23b. Étienne Chouard - Chercher la cause des causes – Partie 2/3.
Donc, je pars des conséquences.
Les injustices sociales : j'essaye de comprendre d'où elles viennent. Il me semble qu'elles viennent de l'absence de contrôle des pouvoirs, qui produisent une impuissance populaire ; et je pense que s'il y a des injustices sociales, c'est parce que les gens « bien », les gens « normaux », n'ont pas le pouvoir de résister. Tous ces résistants qui résistent et que je connais, tous ces militants, ils résistent… ils passent toute leur vie à se bagarrer… Ils ne changent rien !
Comment ça se fait ?
Parce que leur impuissance politique leur interdit d'agir. Mais d'où vient cette impuissance politique ? Pour, pour… Ce que j'en analyse, je pense que cette impuissance politique vient de la constitution. Du texte qui fait que les élus ne sont pas révocables. Ils n'ont pas de comptes à rendre. On (ne) peut pas choisir, on (ne) peut pas choisir nos candidats. Euh, on n'a pas de référendum d'initiative populaire. De notre initiative, nous ne pouvons décider de rien. La monnaie, et on la laisse privatiser parce que dans la constitution il n'y a rien pour obliger au fait qu'elle soit publique. Etc. etc. J'ai pas le temps de développer, mais, dans la constitution, toutes nos impuissances sont programmées, ça ne vient pas du ciel ! C'est écrit quelque part. Alors, j'essaye toujours de comprendre quelle est la cause des causes.
Quelle est la cause de cette cause. Qu'est-ce qui fait que, partout dans le monde, toutes les constitutions programment l'impuissance des peuples ? C'est pas (Ce n'est pas) un complot, ça ne peut pas être un complot, pas tout le temps, et dans tous les pays, c'est pas ça !
C'est autre chose : un processus universel qui doit avoir une cause universelle. Et il me semble que (la, la…) ce qui fait que toutes ces constitutions sont mauvaises.
Qu'elles programment l'impuissance des gens, au lieu de programmer notre puissance ; et au lieu ne nous garantir, nous garantir contre les abus de pouvoir, elle programme notre impuissance. Je pense que c'est parce que ceux qui écrivent la constitution, les auteurs constituants, ceux qui écrivent la constitution sont… ont un intérêt personnel à ne pas écrire de bonne constitution. À (ne) pas écrire notre puissance. Et ils sont juges et parti, ce sont des professionnels de la politique.
Et cette cause-là, on est proche de la cause des causes. C'est pas de leur faute, c'est (ce ne sont) pas eux qui sont des pourris. C'est nous qui les laissons écrire ! Pour comprendre l'importance de cette erreur, il faut que je rappelle qu'est-ce que c'est qu'une constitution. Les peuples, nous, depuis longtemps, depuis 2500 ans, avons besoin de mettre au-dessus de nous des représentants. Pour produire et appliquer un droit écrit qui nous protège contre l'arbitraire des plus forts. Donc, ces gens là sont très utiles, évidemment !
Ils produisent un droit dont nous avons besoin pour pacifier notre société. Mais en même temps ils sont très dangereux ! C'est-à-dire que si jamais ils se mettent à abuser, s'ils se mettent à servir les intérêts d'une caste au lieu de servir l'intérêt général. OU s'ils se mettent à abuser du pouvoir en devenant fous, puisque le pouvoir les rend fous, systématiquement. Ben, oui, ça fait 2500 ans qu'on sait ça (quoi) ! Le pouvoir, le pouvoir rend fou. Le pouvoir euh, euh… Tous les pouvoirs, tous les pouvoirs ont une tendance à abuser. Toujours ! (dixit) Montesquieu. C'est comme une loi physique, implacable.
Et, il y a une idée géniale pour nous protéger de ça. C'est : la constitution. Alors la constitution qu'est-ce que c'est ?
C'est un texte qui est au-dessus des pouvoirs. Et, qui ne sert pas du tout à organiser les pouvoirs. Les pouvoirs (n')ont pas besoin de nous pour s'organiser. Pas du tout ! La constitution - tous les citoyens devraient savoir ça – la constitution ça sert à affaiblir les pouvoirs.
Ça sert à inquiéter les pouvoirs. Pour nous protéger nous ! Nous protéger nous, contre les abus de pouvoir. Attendez… Si, si, si les représentants doivent craindre la constitution… Mais il ne faut pas qu'ils l'écrivent eux-mêmes !
Ben sinon, s'ils l'écrivent eux mêmes ils vont programmer leur puissance et notre impuissance. Ben, un enfant comprend ça. Donc l'idée, l'idée, l'idée centrale ; mais vraiment c'est une idée essentielle, c'est que c'est (ce n'est) pas aux hommes de pouvoir d'écrire les règles du pouvoir.
Et c'est pas à eux, et il (ne) faut pas attendre que ce soit eux qui renoncent à écrire le pouvoir, ils renoncera (ne renonceront) jamais. La solution ne viendra pas d'eux, elle viendra de nous. C'est à nous de leur interdire d'écrire la constitution. Ça c'est vraiment l'idée, à mon avis l'idée essentielle qui nous manque. Alors, dans la bagarre qui va opposer les gens normaux à ceux qui exercent le pouvoir en ce moment.
Y'a… Ha oui, ça, c'est bien le temps qui passe là ! Y'a… une inversion des mots. D'abord, je ne suis pas un citoyen.
Un citoyen c'est autonome, ça vote, il vote lui-même ses lois. Moi, je suis un simple électeur. C'est-à-dire, je suis hétéronome. Je subis la loi écrite par quelqu'un d'autre. Nous appeler « citoyens » c'est nous payer de mots. On se la « pète », mais on est rien du tout ! Qu'est-ce qu'on fait dans cette « démocratie » ? On… Dans cette « prétendue démocratie ». On a, qu'est-ce qu'on comme droits ? On a le droit de désigner des maîtres politiques qui vont tout décider à notre place pendant 5 ans.
On les désigne parmi des gens qu'on n'a même pas choisis, en plus ce sont les plus riches qui les choisissent. Et quand ils… dans le cas, éventuel, où ils nous trahissent aux derniers degrés on n'a pas le moindre moyen de résister ! Alors c'est vrai qu'on a la liberté d'expression.
Mais absolument sans aucune force contraignante. C'est-à-dire on a le droit de blablater, si ça n'a pas d'effet on a le droit. Dès que ça change quelque chose, c'est un massacre. Et nous appelons ça démocratie !
Euh, c'est de notre faute ! Nous devrions faire la grève de ces mots menteurs. Nous devrions refuser d'appeler démocratie ce qui est sont strict contraire.