Chapitre XVII (2)
Deux ou trois fois le duc lui écrivit. Elle reconnut l'écriture et me donna les lettres sans les lire.
Quelquefois les termes de ces lettres me faisaient venir les larmes aux yeux.
Il avait cru, en fermant sa bourse à Marguerite, la ramener à lui ; mais quand il avait vu l'inutilité de ce moyen, il n'avait pas pu y tenir ; il avait écrit, redemandant, comme autrefois, la permission de revenir, quelles que fussent les conditions mises à ce retour.
J'avais donc lu ces lettres pressantes et réitérées, et je les avais déchirées, sans dire à Marguerite ce qu'elles contenaient, et sans lui conseiller de revoir le vieillard, quoiqu'un sentiment de pitié pour la douleur du pauvre homme m'y portât : mais je craignais qu'elle ne vit dans ce conseil le désir, en faisant reprendre au duc ses anciennes visites, de lui faire reprendre les charges de la maison ; je redoutais par-dessus tout qu'elle me crût capable de dénier la responsabilité de sa vie dans toutes les conséquences où son amour pour moi pouvait l'entraîner.
Il en résulta que le duc, ne recevant pas de réponse, cessa d'écrire, et que Marguerite et moi nous continuâmes à vivre ensemble sans nous occuper de l'avenir.