Journal en français facile 23 juin 2018
Jeanne Bartoli : Il est 22 heures à Paris, 20 heures en temps universel, merci d'écouter RFI. Bonsoir et bienvenue dans votre Journal en français facile présenté ce soir avec Zéphyrin Kouadio. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Jeanne.
JB : Dans ce journal, les migrants pris en otage des désaccords en Europe. Ce soir deux bateaux sont bloqués en méditerranée faute de port qui accepte de les accueillir.
ZK : En Turquie Recep Tayyip Erdoğan et son principal opposant tenaient leurs derniers meetings à Istanbul à la vieille des élections. L'opposition veut y croire. Reportage dans un instant.
JB : Et puis la coupe du monde. L'Allemagne arrache la victoire dans les toutes dernières minutes face à la Suède 2 à 1. Le match vient tout juste de se terminer.
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ZK : À la vieille d'un mini-sommet européen sur la question migratoire, la situation se complique en méditerranée.
JB : Oui, près de 900 migrants ont été secourus en mer aujourd'hui. Les trois quarts près des côtes espagnoles, en méditerranée, mais aussi au large des îles Canaries. Pendant ce temps, deux bateaux sont toujours bloqués en mer après avoir secouru des migrants. Un navire commercial au large de la Sicile et puis le lifeline, le bateau d'une ONG allemande. Comme pour l'Aquarius, l'Italie puis Malte ont tour à tour refusé de l'accueillir. Correspondance d'Anne Treca.
Le Lifeline est refusé par Malte et menacé de saisie en Italie. Selon le ministre italien de l'Intérieur, le bateau, sous pavillon hollandais est un pirate, inconnu au registre maritime hollandais. Faux rétorque l'ONG allemande qui l'a rachetée, en produisant sur Twitter des documents officiels. Derrière cet imbroglio administratif, il y a bien surtout un choix politique. Plus au Nord, en Sicile, devant le port de Pozzallo, l'Alexander Maersk, est aussi bloqué depuis vendredi. Il transporte 110 migrants secourus et a été ravitaillé en vivres et produits de première nécessité. Mais l'équipage attend toujours l'autorisation d'entrer dans le port. En fait, Matteo Salvini, le ministre italien de l'Intérieur, a fait de la guerre aux humanitaires étrangers opérant en Méditerranée une priorité, pour — dit-il -, casser les affaires des trafiquants et des mafieux. Et de préciser : L'Aquarius des Français et l'Open Arms espagnole, actuellement en route vers la zone de secours, peuvent oublier l'Italie. Avec ces coups de force, Rome veut obtenir une redistribution de l'accueil des migrants en Europe. Les hommes, les femmes et les enfants secourus en mer sont devenus les otages d'un jeu diplomatique. Rome, Anne Tréca, RFI.
JB : Et le nouveau chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez était à Paris aujourd'hui. Il a rencontré Emmanuel Macron à l'Élysée. Les deux dirigeants ont défendu la mise en place de « centres fermés » sur les côtes européennes, et ce, pour gérer les arrivées de migrants. La proposition soutenue également par Berlin sera étudiée demain lors du mini-sommet européen.
ZK : En Turquie, c'est une démonstration de force de l'opposition à la veille de l'élection présidentielle et législative.
JB : Des centaines de milliers de personnes étaient venues soutenir à Istanbul celui qui pourrait bien créer la surprise lors du scrutin Muharrem Ince, le leader du CHP. Depuis plusieurs semaines, il bouscule Recep Tayyip Erdoğan. Et il a donc fini sa campagne en apothéose. Alexandre Billette a assisté tout à l'heure à ce dernier meeting.
Ince, président ! C'était le cri des centaines de milliers de personnes peut-être un million. Cinq millions, a dit le candidat du CHP devant la foule. Un excès d'optimisme peut-être, mais c'était l'un des plus grands rassemblements à Istanbul ces dernières années. Une foule tellement compacte que des dizaines de milliers de personnes sont restées à l'extérieur du périmètre, où des écrans géants diffusaient le discours du candidat. C'est le cas de Hatice et ses deux amies qui sont venus pour soutenir Muharrem Ince et qui espèrent un changement radical du régime politique en Turquie : « Le plus important, c'est la justice et le système judiciaire. Que les systèmes exécutif, législatif et judiciaire soient séparés. Que les médias soient indépendants. Que nous revenions au système parlementaire. C'est pour toutes ces raisons que nous sommes venues aujourd'hui. » C'est justement ce qu'a promis leur candidat aujourd'hui devant une foule motivée par les derniers sondages qui évoquent un second tour entre les deux hommes. Pour Hatice le résultat ne fait aucun doute. À une condition : « Il va gagneeeeer ! Si demain le processus électoral se déroule correctement, dans les règles, assurément qu'il va gagner. » Chose certaine, un scrutin qui sera surveillé de près : pas moins de 500 000 observateurs, partisans ou indépendants, seront dans les bureaux de vote à travers la Turquie.
JB : Et le vainqueur de ce scrutin aura quasiment tous les pouvoirs. Conséquence de la réforme constitutionnelle voulue par Recep Tayyip Erdoğan et adoptée l'année dernière.
