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Les Enfants du capitaine Grant (Jules Verne), TROISIÈME PARTIE: Chapitre V Les matelots improvisés

TROISIÈME PARTIE: Chapitre V Les matelots improvisés

Chapitre V _Les matelots improvisés_

Will Halley et son équipage, profitant de la nuit et du sommeil des passagers, s'étaient enfuis sur l'unique canot du brick. On ne pouvait en douter. Ce capitaine, que son devoir obligeait à rester le dernier à bord, l'avait quitté le premier. «Ces coquins ont fui, dit John Mangles. Eh bien! Tant mieux, _mylord_. C'est autant de fâcheuses scènes qu'ils nous épargnent! --Je le pense, répondit Glenarvan; d'ailleurs, il y a toujours un capitaine à bord, John, et des matelots courageux, sinon habiles, tes compagnons. Commande, et nous sommes prêts à t'obéir.» Le major, Paganel, Robert, Wilson, Mulrady, Olbinett lui-même, applaudirent aux paroles de Glenarvan, et, rangés sur le pont, ils se tinrent à la disposition de John Mangles.

«Que faut-il faire?» demanda Glenarvan.

Le jeune capitaine promena son regard sur la mer, observa la mâture incomplète du brick, et dit, après quelques instants de réflexion:

«Nous avons deux moyens, _mylord_, de nous tirer de cette situation: relever le bâtiment et reprendre la mer, ou gagner la côte sur un radeau qui sera facile à construire.

--Si le bâtiment peut être relevé, relevons-le, répondit Glenarvan. C'est le meilleur parti à prendre, n'est-il pas vrai? --Oui, votre honneur, car, une fois à terre, que deviendrions-nous sans moyens de transport?

--Évitons la côte, ajouta Paganel. Il faut se défier de la Nouvelle-Zélande.

--D'autant plus que nous avons beaucoup dérivé, reprit John. L'incurie d'Halley nous a rejetés dans le sud, c'est évident. À midi, je ferai mon point, et si, comme je le présume, nous sommes au-dessous d'Auckland, j'essayerai de remonter avec le _Macquarie_ en prolongeant la côte. --Mais les avaries du brick? demanda lady Helena.

--Je ne les crois pas graves, madame, répondit John Mangles. J'établirai à l'avant un mât de fortune pour remplacer le mât de misaine, et nous marcherons, lentement, il est vrai, mais nous irons là où nous voulons aller. Si, par malheur, la coque du brick est défoncée, ou s'il ne peut être renfloué, il faudra se résigner à gagner la côte et à reprendre par terre le chemin d'Auckland. --Voyons donc l'état du navire, dit le major. Cela importe avant tout.»

Glenarvan, John et Mulrady ouvrirent le grand panneau et descendirent dans la cale. Environ deux cents tonneaux de peaux tannées s'y trouvaient fort mal arrimés. On put les déplacer sans trop de peine, au moyen de palans frappés sur le grand étai à l'aplomb du panneau. John fit aussitôt jeter à la mer une partie de ces ballots afin d'alléger le navire. Après trois heures d'un rude travail, on put examiner les fonds du brick. Deux coutures du bordage s'étaient ouvertes à bâbord, à la hauteur des préceintes. Or, le _Macquarie_ donnant sa bande sur tribord, sa gauche opposée émergeait, et les coutures défectueuses étaient à l'air. L'eau ne pouvait donc pénétrer. D'ailleurs, Wilson se hâta de rétablir le joint des bordages avec de l'étoupe et une feuille de cuivre soigneusement clouée. En sondant, on ne trouva pas deux pieds d'eau dans la cale. Les pompes devaient facilement épuiser cette eau et soulager d'autant le navire. Examen fait de la coque, John reconnut qu'elle avait peu souffert dans l'échouage. Il était probable qu'une partie de la fausse quille resterait engagée dans le sable, mais on pouvait s'en passer. Wilson, après avoir visité l'intérieur du bâtiment, plongea afin de déterminer sa position sur le haut-fond. Le _Macquarie_, l'avant tourné au nord-ouest, avait donné sur un banc de sable vasard d'un accore très brusque. L'extrémité inférieure de son étrave et environ les deux tiers de sa quille s'y trouvaient profondément encastrés. L'autre partie jusqu'à l'étambot flottait sur une eau dont la hauteur atteignait cinq brasses. Le gouvernail n'était donc point engagé et fonctionnait librement. John jugea inutile de le soulager. Avantage réel, car on serait à même de s'en servir au premier besoin. Les marées ne sont pas très fortes dans le Pacifique. Cependant, John Mangles comptait sur l'arrivée du flot pour relever le _Macquarie_. Le brick avait touché une heure environ avant la pleine mer. Depuis le moment où le jusant se fit sentir, sa bande sur tribord s'était de plus en plus accusée. À six heures du matin, à la mer basse elle atteignait son maximum d'inclinaison, et il parut inutile d'étayer le navire au moyen de béquilles. On put ainsi conserver à bord les vergues et autres espars que John destinait à établir un mât de fortune sur l'avant. Restaient à prendre les positions pour renflouer le _Macquarie_. Travail long et pénible. Il serait évidemment impossible d'être paré pour la pleine mer de midi un quart. On verrait seulement comment se comporterait le brick, en partie déchargé, sous l'action du flot, et à la marée suivante on donnerait le coup de collier. «À l'ouvrage!» commanda John Mangles. Ses matelots improvisés étaient à ses ordres.

