×

Nous utilisons des cookies pour rendre LingQ meilleur. En visitant le site vous acceptez nos Politique des cookies.

image

Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XVII

CHAPITRE XVII

Les montagnes de la Lune.—Un océan de verdure.—On jette l'ancre.—L'éléphant remorqueur.— Feu nourri.—Mort du pachyderme.—Le four de campagne.—Repas sur l'herbe.—Une nuit Vers six heures du matin, le lundi, le soleil s'élevait au-dessus de l'horizon ; les nuages se dissipèrent, et un joli vent rafraîchit ces première lueurs matinales. La terre, toute parfumée, reparut aux yeux des voyageurs. Le ballon, tournant sur place au milieu des courants opposés, avait à peine dérivé ; le docteur, laissant se contracter le gaz, descendit afin de saisir une direction plus septentrionale. Longtemps ses recherches furent vaines ; le vent l'entraîna dans l'ouest, jusqu'en vue des célèbres montagnes de la Lune, qui s'arrondissent en demi-cercle autour de la pointe du lac Tanganayika ; leur chaîne, peu accidentée, se détachait sur l'horizon bleuâtre ; on eut dit une fortification naturelle, infranchissable aux explorateur du centre de l'Afrique ; quelques cônes isolés portaient la trace des neiges éternelles. Nous voilà, dit le docteur, dans un pays inexploré ; le capitaine Burton s'est avancé fort avant dans l'ouest ; mais il n'a pu atteindre ces montagnes célèbres ; il en a même nié l'existence, affirmée par Speke son compagnon ; il prétend qu'elles sont nées dans l'imagination de ce dernier ; pour nous, mes amis, il n'y a plus de doute possible —Est-ce que nous les franchirons ! demanda Kennedy.

—Non pas, s'il plaît à Dieu ; j'espère trouver un vent favorable qui me ramènera à l'équateur ; j'attendrai même, s'il le faut, et je ferai du Victoria comme d'un navire qui jette l'ancre par les vents contraires. Mais les prévisions du docteur ne devaient pas tarder à se réaliser. Après avoir essayé différentes hauteurs, le Victoria fila dans le nord-est avec une vitesse moyenne.

« Nous sommes dans la bonne direction, dit-il en consultant sa boussole, et à peine à deux cents pieds de terre, toutes circonstances heureuses pour reconnaître ces régions nouvelles ; le capitaine Speke, en allant à la découverte du lac Ukéréoué remontait plus à l'est, en droite ligne au dessus de Kazeh. —Irons-nous longtemps de la sorte ? demanda Kennedy

—Peut-être ; notre but est de pousser une pointe du côté des sources du Nil, et nous avons plus de six cents milles à parcourir, jusqu'à la limite extrême atteinte par les explorateurs venus du Nord. —Et nous ne mettrons pied à terre, fit Joe, histoire de se dégourdir les jambes ?

—Si vraiment ; il faudra d'ailleurs ménager nos vivres, et, chemin faisant, mon brave Dick, tu nous approvisionneras de viande fraîche. —Dès que tu le voudras, ami Samuel.

—Nous aurons aussi à renouveler notre réserve d'eau. Qui sait si nous ne serons pas entraînés vers des contrées arides. On ne saurait donc prendre trop de précautions. A midi, le Victoria se trouvait par 29° l5, de longitude et 3° 15' de latitude. Il dépassait le village d'Uyofu, dernière limite septentrionale de l'Unyamwezi, par le travers du lac Ukéréoué, que l'on ne pouvait encore apercevoir. Les peuplades rapprochées de l'équateur semblent être un peu plus civilisées, et sont gouvernées par des monarques absolus, dont le despotisme est sans bornes ; leur réunion la plus compacte constitue la province de Karagwah. Il fut décidé entre les trois voyageurs qu'ils accosteraient la terre au premier emplacement favorable. On devait faire une halte prolongée, et l'aérostat serait soigneusement passé en revue ; la flamme du chalumeau fut modérée ; les ancres lancées au dehors de la nacelle vinrent bientôt raser les hautes herbes d'une immense prairie ; d'une certaine hauteur, elle paraissait couverte d'un gazon ras, mais en réalité ce gazon avait de sept à huit pieds d'épaisseur. Le Victoria effleurait ces herbes sans les courber, comme un papillon gigantesque. Pas un obstacle en vue. C'était comme un océan de verdure sans un seul brisant. « Nous pourrons courir longtemps de la sorte, dit Kennedy ; je n'aperçois pas un arbre dont nous puissions nous approcher ; la chasse me parait compromise —Attends, mon cher Dick ; tu ne pourrais pas chasser dans ces herbes plus hautes que toi ; nous finirons par trouver une place favorable. C'était en vérité une promenade charmante, une véritable navigation sur cette mer si verte, presque transparente, avec de douces ondulations au souffle du vent. La nacelle justifiait bien son nom, et semblait fendre des flots, à cela près qu'une volée d'oiseaux aux splendides couleurs s'échappait parfois des hautes herbes avec mille cris joyeux ; les ancres plongeaient dans ce lac de fleurs, et traçaient un sillon qui se refermait derrière elles, comme le sillage d'un vaisseau. Tout à coup, le ballon éprouva une forte secousse ; l'ancre avait mordu sans doute une fissure de roc cachée sous ce gazon gigantesque. « Nous sommes pris, fit Joe.

—Eh bien ! jette l'échelle, » répliqua le chasseur. Ces paroles n'étaient pas achevées, qu'un cri aigu retentit dans l'air, et les phrases suivantes, entrecoupées d'exclamations, s'échappèrent de la bouche des trois voyageurs. « Qu'est cela ? —Un cri singulier !

—Tiens ! nous marchons !

—L'ancre a dérapé. —Mais non ! elle tient toujours, fit Joe, qui halait sur la corde.

—C'est le rocher qui marche ! Un vaste remuement se fit dans les herbes, et bientôt une forme allongée et sinueuse s'éleva au-dessus d'elles. « Un serpent ! fit Joe.

