Chapitre XXI (2)
– Ne dites pas cela, mon père ! Marguerite m'aime, j'en suis sûr.
Mon père ne répondit pas ; il n'avait l'air ni de douter ni de croire.
Il insista beaucoup pour me faire passer la soirée entière avec lui, et pour que je ne repartisse que le lendemain ; mais j'avais laissé Marguerite souffrante, je le lui dis, et je lui demandai la permission d'aller la retrouver de bonne heure, lui promettant de revenir le lendemain.
Il faisait beau ; il voulut m'accompagner jusqu'au débarcadère. Jamais je n'avais été si heureux. L'avenir m'apparaissait tel que je cherchais à le voir depuis longtemps.
J'aimais plus mon père que je ne l'avais jamais aimé.
Au moment où j'allais partir, il insista une dernière fois pour que je restasse ; je refusai.
– Tu l'aimes donc bien ? me demanda-t-il.
– Comme un fou.
– Va alors ! Et il passa la main sur son front comme s'il eût voulu en chasser une pensée, puis il ouvrit la bouche comme pour me dire quelque chose ; mais il se contenta de me serrer la main, et me quitta brusquement en me criant :
– À demain ! donc.