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Trois contes (1877) - Flaubert, Un cœur simple - Chapitre 4

Un cœur simple - Chapitre 4

IV.Il s'appelait Loulou. Son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu, et sa gorge dorée.

Mais il avait la fatigante manie de mordre son bâton, s'arrachait les plumes, éparpillait ses ordures, répandait l'eau de sa baignoire ; Mme Aubain, qu'il ennuyait, le donna pour toujours à Félicité.

Elle entreprit de l'instruire ; bientôt il répéta : « Charmant garçon ! Serviteur, monsieur ! Je vous salue, Marie ! » Il était placé auprès de la porte, dans l'angle du perron; et plusieurs s'étonnaient qu'il ne répondît pas au nom de Jacquot, puisque tous les perroquets s'appellent Jacquot. On le comparait à une dinde, à une bûche! autant de coups de poignard pour Félicité! Étrange obstination de Loulou, ne parlant plus du moment qu'on le regardait !

Néanmoins il cherchait la compagnie ; car le dimanche, pendant que ces demoiselles Rochefeuille, M. de Houppeville et de nouveaux habitués : Onfroy l'apothicaire, M. Varin et le capitaine Mathieu, faisaient leur partie de cartes, il cognait les vitres avec ses ailes, et se démenait si furieusement qu'il était impossible de s'entendre.

La figure de Bourais, sans doute, lui paraissait très drôle. Dès qu'il l'apercevait, il commençait à rire, à rire de toutes ses forces. Les éclats de sa voix bondissaient dans la cour, l'écho les répétait, les voisins se mettaient à leurs fenêtres, riaient aussi; et, pour n'être pas vu du perroquet, M.Bourais se coulait le long du mur, en dissimulant son profil avec son chapeau, atteignait la rivière, puis entrait par la porte du jardin ; et les regards qu'il envoyait à l'oiseau manquaient de tendresse.

Loulou avait reçu du garçon boucher une chiquenaude, s'étant permis d'enfoncer la tête dans sa corbeille; et depuis lors il tâchait toujours de le pincer à travers sa chemise. Fabu menaçait de lui tordre le cou, bien qu'il ne fût pas cruel, malgré le tatouage de ses bras et ses gros favoris. Au contraire ! il avait plutôt du penchant pour le perroquet, jusqu'à vouloir, par humeur joviale, lui apprendre des jurons. Félicité, que ces manières effrayaient, le plaça dans la cuisine. Sa chaînette fut retirée, et il circulait par la maison.

Quand il descendait l'escalier, il appuyait sur les marches la courbe de son bec, levait la patte droite, puis la gauche ; et elle avait peur qu'une telle gymnastique ne lui causât des étourdissements. Il devint malade, ne pouvant plus parler ni manger. C'était sous sa langue une épaisseur, comme en ont les poules, quelquefois. Elle le guérit, en arrachant cette pellicule avec ses ongles. M. Paul, un jour, eut l'imprudence de lui souffler aux narines la fumée d'un cigare ; une autre fois que Mme Lormeau l'agaçait du bout de son ombrelle, il en happa la virole ; enfin, il se perdit.

Elle l'avait posé sur l'herbe pour le rafraîchir, s'absenta une minute ; et, quand elle revint, plus de perroquet ! D'abord elle le chercha dans les buissons, au bord de l'eau et sur les toits, sans écouter sa maîtresse qui lui criait :

– Prenez donc garde ! vous êtes folle !

Ensuite elle inspecta tous les jardins de Pont- l'Évêque ; et elle arrêtait les passants :

– Vous n'auriez pas vu, quelquefois, par hasard, mon perroquet ?

À ceux qui ne connaissaient pas le perroquet, elle en faisait la description. Tout à coup, elle crut distinguer derrière les moulins, au bas de la côte, une chose verte qui voltigeait. Mais au haut de la côte, rien ! Un porte-balle lui affirma qu'il l'avait rencontré tout à l'heure, à Melaine, dans la boutique de la mère Simon. Elle y courut. On ne savait pas ce qu'elle voulait dire. Enfin, elle rentra, épuisée, les savates en lambeaux, la mort dans l'âme ; et, assise au milieu du banc, près de Madame, elle racontait toutes ses démarches, quand un poids léger lui tomba sur l'épaule : Loulou ! Que diable avait-il fait ? Peut-être qu'il s'était promené aux environs !

Elle eut du mal à s'en remettre, ou plutôt ne s'en remit jamais.

Par suite d'un refroidissement, il lui vint une angine ; peu de temps après, un mal d'oreilles. Trois ans plus tard, elle était sourde ; et elle parlait très haut, même à l'église. Bien que ses péchés auraient pu sans déshonneur pour elle, ni inconvénient pour le monde, se répandre à tous les coins du diocèse, M. le curé jugea convenable de ne plus recevoir sa confession que dans la sacristie.

Des bourdonnements illusoires achevaient de la troubler. Souvent sa maîtresse lui disait :

– Mon Dieu ! comme vous êtes bête !

Elle répliquait :

– Oui, Madame, en cherchant quelque chose autour d'elle.

Le petit cercle de ses idées se rétrécit encore, et le carillon des cloches, le mugissement des bœufs, n'existaient plus. Tous les êtres fonctionnaient avec le silence des fantômes. Un seul bruit arrivait maintenant à ses oreilles, la voix du perroquet.

Comme pour la distraire, il reproduisait le tic tac du tournebroche, l'appel aigu d'un vendeur de poisson, la scie du menuisier qui logeait en face ; et, aux coups de la sonnette, imitait Mme Aubain.

– Félicité! la porte!

la porte!

Ils avaient des dialogues, lui, débitant à satiété les trois phrases de son répertoire, et elle, y répondant par des mots sans plus de suite, mais où son cœur s'épanchait. Loulou, dans son isolement, était presque un fils, un amoureux. Il escaladait ses doigts, mordillait ses lèvres, se cramponnait à son fichu ; et, comme elle penchait son front en branlant la tête à la manière des nourrices, les grandes ailes du bonnet et les ailes de l'oiseau frémissaient ensemble.

Quand des nuages s'amoncelaient et que le tonnerre grondait, il poussait des cris, se rappelant peut-être les ondées de ses forêts natales. Le ruissellement de l'eau excitait son délire ; il voletait, éperdu, montait au plafond, renversait tout, et par la fenêtre allait barboter dans le jardin ; mais revenait vite sur un des chenets, et, sautillant pour sécher ses plumes, montrait tantôt sa queue, tantôt son bec.

Un matin du terrible hiver de 1837, qu'elle l'avait mis devant la cheminée, à cause du froid, elle le trouva mort, au milieu de sa cage, la tête en bas, et les ongles dans les fils de fer. Une congestion l'avait tué, sans doute. Elle crut à un empoisonnement par le persil ; et, malgré l'absence de toutes preuves, ses soupçons portèrent sur Fabu.

Elle pleura tellement que sa maîtresse lui dit :

– Eh bien ! faites-le empailler !

Elle demanda conseil au pharmacien, qui avait toujours été bon pour le perroquet.