ZK : Une question à présent : Le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa a-t-il été la cible d'une tentative d'assassinat ?
JB : Il le pense en tout cas après l'explosion qui a eu lieu cet après-midi. Explosion lors d'une réunion électorale dans la ville de Bulawayo. Il n'y a pas de morts, mais plusieurs blessés dont au moins un des deux vice-présidents du pays. Au Zimbabwe, les élections générales, les premières depuis la chute de Robert Mugabe doivent avoir lieu à la fin du mois de juillet. Au Nicaragua, les forces de l'ordre ont lancé une attaque contre des étudiants retranchés dans les locaux d'une université au sud-ouest de Managua la capitale. Les étudiants protestaient contre le gouvernement du président Daniel Ortega. Une ONG annonce ce soir la mort de cinq personnes, dont 1 enfant.
ZK : Vous écoutez RFI, on va parler à présent d'un rapport gouvernemental alarmant en Inde.
JB : « L'Inde est en train de vivre la pire crise de l'eau de son histoire ». C'est la conclusion de ce rapport. La moitié de la population, soit 600 millions de personnes, vit dans des régions où l'eau est en train de manquer. Et la situation devrait rapidement empirer. À New Delhi, les explications de Sébastien Farcis.
New Delhi, Bangalore, Hyderabad... en tout, 21 villes indiennes comptant 100 millions d'habitants devraient avoir épuisé leurs nappes phréatiques dans les deux ans à venir. Cela privera d'eau les plus pauvres, qui utilisent les puits locaux. Et les obligeront à puiser dans les rivières régionales, utilisées pour l'agriculture. Le bétonnement acharné des villes empêche les eaux des pluies de recharger les sols et les citadins indiens n'ont pas appris à économiser cette ressource. Pour le Pr KJ Joy, chercheur spécialisé dans l'eau au sein du centre SOPPECOM, il faut redéfinir la gestion de l'eau urbaine. « Les autorités ne donnent pas assez d'importance aux sources d'eau locales, comme les nappes phréatiques, les lacs, l'eau des pluies ou le recyclage des eaux usées. Et l'essentiel de l'eau urbaine vient donc de l'extérieur, alors que cela ne devrait qu'être une source secondaire. Cette gestion de l'eau doit être ouverte à la participation des universitaires et associations, qui ont une grande expérience et peuvent apporter de nouvelles idées pour une meilleure utilisation de l'eau. » Ce rapport public dresse pour la première fois un classement des États indiens en fonction de leur gestion des eaux. Le point positif est que ceux qui vivent déjà des situations de crise ont commencé à réagir en adoptant des politiques plus durables.
JB : La coupe du monde en Russie ! L'Allemagne s'est fait peur face à la Suède. La Mannschaft a marqué dans le temps additionnel face à la Suède. Victoire 2 à 1. Un peu plus tôt, toujours dans le groupe F le Mexique a battu la Corée du Sud 2 à 1. Enfin tout de suite, comme tous les week-ends, on retrouve Yvan Amar pour les mots de l'actualité.
Purge sans fin annonce-t-on sur RFI à propos de la politique du gouvernement turc. Et en effet la purge qui a suivi le coup d'État manqué de l'été 2016, il y a déjà deux ans, ne semble pas terminée. Ce qui signifie qu'on continue de retirer leurs fonctions à un certain nombre de gens, surtout des fonctionnaires, des agents du service public, qui travaillent et sont payés par l'état : surtout dans les secteurs de la police, de la justice, de l'armée et de l'enseignement apprend-on. On leur supprime donc leur emploi, mais cela va plus loin, souvent ils sont perquisitionnés, c'est-à-dire qu'on fouille leur logement, arrêtés sans savoir exactement pour quel motif, interrogé, malmené… Pourquoi ? Parce qu'ils sont soupçonnés d'avoir eu des liens, ou parfois juste des sympathies politiques, avec des personnes ou des organismes qui ont peut-être été mêlés à ce coup d'État. Ce qui signifie en fait que le gouvernement turc actuel veut nettoyer ces services publics. En espérant les débarrasser de tous ceux ou toutes celles qui ne sont pas absolument obéissantes au régime, de ceux qui sont un peu suspects, même très vaguement. Un bon nettoyage donc ? C'est bien le sens de ce mot purge : purger c'est débord purifier, débarrasser des éléments infectés. Mais depuis longtemps, le mot est utilisé dans des situations politiques, lorsqu'on fait le ménage de façon expéditive, et souvent violente. On a parlé de purge pendant la Révolution française, quand en 1793, on voit des contre-révolutionnaires partout, et qu'on les envoie facilement à la guillotine. Et puis en Union soviétique, dans les années 30, quand le pouvoir stalinien veut imposer sa règle partout, et qu'il se méfie de tout le monde, et en particulier de ses anciens amis, de ceux qui ont participé à la Révolution de 1917 aux côtés de Staline, mais aussi de Lénine et de Trotski : tous ceux qui ne sont pas absolument dans la ligne sont écartés, et souvent déportés ou exécutés.
JB : Yvan Amar sur RFI ! C'est la fin de ce Journal en français facile. Journal que vous pouvez retrouver sur le site savoirs.rfi.fr Merci de votre fidélité, excellente soirée à tous.