John fit d'abord serrer les voiles restées sur leurs cargues. Le major, Robert et Paganel, dirigés par Wilson, montèrent à la grand'hune. Le grand hunier, tendu sous l'effort du vent, eût contrarié le dégagement du navire. Il fallut le serrer, ce qui se fit tant bien que mal. Puis, après un travail opiniâtre et dur à des mains qui n'en avaient pas l'habitude, le mât du grand perroquet fut dépassé. Le jeune Robert, agile comme un chat, hardi comme un mousse, avait rendu les plus grands services pendant cette difficile opération.

Il s'agit alors de mouiller une ancre, deux peut-être, à l'arrière du navire et dans la direction de la quille. L'effort de traction devait s'opérer sur ces ancres pour haler le _Macquarie_ à marée haute. Cette opération ne présente aucune difficulté, quand on dispose d'une embarcation; on prend une ancre à jet, et on la mouille au point convenable, qui a été reconnu à l'avance. Mais ici, tout canot manquait, et il fallait y suppléer.

Glenarvan était assez pratique de la mer pour comprendre la nécessité de ces opérations. Une ancre devait être mouillée pour dégager le navire échoué à mer basse.

«Mais sans canot, que faire? demanda-t-il à John.

--Nous emploierons les débris du mât de misaine et des barriques vides, répondit le jeune capitaine. L'opération sera difficile, mais non pas impossible, car les ancres du _Macquarie_ sont de petite dimension. Une fois mouillées, si elles ne dérapent pas, j'ai bon espoir. --Bien, ne perdons pas de temps, John.»

Tout le monde, matelots et passagers, fut appelé sur le pont. Chacun prit part à la besogne. On brisa à coups de hache les agrès qui retenaient encore le mât de misaine. Le bas mât s'était rompu dans sa chute au ras du ton, de telle sorte que la hune put être facilement retirée. John Mangles destinait cette plate-forme à faire un radeau. Il la soutint au moyen de barriques vides, et la rendit capable de porter ses ancres. Une godille fut installée, qui permettait de gouverner l'appareil. D'ailleurs, le jusant devait le faire dériver précisément à l'arrière du brick; puis, quand les ancres seraient par le fond, il serait facile de revenir à bord en se halant sur le grelin du navire. Ce travail était à demi achevé, quand le soleil s'approcha du méridien. John Mangles laissa Glenarvan suivre les opérations commencées, et s'occupa de relever sa position. Ce relèvement était très important à déterminer. Fort heureusement, John avait trouvé dans la chambre de Will Halley, avec un annuaire de l'observatoire de Greenwich, un sextant très sale, mais suffisant pour obtenir le point. Il le nettoya et l'apporta sur le pont. Cet instrument, par une série de miroirs mobiles, ramène le soleil à l'horizon au moment où il est midi, c'est-à-dire quand l'astre du jour atteint le plus haut point de sa course. On comprend donc que, pour opérer, il faut viser avec la lunette du sextant un horizon vrai, celui que forment le ciel et l'eau en se confondant. Or, précisément la terre s'allongeait en un vaste promontoire dans le nord, et, s'interposant entre l'observateur et l'horizon vrai, elle rendait l'observation impossible. Dans ce cas, où l'horizon manque, on le remplace par un horizon artificiel. C'est ordinairement une cuvette plate, remplie de mercure, au-dessus de laquelle on opère. Le mercure présente ainsi et de lui-même un miroir parfaitement horizontal.

John n'avait point de mercure à bord, mais il tourna la difficulté en se servant d'une baille remplie de goudron liquide, dont la surface réfléchissait très suffisamment l'image du soleil. Il connaissait déjà sa longitude, étant sur la côte ouest de la Nouvelle-Zélande. Heureusement, car sans chronomètre il n'aurait pu la calculer. La latitude seule lui manquait et il se mit en mesure de l'obtenir. Il prit donc, au moyen du sextant, la hauteur méridienne du soleil au-dessus de l'horizon. Cette hauteur se trouva de 68° 30'. La distance du soleil au zénith était donc de 21° 30', puisque ces deux nombres ajoutés l'un à l'autre donnent 90°. Or, ce jour-là, 3 février, la déclinaison du soleil étant de 16° 30' d'après l'annuaire, en l'ajoutant à cette distance zénithale de 21° 30', on avait une latitude de 38°. La situation du _Macquarie_ se déterminait donc ainsi: longitude 171° 13', latitude 38°, sauf quelques erreurs insignifiantes produites par l'imperfection des instruments, et dont on pouvait ne pas tenir compte. En consultant la carte de Johnston achetée par Paganel à Eden, John Mangles vit que le naufrage avait eu lieu à l'ouvert de la baie d'Aotea, au-dessus de la pointe Cahua, sur les rivages de la province d'Auckland. La ville d'Auckland étant située sur le trente-septième parallèle, le _Macquarie_ avait été rejeté d'un degré dans le sud. Il devrait donc remonter d'un degré pour atteindre la capitale de la Nouvelle-Zélande. «Ainsi, dit Glenarvan, un trajet de vingt-cinq milles tout au plus. Ce n'est rien. --Ce qui n'est rien sur mer sera long et pénible sur terre, répondit Paganel. --Aussi, répondit John Mangles, ferons-nous tout ce qui est humainement possible pour renflouer le _Macquarie_.»

Le point établi, les opérations furent reprises. À midi un quart, la mer était pleine. John ne put en profiter, puisque ses ancres n'étaient pas encore mouillées. Mais il n'en observa pas moins le _Macquarie_ avec une certaine anxiété. Flotterait-il sous l'action du flot? La question allait se décider en cinq minutes.

On attendit. Quelques craquements eurent lieu; ils étaient produits, sinon par un soulèvement, au moins par un tressaillement de la carène. John conçut le bon espoir pour la marée suivante, mais en somme le brick ne bougea pas.

