Journal en français facile 27 avril 2017
Marine de La Moissonnière : Vous écoutez RFI. Il est 22 h à Paris, 20 h en temps universel. C'est l'heure du Journal en français facile. Sylvie Berruet est en studio, avec moi, pour vous présenter cette édition. Bonsoir Sylvie !
Sylvie Berruet : Bonsoir Marine !
MLM : Dans ce journal, nous parlerons du mouvement de grève de ce jeudi dans les Territoires palestiniens. Le but de cette protestation, c'était de soutenir les prisonniers palestiniens détenus en Israël. SB : Près de 5 millions d'euros. C'est la somme que le Front national aurait illégalement perçue. L'affaire des emplois présumés fictifs au Parlement européen s'invite dans la campagne présidentielle française. MLM : Le Venezuela claque la porte de l'Organisation des États américains. C'est un geste avant tout symbolique du président Nicolas Maduro qui n'accepte pas les critiques des pays étrangers. SB : Nous nous pencherons aussi sur une découverte stupéfiante. Des hommes préhistoriques auraient foulé le sol américain il y a 130 000 ans. Simon Rozé nous en dira plus à la fin de ce journal.
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MLM : Une grève générale a eu lieu aujourd'hui en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Et elle a été très suivie. Une mobilisation en solidarité avec les prisonniers palestiniens détenus en Israël.
SB : Depuis 10 jours, plus de 1 000 d'entre eux sont en grève de la faim. Ils ne mangent plus. Ils protestent de cette façon contre leurs conditions de détention. C'est, donc, pour les soutenir que le Fatah, au pouvoir à Ramallah, et le Hamas qui règne dans la bande de Gaza, appelaient à cesser toute activité aujourd'hui. A Ramallah, Guilhem Delteil :
Sur les hauteurs de Ramallah, les administrations sont toutes fermées. Sur les artères commerçantes, les magasins ont tiré leur rideau de fer. Seule une place du centre-ville connaît une petite activité. Devant une tente occupée depuis dix jours par les familles des prisonniers en grève de la faim, une centaine de personnes est rassemblée. Parmi elles, Abed Jayyousi, un membre du Fatah de Mahmoud Abbas. « Nous voulons dire à la communauté internationale qu'il y a une cause ici en Palestine qui a besoin de soutien. » À quelques pas, Tamer Baransi tient dans les mains une pancarte sur laquelle figure l'inscription : « grève de la dignité ». Le mouvement est extrêmement bien suivi car, dit-il, quasiment tous les Palestiniens se sentent concernés. « Sur le plan historique, près d'un million de Palestiniens ont été emprisonnés par Israël. Donc c'est une question très sensible pour tout le monde. C'est pour ça que vous voyez beaucoup de gens descendre dans la rue en soutien et c'est pour ça que les Palestiniens ont appelé à cette grève générale. » Une mobilisation qui réconforte cette mère de prisonnier en grève de la faim. « Merci mon Dieu, aujourd'hui on voit des gens qui nous soutiennent. C'est pas mal, c'est bien mais on veut encore. » « On veut encore », dit-elle... car elle regrette que les manifestations ne réunissent pas plus de monde. Guilhem Delteil, Ramallah, RFI
MLM : Et puis toujours à propos des territoires palestiniens, l'Autorité palestinienne aurait décidé de ne plus payer la facture de l'électricité livrée à la bande de Gaza. C'est une information du ministère israélien de la Défense. Le Hamas dénonce une « décision catastrophique » aux conséquences « dangereuses ». Le président Mahmoud Abbas n'a pas réagi. SB : Plusieurs dirigeants se sont exprimés aujourd'hui sur la situation au Venezuela. Le pays, qui est secoué par des manifestations anti-Nicolas Maduro depuis un mois, est dans une « situation chaotique », a jugé Donald Trump.
MLM : Le Parlement européen dénonce, pour sa part, la répression brutale qui a accompagné ces manifestations. 29 personnes sont mortes depuis le début du mouvement.
Le Venezuela n'apprécie pas que d'autres pays prennent ainsi position. Hier, Caracas a d'ailleurs décidé de quitter l'Organisation des états américains qui a critiqué à de nombreuses reprises le gouvernement de Nicolas Maduro. Comment va se dérouler la sortie du Venezuela de l'OEA ? La réponse avec Romain Lemaresquier :
La sortie du Venezuela de l'OEA ressemble à s'y méprendre à la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. L'ambassadrice vénézuélienne auprès de l'organisation continentale va devoir invoquer l'article 143 de la charte de l'OEA pour en réclamer sa sortie. Dès lors : il faudra compter une période de deux ans avant qu'elle ne soit effective. Dans cet article, il est clairement stipulé que l'État souhaitant quitter l'organisation devra remplir un certain nombre d'obligations. Caracas va tout d'abord devoir payer ses dettes, c'est-à-dire les cotisations annuelles qui n'ont pas été versées depuis plusieurs années : près de 9 millions de dollars, sans parler de la cotisation pour l'année en cours. Pendant cette période de deux ans durant laquelle le Venezuela fera toujours partie de l'OEA, les autorités du pays devront respecter les principes de la charte démocratique avec par exemple le respect de la démocratie représentative, les droits de l'homme, la séparation des pouvoirs et la liberté d'expression. Par ailleurs, durant cette période, les pays membres de l'OEA pourront encore débattre et organiser des sessions sur la situation au Venezuela et les résolutions votées devront être respectées. Les représentants de l'État vénézuélien pourront prendre part à ses discussions et le Venezuela continuera de bénéficier des avantages d'être membre de l'organisation. Dernière précision, c'est la première fois depuis sa création en 1948 qu'un État membre, en l'occurrence un pays fondateur, souhaite quitter l'OEA. MLM : Romain Lemaresquier, du service international de RFI.