—Un serpent ! s'écria Kennedy en armant sa carabine. —Eh non ! dit le docteur, c'est une trompe d'éléphant. —Un éléphant, Samuel ! Et Kennedy, ce disant, épaula son arme.

« Attends, Dick, attends !

—Sans doute ! L'animal nous remorque. —Et du bon côté, Joe, du bon côté. L'éléphant s'avançait avec une certaine rapidité ; il arriva bientôt à une clairière, où l'on put le voir tout entier ; à sa taille gigantesque, le docteur reconnut un mâle d'une magnifique espèce ; il portait deux défenses blanchâtres, d'une courbure admirable, et qui pouvaient avoir huit pieds de long ; les pattes de l'ancre étaient fortement prises entre elles. L'animal essayait vainement de se débarrasser avec sa trompe de la corde qui le rattachait à la nacelle. « En avant ! hardi ! s'écria Joe au comble de la joie, excitant de son mieux cet étrange équipage. Voilà encore une nouvelle manière de voyager ! Plus que cela de cheval ! un éléphant, s'il vous plaît. —Mais où nous mène-t-il ! demanda Kennedy, agitant sa carabine qui lui brillait les mains.

—Il nous mène où nous voulons aller, mon cher Dick ! Un peu de patience !

—« Wig a more ! Wig a more ! » comme disent les paysans d'Écosse, s'écriait le joyeux Joe. En avant ! en avant ! L'animal prit un galop fort rapide ; il projetait sa trompe de droite et de gauche, et, dans ses ressauts, il donnait de violentes secousses à la nacelle. Le docteur, la hache à la main, était prêt à couper la corde s'il y avait lieu. « Mais, dit-il, nous ne nous séparerons de notre ancre qu'au dernier moment. Cette course, à la suite d'un éléphant, dura prés d'une heure et demie ; l'animal ne paraissait aucunement fatigué ; ces énormes pachydermes peuvent fournir des trottes considérables, et, d'un jour à l'autre, on les retrouve à des distances immenses, comme les baleines dont ils ont la masse et la rapidité. « Au fait, disait Joe, c'est une baleine que nous avons harponnée, et nous ne faisons qu'imiter la man uvre des baleiniers pendant leurs pêches. Mais un changement dans la nature du terrain obligea le docteur à modifier son moyen de locomotion.

Un bois épais de camaldores apparaissait au nord de la prairie et à trois milles environ ; il devenait dès lors nécessaire que le ballon fût séparé de son conducteur.

Kennedy fut donc chargé d'arrêter l'éléphant dans sa course ; il épaula sa carabine ; mais sa position n'était pas favorable pour atteindre l'animal avec succès ; une première balle, tirée au crâne, s'aplatit comme sur une plaque de tôle ; l'animal n'en parut aucunement troublé ; au bruit de la décharge, son pas s'accéléra, et sa vitesse fut celle d'un cheval lancé au galop. « Diable ! dit Kennedy.

—Quelle tête dure ! fit Joe.

—Nous allons essayer de quelques balles coniques au défaut doré au défaut de l'épaule, » reprit Dick en chargeant ; sa carabine avec soin, et il fit feu. L'animal poussa un cri terrible, et continua de plus belle. « Voyons, dit Joe en s'armant de l'un des fusils, il faut que je vous aide, Monsieur Dick, ou cela n'en finira pas. Et deux balles allèrent se loger dans les flancs de la bête.

L'éléphant s'arrêta, dressa sa trompe, et reprit à toute vitesse sa course vers le bois ; il secouait sa vaste tête, et le sang commençait à couler à flots de ses blessures Continuons notre feu, Monsieur Dick.

—Et un feu nourri, ajouta le docteur, nous ne sommes pas à vingt toises du bois ! Dix coups retentirent encore. l'éléphant fit un bond effrayant ; la nacelle et le ballon craquèrent à faire croire que tout était brisé ; la secousse fit tomber la hache des mains du docteur sur le sol. La situation devenait terrible alors ; le câble de l'ancre fortement assujetti ne pouvait être ni détaché, ni entamé par les couteaux des voyageurs ; le ballon approchait rapidement du bois, quand l'animal reçut une balle dans l' il au moment où il relevait la tête ; il s'arrêta, hésita ; ses genoux plièrent ; il présenta son flanc au chasseur. « Une balle au coeur, » dit celui-ci, en déchargeant une dernière fois la carabine.

L'éléphant poussa un rugissement de détresse et d'agonie ; il se redressa un instant en faisant tournoyer sa trompe, puis il retomba de tout son poids sur une de ses défenses qu'il brisa net. Il était mort.

« Sa défense est brisée ! s'écria Kennedy. De l'ivoire qui en Angleterre vaudrait trente-cinq guinées les demi-livres ! —Tant que cela, fit Joe, en s'affalant jusqu'à terre par la corde de l'ancre. —A quoi servent tes regrets, mon cher Dick ? répondit le docteur Fergusson. Est-ce que nous sommes des trafiquants d'ivoire ? Sommes-nous venus ici pour faire fortune ? Joe visita l'ancre ; elle était solidement retenue à la défense demeurée intacte. Samuel et Dick sautèrent sur le sol, tandis que l'aérostat à demi dégonflé se balançait au-dessus du corps de l'animal. La magnifique bête ! s'écria Kennedy. Quelle masse ! Je n'ai jamais vu dans l'Inde un éléphant de cette taille ! —Cela n'a rien d'étonnant, mon cher Dick ; les éléphants du centre de L'Afrique sont les plus beaux. Les Anderson, les Cumming les ont tellement chassés aux environs du Cap, qu'ils émigrent vers l'équateur, où nous les rencontrerons souvent en troupes nombreuses. —En attendant, répondit Joe, j'espère que nous goûterons un peu de celui-là ! Je m'engage à vous procurer un repas succulent aux dépens de cet animal. M. Kennedy va chasser pendant une heure ou deux, M. Samuel va passer l'inspection du Victoria , et, pendant ce temps, je vais faire la cuisine. —Voilà qui est bien ordonné, répondit le docteur. Fais à ta guise.

