Poser un lapin
Faire attendre quelqu'un en n'allant pas au rendez-vous fixé. Si vous faites le pied de grue en attendant sans succès la venue d'une personne qui n'arrive pas à votre rendez-vous, c'est incontestablement que cette personne vous a « posé un lapin ». Cette expression qui date de la fin du XIXe siècle a d'abord signifié « ne pas rétribuer les faveurs d'une femme » et elle viendrait de la combinaison de deux termes argotiques, poser et lapin (qui l'eût cru ? ). D'un côté, en 1883, Alfred Delvau, dans son Dictionnaire de la langue verte, donne à faire poser la signification « faire attendre » et de l'autre, en 1889, Lorédan Larchey dans son Nouveau supplément du dictionnaire d'argot, indique que lapin est employé là par allusion « au lapin posé sur les tourniquets des jeux de foire, qui paraît facile à gagner et qu'on ne gagne jamais ». Autrement dit, le « poseur de lapin », terme qui a bien existé à cette époque, était celui qui faisait attendre son paiement (le lapin) ad vitam aeternam à la femme dont il avait profité.
Dans ce cas, poser un lapin se disait bizarrement aussi brûler paillasse, et c'est suite à cette pratique que les dames de petite vertu ont pris l'habitude de faire payer d'avance leurs services. Pour le sens actuel de l'expression, apparu également à la même période, il est probable qu'il y ait eu un glissement d'une attente non comblée (celle du paiement) vers une autre attente également non comblée (celle de la personne attendue), puisque dans les deux cas, il s'agit d'un engagement qui n'est pas tenu, ce que semblerait confirmer a posteriori l'édition de 1922 du Larousse universel, où il est indiqué : « Poser un lapin : par extension, ne pas tenir un engagement, une promesse ».