Il écrivit au Havre. Un certain Fellacher se chargea de cette besogne. Mais, comme la diligence égarait parfois les colis, elle résolut de le porter elle-même jusqu'à Honfleur.

Les pommiers sans feuilles se succédaient aux bords de la route. De la glace couvrait les fossés. Des chiens aboyaient autour des fermes ; et les mains sous son mantelet, avec ses petits sabots noirs et son cabas, elle marchait prestement, sur le milieu du pavé.

Elle traversa la forêt, dépassa le Haut-Chêne, atteignit Saint-Gatien.

Derrière elle, dans un nuage de poussière et emportée par la descente, une malle-poste au grand galop se précipitait comme une trombe. En voyant cette femme qui ne se dérangeait pas, le conducteur se dressa par-dessus la capote, et le postillon criait aussi, pendant que ses quatre chevaux qu'il ne pouvait retenir accéléraient leur train ; les deux premiers la frôlaient ; d'une secousse de ses guides, il les jeta dans le débord, mais furieux releva le bras, et à pleine volée, avec son grand fouet, lui cingla du ventre au chignon un tel coup qu'elle tomba sur le dos.

Son premier geste, quand elle reprit connaissance, fut d'ouvrir son panier. Loulou n'avait rien, heureusement. Elle sentit une brûlure à la joue droite ; ses mains qu'elle y porta étaient rouges. Le sang coulait.

Elle s'assit sur un mètre de cailloux, se tamponna le visage avec son mouchoir, puis elle mangea une croûte de pain, mise dans son panier par précaution, et se consolait de sa blessure en regardant l'oiseau.

Arrivée au sommet d'Ecquemauville, elle aperçut les lumières de Honfleur qui scintillaient dans la nuit comme une quantité d'étoiles ; la mer, plus loin, s'étalait confusément. Alors une faiblesse l'arrêta ; et la misère de son enfance, la déception du premier amour, le départ de son neveu, la mort de Virginie, comme les flots d'une marée, revinrent à la fois, et, lui montant à la gorge, l'étouffaient.

Puis elle voulut parler au capitaine du bateau ; et, sans dire ce qu'elle envoyait, lui fit des recommandations.

Fellacher garda longtemps le perroquet. Il le promettait toujours pour la semaine prochaine ; au bout de six mois, il annonça le départ d'une caisse ; et il n'en fut plus question. C'était à croire que jamais Loulou ne reviendrait. « Ils me l'auront volé ! » pensait-elle.

Enfin il arriva, – et splendide, droit sur une branche d'arbre, qui se vissait dans un socle d'acajou, une patte en l'air, la tête oblique, et mordant une noix, que l'empailleur par amour du grandiose avait dorée.

Elle l'enferma dans sa chambre.

Cet endroit, où elle admettait peu de monde, avait l'air tout à la fois d'une chapelle et d'un bazar, tant il contenait d'objets religieux et de choses hétéroclites.

Une grande armoire gênait pour ouvrir la porte. En face de la fenêtre surplombant le jardin, un œil-de-bœuf regardait la cour ; une table, près du lit de sangle, supportait un pot à l'eau, deux peignes, et un cube de savon bleu dans une assiette ébréchée. On voyait contre les murs : des chapelets, des médailles, plusieurs bonnes Vierges, un bénitier en noix de coco; sur la commode, couverte d'un drap comme un autel, la boîte en coquillages que lui avait donnée Victor ; puis un arrosoir et un ballon, des cahiers d'écriture, la géographie en estampes, une paire de bottines ; et au clou du miroir, accroché par ses rubans, le petit chapeau de peluche. Félicité poussait même ce genre de respect si loin, qu'elle conservait une des redingotes de Monsieur! Toutes les vieilleries dont ne voulait plus Mme Aubain, elle les prenait pour sa chambre. C'est ainsi qu'il y avait des fleurs artificielles au bord de la commode, et le portrait du comte d'Artois dans l'enfoncement de la lucarne.

Au moyen d'une planchette, Loulou fut établi sur un corps de cheminée qui avançait dans l'appartement. Chaque matin, en s'éveillant, elle l'apercevait à la clarté de l'aube, et se rappelait alors les jours disparus, et d'insignifiantes actions jusqu'en leurs moindres détails, sans douleur, pleine de tranquillité.

Ne communiquant avec personne, elle vivait dans une torpeur de somnambule. Les processions de la Fête-Dieu la ranimaient. Elle allait quêter chez les voisines des flambeaux et des paillassons, afin d'embellir le reposoir que l'on dressait dans la rue.

À l'église, elle contemplait toujours le Saint- Esprit, et observa qu'il avait quelque chose du perroquet. Sa ressemblance lui parut encore plus manifeste sur une image d'Épinal, représentant le baptême de Notre-Seigneur. Avec ses ailes de pourpre et son corps d'émeraude, c'était vraiment le portrait de Loulou.

L'ayant acheté, elle le suspendit à la place du comte d'Artois, de sorte que, du même coup d'œil, elle les voyait ensemble. Ils s'associèrent dans sa pensée, le perroquet se trouvant sanctifié par ce rapport avec le Saint-Esprit, qui devenait plus vivant à ses yeux et intelligible. Le Père, pour s'énoncer, n'avait pu choisir une colombe, puisque ces bêtes-là n'ont pas de voix, mais plutôt un des ancêtres de Loulou. Et Félicité priait en regardant l'image, mais de temps à autre se tournait un peu vers l'oiseau.

Elle eut envie de se mettre dans les demoiselles de la Vierge. Mme Aubain l'en dissuada.

Un événement considérable surgit : le mariage de Paul.

Après avoir été d'abord clerc de notaire, puis dans le commerce, dans la douane, dans les contributions, et même avoir commencé des démarches pour les eaux et forêts, à trente-six ans, tout à coup, par une inspiration du ciel, il avait découvert sa voie : l'enregistrement ! et y montrait de si hautes facultés qu'un vérificateur lui avait offert sa fille, en lui promettant sa protection.

Paul, devenu sérieux, l'amena chez sa mère.

Elle dénigra les usages de Pont-l'Évêque, fit la princesse, blessa Félicité ; et Mme Aubain, à son départ, sentit un allégement.

La semaine suivante, on apprit la mort de M. Bourais, en Basse Bretagne, dans une auberge. La rumeur d'un suicide se confirma ; des doutes s'élevèrent sur sa probité. Mme Aubain étudia ses comptes, et ne tarda pas à connaître la kyrielle de ses noirceurs: détournements d'arrérages, ventes de bois dissimulées, fausses quittances, etc. De plus, il avait un enfant naturel, et « des relations avec une personne de Dozulé ».

Ces turpitudes l'affligèrent beaucoup. Au mois de mars 1853, elle fut prise d'une douleur dans la poitrine ; sa langue paraissait couverte de fumée, les sangsues ne calmèrent pas l'oppression ; et le neuvième soir elle expira, ayant juste soixante- douze ans.

On la croyait moins vieille, à cause de ses cheveux bruns, dont les bandeaux entouraient sa figure blême, marquée de petite vérole. Peu d'amis la regrettèrent, ses façons étant d'une hauteur qui éloignait.