Les travaux continuèrent. À deux heures, le radeau était prêt. L'ancre à jet y fut embarquée. John et Wilson l'accompagnèrent, après avoir amarré un grelin sur l'arrière du navire. Le jusant les fit dériver, et ils mouillèrent à une demi-encablure par dix brasses de fond.

La tenue était bonne et le radeau revint à bord.

Restait la grosse ancre de bossoir. On la descendit, non sans difficulté. Le radeau recommença l'opération, et bientôt cette seconde ancre fut mouillée en arrière de l'autre, par un fond de quinze brasses. Puis, se halant sur le câble, John et Wilson retournèrent au _Macquarie_.

Le câble et le grelin furent garnis au guindeau, et on attendit la prochaine pleine mer, qui devait se faire sentir à une heure du matin. Il était alors six heures du soir.

John Mangles complimenta ses matelots, et fit entendre à Paganel que, le courage et la bonne conduite aidant, il pourrait devenir un jour quartier-maître.

Cependant, Mr Olbinett, après avoir aidé aux diverses manœuvres, était retourné à la cuisine.

Il avait préparé un repas réconfortant qui venait à propos. Un rude appétit sollicitait l'équipage. Il fut pleinement satisfait, et chacun se sentit refait pour les travaux ultérieurs. Après le dîner, John Mangles prit les dernières précautions qui devaient assurer le succès de l'opération. Il ne faut rien négliger, quand il s'agit de renflouer un navire. Souvent, l'entreprise manque, faute de quelques lignes d'allégement, et la quille engagée ne quitte pas son lit de sable. John Mangles avait fait jeter à la mer une grande partie des marchandises, afin de soulager le brick; mais le reste des ballots, les lourds espars, les vergues de rechange, quelques tonnes de gueuses qui formaient le lest, furent reportés à l'arrière, pour faciliter de leur poids le dégagement de l'étrave. Wilson et Mulrady y roulèrent également un certain nombre de barriques qu'ils remplirent d'eau, afin de relever le nez du brick. Minuit sonnait, quand ces derniers travaux furent achevés. L'équipage était sur les dents, circonstance regrettable, au moment où il n'aurait pas trop de toutes ses forces pour virer au guindeau: ce qui amena John Mangles à prendre une résolution nouvelle. En ce moment, la brise calmissait. Le vent faisait à peine courir quelques risées capricieuses à la surface des flots. John, observant l'horizon, remarqua que le vent tendait à revenir du sud-ouest dans le nord-ouest. Un marin ne pouvait se tromper à la disposition particulière et à la couleur des bandes de nuages. Wilson et Mulrady partageaient l'opinion de leur capitaine. John Mangles fit part de ses observations à Glenarvan, et lui proposa de remettre au lendemain l'opération du renflouage. «Et voici, mes raisons, dit-il. D'abord, nous sommes très fatigués, et toutes nos forces sont nécessaires pour dégager le navire. Puis, une fois relevé, comment le conduire au milieu de ces dangereux brisants et par une obscurité profonde? Mieux vaut agir en pleine lumière. D'ailleurs, une autre raison me porte à attendre. Le vent promet de nous venir en aide, et je tiens à en profiter, je veux qu'il fasse culer cette vieille coque, pendant que la mer la soulèvera. Demain, si je ne me trompe, la brise soufflera du nord-ouest. Nous établirons les voiles du grand mât à masquer, et elles concourront à relever le brick.»

Ces raisons étaient décisives. Glenarvan et Paganel, les impatients du bord, se rendirent, et l'opération fut remise au lendemain. La nuit se passa bien. Un quart avait été réglé pour veiller surtout au mouillage des ancres.

Le jour parut. Les prévisions de John Mangles se réalisaient. Il vantait une brise du nord-nord-ouest qui tendait à fraîchir. C'était un surcroît de force très avantageux. L'équipage fut mis en réquisition. Robert, Wilson, Mulrady en haut du grand mât, le major, Glenarvan, Paganel sur le pont, disposèrent les manœuvres de façon à déployer les voiles au moment précis. La vergue du grand hunier fut hissée à bloc, la grand'voile et le grand hunier laissés sur leurs cargues. Il était neuf heures du matin. Quatre heures devaient encore s'écouler jusqu'à la pleine mer. Elles ne furent pas perdues. John les employa à établir son mât de fortune sur l'avant du brick, afin de remplacer le mât de misaine. Il pourrait ainsi s'éloigner de ces dangereux parages, dès que le navire serait à flot. Les travailleurs firent de nouveaux efforts, et, avant midi, la vergue de misaine était solidement assujettie en guise de mât.

Lady Helena et Mary Grant se rendirent très utiles, et enverguèrent une voile de rechange sur la vergue du petit perroquet. C'était une joie pour elles de s'employer au salut commun. Ce gréement achevé, si le _Macquarie_ laissait à désirer au point de vue de l'élégance, du moins pouvait-il naviguer à la condition de ne pas s'écarter de la côte. Cependant, le flot montait. La surface de la mer se soulevait en petites vagues houleuses. Les têtes de brisants disparaissaient peu à peu, comme des animaux marins qui rentrent sous leur liquide élément. L'heure approchait de tenter la grande opération. Une fiévreuse impatience tenait les esprits en surexcitation. Personne ne parlait. On regardait John. On attendait un ordre de lui.

John Mangles, penché sur la lisse du gaillard d'arrière, observait la marée. Il jetait un coup d'œil inquiet au câble et au grelin élongés et fortement embraqués. À une heure, la mer atteignit son plus haut point. Elle était étale, c'est-à-dire à ce court instant où l'eau ne monte plus et ne descend pas encore. Il fallait opérer sans retard.

La grand'voile et le grand hunier furent largués et coiffèrent le mât sous l'effort du vent. «Au guindeau!» cria John.