—Pour moi, dit le chasseur, Je vais prendre le deux heures de liberté que Joe a daigné m'octroyer. —Va, mon ami ; mais pas d'imprudence. Ne t'éloigne pas. —Sois tranquille. Et Dick, armé de son fusil, s'enfonça dans le bois. Alors Joe s'occupa de ses fonctions. Il fit d'abord dans la terre un trou profond de deux pieds ; il le remplit de branches sèches qui couvraient le sol, et provenaient des trouées faites dans le bois par les éléphants dont on voyait les traces. Le trou rempli, il entassa au-dessus du bûcher haut de deux pieds, et il y mit le feu.

Ensuite il retourna vers le cadavre de l'éléphant, tombé à dix toises du bois à peine ; il détacha adroitement la trompe qui mesurait près de deux pieds de largeur à sa naissance ; il en choisit la partie la plus délicate, et y joignit un des pieds spongieux de l'animal ; ce sont en effet les morceaux par excellence, comme la bosse du bison, la patte de l'ours ou la hure du sanglier. Lorsque le bûcher fut entièrement consumé à l'intérieur et à l'extérieur, le trou, débarrassé des cendres et des charbons, offrit une température très élevée ; les morceaux de l'éléphant, entourés de feuilles aromatiques, furent déposés au fond de ce four improvisé, et recouverts de cendres chaudes ; puis, Joe éleva un second bûcher sur le tout, et quand le bois fut consumé, la viande était cuite à point. Alors Joe retira le dîner de la fournaise ; il déposa cette viande appétissante sur des feuilles vertes, et disposa son repas au milieu d'une magnifique pelouse ; il apporta des biscuits, de l'eau-de-vie, du café, et puisa une eau fraîche et limpide à un ruisseau voisin. Ce festin ainsi dressé faisait plaisir à voir, et Joe pensait, sans être trop fier, qu'il ferait encore plus de plaisir à manger. Un voyage sans fatigue et sans danger ! répétait-il. Un repas à ses heures ! un hamac perpétuel ! qu'est-ce que l'on peut demander de plus ? Et ce bon M. Kennedy qui ne voulait pas venir ! De son côté, le docteur Fergusson se livrait à un examen sérieux de l'aérostat. Celui-ci ne paraissait pas avoir souffert de la tourmente ; le taffetas et la gutta-perca avaient merveilleusement résisté ; en prenant la hauteur actuelle du sol, et en calculant la force ascensionnelle du ballon, il vit avec satisfaction que l'hydrogène était en même quantité ; l'enveloppe Jusque-là demeurait entièrement imperméable. Depuis cinq jours seulement, les voyageurs avaient quitté Zanzibar ; le pemmican n'était pas encore entamé ; les provisions de biscuit et de viande conservée suffisaient pour un long voyage ; il n'y eut donc que la réserve d'eau à renouveler. Les tuyaux et le serpentin paraissaient être en parfait état ; grâce à leurs articulations de caoutchouc, ils s'étaient prêtés à toutes les oscillations de l'aérostat. Son examen terminé, le docteur s'occupa de mettre ses notes en ordre. Il fit une esquisse très réussie de la campagne environnante, avec la longue prairie à perte de vue, la forêt de camaldores, et le ballon immobile sur le corps du monstrueux éléphant.

Au bout de ses deux heures, Kennedy revint avec un chapelet de perdrix grasses, et un cuissot d'oryx, sorte de gemsbok, appartenant à l'espèce la plus agile des antilopes. Joe se chargea de préparer ce surcroît de provisions.

« Le dîner est servi, » s'écria-t-il bientôt de sa plus belle voix. Et les trois voyageurs n'eurent qu'à s'asseoir sur la pelouse verte ; les pieds et la trompe d'éléphant furent déclarés exquis ; on but à l'Angleterre comme toujours, et de délicieux havanes parfumèrent pour la première fois cette contrée charmante. Kennedy mangeait, buvait et causait comme quatre ; il était enivré ; il proposa sérieusement à son ami le docteur de s'établir dans cette forêt, d'y construire une : cabane de feuillage, et d'y commencer la dynastie des Robinsons africains. La proposition n'eut pas autrement de suite, bien que Joe se fût proposé pour remplir le rôle de Vendredi. La campagne semblait si tranquille, si déserte, que le docteur résolut de passer la nuit à terre. Joe dressa un cercle de feux, barricade indispensable contre les bêtes féroces ; les hyènes, les couguars, les chacals, attirés par l'odeur de la chair d'éléphant, rodèrent aux alentours. Kennedy dut à plusieurs reprises décharger sa carabine sur des visiteurs trop audacieux ; mais enfin la nuit s'acheva sans incident fâcheux.

Learn languages from TV shows, movies, news, articles and more! Try LingQ for FREE