Félicité la pleura, comme on ne pleure pas les maîtres. Que Madame mourût avant elle, cela troublait ses idées, lui semblait contraire à l'ordre des choses, inadmissible et monstrueux.

Dix jours après (le temps d'accourir de Besançon), les héritiers survinrent. La bru fouilla les tiroirs, choisit des meubles, vendit les autres, puis ils regagnèrent l'enregistrement.

Le fauteuil de Madame, son guéridon, sa chaufferette, les huit chaises, étaient partis. La place des gravures se dessinait en carrés jaunes au milieu des cloisons. Ils avaient emporté les deux couchettes, avec leurs matelas, et dans le placard on ne voyait plus rien de toutes les affaires de Virginie. Félicité remonta les étages, ivre de tristesse.

Le lendemain il y avait sur la porte une affiche ; l'apothicaire lui cria dans l'oreille que la maison était à vendre.

Elle chancela, et fut obligée de s'asseoir.

Ce qui la désolait principalement, c'était d'abandonner sa chambre, – si commode pour le pauvre Loulou! En l'enveloppant d'un regard d'angoisse, elle implorait le Saint-Esprit, et contracta l'habitude idolâtre de dire ses oraisons agenouillée devant le perroquet. Quelquefois, le soleil entrant par la lucarne frappait son œil de verre, et en faisait jaillir un grand rayon lumineux qui la mettait en extase.

Elle avait une rente de trois cent quatre-vingts francs, léguée par sa maîtresse. Le jardin lui fournissait des légumes.

Quant aux habits, elle possédait de quoi se vêtir jusqu'à la fin de ses jours, et épargnait l'éclairage en se couchant dès le crépuscule.

Elle ne sortait guère, afin d'éviter la boutique du brocanteur, où s'étalaient quelques-uns des anciens meubles. Depuis son étourdissement, elle traînait une jambe ; et, ses forces diminuant, la mère Simon, ruinée dans l'épicerie, venait tous les matins fendre son bois et pomper de l'eau.

Ses yeux s'affaiblirent. Les persiennes n'ouvraient plus. Bien des années se passèrent. Et la maison ne se louait pas, et ne se vendait pas.

Dans la crainte qu'on ne la renvoyât, Félicité ne demandait aucune réparation. Les lattes du toit pourrissaient ; pendant tout un hiver son traversin fut mouillé. Après Pâques, elle cracha du sang.

Alors la mère Simon eut recours à un docteur. Félicité voulut savoir ce qu'elle avait. Mais, trop sourde pour entendre, un seul mot lui parvint : « pneumonie ». Il lui était connu, et elle répliqua doucement : « Ah ! comme Madame », trouvant naturel de suivre sa maîtresse.

Le moment des reposoirs approchait.

Le premier était toujours au bas de la côte, le second devant la poste, le troisième vers le milieu de la rue. Il y eut des rivalités à propos de celui- là ; et les paroissiennes choisirent finalement la cour de Mme Aubain.

Les oppressions et la fièvre augmentaient. Félicité se chagrinait de ne rien faire pour le reposoir. Au moins, si elle avait pu y mettre quelque chose ! Alors elle songea au perroquet. Ce n'était pas convenable, objectèrent les voisines. Mais le curé accorda cette permission ; elle en fut tellement heureuse qu'elle le pria d'accepter, quand elle serait morte, Loulou, sa seule richesse.

Du mardi au samedi, veille de la Fête-Dieu, elle toussa plus fréquemment. Le soir son visage était grippé, ses lèvres se collaient à ses gencives, des vomissements parurent ; et le lendemain, au petit jour, se sentant très bas, elle fit appeler un prêtre.

Trois bonnes femmes l'entouraient pendant l'extrême-onction. Puis elle déclara qu'elle avait besoin de parler à Fabu.

Il arriva en toilette des dimanches, mal à son aise dans cette atmosphère lugubre.

– Pardonnez-moi, dit-elle avec un effort pour étendre le bras, je croyais que c'était vous qui l'aviez tué !

Que signifiaient des potins pareils ? L'avoir soupçonné d'un meurtre ! un homme comme lui ! et il s'indignait, allait faire du tapage.

– Elle n'a plus sa tête, vous voyez bien !

Félicité de temps à autre parlait à des ombres. Les bonnes femmes s'éloignèrent. La Simonne déjeuna.

Un peu plus tard, elle prit Loulou, et, l'approchant de Félicité :

– Allons ! dites-lui adieu !

Bien qu'il ne fût pas un cadavre, les vers le dévoraient ; une de ses ailes était cassée, l'étoupe lui sortait du ventre. Mais, aveugle à présent, elle le baisa au front, et le gardait contre sa joue. La Simonne le reprit, pour le mettre sur le reposoir.

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Un cœur simple - Chapitre 4 Ein einfaches Herz - Kapitel 4 A Simple Heart - Chapter 4 Un cuore semplice - Capitolo 4

IV.Il s'appelait Loulou. |||Loulou Son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu, et sa gorge dorée. ||||||||wings|||||||| His body was green, his wingtips pink, his forehead blue, and his throat golden.

Mais il avait la fatigante manie de mordre son bâton, s'arrachait les plumes, éparpillait ses ordures, répandait l'eau de sa baignoire ; Mme Aubain, qu'il ennuyait, le donna pour toujours à Félicité. ||||||||||sich rupfte|||verstreute|||verteilte|||||||||||||| ||||fatiguing|mania||bite|||was tearing|||scattered||garbage|spread|||||||||||||| But he had the annoying habit of biting his stick, plucking his feathers, scattering his garbage and spilling his bathwater; Mrs Aubain, bored by him, gave him forever to Félicité.

Elle entreprit de l'instruire ; bientôt il répéta : « Charmant garçon ! She set about instructing him; soon he was repeating: "Charming boy! Serviteur, monsieur ! Servant, sir! Je vous salue, Marie ! Hail Mary! » Il était placé auprès de la porte, dans l'angle du perron; et plusieurs s'étonnaient qu'il ne répondît pas au nom de Jacquot, puisque tous les perroquets s'appellent Jacquot. ||||||||||Treppenabsatz||||||||||||||||| |||||||||||||were astonished||||||||Jacquot||||parrots|| "He was placed near the door, in the corner of the stoop, and many were surprised that he didn't answer to the name Jacquot, since all parrots are called Jacquot. On le comparait à une dinde, à une bûche! |||||Truthahn|||Holzklotz |||||turkey|||log He was compared to a turkey, to a log! autant de coups de poignard pour Félicité! ||||Dolchstoß|| so many stab wounds for Félicité! Étrange obstination de Loulou, ne parlant plus du moment qu'on le regardait ! |Seltsamer Eigensinn Loulous|||||||||| Loulou's strange stubbornness, never talking as long as he was being watched!

