Chapitre 4. Une rencontre dans le parc
Le lendemain matin, Gabriel doit commencer à travailler à 11 heures. Il laisse les autres dormir et va au bar à pied. Son patron est en train de l'attendre.
‒ Bonjour, Gabriel, dit‒il. Tu vas mieux ?
‒ Oui, beaucoup mieux, merci, dit Gabriel.
‒ C'est ce que j'ai pensé, dit son patron, quand je t'ai vu en boîte hier soir !
Gabriel est très surpris et il ne sait pas quoi dire.
‒ Tu es peut‒être un peu fatigué ce matin, lui dit son patron. Pourquoi tu ne retournes pas te coucher ? Tu peux rester tout le temps que tu veux au lit, parce que tu ne travailles plus ici !
‒ Non !... Attends !... Je peux t'expliquer ! dit Gabriel.
‒ Il n'y a rien à expliquer, dit son patron avec colère. Je n'ai plus besoin de toi, tu es renvoyé !
Gabriel est très triste. Il marche dans les rues de Paris sans savoir où il va.
Une heure plus tard, il retourne à l'appartement. Ses amis sont dans la cuisine en train de prendre leur petit déjeuner.
‒ Salut, Gabriel ! dit Camille. Tu as déjà fini pour aujourd'hui ?
Gabriel ne répond pas. Il va dans sa chambre et commence à préparer ses valises. Ses copains entrent dans la pièce pour voir ce qu'il fait.
‒ Pourquoi tu prépares tes valises maintenant ? dit Anaïs
‒ Je m'en vais et je ne reviendrai pas, dit‒il d'une voix calme.
‒ Qu'est‒ce que tu racontes ? dit Camille.
‒ Je viens de perdre mon job au bar, dit Gabriel. Je ne peux pas rester à Paris et payer cet appartement et la nourriture si je n'ai pas de travail. Mon patron m'a vu en boîte hier soir...
‒ Oh, non ! dit Thomas. Écoute, je peux te donner de l'argent jusqu'à ce que tu trouves autre chose.
‒ Je ne veux pas de ton argent ! Toi, tu es seulement un fils à papa! dit Gabriel en colère.
Ensuite, il prend son étui avec son saxophone à l'intérieur et sort de l'appartement. Camille se lève pour le suivre.
‒ Laisse‒le, Camille, dit Anaïs. Il est trop en colère pour l'instant. Il reviendra quand il sera calmé, toutes ses affaires sont ici. Regardons sur Internet pour essayer de lui trouver un autre travail.
‒ Il ne pensait pas ce qu'il disait, dit Camille à Thomas avant de le serrer dans ses bras.
‒ Je n'en suis pas sûr, dit Thomas qui s'installe devant l'ordinateur.
Gabriel arrive au parc et se met sur un banc pour réfléchir. Un homme âgé et bien habillé vient s'asseoir à côté de lui.
‒ Bonjour ! dit l'homme.
Gabriel ne répond pas. Il ne veut parler à personne.
‒ Qu'est‒ce que tu as dans ton étui ? demande l'homme.
‒ Un saxophone, dit Gabriel.
‒ Ah, alors tu es un étudiant de l'académie MADAL. Jouer du saxophone dehors n'est pas une très bonne idée aujourd'hui : même s'il y a du soleil, il fait froid. J'ai quelque chose de mieux.
Il prend un thermos dans son sac et offre à Gabriel une tasse de café bien fort. Gabriel la prend sans rien dire et la boit. Le café est bon et chaud et il se sent beaucoup mieux après.
‒ Merci, dit finalement Gabriel.
‒ Voilà ce que j'attendais, dit l'homme. N'oublie pas, jeune homme, la politesse ne coûte rien, dit‒ il avec un sourire. Alors, dis‒moi, comment tu t'appelles et pourquoi tu es sur ce banc au lieu de sortir avec une jolie fille ?
Gabriel sourit, puis il raconte ses problèmes au vieil homme. D'habitude, Gabriel ne discute jamais avec les personnes âgées, mais cet homme est différent... Il s'appelle Victor Dubois et il habite seul près du parc.
‒ Alors, qu'est‒ce que tu vas faire maintenant ? demande Victor.
‒ Je ne sais pas, dit Gabriel. Ça va être difficile de trouver un autre travail… Je ne peux pas demander de l'argent à ma mère pour rester ici, alors je vais probablement devoir rentrer chez moi.
‒ Pourquoi tu ne viens pas travailler pour moi ? demande Victor. Je n'arrive plus très bien à voir, maintenant... J'ai besoin d'aide à la maison et j'adore quand on me lit des livres. Combien ils te payent au bar ?
‒ 10 € de l'heure, dit rapidement Gabriel.
Victor le regarde un moment, puis il lui dit :
‒ Eh bien, je te donne la même chose, Gabriel. Viens, je vais te montrer où j'habite.
Trois heures plus tard, Gabriel revient à l'appartement avec un grand sourire sur le visage. Les autres sont très surpris de le voir si heureux.
‒ Alors, demande Anaïs, pourquoi tu es si heureux ?
‒ Un vieil homme dans le parc vient de me proposer un travail ! dit Gabriel.
‒ Il était bien habillé ? demande Camille. J'ai vu un homme âgé assis sur un banc il y a quelques semaines et il a levé son chapeau quand je suis passée... vraiment gentil.
‒ Oui, dit Gabriel. Je lui ai dit que je gagnais 10 € au bar et il a accepté de me donner la même chose ! Il est riche, il a beaucoup d'argent ! dit‒il avec un sourire.
‒ Mais… tu gagnais seulement 8 € de l'heure, dit Camille, surprise.
‒ Oui, je sais ! Je suis bon en affaires, tu ne trouves pas ? dit Gabriel.
‒ Non, je pense que tu es un peu malhonnête, en fait, dit Camille.
‒ Allez, Camille ! Quel est le problème ? Tu ne le connais même pas, ce vieil homme.
‒ Et alors ? Je l'ai vu une seule fois, mais il semble très gentil et je n'aime pas les menteurs ! dit‒elle en colère avant de sortir de la pièce.
‒ Qu'est‒ce qu'elle a aujourd'hui ? demande Gabriel aux autres.
‒ Rien. Je crois qu'elle a enfin ouvert les yeux, dit Thomas.
Gabriel s'assoit. Il se sent un peu bizarre. Camille est en colère contre lui, et il n'aime pas cela. Quelques instants plus tard, il dit à ses amis :
‒ Quelqu'un vient prendre un verre avec moi ?
‒ Je crois que je vais aller voir Camille, dit Anaïs.
Thomas regarde Gabriel un moment, puis il dit :
‒ D'accord, Gabriel, mais c'est toi qui payes !