C'était un guindeau muni de bringuebales, comme les pompes à incendie. Glenarvan, Mulrady, Robert d'un côté, Paganel, le major, Olbinett de l'autre, pesèrent sur les bringuebales, qui communiquaient le mouvement à l'appareil. En même temps, John et Wilson, engageant les barres d'abattage, ajoutèrent leurs efforts à ceux de leurs compagnons. «Hardi! Hardi! Cria le jeune capitaine, et de l'ensemble!» Le câble et le grelin se tendirent sous la puissante action du guindeau. Les ancres tinrent bon et ne chassèrent point. Il fallait réussir promptement.

La pleine mer ne dure que quelques minutes. Le niveau d'eau ne pouvait aider à baisser. On redoubla d'efforts. Le vent donnait avec violence et masquait les voiles contre le mât. Quelques tressaillements se firent sentir dans la coque. Le brick parut près de se soulever. Peut-être suffirait-il d'un bras de plus pour l'arracher au banc de sable. «Helena! Mary!» cria Glenarvan.

Les deux jeunes femmes vinrent joindre leurs efforts à ceux de leurs compagnons. Un dernier cliquetis du linguet se fit entendre.

Mais ce fut tout. Le brick ne bougea pas. L'opération était manquée. Le jusant commençait déjà, et il fut évident que, même avec l'aide du vent et de la mer, cet équipage réduit ne pourrait renflouer son navire.

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TROISIÈME PARTIE: Chapitre V Les matelots improvisés DRITTER TEIL: Kapitel V Improvisierte Matrosen PART THREE: Chapter V Improvised sailors TERCERA PARTE: Capítulo V Los marineros improvisados 第三部:第五章 即席の船員たち CZĘŚĆ TRZECIA: Rozdział V Improwizowani marynarze

Chapitre V _Les matelots improvisés_

Will Halley et son équipage, profitant de la nuit et du sommeil des passagers, s'étaient enfuis sur l'unique canot du brick. On ne pouvait en douter. Ce capitaine, que son devoir obligeait à rester le dernier à bord, l'avait quitté le premier. «Ces coquins ont fui, dit John Mangles. Eh bien! Tant mieux, _mylord_. C'est autant de fâcheuses scènes qu'ils nous épargnent! --Je le pense, répondit Glenarvan; d'ailleurs, il y a toujours un capitaine à bord, John, et des matelots courageux, sinon habiles, tes compagnons. |||||||||||||||||||sondern||| --Außerdem gibt es immer einen Kapitän an Bord, John, und mutige, wenn nicht sogar geschickte Matrosen, deine Kameraden. Commande, et nous sommes prêts à t'obéir.» Le major, Paganel, Robert, Wilson, Mulrady, Olbinett lui-même, applaudirent aux paroles de Glenarvan, et, rangés sur le pont, ils se tinrent à la disposition de John Mangles. |||||||||||||||aufgestellt||||||||||||

«Que faut-il faire?» demanda Glenarvan.

Le jeune capitaine promena son regard sur la mer, observa la mâture incomplète du brick, et dit, après quelques instants de réflexion:

«Nous avons deux moyens, _mylord_, de nous tirer de cette situation: relever le bâtiment et reprendre la mer, ou gagner la côte sur un radeau qui sera facile à construire.

--Si le bâtiment peut être relevé, relevons-le, répondit Glenarvan. C'est le meilleur parti à prendre, n'est-il pas vrai? --Oui, votre honneur, car, une fois à terre, que deviendrions-nous sans moyens de transport?

--Évitons la côte, ajouta Paganel. Il faut se défier de la Nouvelle-Zélande. |||sich hüten vor||||

--D'autant plus que nous avons beaucoup dérivé, reprit John. L'incurie d'Halley nous a rejetés dans le sud, c'est évident. Die Nachlässigkeit||||||||| À midi, je ferai mon point, et si, comme je le présume, nous sommes au-dessous d'Auckland, j'essayerai de remonter avec le _Macquarie_ en prolongeant la côte. --Mais les avaries du brick? demanda lady Helena.

--Je ne les crois pas graves, madame, répondit John Mangles. J'établirai à l'avant un mât de fortune pour remplacer le mât de misaine, et nous marcherons, lentement, il est vrai, mais nous irons là où nous voulons aller. Si, par malheur, la coque du brick est défoncée, ou s'il ne peut être renfloué, il faudra se résigner à gagner la côte et à reprendre par terre le chemin d'Auckland. ||||||||||||||gehoben werden|||||||||||||||| --Voyons donc l'état du navire, dit le major. Cela importe avant tout.»

