ATTENTE 2009-01-21
Après une élection qui a suscité tant d'enthousiasme en Amérique et un peu partout dans le monde, on aurait pu s'attendre à un état de grâce pour Barack Obama. Cette expression est entrée dans le vocabulaire politique après mai 1981, après la première élection de François Mitterrand à la présidence de la République française.
C'était la première fois qu'un président de gauche était élu sous la Ve république, après vingt-trois ans de présidence de droite. Et les premiers mois de cette magistrature se sont déroulés dans un climat d'euphorie et de confiance totale dans ce nouveau président qui, dans un premier temps, semblait échapper à toute critique. Mais la situation de 1981 n'était pas celle de 2009. Les inquiétudes, les angoisses sont infiniment plus grandes aujourd'hui, et si l'élection américaine ouvre la porte à de nombreux espoirs, la confiance placée en Barack Obama est très liée à ses premières décisions et à ses résultats. On parle donc fort peu d'état de grâce. Mais au contraire, Obama est attendu sur tous les fronts, dit-on, notamment dans un éditorial entendu hier sur RFI.Ce genre de phrase condense à peu près tous les sens du verbe « attendre ». Et ils sont plus nombreux qu'on pourrait le croire. Le sens de base du verbe renvoie à l'idée de quelqu'un qui reste en un endroit jusqu'à ce qu'arrive quelque chose de plus ou moins précis. J'attends quatre heures pour partir, j'attends Adèle, j'attends le facteur… La plupart du temps, la phrase sous-entend qu'on est persuadé que l'élément qui fera cesser l'attente va arriver. On attend Adèle quand on a rendez-vous. On attend le facteur parce qu'on sait qu'il doit passer. Pourtant, parfois, le verbe sert à pointer une immobilité sans objet : « Qu'est-ce que tu attends ? Le déluge ? » C'est une façon de bousculer quelqu'un qu'on trouve trop immobile, un peu mou, inactif. Ce verbe a un sens très particulier quand il se conjugue de façon pronominale. « Je m'attends à ce que… » est une projection dans le futur. On imagine, on pense que quelque chose va se faire, se produire. Est-ce un espoir ? Non, pas forcément. On peut s'attendre à quelque chose de souhaitable ou pas : je m'attends à être augmenté le mois prochain ; je m'attends à ce qu'un orage terrible détruise toute la récolte. Autre sens un peu dérivé, « attendre quelque chose de… ». J'attends beaucoup de ce rendez-vous, de cette lecture, de ce médicament, c'est-à-dire que je pense qu'ils auront de bons résultats, d'heureuses conséquences. On se projette donc dans le futur, et le plus souvent avec un sentiment positif. On espère !
En même temps, c'est parfois presque comme une mise en demeure. Si l'on vous dit « j'attends beaucoup de vous », cela peut parfois vous intimider, vous coincer, vous inhiber. Il est difficile de répondre à une attente aussi exigeante.
Dernier sens abordé, celui de l'expression « je l'attends de pied ferme ». Elle signifie qu'on est prêt à la rencontre, et même à l'affrontement. On est prêt, et on n'a pas peur. Ce qui est différent de « je l'attends au tournant », qui évoque bien plus l'idée qu'on attend la faute de l'adversaire ; on guette son faux pas pour mieux l'attaquer ou en venir à bout. Et Barack Obama est en ce moment attendu un peu de toutes ces manières.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/