CHAPITRE XVII CHAPTER XVII CAPÍTULO XVII ROZDZIAŁ XVII

Les montagnes de la Lune.—Un océan de verdure.—On jette l'ancre.—L'éléphant remorqueur.— Feu nourri.—Mort du pachyderme.—Le four de campagne.—Repas sur l'herbe.—Une nuit ||||||||greenery|One||the anchor||tow|Fire|fed|||pachyderm||oven||campaign||||| The mountains of the Moon. — An ocean of greenery. — We drop anchor. — The towing elephant.— Heavy fire.— Death of the pachyderm.— The field oven. — Meals on the grass.— One night Vers six heures du matin, le lundi, le soleil s'élevait au-dessus de l'horizon ; les nuages se dissipèrent, et un joli vent rafraîchit ces première lueurs matinales. |||||||||||||||||||||||||glimmers| Around six in the morning on Monday, the sun rose above the horizon; the clouds dissipate, and a nice wind refreshes these first morning gleams. La terre, toute parfumée, reparut aux yeux des voyageurs. ||||reappeared|||| The earth, all perfumed, reappeared in the eyes of travelers. Le ballon, tournant sur place au milieu des courants opposés, avait à peine dérivé ; le docteur, laissant se contracter le gaz, descendit afin de saisir une direction plus septentrionale. ||||||||||||||||||||||||||||northern The balloon, spinning in place in the midst of opposing currents, had barely drifted; the doctor, letting the gas contract, descended to grasp a more northerly direction. Longtemps ses recherches furent vaines ; le vent l'entraîna dans l'ouest, jusqu'en vue des célèbres montagnes de la Lune, qui s'arrondissent en demi-cercle autour de la pointe du lac Tanganayika ; leur chaîne, peu accidentée, se détachait sur l'horizon bleuâtre ; on eut dit une fortification naturelle, infranchissable aux explorateur du centre de l'Afrique ; quelques cônes isolés portaient la trace des neiges éternelles. |||||||carried||||||||||||||||||||||||||rugged|||||bluish|||||fortification||impassable||||||||cones||||||snows| For a long time his research was in vain; the wind carried it westward, as far as the famous mountains of the Moon, which rounded in a semicircle around the point of Lake Tanganayika; their chain, little broken, stood out against the bluish horizon; it looked like a natural fortification, insurmountable to the explorers of central Africa; some isolated cones bore the mark of eternal snow. Nous voilà, dit le docteur, dans un pays inexploré ; le capitaine Burton s'est avancé fort avant dans l'ouest ; mais il n'a pu atteindre ces montagnes célèbres ; il en a même nié l'existence, affirmée par Speke son compagnon ; il prétend qu'elles sont nées dans l'imagination de ce dernier ; pour nous, mes amis, il n'y a plus de doute possible ||||||||||||||||||||||||||||||denied||||||||||||||||||||||||||| Here we are, says the doctor, in an unexplored country; Captain Burton advanced far west; but he could not reach these famous mountains; he even denied its existence, affirmed by Speke his companion; he claims that they were born in the latter's imagination; for us, my friends, there is no longer any doubt —Est-ce que nous les franchirons ! |||||will cross "Shall we cross them!" demanda Kennedy.

—Non pas, s'il plaît à Dieu ; j'espère trouver un vent favorable qui me ramènera à l'équateur ; j'attendrai même, s'il le faut, et je ferai du  Victoria comme d'un navire qui jette l'ancre par les vents contraires. ||||||||||||||||I will wait||||||||||||||||||| “No, please God; I hope to find a favorable wind which will bring me back to the equator; I will even wait, if necessary, and I will make Victoria like a ship that drops anchor in the headwinds. Mais les prévisions du docteur ne devaient pas tarder à se réaliser. ||forecasts||||||||| But the doctor's forecasts were soon to come true. Après avoir essayé différentes hauteurs, le  Victoria fila dans le nord-est avec une vitesse moyenne. After trying different heights, the Victoria sped northeast in average speed.

« Nous sommes dans la bonne direction, dit-il en consultant sa boussole, et à peine à deux cents pieds de terre, toutes circonstances heureuses pour reconnaître ces régions nouvelles ; le capitaine Speke, en allant à la découverte du lac Ukéréoué remontait plus à l'est, en droite ligne au dessus de Kazeh. "We are in the right direction," he said, consulting his compass, "and barely two hundred feet from the ground, all fortunate circumstances to recognize these new regions; Captain Speke, on his way to discover Lake Ukéréoué, ascended further east, in a straight line above Kazeh. —Irons-nous longtemps de la sorte ? "Shall we long like this?" demanda Kennedy

—Peut-être ; notre but est de pousser une pointe du côté des sources du Nil, et nous avons plus de six cents milles à parcourir, jusqu'à la limite extrême atteinte par les explorateurs venus du Nord. ||||||||||||||||||||||||travel||||||||||| -Perhaps ; our goal is to push a point towards the sources of the Nile, and we have more than six hundred miles to go, to the extreme limit reached by explorers from the North. —Et nous ne mettrons pied à terre, fit Joe, histoire de se dégourdir les jambes ? ||||||||||||stretch|| "And we won't dismount," said Joe, "just to stretch our legs?"

—Si vraiment ; il faudra d'ailleurs ménager nos vivres, et, chemin faisant, mon brave Dick, tu nous approvisionneras de viande fraîche. -If really ; moreover, it will be necessary to spare our food, and, on the way, my good Dick, you will supply us with fresh meat. —Dès que tu le voudras, ami Samuel. As soon||||will want|| “As soon as you like, friend Samuel.