Néanmoins il cherchait la compagnie ; car le dimanche, pendant que ces demoiselles Rochefeuille, M. de Houppeville et de nouveaux habitués : Onfroy l'apothicaire, M. Varin et le capitaine Mathieu, faisaient leur partie de cartes, il cognait les vitres avec ses ailes, et se démenait si furieusement qu'il était impossible de s'entendre. ||||||||||||||||||||||||||||||||||schlug gegen Fenster||||||||zappelte||wütend|||||sich verstehen Nevertheless|||||||||||||||Houppeville|||||Onfroy|the apothecary||Varin|||||||||||knew||windows|||wings|||was trying||furiously||||| Nevertheless, he was looking for company; for on Sundays, while the Rochefeuille ladies, Mr de Houppeville and new regulars Onfroy the apothecary, Mr Varin and Captain Mathieu were playing their card game, he was banging his wings against the windows, and bustling about so furiously that it was impossible to hear each other.

La figure de Bourais, sans doute, lui paraissait très drôle. Bourais' face, no doubt, seemed very funny to him. Dès qu'il l'apercevait, il commençait à rire, à rire de toutes ses forces. As soon as he saw her, he'd start laughing, laughing as hard as he could. Les éclats de sa voix bondissaient dans la cour, l'écho les répétait, les voisins se mettaient à leurs fenêtres, riaient aussi; et, pour n'être pas vu du perroquet, M.Bourais se coulait le long du mur, en dissimulant son profil avec son chapeau, atteignait la rivière, puis entrait par la porte du jardin ; et les regards qu'il envoyait à l'oiseau manquaient de tendresse. |||||bounced||||||||||||||||||||||parrot||||||||||hiding||||||reached||||||||||||||||||| The bursts of his voice leapt across the courtyard, the echo repeated them, the neighbors stood at their windows, laughing too; and, so as not to be seen by the parrot, M.Bourais sank along the wall, concealing his profile with his hat, reached the river, then entered through the garden gate; and the glances he sent the bird lacked tenderness.

Loulou avait reçu du garçon boucher une chiquenaude, s'étant permis d'enfoncer la tête dans sa corbeille; et depuis lors il tâchait toujours de le pincer à travers sa chemise. |||||Fleischer||Schnipser||||||||Korb||||||||||||| |||||||pinch|||to poke||||||||||was||||pinch|||| Loulou had received a flick from the butcher's boy, having allowed himself to stick his head into his basket; and since then he was always trying to pinch him through his shirt. Fabu menaçait de lui tordre le cou, bien qu'il ne fût pas cruel, malgré le tatouage de ses bras et ses gros favoris. Fabu|threatened|||twist|||||||||||tattoo|||||||favorites Fabu threatened to wring his neck, although he wasn't cruel, despite the tattoo on his arms and his thick sideburns. Au contraire ! il avait plutôt du penchant pour le perroquet, jusqu'à vouloir, par humeur joviale, lui apprendre des jurons. ||||Neigung zu Papageien|||||wollte sogar||||||| |||||||parrot|||||jovial||||curses Félicité, que ces manières effrayaient, le plaça dans la cuisine. ||||scared||placed||| Sa chaînette fut retirée, et il circulait par la maison. |Sein Kettchen||entfernt|||||| |chain|||||||| His chain was removed, and he circulated through the house.

Quand il descendait l'escalier, il appuyait sur les marches la courbe de son bec, levait la patte droite, puis la gauche ; et elle avait peur qu'une telle gymnastique ne lui causât des étourdissements. ||||||||||||||||||||||||||||||||Schwindelgefühle ||||||||||curve|||beak||||||||||||||gymnastics|||||dizziness When he came down the stairs, he would rest the curve of his beak on the steps, raise his right paw, then his left; and she was afraid that such gymnastics would make her dizzy. Il devint malade, ne pouvant plus parler ni manger. He became ill, unable to speak or eat. C'était sous sa langue une épaisseur, comme en ont les poules, quelquefois. |||||Dicke|||||| |||||thickness|||||| It was as thick under his tongue as chickens sometimes are. Elle le guérit, en arrachant cette pellicule avec ses ongles. ||||Sie heilte ihn, indem sie diese Schicht mit ihren Nägeln **abkratzte**.||Hautschicht||| ||heals||tearing||film||| She heals him, ripping off the film with her fingernails. M. Paul, un jour, eut l'imprudence de lui souffler aux narines la fumée d'un cigare ; une autre fois que Mme Lormeau l'agaçait du bout de son ombrelle, il en happa la virole ; enfin, il se perdit. |||||die Unvorsichtigkeit|||||Nasenlöcher|||||||||||reizte ihn|||||Sonnenschirm|||schnappte nach||Hülse||||ging verloren |||||the imprudence||||||||||||||||agitated||||||||snatched||ferrule|||| One day, Mr. Paul had the imprudence to blow cigar smoke into his nostrils; another time, when Madame Lormeau was annoying him with the tip of her parasol, he snatched its ferrule; finally, he lost his way.

Elle l'avait posé sur l'herbe pour le rafraîchir, s'absenta une minute ; et, quand elle revint, plus de perroquet ! |||||||refresh|||||||||| She put him down on the grass to cool him off, went away for a minute, and when she came back, the parrot was gone! D'abord elle le chercha dans les buissons, au bord de l'eau et sur les toits, sans écouter sa maîtresse qui lui criait : ||||||bush||||||||||||||| At first she looked for him in the bushes, by the water's edge and on the rooftops, without listening to her mistress who shouted to her:

– Prenez donc garde ! - So watch out! vous êtes folle ! you're crazy!

Ensuite elle inspecta tous les jardins de Pont- l'Évêque ; et elle arrêtait les passants : ||inspected||||||||||| Then she inspected all the gardens of Pont- l'Évêque, stopping passers-by:

– Vous n'auriez pas vu, quelquefois, par hasard, mon perroquet ? |wouldn't||||||| - You haven't seen my parrot by any chance, have you?

À ceux qui ne connaissaient pas le perroquet, elle en faisait la description. For those who didn't know the parrot, she described it. Tout à coup, elle crut distinguer derrière les moulins, au bas de la côte, une chose verte qui voltigeait. ||||||||||||||||||herumflatterte ||||||||mills||||||||||was hovering Mais au haut de la côte, rien ! But at the top of the hill, nothing! Un porte-balle lui affirma qu'il l'avait rencontré tout à l'heure, à Melaine, dans la boutique de la mère Simon. A ball-carrier told him he'd met him earlier, in Melaine, in Mère Simon's store. Elle y courut. She ran to it. On ne savait pas ce qu'elle voulait dire. Enfin, elle rentra, épuisée, les savates en lambeaux, la mort dans l'âme ; et, assise au milieu du banc, près de Madame, elle racontait toutes ses démarches, quand un poids léger lui tomba sur l'épaule : Loulou ! |||||Pantoffeln||Fetzen||||||||||||||||||Schritte||||||||| |||||slippers||rags||||||||||||||||||steps||||||||| Finally, she returned, exhausted, her slippers in tatters, her soul dead; and, sitting in the middle of the bench, next to Madame, she was recounting all her steps, when a light weight fell on her shoulder: Loulou! Que diable avait-il fait ? What on earth had he done? Peut-être qu'il s'était promené aux environs ! ||||walked|| Maybe he'd taken a walk around here!

Elle eut du mal à s'en remettre, ou plutôt ne s'en remit jamais. ||of|||get|recover|||||| It was hard for her to get over it, or rather, she never did.

