas la
capacité virtuelle à pouvoir faire ce
que l'on veut la liberté c'est la
capacité réelle effective de pouvoir
réaliser sa volonté
encore faut-il que notre volonté ne soit
pas aliéné
et justement en parlant de volonté
aliéner la stratégie de consentement au
pouvoir dont par la boétie
c'est la stratégie qu utilisaient déjà
les empereurs romains et cette stratégie
vous la connaissez parce qu'on en a déjà
parlé c'est le divertissement
le divertissement ça regroupe l'ensemble
des moyens par lesquels on procure aux
individus un plaisir éphémère qui va
détourner leur attention de leur
situation objective
quand on va voir un match de foot on ne
se pose pas la question de la domination
politique
quand on est sous l'emprise d'une drogue
ou quand on fait du shopping ou quand on
regarde un film porno on se pose pas la
question de la domination politique
et la boétie montre bien que cette
stratégie a un double intérêt car en
plus de détourner l'attention du peuple
de sa servitude
elle induit ce qu'il appelle un
amollissement de la volonté
l'accoutumance aux divertissements nous
fait perdre le goût de notre liberté
et donc cette stratégie d'un mot
l'ismans de la volonté par le
divertissement montre bien que le
pouvoir ne s'exerce pas uniquement par
la force
car lorsqu il s'exerce par la force le
pouvoir devient visible
et alors à ce moment-là il ouvre la voie
à la possibilité de l'insurrection
le pouvoir ne s'exerce pas uniquement
par la force il s'exerce d'abord par la
ruse et le divertissement
c'est la ruse du pouvoir pour produire
un amollissement de la volonté et un
abrutissement de l'esprit
et ce faisant on rend les individus
consentants et donc acteurs de leur
soumission un peuple diverti est un
peuple qu'on s'entend
un peuple qui s'abandonne à ses plaisirs
est un peuple qui ne demande qu'une
seule chose
davantage de plaisir
davantage de soumission au
divertissement
ne croyez pas qu'il y ait nul l'oiseau
qui se prennent mieux à la pipe et ni
aucun poisson qui pour la friandise du
verre morts de plus tôt à l'hameçon que
tous ces peuples qui se laisse
promptement à lécher à la servitude pour
la moindre douceur qu'on leur fait
goûter ces choses merveilleuses qu'il se
laisse aller si promptement pour peu qu
on les chatouille et théâtre les jeux
les farces les spectacles les
gladiateurs les bêtes curieuses les
médailles les tableaux et autres drogues
de cette espèce était pour les peuples
anciens les a pas de la servitude
le prix de leur liberté ravi les outils
de la tyrannie ainsi les peuple abruti
trouvant beaux tous ces bastons amusé
d'un vin plaisir qui les éblouissait
s'habituer à servir aussi niaisement
mais plus mal que les petits enfants
apprennent à lire avec des images
brillantes
alors on pourrait décrire pendant des
heures la manière dont fonctionne la
mécanique du consentement au pouvoir
mais ce n'était pas ce qu'on va faire
parce qu'alors on tomberait dans
l'écueil que signale implicitement la
boétie dans son discours à savoir
l'écueil de la dénonciation
pour la boétie il ne s'agit pas de
condamner la servitude
il s'agit d'en sortir
et pour lui le seul moyen de sortir de
la servitude la seule et unique façon de
devenir des êtres libres
ces deux cesser d'obéir
alors vous allez me dire la belle
affaire c'est un peu évident oui pour
être libre il faut cesser d'obéir
oui sauf qu'il faut comprendre ce que ça
veut dire
être libre c'est cesser d'obéir mais est
ce que nous comprenons bien ce que ça
veut dire cesser d'obéir
la boétie nous comprenons mal ce que
signifie ne pas obéir
parce que nous sommes tellement
accoutumés à notre servitude que nous
imaginons que pour être plus libre que
nous le sommes nous devrions nous battre
imaginons que la liberté s'obtient par
des actes
or cesser d'obéir ce n'est pas agir
c'est au contraire cessé d'agir
désobéir ce n'est pas faire quelque
chose c'est cesser de faire quelque
chose remarquez comme notre imaginaire
et façonné par l'idée d'une liberté
conquise par la lutte
remarquez comme la liberté est associé
dans notre esprit à des images de
violence et à des scènes d'insurrection
constater à quel point les éléments de
langage utilisé par les prétendus
défenseurs de l'émancipation sont
systématiquement relié à une mythologie
du combat
lutter pour ses droits combattre les
injustices résister à l'oppression
mais ce que dit la boétie c'est que la
liberté on ne l'obtient pas par des
actes
on ne se débarrasse pas d'un fardeau en
le combattant
s'en débarrasse en le lâchant
être libre ce n'est pas vos si ferrer à
l'oreille des dirigeants s'étaient pas
les menacer de mettre le feu aux
poubelles parce que toute façon les
poubelles c'est nous qui allons les
payer
être libre c'est d obéir
être libre c'est cesser d'agir
conformément à la volonté du pouvoir
et c'est ça qui fait dire à la boétie
que dès lors qu'on cesse d'obéir au
pouvoir sans violence sans agressivité
juste cesser d'agir selon sa volonté
alors le pouvoir est nu
le pouvoir est démuni
parce que le pouvoir a besoin notre
participation active
et parce que combattre le pouvoir c'est
encore le nourrir
c'est le légitimer comme pouvoir
c'est le valider comme pouvoir
voir c'est se placer dans la situation
de l'opprimé qui réclame au pouvoir les
miettes de sa liberté
le pouvoir ne peut opprimés que des
opprimés consentants le pouvoir ne peut
avoir comme esclaves que des esclaves
volontaires
mais dès lors qu'il n'y a plus d'eau
primés
il n'y a plus d'eau presseur
et pas en faisant disparaître les
oppresseurs qu'on cesse d'être opprimé
c'est en cessant de se conduire en
opprime et on fera disparaître les
oppresseurs
c'est ce raisonnement qui conduit la
boétie à écrire cette célèbre phrase qui
résume tout soyez résolus à ne plus
servir et vous voilà libres
la théorie de l'émancipation de la
boétie tient en un raisonnement simple
un raisonnement qui annonce près de
trois siècles en avance ce que hegel
appellera la dialectique du maître et de
l'esclave
et qui consiste à mettre en lumière le
fait que l'oppresseur est davantage
dépendants de l'opprimé que l'opprimait
ne l'est de l'oppresseur
en d'autres termes le pouvoir a
davantage besoin de nous que nous
n'avons besoin de lui
c'est ce qui fait que paradoxalement le
recouvrement de notre liberté ne passe
pas par l'action révolutionnaire mais
par le retrait de l'action servile alors
bien sûr la boétie ne cache pas son
admiration pour les héros guerrier de
l'antiquité qui était prêt au sacrifice
pour défendre leur liberté
la boétie partage avec rousseau ce goût