MLM : La condamnation d'Hissène Habré a été confirmée aujourd'hui en appel. L'ancien président tchadien, âgé de 74 ans, va devoir passer toute sa vie en prison. SB : Il a été condamné à perpétuité pour crimes contre l'humanité. Il ne peut plus déposer de recours contre ce jugement qui est définitif.
SB : En France, les deux prétendants à l'Élysée ont continué leur campagne aujourd'hui. Emmanuel Macron a rendu visite à des militants associatifs à Sarcelles, dans le Val-d'Oise. Et ce soir, il était l'invité de la chaîne de télévision TF1. MLM : Marine Le Pen, de son côté, a rendu visite à des pêcheurs, au Grau-du-Roi, une ville du sud de la France. Elle a ensuite tenu un meeting à Nice, une ville dans laquelle le Front national est très aimé.
SB : Toujours au sujet de Marine Le Pen, l'affaire des emplois présumés fictifs des assistants du FN au Parlement européen s'invite dans l'entre-deux-tours. MLM : Oui, le Parlement européen a revu à la hausse la somme peut-être indûment perçue par le Front national. C'est désormais près de 5 millions d'euros qu'ont reçus ces personnes censées travaillées à l'Union européenne, mais qui étaient en fait au service du parti. Les précisons de Pierre Bénazet :
4 978 122 euros, c'est précisément le montant cité par le parlement européen. Il s'agit en fait d'un courrier envoyé aux juges d'instruction français par l'avocat du parlement. La justice française a demandé au parlement européen en tant que partie civile de procéder à une évaluation. Selon l'avocat du parlement, en date du 21 avril, le préjudice potentiel atteint presque cinq millions d'Euros alors qu'au moment où l'enquête a commencé, ce préjudice potentiel était estimé à moins de deux millions. Le parlement vient en fait d'envoyer aux juges une mise à jour après avoir découvert des éléments nouveaux à ajouter au dossier. C'est un dossier qui a été ouvert en 2015 avec d'abord une enquête interne de l'OLAF, l'Office européen de lutte anti-fraude et qui porte sur 17 députés du groupe FN au parlement européen. Une vingtaine d'assistants parlementaires sont dans le collimateur pour des faits qui s'étalent de 2012 à aujourd'hui. C'est d'ailleurs dans le cadre d'un des volets de cette enquête que figure la demande de levée de l'immunité de Marine Le Pen dont l'examen a été formellement lancé ce mercredi au parlement. Cet examen peut prendre plusieurs mois avant d'aboutir et la commission des affaires juridiques ne demandera de toute façon pas d'entendre Marine Le Pen avant le deuxième tour. SB : La justice italienne a relaxé Félix Croft, ce Français de 28 ans qui avait aidé une famille soudanaise à se rendre en France.
MLM : Le jeune homme est ressorti libre du tribunal. Il n'a même pas eu à payer d'amende. Déjà en février, des juges français cette fois avaient relaxé un autre militant qui avait aidé des dizaines de migrants à venir d'Italie. SB : Et pour terminer ce journal nous allons parler d'une découverte qui pose davantage de questions qu'elle n'en résoud : l'Homme a foulé le continent américain il y a 130 000 ans. MLM : Oui, c'est 100 000 ans plus tôt que ce qu'on estimait jusqu'à présent, voilà ce qu'affirment des chercheurs qui présentent les preuves qu'ils ont trouvées dans la revue Nature. Simon Rozé :
Comme souvent, les objets sur lesquels reposent cette découverte archéologique ne sont pas très impressionnants : de simples pierres rondes retrouvées au milieu d'ossements de mammouths, près de San Diego aux États-Unis. Mais voilà, elles n'auraient pas dû être là : trop rondes, trop bien disposées pour que la nature seule les ait apportées ici. Cela doit donc être l'œuvre d'hommes préhistoriques. Restait à savoir quand. Et là, quelle ne fut pas la surprise de l'équipe de chercheurs : ces pierres ont plus de 130 000 ans. La conclusion est simple : des hommes ont foulé le sol américain à cette époque. Mais il y a 130 000 ans, les premiers représentants des hommes modernes, homo sapiens, n'étaient pas censés avoir déjà quitté le continent africain. Qui sont donc les hommes qui ont utilisé ces pierres pour chasser le mammouth ? Des hommes de Néandertal ? Une espèce plus ancienne ? Faute d'ossements, impossible de le savoir tout comme déterminer comment ils sont arrivés là. Une chose est cependant presque certaine : le peuplement de l'Amérique est beaucoup plus ancien que ce qu'on imaginait auparavant. 130 000 ans, c'est dix fois plus vieux que l'ancienne estimation. MLM : On termine avec un mot de sport : le tennis et le tournoi de Stuttgart. De retour, après un an et demi de suspension pour dopage, Maria Sharapova est très en forme. Elle s'est qualifiée aujourd'hui pour les quarts de finale du tournoi. La Russe a battu sa compatriote Ekaterina Makarova.