Par suite d'un refroidissement, il lui vint une angine ; peu de temps après, un mal d'oreilles. ||||||||Halsentzündung||||||| |||cooling|||||sore||||||| A cold gave him angina, and shortly afterwards an earache. Trois ans plus tard, elle était sourde ; et elle parlait très haut, même à l'église. Three years later, she was deaf; and she spoke very loudly, even in church. Bien que ses péchés auraient pu sans déshonneur pour elle, ni inconvénient pour le monde, se répandre à tous les coins du diocèse, M. le curé jugea convenable de ne plus recevoir sa confession que dans la sacristie. |||Sünden||||Schande|||||||||||||||||||||||||||||| |||||||disgrace|||||||||||||||diocese||||||||||||||| Although her sins could have spread to every corner of the diocese without dishonor to herself or inconvenience to the world, the parish priest decided it would be appropriate to only receive her confession in the sacristy.

Des bourdonnements illusoires achevaient de la troubler. |Illusorische Summen||||| |buzzing|illusory|finished||| Illusory buzzes completed her confusion. Souvent sa maîtresse lui disait :

– Mon Dieu ! - My God! comme vous êtes bête ! how stupid you are!

Elle répliquait : |replied

– Oui, Madame, en cherchant quelque chose autour d'elle. - Yes, ma'am, looking around for something.

Le petit cercle de ses idées se rétrécit encore, et le carillon des cloches, le mugissement des bœufs, n'existaient plus. |||||||shrinks||||carillon||||moo|||| The small circle of his ideas narrowed further, and the chime of the bells, the roar of the oxen, were no more. Tous les êtres fonctionnaient avec le silence des fantômes. |||functioned||||| All beings functioned with the silence of ghosts. Un seul bruit arrivait maintenant à ses oreilles, la voix du perroquet. Only one sound now reached his ears: the parrot's voice.

Comme pour la distraire, il reproduisait le tic tac du tournebroche, l'appel aigu d'un vendeur de poisson, la scie du menuisier qui logeait en face ; et, aux coups de la sonnette, imitait Mme Aubain. ||||||||||Drehspieß||||||||Säge||Schreiner||||||||||Klingel||| ||||||||||spit||sharp||||||||carpenter||lodged||||||||bell||| As if to distract her, he would reproduce the tick-tock of the spit-turner, the sharp call of a fish vendor, the saw of the carpenter who lived across the street; and, when the doorbell rang, he imitated Mrs. Aubain.

– Félicité! la porte!

la porte!

Ils avaient des dialogues, lui, débitant à satiété les trois phrases de son répertoire, et elle, y répondant par des mots sans plus de suite, mais où son cœur s'épanchait. |||||"herunterleiernd"||Sättigung||||||Repertoire||||||||||||||||sich ergoss |||||reciting||satiety||||||repertoire|||||||||||||||| They had dialogues, he spouting off the three phrases of his repertoire to satiety, and she responding with words that had no further sequence, but in which her heart poured out. Loulou, dans son isolement, était presque un fils, un amoureux. Loulou, in his isolation, was almost a son, a lover. Il escaladait ses doigts, mordillait ses lèvres, se cramponnait à son fichu ; et, comme elle penchait son front en branlant la tête à la manière des nourrices, les grandes ailes du bonnet et les ailes de l'oiseau frémissaient ensemble. |kletterte hoch|||knabberte an||||klammerte sich an|||Schultertuch||||||||wackelnd|||||||Ammen|||||Haube||||||| ||||bitten||||clung|||||||leaned||||nodding|||||||nurses|||||||||||| He climbed her fingers, nibbled her lips, clung to her kerchief; and, as she bent her forehead, shaking her head in a nursemaid fashion, the big wings of the bonnet and the wings of the bird quivered together.

Quand des nuages s'amoncelaient et que le tonnerre grondait, il poussait des cris, se rappelant peut-être les ondées de ses forêts natales. |||sich auftürmten|||||||||||||||Regenschauer|||| ||||||||rumbled||||||||||showers|||| When clouds gathered and thunder rumbled, he'd cry out, perhaps recalling the showers of his native forests. Le ruissellement de l'eau excitait son délire ; il voletait, éperdu, montait au plafond, renversait tout, et par la fenêtre allait barboter dans le jardin ; mais revenait vite sur un des chenets, et, sautillant pour sécher ses plumes, montrait tantôt sa queue, tantôt son bec. ||||||||flatterte|verzweifelt|||||||||||planschen||||||||||Feuerböcke||||||||||||| |drain|||||||fluttered|wild|||||||||||splash||||||||||andirons||||dry|||||||||beak The trickle of water aroused his delirium; he flew madly up to the ceiling, knocking everything over and splashing through the window into the garden; but soon returned to one of the andirons and, hopping up to dry his feathers, sometimes showed his tail, sometimes his beak.

Un matin du terrible hiver de 1837, qu'elle l'avait mis devant la cheminée, à cause du froid, elle le trouva mort, au milieu de sa cage, la tête en bas, et les ongles dans les fils de fer. One morning in the terrible winter of 1837, when she had put him in front of the fireplace because of the cold, she found him dead, in the middle of his cage, upside down, with his nails in the wires. Une congestion l'avait tué, sans doute. |Eine Verstopfung|||| |congestion|||| Congestion had killed him, no doubt. Elle crut à un empoisonnement par le persil ; et, malgré l'absence de toutes preuves, ses soupçons portèrent sur Fabu. |||||||Petersilie|||||||||fielen auf|| |||||||parsley||||||proof||||| She thought he had been poisoned by parsley, and despite the absence of any evidence, her suspicions fell on Fabu.

Elle pleura tellement que sa maîtresse lui dit : She cried so hard that her mistress said to her:

– Eh bien ! - Well, well, well! faites-le empailler ! ||stuff have it stuffed!

Elle demanda conseil au pharmacien, qui avait toujours été bon pour le perroquet. She sought advice from the pharmacist, who had always been kind to the parrot.

Il écrivit au Havre. He wrote to Le Havre. Un certain Fellacher se chargea de cette besogne. ||Fellacher||||| Mais, comme la diligence égarait parfois les colis, elle résolut de le porter elle-même jusqu'à Honfleur. |||Postkutsche|verloren ging|||||||||||| |||diligence|lost|||packages||||||||| But as the stagecoach sometimes misplaced parcels, she decided to carry it to Honfleur herself.

Les pommiers sans feuilles se succédaient aux bords de la route. Leafless apple trees lined the roadside. De la glace couvrait les fossés. |||||ditches Ice covered the ditches. Des chiens aboyaient autour des fermes ; et les mains sous son mantelet, avec ses petits sabots noirs et son cabas, elle marchait prestement, sur le milieu du pavé. |||||||||||||||Holzschuhe||||Einkaufstasche||||||||Pflasterstein |||||||||||||||hooves||||basket|||quickly||||| Dogs barked around the farms; and with her hands under her mantelet, her little black clogs and her shopping bag, she walked briskly down the middle of the pavement.