—Nous aurons aussi à renouveler notre réserve d'eau. “We will also have to renew our water supply. Qui sait si nous ne serons pas entraînés vers des contrées arides. Who knows if we will not be drawn to arid regions. On ne saurait donc prendre trop de précautions. ||could||||| One cannot therefore take too many precautions. A midi, le  Victoria se trouvait par 29° l5, de longitude et 3° 15' de latitude. |midday||||||||||| Il dépassait le village d'Uyofu, dernière limite septentrionale de l'Unyamwezi, par le travers du lac Ukéréoué, que l'on ne pouvait encore apercevoir. |||||||northern|||||||||||||| It passed the village of Uyofu, the last northern limit of Unyamwezi, across the Ukéréoué lake, which we could not yet see. Les peuplades rapprochées de l'équateur semblent être un peu plus civilisées, et sont gouvernées par des monarques absolus, dont le despotisme est sans bornes ; leur réunion la plus compacte constitue la province de Karagwah. |||||||||||||||||||||||limits|||||||||| The peoples close to the equator seem to be a little more civilized, and are governed by absolute monarchs, whose despotism is boundless; their most compact meeting constitutes the province of Karagwah. Il fut décidé entre les trois voyageurs qu'ils accosteraient la terre au premier emplacement favorable. It was decided between the three travelers that they would land on the first favorable location. On devait faire une halte prolongée, et l'aérostat serait soigneusement passé en revue ; la flamme du chalumeau fut modérée ; les ancres lancées au dehors de la nacelle vinrent bientôt raser les hautes herbes d'une immense prairie ; d'une certaine hauteur, elle paraissait couverte d'un gazon ras, mais en réalité ce gazon avait de sept à huit pieds d'épaisseur. |||||||||carefully|||||||blowtorch|||||||||||||rase||||||||||||||grass|ras||||||||||||of thickness We had to make an extended halt, and the balloon would be carefully reviewed; the flame of the torch was moderate; the anchors launched outside the nacelle soon came to shave the tall grass of an immense meadow; from a certain height, it appeared covered with a short lawn, but in reality this lawn was from seven to eight feet thick. Le  Victoria effleurait ces herbes sans les courber, comme un papillon gigantesque. |||||||bend|||butterfly| The Victoria touched these herbs without bending them, like a gigantic butterfly. Pas un obstacle en vue. C'était comme un océan de verdure sans un seul brisant. It was like an ocean of greenery without a single breaker. « Nous pourrons courir longtemps de la sorte, dit Kennedy ; je n'aperçois pas un arbre dont nous puissions nous approcher ; la chasse me parait compromise "We can run like that for a long time," said Kennedy; I do not see a tree which we can approach; hunting seems compromised —Attends, mon cher Dick ; tu ne pourrais pas chasser dans ces herbes plus hautes que toi ; nous finirons par trouver une place favorable. “Wait, my dear Dick; you could not hunt in these taller grasses than you; we will eventually find a favorable place. C'était en vérité une promenade charmante, une véritable navigation sur cette mer si verte, presque transparente, avec de douces ondulations au souffle du vent. It was indeed a charming walk, a true navigation on this sea so green, almost transparent, with soft undulations to the breath of the wind. La nacelle justifiait bien son nom, et semblait fendre des flots, à cela près qu'une volée d'oiseaux aux splendides couleurs s'échappait parfois des hautes herbes avec mille cris joyeux ; les ancres plongeaient dans ce lac de fleurs, et traçaient un sillon qui se refermait derrière elles, comme le sillage d'un vaisseau. ||||||||cleave||||||||||||||||||||||anchors||||||||||furrow||||||||wake|| The basket justified its name well, and seemed to split through the waves, except that a flock of birds with splendid colors sometimes escaped from the tall grass with a thousand joyful cries; the anchors plunged into this lake of flowers, and traced a furrow which closed behind them, like the wake of a vessel. Tout à coup, le ballon éprouva une forte secousse ; l'ancre avait mordu sans doute une fissure de roc cachée sous ce gazon gigantesque. |||||experienced|||jolt||||||||||hidden|||| Suddenly the balloon felt a strong jolt; the anchor had probably bitten a crack in the rock hidden under this gigantic lawn. « Nous sommes pris, fit Joe. "We are taken," said Joe.

—Eh bien ! jette l'échelle, » répliqua le chasseur. |the ladder||| throw the ladder, ”replied the hunter. Ces paroles n'étaient pas achevées, qu'un cri aigu retentit dans l'air, et les phrases suivantes, entrecoupées d'exclamations, s'échappèrent de la bouche des trois voyageurs. ||||finished|||shrill|resounded|in|||||||||||mouth||| These words were not finished, a high-pitched cry rang in the air, and the following sentences, interspersed with exclamations, escaped from the mouths of the three travelers. « Qu'est cela ? —Un cri singulier ! ||singular

—Tiens ! nous marchons ! we are walking !

—L'ancre a dérapé. ||slipped “The anchor has slipped. —Mais non ! elle tient toujours, fit Joe, qui halait sur la corde. ||||||was hauling|||rope it still holds, said Joe, who was hauling on the rope.

—C'est le rocher qui marche ! "It is the rock that walks!" Un vaste remuement se fit dans les herbes, et bientôt une forme allongée et sinueuse s'éleva au-dessus d'elles. ||movement||||||||||||sinuous|||| A great stir was made in the grasses, and soon an elongated and sinuous form rose above them. « Un serpent ! fit Joe.

—Un serpent ! s'écria Kennedy en armant sa carabine. cried Kennedy, cocking his rifle. —Eh non ! dit le docteur, c'est une trompe d'éléphant. said the doctor, it's an elephant's trunk. —Un éléphant, Samuel ! Et Kennedy, ce disant, épaula son arme. ||||shouldered|| And Kennedy, saying so, shouldered his weapon.

« Attends, Dick, attends !

—Sans doute ! L'animal nous remorque. ||tows The animal is towing us. —Et du bon côté, Joe, du bon côté. “And on the bright side, Joe, on the bright side. L'éléphant s'avançait avec une certaine rapidité ; il arriva bientôt à une clairière, où l'on put le voir tout entier ; à sa taille gigantesque, le docteur reconnut un mâle d'une magnifique espèce ; il portait deux défenses blanchâtres, d'une courbure admirable, et qui pouvaient avoir huit pieds de long ; les pattes de l'ancre étaient fortement prises entre elles. |||||||||||clearing||||||||||||||recognized||male||||||||whitish||curve|||||||||||legs||||||| The elephant was advancing with a certain speed; he soon arrived at a clearing, where he could be seen entirely; at his gigantic size, the doctor recognized a male of a magnificent species; he wore two whitish tusks, of admirable curvature, which could be eight feet long; the legs of the anchor were strongly caught between them. L'animal essayait vainement de se débarrasser avec sa trompe de la corde qui le rattachait à la nacelle. The animal tried in vain to get rid with its trunk of the rope which attached it to the basket. « En avant ! "Forward! hardi ! bold daring ! s'écria Joe au comble de la joie, excitant de son mieux cet étrange équipage. cried Joe, overwhelmed with joy, exciting this strange crew as best he could. Voilà encore une nouvelle manière de voyager ! Plus que cela de cheval ! ||||horse More than that of horse! un éléphant, s'il vous plaît. —Mais où nous mène-t-il ! |||leads|| "But where is he leading us!" demanda Kennedy, agitant sa carabine qui lui brillait les mains.