Glenarvan, John et Mulrady ouvrirent le grand panneau et descendirent dans la cale. |||||||große Luke||||| Environ deux cents tonneaux de peaux tannées s'y trouvaient fort mal arrimés. |||Fässer||Häute|gegerbte Häute|||sehr||schlecht verstaut On put les déplacer sans trop de peine, au moyen de palans frappés sur le grand étai à l'aplomb du panneau. |||||||||||Flaschenzüge|befestigt||||Stütze||im Lot|| Sie konnten mithilfe von Flaschenzügen, die auf die große Strebe senkrecht über der Platte geschlagen wurden, ohne große Mühe bewegt werden. John fit aussitôt jeter à la mer une partie de ces ballots afin d'alléger le navire. |||||||||||Ballen|||| Après trois heures d'un rude travail, on put examiner les fonds du brick. Después de tres horas de duro trabajo, pudimos examinar el fondo del bergantín. Deux coutures du bordage s'étaient ouvertes à bâbord, à la hauteur des préceintes. |Nähte|||||||||||Schanzkleidern Or, le _Macquarie_ donnant sa bande sur tribord, sa gauche opposée émergeait, et les coutures défectueuses étaient à l'air. |||||Seite||||||||||||| Ahora, con el _Macquarie_ dando su manga de estribor, su manga izquierda opuesta estaba emergiendo, y las costuras defectuosas estaban en el aire. L'eau ne pouvait donc pénétrer. D'ailleurs, Wilson se hâta de rétablir le joint des bordages avec de l'étoupe et une feuille de cuivre soigneusement clouée. |||beeilte sich||||||Planken|||das Werg|||||Kupferblech||genagelt En sondant, on ne trouva pas deux pieds d'eau dans la cale. Les pompes devaient facilement épuiser cette eau et soulager d'autant le navire. ||||ausschöpfen||||||| Examen fait de la coque, John reconnut qu'elle avait peu souffert dans l'échouage. ||||||||||||das Stranden Il était probable qu'une partie de la fausse quille resterait engagée dans le sable, mais on pouvait s'en passer. ||||||||falscher Kiel|||||||||| Wilson, après avoir visité l'intérieur du bâtiment, plongea afin de déterminer sa position sur le haut-fond. Le _Macquarie_, l'avant tourné au nord-ouest, avait donné sur un banc de sable vasard d'un accore très brusque. ||||||||||||||sandbank||steiler Abhang|| El _Macquarie_, con la proa hacia el noroeste, había atravesado un banco de arena fangosa con una aceleración muy brusca. L'extrémité inférieure de son étrave et environ les deux tiers de sa quille s'y trouvaient profondément encastrés. ||||Steven|||||||||||| L'autre partie jusqu'à l'étambot flottait sur une eau dont la hauteur atteignait cinq brasses. |||das Heck|||||||||| Le gouvernail n'était donc point engagé et fonctionnait librement. John jugea inutile de le soulager. Avantage réel, car on serait à même de s'en servir au premier besoin. Les marées ne sont pas très fortes dans le Pacifique. Cependant, John Mangles comptait sur l'arrivée du flot pour relever le _Macquarie_. Le brick avait touché une heure environ avant la pleine mer. Depuis le moment où le jusant se fit sentir, sa bande sur tribord s'était de plus en plus accusée. |||||Ebbe|||||||||||||deutlicher geworden À six heures du matin, à la mer basse elle atteignait son maximum d'inclinaison, et il parut inutile d'étayer le navire au moyen de béquilles. |||||||||||||der Neigung|||||abzustützen||||||Krücken On put ainsi conserver à bord les vergues et autres espars que John destinait à établir un mât de fortune sur l'avant. |||||||Rahen|||||||||||||| So konnten John die Gaffeln und anderen Masten, die er vorne als improvisierten Mast verwenden wollte, an Bord behalten. Restaient à prendre les positions pour renflouer le _Macquarie_. ||||||wieder flott machen|| Es mussten noch die Positionen festgelegt werden, um die Macquarie freizusetzen. Travail long et pénible. Eine lange und mühsame Arbeit. Il serait évidemment impossible d'être paré pour la pleine mer de midi un quart. |||||bereit||||||||Viertelstunde Es wäre natürlich unmöglich, um vollständig für das Viertel nach Mittag auf See vorbereitet zu sein. On verrait seulement comment se comporterait le brick, en partie déchargé, sous l'action du flot, et à la marée suivante on donnerait le coup de collier. ||||||||||||||||||Flut|||||||Kraftakt Man würde nur sehen, wie sich der Schoner, teilweise entladen, unter der Wirkung der Strömung verhalten würde, und bei der nächsten Flut würde man den letzten Schliff geben. «À l'ouvrage!» commanda John Mangles. »An die Arbeit!« befahl John Mangles. Ses matelots improvisés étaient à ses ordres.

John fit d'abord serrer les voiles restées sur leurs cargues. |||||||||Ladebäume Le major, Robert et Paganel, dirigés par Wilson, montèrent à la grand'hune. |||||||||||Großmarsplattform Le grand hunier, tendu sous l'effort du vent, eût contrarié le dégagement du navire. |||gespannt|||||||||| La gavia, tensada bajo la fuerza del viento, habría impedido que el barco se alejara. Il fallut le serrer, ce qui se fit tant bien que mal. Puis, après un travail opiniâtre et dur à des mains qui n'en avaient pas l'habitude, le mât du grand perroquet fut dépassé. ||||hartnäckig|||||||||||||||||überschritten Le jeune Robert, agile comme un chat, hardi comme un mousse, avait rendu les plus grands services pendant cette difficile opération. |||flink|||||||Schiffsjunge||||||||||

Il s'agit alors de mouiller une ancre, deux peut-être, à l'arrière du navire et dans la direction de la quille. ||||eine Anker werfen||||||||||||||||Kiel L'effort de traction devait s'opérer sur ces ancres pour haler le _Macquarie_ à marée haute. ||Zugkraft|||||||ziehen||||| Cette opération ne présente aucune difficulté, quand on dispose d'une embarcation; on prend une ancre à jet, et on la mouille au point convenable, qui a été reconnu à l'avance. ||||||||||Boot||||||Wurfanker||||||||||||| Esta operación no presenta ninguna dificultad cuando se dispone de una embarcación; se coge un ancla de chorro y se fondea en un punto adecuado que se ha identificado de antemano. Mais ici, tout canot manquait, et il fallait y suppléer. |||||||||ersetzen

Glenarvan était assez pratique de la mer pour comprendre la nécessité de ces opérations. Une ancre devait être mouillée pour dégager le navire échoué à mer basse. |||||||||gestrandet|||

«Mais sans canot, que faire? demanda-t-il à John.