Elle traversa la forêt, dépassa le Haut-Chêne, atteignit Saint-Gatien. ||||überholte|||||| ||||passed||||||

Derrière elle, dans un nuage de poussière et emportée par la descente, une malle-poste au grand galop se précipitait comme une trombe. ||||||||||||||||||||||Wirbelwind ||||||||carried|||||trunk||||||precipitated||| Behind her, in a cloud of dust and carried away by the descent, a mail trunk at full gallop rushed by like a waterspout. En voyant cette femme qui ne se dérangeait pas, le conducteur se dressa par-dessus la capote, et le postillon criait aussi, pendant que ses quatre chevaux qu'il ne pouvait retenir accéléraient leur train ; les deux premiers la frôlaient ; d'une secousse de ses guides, il les jeta dans le débord, mais furieux releva le bras, et à pleine volée, avec son grand fouet, lui cingla du ventre au chignon un tel coup qu'elle tomba sur le dos. |beim Anblick|||||||||||||||Verdeck||||||||||||||||||||||streiften sie||Ruck|||||||||Straßengraben|||||||||völler Wucht||||Peitsche||peitschte aus||||Haarknoten|||||||| ||||||||||||rose|||||||groom|||||||||||||||||||brushed||jolt|||||||||overflow|||||||||flight|||||||||||||||||| Seeing this unperturbed woman, the driver stood up over the hood, and the postillion shouted too, while his four horses, which he couldn't hold back, accelerated their train; the first two grazed her; with a jerk of his guides, he threw them into the overflow, but furious raised his arm, and at full volley, with his big whip, nailed her from belly to bun with such a blow that she fell on her back.

Son premier geste, quand elle reprit connaissance, fut d'ouvrir son panier. When she regained consciousness, her first move was to open her basket. Loulou n'avait rien, heureusement. Fortunately, Loulou had nothing. Elle sentit une brûlure à la joue droite ; ses mains qu'elle y porta étaient rouges. |||Brennen||||||||||| She felt a burn on her right cheek; her hands were red. Le sang coulait. Blood flowed.

Elle s'assit sur un mètre de cailloux, se tamponna le visage avec son mouchoir, puis elle mangea une croûte de pain, mise dans son panier par précaution, et se consolait de sa blessure en regardant l'oiseau. ||||||||tupfte ab||||||||||||||||||||||||||| ||||||pebbles||dabbed||||||||||||||||||||||||injury||| She sat down on a metre of pebbles, dabbed her face with her handkerchief, then ate a crust of bread, put in her basket as a precaution, and consoled herself with her wound by looking at the bird.

Arrivée au sommet d'Ecquemauville, elle aperçut les lumières de Honfleur qui scintillaient dans la nuit comme une quantité d'étoiles ; la mer, plus loin, s'étalait confusément. |||||||||||||||||||||||sich ausbreitete|verschwommen. |||of Ecquemauville||||||||scintillated||||||||||||| Alors une faiblesse l'arrêta ; et la misère de son enfance, la déception du premier amour, le départ de son neveu, la mort de Virginie, comme les flots d'une marée, revinrent à la fois, et, lui montant à la gorge, l'étouffaient. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||erstickten ihn ||||||||||||||||||||||||||||tide|||||||||||suffocated Then a weakness stopped him; and the misery of his childhood, the disappointment of his first love, the departure of his nephew, the death of Virginie, like the waves of a tide, came back at once, and, rising to his throat, suffocated him.

Puis elle voulut parler au capitaine du bateau ; et, sans dire ce qu'elle envoyait, lui fit des recommandations. |||||||||||||||||Empfehlungen Then she wanted to speak to the ship's captain; and, without saying what she was sending, gave him some recommendations.

Fellacher garda longtemps le perroquet. Fellacher kept the parrot for a long time. Il le promettait toujours pour la semaine prochaine ; au bout de six mois, il annonça le départ d'une caisse ; et il n'en fut plus question. He always promised it for next week; after six months, he announced the departure of a crate; and there was no more talk of it. C'était à croire que jamais Loulou ne reviendrait. It was as if Loulou would never come back. « Ils me l'auront volé ! "They stole it from me! » pensait-elle. "she thought.

Enfin il arriva, – et splendide, droit sur une branche d'arbre, qui se vissait dans un socle d'acajou, une patte en l'air, la tête oblique, et mordant une noix, que l'empailleur par amour du grandiose avait dorée. ||||||||||||sich drehte|||Sockel|aus Mahagoni|||||||schräg geneigt||||||der Präparator|||||| ||||||||||||screwed|||base|of mahogany|||||||||biting||nut||the taxidermist||||grand|| At last it arrived - and splendidly, upright on a tree branch, which was screwed into a mahogany base, one paw in the air, head slanted, and biting into a nut, which the stuffer, for love of the grandiose, had gilded.

Elle l'enferma dans sa chambre. |the hell||| She locked him in his room.

Cet endroit, où elle admettait peu de monde, avait l'air tout à la fois d'une chapelle et d'un bazar, tant il contenait d'objets religieux et de choses hétéroclites. |||||||||||||||||||||||||||verschiedene Dinge ||||||||||||||||||||||of objects|||||heterogeneous The place, where she admitted few people, looked like both a chapel and a bazaar, so full was it of religious objects and odds and ends.

Une grande armoire gênait pour ouvrir la porte. |||behinderte|||| |||blocked|||| A large cupboard made it difficult to open the door. En face de la fenêtre surplombant le jardin, un œil-de-bœuf regardait la cour ; une table, près du lit de sangle, supportait un pot à l'eau, deux peignes, et un cube de savon bleu dans une assiette ébréchée. |||||||||||||||||||||Riemenbett||||||||||||||||| |||||overlooking||||||||||||||||strap|||pot||||combs|||cube|||||||chipped Opposite the window overlooking the garden, an oeil-de-boeuf looked out over the courtyard; a table by the strap bed held a water jug, two combs, and a cube of blue soap in a chipped plate. On voyait contre les murs : des chapelets, des médailles, plusieurs bonnes Vierges, un bénitier en noix de coco; sur la commode, couverte d'un drap comme un autel, la boîte en coquillages que lui avait donnée Victor ; puis un arrosoir et un ballon, des cahiers d'écriture, la géographie en estampes, une paire de bottines ; et au clou du miroir, accroché par ses rubans, le petit chapeau de peluche. ||||||Rosenkränze|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Nagel|||||||||||Plüschhut ||||||rosaries|||||||baptismal font|||||||dresser||||||altar||||shells||||||||||||||of writing||||stamps||||booties|||||||||ribbons|||||stuff Against the walls were rosaries, medals, several good Virgins, a coconut stoup; on the chest of drawers, covered with a sheet like an altar, the shell box Victor had given her; then a watering can and a balloon, writing notebooks, geography in prints, a pair of boots; and at the nail of the mirror, hung by its ribbons, the little plush hat. Félicité poussait même ce genre de respect si loin, qu'elle conservait une des redingotes de Monsieur! |||||||||||||einen Gehrock|| |||||||||||||frock coats|| Félicité even took this kind of respect so far that she kept one of Monsieur's frock coats! Toutes les vieilleries dont ne voulait plus Mme Aubain, elle les prenait pour sa chambre. ||junk|||||||||||| All the old things Mrs Aubain didn't want anymore, she took for her room. C'est ainsi qu'il y avait des fleurs artificielles au bord de la commode, et le portrait du comte d'Artois dans l'enfoncement de la lucarne. ||||||||||||dresser||||||||recess|||skylight So there were artificial flowers on the edge of the chest of drawers, and the portrait of the Comte d'Artois in the recess of the dormer window.