—Il nous mène où nous voulons aller, mon cher Dick ! Un peu de patience !

—« Wig a more ! - "Wig a more!" Wig a more ! Wig a more! » comme disent les paysans d'Écosse, s'écriait le joyeux Joe. En avant ! en avant ! L'animal prit un galop fort rapide ; il projetait sa trompe de droite et de gauche, et, dans ses ressauts, il donnait de violentes secousses à la nacelle. |||gallop|||||||||||||||lurches|||||||| The animal took off at a fast gallop, throwing its trunk left and right, and jerking the basket violently. Le docteur, la hache à la main, était prêt à couper la corde s'il y avait lieu. The doctor, ax in hand, was ready to cut the rope if necessary. « Mais, dit-il, nous ne nous séparerons de notre ancre qu'au dernier moment. "But," he said, "we will not separate from our anchor until the last moment. Cette course, à la suite d'un éléphant, dura prés d'une heure et demie ; l'animal ne paraissait aucunement fatigué ; ces énormes pachydermes peuvent fournir des trottes considérables, et, d'un jour à l'autre, on les retrouve à des distances immenses, comme les baleines dont ils ont la masse et la rapidité. ||||||||||||||||||||||provide|of the|trots|||||||||||||||||||||||| This race, following an elephant, lasted nearly an hour and a half; the animal did not seem tired at all; these enormous pachyderms can provide considerable trots, and, from one day to another, they are found at immense distances, like the whales of which they have the mass and the speed. « Au fait, disait Joe, c'est une baleine que nous avons harponnée, et nous ne faisons qu'imiter la man uvre des baleiniers pendant leurs pêches. "By the way," said Joe, "it was a whale that we harpooned, and we are only imitating the maneuver of the whalers during their fishing. Mais un changement dans la nature du terrain obligea le docteur à modifier son moyen de locomotion. But a change in the nature of the terrain forced the doctor to modify his means of transport.

Un bois épais de camaldores apparaissait au nord de la prairie et à trois milles environ ; il devenait dès lors nécessaire que le ballon fût séparé de son conducteur. ||||camaldores||||||||||||||||||||||||pilot A thick wood of camaldores appeared north of the prairie and about three miles; it therefore became necessary that the balloon be separated from its driver.

Kennedy fut donc chargé d'arrêter l'éléphant dans sa course ; il épaula sa carabine ; mais sa position n'était pas favorable pour atteindre l'animal avec succès ; une première balle, tirée au crâne, s'aplatit comme sur une plaque de tôle ; l'animal n'en parut aucunement troublé ; au bruit de la décharge, son pas s'accéléra, et sa vitesse fut celle d'un cheval lancé au galop. ||||||||||||||||||||reach|||||||||skull|flattened||||||metal||||at all||||||||||||||||||| Kennedy was therefore responsible for stopping the elephant in its race; he shouldered his rifle; but his position was not favorable to reach the animal successfully; a first bullet, fired at the skull, flattens as on a sheet metal plate; the animal appeared in no way disturbed; at the sound of the discharge, his pace quickened, and his speed was that of a galloping horse. « Diable ! dit Kennedy.

—Quelle tête dure ! fit Joe.

—Nous allons essayer de quelques balles coniques au défaut doré au défaut de l'épaule, » reprit Dick en chargeant ; sa carabine avec soin, et il fit feu. ||||||||defect||||||||||||||||| "We are going to try a few conical balls with a golden defect at the shoulder defect," replied Dick, charging; his rifle carefully, and he fired. L'animal poussa un cri terrible, et continua de plus belle. |||||||||more beautifully The animal uttered a terrible cry, and continued all the more. « Voyons, dit Joe en s'armant de l'un des fusils, il faut que je vous aide, Monsieur Dick, ou cela n'en finira pas. ||||arming||||||||||||||||| "Come," said Joe, cocking one of the rifles, "I must help you, Mr. Dick, or it will not end." Et deux balles allèrent se loger dans les flancs de la bête.

L'éléphant s'arrêta, dressa sa trompe, et reprit à toute vitesse sa course vers le bois ; il secouait sa vaste tête, et le sang commençait à couler à flots de ses blessures ||raised|||||||||||||||||||||||||streams||| The elephant stopped, raised its trunk, and sped off towards the woods; it shook its vast head, and blood began to pour from its wounds. Continuons notre feu, Monsieur Dick.

—Et un feu nourri, ajouta le docteur, nous ne sommes pas à vingt toises du bois ! |||||||||||||paces||wood "And with heavy fire," added the doctor, "we are not twenty yards from the wood!" Dix coups retentirent encore. Ten more blows rang out. l'éléphant fit un bond effrayant ; la nacelle et le ballon craquèrent à faire croire que tout était brisé ; la secousse fit tomber la hache des mains du docteur sur le sol. |||leap|||||||cracked|||||||broken||||||axe||||||| the elephant made a frightening leap; the basket and the balloon cracked to make believe that everything was broken; the shaking made the ax fall from the doctor's hands to the floor. La situation devenait terrible alors ; le câble de l'ancre fortement assujetti ne pouvait être ni détaché, ni entamé par les couteaux des voyageurs ; le ballon approchait rapidement du bois, quand l'animal reçut une balle dans l' il au moment où il relevait la tête ; il s'arrêta, hésita ; ses genoux plièrent ; il présenta son flanc au chasseur. ||||||||||secured||||||||||||||||||||||||||||||||||||||knees|bent|||||| The situation became terrible then; the anchor cable, which was strongly secured, could not be detached or cut through by travelers' knives; the balloon was rapidly approaching the wood when the animal was shot in the eye when it raised its head; he stopped, hesitated; his knees bent; he presented his side to the hunter. « Une balle au coeur, » dit celui-ci, en déchargeant une dernière fois la carabine. "A bullet to the heart," said the latter, unloading the rifle one last time.