--Nous emploierons les débris du mât de misaine et des barriques vides, répondit le jeune capitaine. ||||||||||leere Fässer||||| L'opération sera difficile, mais non pas impossible, car les ancres du _Macquarie_ sont de petite dimension. Une fois mouillées, si elles ne dérapent pas, j'ai bon espoir. ||||||ins Schleudern geraten|||| --Bien, ne perdons pas de temps, John.»

Tout le monde, matelots et passagers, fut appelé sur le pont. Chacun prit part à la besogne. |||||Arbeit On brisa à coups de hache les agrès qui retenaient encore le mât de misaine. |||||Axt||Takelage|||||Fockmast|| Le bas mât s'était rompu dans sa chute au ras du ton, de telle sorte que la hune put être facilement retirée. |||||||||auf Höhe||Masttop||||||Marsplattform|||| John Mangles destinait cette plate-forme à faire un radeau. Il la soutint au moyen de barriques vides, et la rendit capable de porter ses ancres. Une godille fut installée, qui permettait de gouverner l'appareil. |Ruderpinne||||||| D'ailleurs, le jusant devait le faire dériver précisément à l'arrière du brick; puis, quand les ancres seraient par le fond, il serait facile de revenir à bord en se halant sur le grelin du navire. |||||||||||||||||||||||||||||sich ziehen|||Schlepptau|| Además, la marea menguante le haría derivar precisamente a popa del bergantín; entonces, cuando las anclas estuvieran en el fondo, sería fácil volver a bordo tirando de los chicharrones del barco. Ce travail était à demi achevé, quand le soleil s'approcha du méridien. John Mangles laissa Glenarvan suivre les opérations commencées, et s'occupa de relever sa position. Ce relèvement était très important à déterminer. Fort heureusement, John avait trouvé dans la chambre de Will Halley, avec un annuaire de l'observatoire de Greenwich, un sextant très sale, mais suffisant pour obtenir le point. |||||||||||||Verzeichnis|||||||||||||| Il le nettoya et l'apporta sur le pont. Cet instrument, par une série de miroirs mobiles, ramène le soleil à l'horizon au moment où il est midi, c'est-à-dire quand l'astre du jour atteint le plus haut point de sa course. On comprend donc que, pour opérer, il faut viser avec la lunette du sextant un horizon vrai, celui que forment le ciel et l'eau en se confondant. Or, précisément la terre s'allongeait en un vaste promontoire dans le nord, et, s'interposant entre l'observateur et l'horizon vrai, elle rendait l'observation impossible. Aber||||||||Vorgebirge|||||||||||||| Dans ce cas, où l'horizon manque, on le remplace par un horizon artificiel. ||||||||ersetzen|||| C'est ordinairement une cuvette plate, remplie de mercure, au-dessus de laquelle on opère. |||flache Schale||gefüllt mit||Quecksilber|||||| Le mercure présente ainsi et de lui-même un miroir parfaitement horizontal. |Quecksilber||||||||||

John n'avait point de mercure à bord, mais il tourna la difficulté en se servant d'une baille remplie de goudron liquide, dont la surface réfléchissait très suffisamment l'image du soleil. ||||||||||||||||Eimer|||Teer|||||||||| John no llevaba mercurio a bordo, pero resolvió el problema utilizando un cubo lleno de alquitrán líquido, cuya superficie reflejaba suficientemente la imagen del sol. Il connaissait déjà sa longitude, étant sur la côte ouest de la Nouvelle-Zélande. Heureusement, car sans chronomètre il n'aurait pu la calculer. La latitude seule lui manquait et il se mit en mesure de l'obtenir. Il prit donc, au moyen du sextant, la hauteur méridienne du soleil au-dessus de l'horizon. Cette hauteur se trouva de 68° 30'. La distance du soleil au zénith était donc de 21° 30', puisque ces deux nombres ajoutés l'un à l'autre donnent 90°. Or, ce jour-là, 3 février, la déclinaison du soleil étant de 16° 30' d'après l'annuaire, en l'ajoutant à cette distance zénithale de 21° 30', on avait une latitude de 38°. ||||||||||||||||||zenitalen Abstand|||||| La situation du _Macquarie_ se déterminait donc ainsi: longitude 171° 13', latitude 38°, sauf quelques erreurs insignifiantes produites par l'imperfection des instruments, et dont on pouvait ne pas tenir compte. En consultant la carte de Johnston achetée par Paganel à Eden, John Mangles vit que le naufrage avait eu lieu à l'ouvert de la baie d'Aotea, au-dessus de la pointe Cahua, sur les rivages de la province d'Auckland. La ville d'Auckland étant située sur le trente-septième parallèle, le _Macquarie_ avait été rejeté d'un degré dans le sud. Il devrait donc remonter d'un degré pour atteindre la capitale de la Nouvelle-Zélande. «Ainsi, dit Glenarvan, un trajet de vingt-cinq milles tout au plus. Ce n'est rien. --Ce qui n'est rien sur mer sera long et pénible sur terre, répondit Paganel. --Aussi, répondit John Mangles, ferons-nous tout ce qui est humainement possible pour renflouer le _Macquarie_.» |||||||||||||||Macquarie

Le point établi, les opérations furent reprises. À midi un quart, la mer était pleine. A mediodía y cuarto, el mar estaba lleno. John ne put en profiter, puisque ses ancres n'étaient pas encore mouillées. Mais il n'en observa pas moins le _Macquarie_ avec une certaine anxiété. Flotterait-il sous l'action du flot? La question allait se décider en cinq minutes.