Au moyen d'une planchette, Loulou fut établi sur un corps de cheminée qui avançait dans l'appartement. |||board|||||||||||| With the help of a planchette, Loulou was established on a chimney breast that extended into the apartment. Chaque matin, en s'éveillant, elle l'apercevait à la clarté de l'aube, et se rappelait alors les jours disparus, et d'insignifiantes actions jusqu'en leurs moindres détails, sans douleur, pleine de tranquillité. |||||||||||||||||disappeared||insignificant||||||||||

Ne communiquant avec personne, elle vivait dans une torpeur de somnambule. ||||||||Benommenheit||Schlafwandlerin ||||||||torpor||somnambulist Communicating with no one, she lived in a sleepwalking torpor. Les processions de la Fête-Dieu la ranimaient. ||||Fronleichnam|||belebten sie wieder |||||||revived The Corpus Christi processions revived her. Elle allait quêter chez les voisines des flambeaux et des paillassons, afin d'embellir le reposoir que l'on dressait dans la rue. ||um Spenden bitten|||||Fackeln|||Fußmatten||||Altartisch|||aufstellte||| ||beg|||||torches|||mats||embellish||shrine|||||| She would beg neighbors for torches and mats to embellish the resting place that was being set up in the street.

À l'église, elle contemplait toujours le Saint- Esprit, et observa qu'il avait quelque chose du perroquet. Sa ressemblance lui parut encore plus manifeste sur une image d'Épinal, représentant le baptême de Notre-Seigneur. ||||||||||von Épinal|||||| ||||||||||of Épinal|||||| Avec ses ailes de pourpre et son corps d'émeraude, c'était vraiment le portrait de Loulou. ||||purple||||of emerald||||||

L'ayant acheté, elle le suspendit à la place du comte d'Artois, de sorte que, du même coup d'œil, elle les voyait ensemble. ||||hängte es auf||||||||||||||||| ||||suspended||||||||||||||||| Having bought it, she hung it in the place of the Comte d'Artois, so that at a glance she could see them together. Ils s'associèrent dans sa pensée, le perroquet se trouvant sanctifié par ce rapport avec le Saint-Esprit, qui devenait plus vivant à ses yeux et intelligible. |associated||||||||sanctified|||||||||||||||| They joined forces in his thinking, the parrot finding itself sanctified by this relationship with the Holy Spirit, who became more alive to him and intelligible. Le Père, pour s'énoncer, n'avait pu choisir une colombe, puisque ces bêtes-là n'ont pas de voix, mais plutôt un des ancêtres de Loulou. |||speak|||||||||||||||||||| Father couldn't have chosen a dove to express himself, since doves have no voice, but rather one of Loulou's ancestors. Et Félicité priait en regardant l'image, mais de temps à autre se tournait un peu vers l'oiseau. And Félicité prayed, looking at the image, but every now and then turning a little towards the bird.

Elle eut envie de se mettre dans les demoiselles de la Vierge. She was tempted to join the Madonnas. Mme Aubain l'en dissuada. |||dissuaded Mrs. Aubain talked him out of it.

Un événement considérable surgit : le mariage de Paul. |||emerges|||| Paul's wedding is a momentous occasion.

Après avoir été d'abord clerc de notaire, puis dans le commerce, dans la douane, dans les contributions, et même avoir commencé des démarches pour les eaux et forêts, à trente-six ans, tout à coup, par une inspiration du ciel, il avait découvert sa voie : l'enregistrement ! ||||Schreiber||||||||||||Abgabenverwaltung||||||Schritte unternehmen|||||||||||||||||||||||die Registrierung |||||||||||||custom|||contributions||||||steps||||||||||||||||||||||| Having started out as a notary's clerk, then worked in commerce, customs and taxation, and even taken steps towards water and forestry, at the age of thirty-six he had suddenly, by a stroke of heaven, discovered his calling: registration! et y montrait de si hautes facultés qu'un vérificateur lui avait offert sa fille, en lui promettant sa protection. ||||||hohe Fähigkeiten||Prüfer|||||||||| ||||||||verifier||||||||promising|| and showed such great talent that an auditor offered him his daughter, promising him his protection.

Paul, devenu sérieux, l'amena chez sa mère. Paul, now serious, took her to his mother's house.

Elle dénigra les usages de Pont-l'Évêque, fit la princesse, blessa Félicité ; et Mme Aubain, à son départ, sentit un allégement. |verleumdete||Gepflogenheiten|||||||verletzte||||||||||Erleichterung. |denigrated|||||||||hurt||||||||||relief She denigrated the customs of Pont-l'Évêque, made a princess of herself, hurt Félicité; and Mme Aubain, on her departure, felt a relief.

La semaine suivante, on apprit la mort de M. Bourais, en Basse Bretagne, dans une auberge. The following week, we learned of the death of Mr. Bourais, in Lower Brittany, in an inn. La rumeur d'un suicide se confirma ; des doutes s'élevèrent sur sa probité. |||||||||||Integrität |rumor|||||||rose|||integrity Rumors of suicide were confirmed; doubts arose about his probity. Mme Aubain étudia ses comptes, et ne tarda pas à connaître la kyrielle de ses noirceurs: détournements d'arrérages, ventes de bois dissimulées, fausses quittances, etc. ||||Konten|||nicht lange||||||||Schandtaten|Unterschlagungen|Rückstände von Zinsen||||versteckte Verkäufe||falsche Quittungen| ||||||||||||myriad|||darkness|embezzlements|of arrears||||dissimulated||receipts| Mrs Aubain studied his accounts, and soon became aware of his many dark deeds: embezzlement of arrears, concealed sales of wood, false receipts, and so on. De plus, il avait un enfant naturel, et « des relations avec une personne de Dozulé ». ||||||||||||||Dozulé In addition, he had a natural child, and "relations with a person from Dozulé".

Ces turpitudes l'affligèrent beaucoup. |Diese Schandtaten|| |turpitudes|afflicted| These turpitudes distressed him greatly. Au mois de mars 1853, elle fut prise d'une douleur dans la poitrine ; sa langue paraissait couverte de fumée, les sangsues ne calmèrent pas l'oppression ; et le neuvième soir elle expira, ayant juste soixante- douze ans. |||||||||||||||||||Blutegel||||die Beklemmung||||||||||| |||||||||||||||||||leeches||||||||||||||| In March 1853, she was seized by a pain in her chest; her tongue seemed to be covered in smoke, and leeches failed to relieve the oppression; and on the ninth evening she expired, aged just seventy-two.