L'éléphant poussa un rugissement de détresse et d'agonie ; il se redressa un instant en faisant tournoyer sa trompe, puis il retomba de tout son poids sur une de ses défenses qu'il brisa net. |||roar||||||||||||whirl||||||||||||||||| The elephant roared in distress and agony; he straightened for a moment, twirling his trunk, then he fell with all his weight on one of his defenses which he broke. Il était mort.

« Sa défense est brisée ! "His defense is broken! s'écria Kennedy. De l'ivoire qui en Angleterre vaudrait trente-cinq guinées les demi-livres ! ||||||||guineas||| Ivory which in England would be worth thirty-five guineas half pounds! —Tant que cela, fit Joe, en s'affalant jusqu'à terre par la corde de l'ancre. ||||||slumping||||||| "As much as that," said Joe, sprawling to the ground by the anchor rope. —A quoi servent tes regrets, mon cher Dick ? répondit le docteur Fergusson. Est-ce que nous sommes des trafiquants d'ivoire ? ||||||traffickers| Are we ivory traffickers? Sommes-nous venus ici pour faire fortune ? Joe visita l'ancre ; elle était solidement retenue à la défense demeurée intacte. |visits|||||restrained||||remained| Joe visited the anchor; it was firmly retained in the defense which remained intact. Samuel et Dick sautèrent sur le sol, tandis que l'aérostat à demi dégonflé se balançait au-dessus du corps de l'animal. |||jumped|||||||||deflated|||||||| Samuel and Dick jumped to the ground, while the half-deflated balloon swung over the animal's body. La magnifique bête ! s'écria Kennedy. Quelle masse ! Je n'ai jamais vu dans l'Inde un éléphant de cette taille ! —Cela n'a rien d'étonnant, mon cher Dick ; les éléphants du centre de L'Afrique sont les plus beaux. Les Anderson, les Cumming les ont tellement chassés aux environs du Cap, qu'ils émigrent vers l'équateur, où nous les rencontrerons souvent en troupes nombreuses. The Andersons and the Cummings have chased them so much around the Cape that they migrate to the equator, where we will often meet them in large troops. —En attendant, répondit Joe, j'espère que nous goûterons un peu de celui-là ! "In the meantime," replied Joe, "I hope we get a taste of that one!" Je m'engage à vous procurer un repas succulent aux dépens de cet animal. |engage||||||||expense||| I agree to provide you with a delicious meal at the expense of this animal. M. Kennedy va chasser pendant une heure ou deux, M. Samuel va passer l'inspection du  Victoria , et, pendant ce temps, je vais faire la cuisine. Mr. Kennedy will hunt for an hour or two, Mr. Samuel will pass the Victoria inspection, and during this time I will cook. —Voilà qui est bien ordonné, répondit le docteur. ||||ordered||| "This is well ordered," replied the doctor. Fais à ta guise. |||rejoice Do as you please.

—Pour moi, dit le chasseur, Je vais prendre le deux heures de liberté que Joe a daigné m'octroyer. |||||||||||||||||grant me "For me," said the hunter, "I'm going to take the two hours of freedom that Joe deigned to grant me." —Va, mon ami ; mais pas d'imprudence. Ne t'éloigne pas. |away| —Sois tranquille. Et Dick, armé de son fusil, s'enfonça dans le bois. |||||rifle|entered||| Alors Joe s'occupa de ses fonctions. Il fit d'abord dans la terre un trou profond de deux pieds ; il le remplit de branches sèches qui couvraient le sol, et provenaient des trouées faites dans le bois par les éléphants dont on voyait les traces. |||||||||||||||||||||||||clearings|||||||||||| First he made a hole two feet deep in the ground; it fills it with dry branches which covered the ground, and came from the holes made in the wood by the elephants whose traces we saw. Le trou rempli, il entassa au-dessus du bûcher haut de deux pieds, et il y mit le feu. ||||heaped||||pyre|||||||||| The hole filled, he piled up above the two feet high pyre, and set it on fire.