On attendit. Quelques craquements eurent lieu; ils étaient produits, sinon par un soulèvement, au moins par un tressaillement de la carène. |||||||||||||||Zucken|||Kiel John conçut le bon espoir pour la marée suivante, mais en somme le brick ne bougea pas. |||||||||||||||bewegte sich nicht|

Les travaux continuèrent. À deux heures, le radeau était prêt. L'ancre à jet y fut embarquée. John et Wilson l'accompagnèrent, après avoir amarré un grelin sur l'arrière du navire. ||||||festgemacht|||||| John y Wilson le acompañaron, tras amarrar un grelin a la popa del barco. Le jusant les fit dériver, et ils mouillèrent à une demi-encablure par dix brasses de fond. |Ebbstrom|||||||||||||||

La tenue était bonne et le radeau revint à bord.

Restait la grosse ancre de bossoir. |||||Davit On la descendit, non sans difficulté. Le radeau recommença l'opération, et bientôt cette seconde ancre fut mouillée en arrière de l'autre, par un fond de quinze brasses. Puis, se halant sur le câble, John et Wilson retournèrent au _Macquarie_.

Le câble et le grelin furent garnis au guindeau, et on attendit la prochaine pleine mer, qui devait se faire sentir à une heure du matin. ||||Grelin||ausgerüstet||Ankerwinde||||||||||||||||| Il était alors six heures du soir.

John Mangles complimenta ses matelots, et fit entendre à Paganel que, le courage et la bonne conduite aidant, il pourrait devenir un jour quartier-maître.

Cependant, Mr Olbinett, après avoir aidé aux diverses manœuvres, était retourné à la cuisine.

Il avait préparé un repas réconfortant qui venait à propos. Un rude appétit sollicitait l'équipage. |||forderte| La tripulación tenía mucho apetito. Il fut pleinement satisfait, et chacun se sentit refait pour les travaux ultérieurs. ||||||||||||späteren Après le dîner, John Mangles prit les dernières précautions qui devaient assurer le succès de l'opération. Il ne faut rien négliger, quand il s'agit de renflouer un navire. ||||vernachlässigen||||||| Souvent, l'entreprise manque, faute de quelques lignes d'allégement, et la quille engagée ne quitte pas son lit de sable. ||||||Zeilen|der Entlastung||||||||||| John Mangles avait fait jeter à la mer une grande partie des marchandises, afin de soulager le brick; mais le reste des ballots, les lourds espars, les vergues de rechange, quelques tonnes de gueuses qui formaient le lest, furent reportés à l'arrière, pour faciliter de leur poids le dégagement de l'étrave. ||||||||||||||||||||||Ballen|||Spieren||Ersatzrahen||Ersatz-||||Eisengewichte||||Ballast|||||||||||||des Bugspriets Wilson et Mulrady y roulèrent également un certain nombre de barriques qu'ils remplirent d'eau, afin de relever le nez du brick. ||||||||||Fässer|||||||||| Minuit sonnait, quand ces derniers travaux furent achevés. L'équipage était sur les dents, circonstance regrettable, au moment où il n'aurait pas trop de toutes ses forces pour virer au guindeau: ce qui amena John Mangles à prendre une résolution nouvelle. |war||||||||||||||||||wenden am Spill||Ankerwinde|||||||||| Die Mannschaft war in höchster Alarmbereitschaft, eine bedauerliche Umstände, zu einem Zeitpunkt, an dem sie all ihre Kräfte brauchen würde, um die Ankerkette am Bugspriet zu einholen, was John Mangles zu einer neuen Entscheidung veranlasste. En ce moment, la brise calmissait. In diesem Moment flaute der Wind ab. Le vent faisait à peine courir quelques risées capricieuses à la surface des flots. |||||||Luftbewegungen|||||| Der Wind ließ nur noch gelegentliche, launische Böen über die Wasseroberfläche ziehen. El viento apenas agitaba algunas ondas caprichosas en la superficie de las olas. John, observant l'horizon, remarqua que le vent tendait à revenir du sud-ouest dans le nord-ouest. Un marin ne pouvait se tromper à la disposition particulière et à la couleur des bandes de nuages. ||||sich||||||||||||| Wilson et Mulrady partageaient l'opinion de leur capitaine. John Mangles fit part de ses observations à Glenarvan, et lui proposa de remettre au lendemain l'opération du renflouage. ||||||||||||||||||Bergung des Schiffs «Et voici, mes raisons, dit-il. D'abord, nous sommes très fatigués, et toutes nos forces sont nécessaires pour dégager le navire. Puis, une fois relevé, comment le conduire au milieu de ces dangereux brisants et par une obscurité profonde? Mieux vaut agir en pleine lumière. D'ailleurs, une autre raison me porte à attendre. Le vent promet de nous venir en aide, et je tiens à en profiter, je veux qu'il fasse culer cette vieille coque, pendant que la mer la soulèvera. ||||||||||||||||||rückwärts treiben|||altes Schiff|||||| ||||||||||||||||||scoot||||||||| El viento promete venir en nuestra ayuda, y quiero aprovecharlo. Quiero que meza este viejo casco, mientras el mar lo levanta. Demain, si je ne me trompe, la brise soufflera du nord-ouest. ||||||||wird wehen||| Nous établirons les voiles du grand mât à masquer, et elles concourront à relever le brick.» ||||||||verbergen|||werden beitragen zu|||| Wir werden die Segel des Großmastes verhüllen und sie werden dabei helfen, den Schoner aufzurichten.