Ensuite il retourna vers le cadavre de l'éléphant, tombé à dix toises du bois à peine ; il détacha adroitement la trompe qui mesurait près de deux pieds de largeur à sa naissance ; il en choisit la partie la plus délicate, et y joignit un des pieds spongieux de l'animal ; ce sont en effet les morceaux par excellence, comme la bosse du bison, la patte de l'ours ou la hure du sanglier. |||||||||||fathoms|||||||skillfully||||||||||||||||||||||||||||spongy|||||||||||||hump||||leg|||||boar's||boar Then he returned to the elephant's body, barely ten yards from the wood; he skillfully detached the tube, which was almost two feet wide at birth; he chose the most delicate part of it, and added to it one of the spongy feet of the animal; these are indeed the pieces par excellence, such as the bison hump, the bear's paw or the boar's hure. Lorsque le bûcher fut entièrement consumé à l'intérieur et à l'extérieur, le trou, débarrassé des cendres et des charbons, offrit une température très élevée ; les morceaux de l'éléphant, entourés de feuilles aromatiques, furent déposés au fond de ce four improvisé, et recouverts de cendres chaudes ; puis, Joe éleva un second bûcher sur le tout, et quand le bois fut consumé, la viande était cuite à point. ||pyre||||||||||hole|cleared|||||charcoal||||||||||||leaves||||||||||||||||||||pyre|||||||||||||cooked|| When the pyre was completely consumed inside and outside, the hole, freed of ashes and coals, offered a very high temperature; the pieces of the elephant, surrounded by aromatic leaves, were placed at the bottom of this improvised oven, and covered with hot ashes; then, Joe raised a second pyre on the whole, and when the wood was consumed, the meat was cooked to perfection. Alors Joe retira le dîner de la fournaise ; il déposa cette viande appétissante sur des feuilles vertes, et disposa son repas au milieu d'une magnifique pelouse ; il apporta des biscuits, de l'eau-de-vie, du café, et puisa une eau fraîche et limpide à un ruisseau voisin. ||||||||||||appetizing|||||||||||||lawn||||||||||||drew (water)|a||||limpid|||| Ce festin ainsi dressé faisait plaisir à voir, et Joe pensait, sans être trop fier, qu'il ferait encore plus de plaisir à manger. |feast||||||||||||||||||||| This feast thus prepared was a pleasure to see, and Joe thought, without being too proud, that he would make even more pleasure in eating. Un voyage sans fatigue et sans danger ! A trip without fatigue and without danger! répétait-il. Un repas à ses heures ! A meal in its hours! un hamac perpétuel ! |hammock| a perpetual hammock! qu'est-ce que l'on peut demander de plus ? what more can you ask for? Et ce bon M. Kennedy qui ne voulait pas venir ! And that good Mr. Kennedy who didn't want to come! De son côté, le docteur Fergusson se livrait à un examen sérieux de l'aérostat. For his part, Doctor Fergusson was carrying out a serious examination of the aerostat. Celui-ci ne paraissait pas avoir souffert de la tourmente ; le taffetas et la gutta-perca avaient merveilleusement résisté ; en prenant la hauteur actuelle du sol, et en calculant la force ascensionnelle du ballon, il vit avec satisfaction que l'hydrogène était en même quantité ; l'enveloppe Jusque-là demeurait entièrement imperméable. ||||||||||||||gutta|gutta-percha||||||||||||||||||||||||||||||||remained|| Letzterer schien nicht unter dem Sturm gelitten zu haben; der Taft und die Guttaperca hatten sich wunderbar gehalten; Er nahm die aktuelle Höhe des Bodens und berechnete die aufsteigende Kraft des Ballons. Er stellte mit Befriedigung fest, dass der Wasserstoff in derselben Menge vorhanden war. Der Umschlag blieb bis dahin völlig wasserdicht. Depuis cinq jours seulement, les voyageurs avaient quitté Zanzibar ; le pemmican n'était pas encore entamé ; les provisions de biscuit et de viande conservée suffisaient pour un long voyage ; il n'y eut donc que la réserve d'eau à renouveler. ||||||||||pemmican||||started||||||||||||||||||||||| For only five days, the travelers had left Zanzibar; the pemmican was not yet started; the provisions of biscuit and preserved meat were sufficient for a long journey; there was therefore only the water reserve to be renewed. Les tuyaux et le serpentin paraissaient être en parfait état ; grâce à leurs articulations de caoutchouc, ils s'étaient prêtés à toutes les oscillations de l'aérostat. |hoses|||serpentine|||||||||||rubber||||||||| The pipes and the coil appeared to be in perfect condition; thanks to their rubber joints, they were suitable for all the oscillations of the aerostat. Son examen terminé, le docteur s'occupa de mettre ses notes en ordre. His examination finished, the doctor busied himself with putting his notes in order. Il fit une esquisse très réussie de la campagne environnante, avec la longue prairie à perte de vue, la forêt de camaldores, et le ballon immobile sur le corps du monstrueux éléphant. |||sketch|||||||||||||||||||||||||||| He made a very successful sketch of the surrounding countryside, with the long meadow as far as the eye could see, the forest of camaldores, and the motionless balloon on the body of the monstrous elephant.

Au bout de ses deux heures, Kennedy revint avec un chapelet de perdrix grasses, et un cuissot d'oryx, sorte de gemsbok, appartenant à l'espèce la plus agile des antilopes. ||||||||||string of||partridges||||haunch|of oryx|||gemsbok|||||||| At the end of his two hours, Kennedy returned with a string of fat partridges, and a haunch of oryx, a sort of gemsbok, belonging to the most agile species of antelopes. Joe se chargea de préparer ce surcroît de provisions. ||||||extra|| Joe undertook to prepare this additional supply.

« Le dîner est servi, » s'écria-t-il bientôt de sa plus belle voix. "Dinner is served," he soon exclaimed in his most beautiful voice. Et les trois voyageurs n'eurent qu'à s'asseoir sur la pelouse verte ; les pieds et la trompe d'éléphant furent déclarés exquis ; on but à l'Angleterre comme toujours, et de délicieux havanes parfumèrent pour la première fois cette contrée charmante. |||||||||lawn||||||||||exquisite||||||||||cigars|||||||| Und die drei Reisenden mussten nur auf dem grünen Rasen sitzen; Die Füße und der Rüssel des Elefanten wurden für exquisit erklärt. sie tranken wie immer England und köstliche Tannine parfümierten zum ersten Mal dieses bezaubernde Land. And the three travelers only had to sit on the green lawn; the feet and the elephant's trunk were declared exquisite; they drank England as always, and delicious tannins perfumed this charming country for the first time. Kennedy mangeait, buvait et causait comme quatre ; il était enivré ; il proposa sérieusement à son ami le docteur de s'établir dans cette forêt, d'y construire une : cabane de feuillage, et d'y commencer la dynastie des Robinsons africains. |||||||||intoxicated||||||||||||||||||||||||||| Kennedy ate, drank and chatted like four; he was drunk; he seriously proposed to his friend the doctor to settle in this forest, to build a shack of foliage there, and to begin the dynasty of African Robinsons there. La proposition n'eut pas autrement de suite, bien que Joe se fût proposé pour remplir le rôle de Vendredi. Der Vorschlag wurde nicht umgesetzt, obwohl Joe freiwillig die Rolle des Freitags übernahm. The proposal was not followed through, although Joe volunteered to fill the role of Friday. La campagne semblait si tranquille, si déserte, que le docteur résolut de passer la nuit à terre. Joe dressa un cercle de feux, barricade indispensable contre les bêtes féroces ; les hyènes, les couguars, les chacals, attirés par l'odeur de la chair d'éléphant, rodèrent aux alentours. |dressed||||||||||||||cougars||jackals||||||flesh||lurked||around Kennedy dut à plusieurs reprises décharger sa carabine sur des visiteurs trop audacieux ; mais enfin la nuit s'acheva sans incident fâcheux. |had to||||discharge||||||||||||ended|||unfortunate