Ces raisons étaient décisives. Diese Gründe waren entscheidend. Glenarvan et Paganel, les impatients du bord, se rendirent, et l'opération fut remise au lendemain. Glenarvan und Paganel, die Ungeduldigen an Bord, gaben nach und die Operation wurde auf den nächsten Tag verschoben. La nuit se passa bien. Un quart avait été réglé pour veiller surtout au mouillage des ancres. |Ein Viertel||||||||||

Le jour parut. Les prévisions de John Mangles se réalisaient. Il vantait une brise du nord-nord-ouest qui tendait à fraîchir. |wehte|||||||||| C'était un surcroît de force très avantageux. ||increase|||| L'équipage fut mis en réquisition. Robert, Wilson, Mulrady en haut du grand mât, le major, Glenarvan, Paganel sur le pont, disposèrent les manœuvres de façon à déployer les voiles au moment précis. |||||||||||||||verteilten||Manöver||||||||| Robert, Wilson, Mulrady en lo alto del palo mayor, el Mayor, Glenarvan, Paganel en cubierta, organizaron las maniobras para desplegar las velas en el momento preciso. La vergue du grand hunier fut hissée à bloc, la grand'voile et le grand hunier laissés sur leurs cargues. ||||||||auf Block||||||||||aufgegeit |yard|||top sail||||||main sail||||||||cargos Il était neuf heures du matin. Quatre heures devaient encore s'écouler jusqu'à la pleine mer. Elles ne furent pas perdues. John les employa à établir son mât de fortune sur l'avant du brick, afin de remplacer le mât de misaine. ||||||mast||||||||||||| Il pourrait ainsi s'éloigner de ces dangereux parages, dès que le navire serait à flot. Les travailleurs firent de nouveaux efforts, et, avant midi, la vergue de misaine était solidement assujettie en guise de mât. |||||||||||||||befestigt||||

Lady Helena et Mary Grant se rendirent très utiles, et enverguèrent une voile de rechange sur la vergue du petit perroquet. ||||||||||bespannten||||Ersatzsegel|||||| ||||||||||rigged|||||||||| C'était une joie pour elles de s'employer au salut commun. ||||||work||| Ce gréement achevé, si le _Macquarie_ laissait à désirer au point de vue de l'élégance, du moins pouvait-il naviguer à la condition de ne pas s'écarter de la côte. |Takelage||||||||||||||||||segeln|||||||||| Cependant, le flot montait. La surface de la mer se soulevait en petites vagues houleuses. ||||||||||wogenden ||||||||||choppy Les têtes de brisants disparaissaient peu à peu, comme des animaux marins qui rentrent sous leur liquide élément. |||||||||||||zurückkehren in|||| L'heure approchait de tenter la grande opération. Se acercaba el momento de la gran mudanza. Une fiévreuse impatience tenait les esprits en surexcitation. Personne ne parlait. On regardait John. On attendait un ordre de lui.

John Mangles, penché sur la lisse du gaillard d'arrière, observait la marée. ||gebeugt über|||Reling||Achterdeck|||| Il jetait un coup d'œil inquiet au câble et au grelin élongés et fortement embraqués. ||||||||||||||festgezurrt |||||||||||elongated|||embarked Miró con inquietud el cable alargado y muy sucio y el grelín. À une heure, la mer atteignit son plus haut point. Elle était étale, c'est-à-dire à ce court instant où l'eau ne monte plus et ne descend pas encore. ||stillstand der Gezeiten||||||||||||||||| ||still||||||||||||||||| Il fallait opérer sans retard.

La grand'voile et le grand hunier furent largués et coiffèrent le mât sous l'effort du vent. |||||||gehißt||umhüllten|||||| |||||top sail||released||crowned|||||| La vela mayor y la gavia se soltaron y el mástil se remató bajo la fuerza del viento. «Au guindeau!» cria John. |„An die Winde!“ rief John.|| |windlass||

C'était un guindeau muni de bringuebales, comme les pompes à incendie. |||||Schwengelarme||||| ||winch|||pulleys||||| Glenarvan, Mulrady, Robert d'un côté, Paganel, le major, Olbinett de l'autre, pesèrent sur les bringuebales, qui communiquaient le mouvement à l'appareil. |||||||||||weighed||||||||| Glenarvan, Mulrady y Robert por un lado, Paganel, el Mayor y Olbinett por el otro, pesaban sobre las atirantadas, que daban movimiento a la aeronave. En même temps, John et Wilson, engageant les barres d'abattage, ajoutèrent leurs efforts à ceux de leurs compagnons. |||||||||Fällstangen|fügten||||||| |||||||||of slaughter|added||||||| Al mismo tiempo, John y Wilson, enganchados a las barras de tala, sumaron sus esfuerzos a los de sus compañeros. «Hardi! Hardi! Cria le jeune capitaine, et de l'ensemble!» Le câble et le grelin se tendirent sous la puissante action du guindeau. ||||Grelin||||||||Winde Les ancres tinrent bon et ne chassèrent point. ||||||nicht verrutschten| Il fallait réussir promptement. Teníamos que tener éxito rápidamente.

La pleine mer ne dure que quelques minutes. Le niveau d'eau ne pouvait aider à baisser. On redoubla d'efforts. Le vent donnait avec violence et masquait les voiles contre le mât. Quelques tressaillements se firent sentir dans la coque. |Zuckungen|||||| Le brick parut près de se soulever. Peut-être suffirait-il d'un bras de plus pour l'arracher au banc de sable. «Helena! Mary!» cria Glenarvan.

Les deux jeunes femmes vinrent joindre leurs efforts à ceux de leurs compagnons. Un dernier cliquetis du linguet se fit entendre. ||Ein letztes Klicken.||Sperrklinke||| ||||paw|||

Mais ce fut tout. Le brick ne bougea pas. El bergantín no se movió. L'opération était manquée. ||misslungen Le jusant commençait déjà, et il fut évident que, même avec l'aide du vent et de la mer, cet équipage réduit ne pourrait renflouer son navire. |ebb||||||||||||||||||||||refloat||