On la croyait moins vieille, à cause de ses cheveux bruns, dont les bandeaux entouraient sa figure blême, marquée de petite vérole. |||||||||||||||||blass|||| |||||||||||||bands||||pale||||pox We thought she wasn't so old, thanks to her brown hair, whose headbands encircled her pallid, smallpox-scarred face. Peu d'amis la regrettèrent, ses façons étant d'une hauteur qui éloignait. |||regretted||||||| Few of her friends missed her, her manner being of a haughtiness that alienated.

Félicité la pleura, comme on ne pleure pas les maîtres. Félicité mourned her, as one does not mourn one's masters. Que Madame mourût avant elle, cela troublait ses idées, lui semblait contraire à l'ordre des choses, inadmissible et monstrueux. ||||||||||||||||unzulässig und monströs|| ||died||||||||||||||||monstrous The fact that Madame had died before her disturbed her ideas, seemed contrary to the order of things, inadmissible and monstrous.

Dix jours après (le temps d'accourir de Besançon), les héritiers survinrent. |||||herbeieilen||||Erben kamen an|kamen an |||||to arrive||||heirs|arrived Ten days later (the time it took to rush from Besançon), the heirs arrived. La bru fouilla les tiroirs, choisit des meubles, vendit les autres, puis ils regagnèrent l'enregistrement. |Die Schwiegertochter|||||||||||||die Anmeldung |brat|searched|||||||||||regained|the recording The daughter-in-law rummaged through the drawers, chose some pieces of furniture, sold the others, and then they returned to the register.

Le fauteuil de Madame, son guéridon, sa chaufferette, les huit chaises, étaient partis. |||||Beistelltisch||Wärmflasche||||| |||||table||heater||||| Madame's armchair, pedestal table, heater and eight chairs were all gone. La place des gravures se dessinait en carrés jaunes au milieu des cloisons. |||Gravuren|||||||||Trennwände |||prints||||squares|||||partitions The place of the engravings was outlined in yellow squares in the middle of the partitions. Ils avaient emporté les deux couchettes, avec leurs matelas, et dans le placard on ne voyait plus rien de toutes les affaires de Virginie. |||||Liegeplätze|||||||||||||||||| |||||bunks|||mattresses||||||||||||||| They'd taken the two bunks with their mattresses, and in the closet there was nothing left of Virginie's belongings. Félicité remonta les étages, ivre de tristesse. ||||drunk|| Félicité went back upstairs, drunk with sadness.

Le lendemain il y avait sur la porte une affiche ; l'apothicaire lui cria dans l'oreille que la maison était à vendre. |||||||||Plakat||||||||||| |||||||||||||||||||to| The apothecary shouted in his ear that the house was for sale.

Elle chancela, et fut obligée de s'asseoir. |wankte||||| |stumbled||||| She staggered and was forced to sit down.

Ce qui la désolait principalement, c'était d'abandonner sa chambre, – si commode pour le pauvre Loulou! |||worried|||||||convenient|||| The main thing that distressed her was abandoning her room, so convenient for poor Loulou! En l'enveloppant d'un regard d'angoisse, elle implorait le Saint-Esprit, et contracta l'habitude idolâtre de dire ses oraisons agenouillée devant le perroquet. ||||||flehte an|||||gewann||götzendienerisch||||Gebete|knieend|vor dem|| |wrapping|||||implored|||||||idol||||orations|kneeling||| Enveloping him in a look of anguish, she implored the Holy Spirit, and contracted the idolatrous habit of saying her prayers kneeling before the parrot. Quelquefois, le soleil entrant par la lucarne frappait son œil de verre, et en faisait jaillir un grand rayon lumineux qui la mettait en extase. |||||||||||||||hervorsprudeln lassen||||||||| ||||||skylight|||||||||burst||||||||| Sometimes, as the sun streamed in through the skylight, it would strike her glass eye, sending out a great ray of light that would send her into ecstasy.

Elle avait une rente de trois cent quatre-vingts francs, léguée par sa maîtresse. |||Rente|||||||hinterlassen von||| |||pension|||||||legated||| She had an annuity of three hundred and eighty francs, bequeathed by her mistress. Le jardin lui fournissait des légumes. |||lieferte|| |||provided|| The garden provided him with vegetables.

Quant aux habits, elle possédait de quoi se vêtir jusqu'à la fin de ses jours, et épargnait l'éclairage en se couchant dès le crépuscule. ||||||||||||||||sparte ein|die Beleuchtung sparen||||||Dämmerung ||||||||dress|||||||||lighting|||||| As for clothes, she had enough to last her for the rest of her life, and saved on lighting by going to bed at dusk.

Elle ne sortait guère, afin d'éviter la boutique du brocanteur, où s'étalaient quelques-uns des anciens meubles. |||||||||||ausgestellt waren||||| |||||||||antique dealer||were displayed||||| She didn't go out much, to avoid the antique store where some of the old furniture was displayed. Depuis son étourdissement, elle traînait une jambe ; et, ses forces diminuant, la mère Simon, ruinée dans l'épicerie, venait tous les matins fendre son bois et pomper de l'eau. ||Schwindelanfall||||||||||||ruiniert in der||das Lebensmittelgeschäft|||||Holzhacken||||Wasser pumpen|| ||dizziness||||||||decreasing||||ruined||the grocery|||||split||||pump|| Since her dizzy spell, she'd been dragging one leg; and, her strength diminishing, Mother Simon, ruined in the grocery store, came every morning to split her wood and pump water.

Ses yeux s'affaiblirent. ||weakened His eyes weakened. Les persiennes n'ouvraient plus. |Die Fensterläden|| |shutters|didn't open| The shutters wouldn't open. Bien des années se passèrent. Many years passed. Et la maison ne se louait pas, et ne se vendait pas. |||||vermietet wurde|||||| |||||rented|||||| And the house wouldn't rent or sell.

Dans la crainte qu'on ne la renvoyât, Félicité ne demandait aucune réparation. ||||||sent|||||reparation For fear of being sent away, Félicité asked for no redress. Les lattes du toit pourrissaient ; pendant tout un hiver son traversin fut mouillé. |Dachlatten|||verfaulten||||||Kopfkissenrolle|| |slats|||were rotting||||||pillow||wet The roof slats were rotting; for a whole winter his bolster was wet. Après Pâques, elle cracha du sang. |||spuckte|| After Easter, she spat blood.

Alors la mère Simon eut recours à un docteur. So Mother Simon called in a doctor. Félicité voulut savoir ce qu'elle avait. Félicité wanted to know what was wrong. Mais, trop sourde pour entendre, un seul mot lui parvint : « pneumonie ». ||||||||||pneumonia But, too deaf to hear, only one word came to her: "pneumonia". Il lui était connu, et elle répliqua doucement : « Ah ! She knew him, and replied softly: "Ah! comme Madame », trouvant naturel de suivre sa maîtresse. like Madame", finding it natural to follow his mistress.

Le moment des reposoirs approchait. |||Die Altäre| |||rests| The time for resting was approaching.

Le premier était toujours au bas de la côte, le second devant la poste, le troisième vers le milieu de la rue. The first was always at the bottom of the hill, the second in front of the post office, the third in the middle of the street. Il y eut des rivalités à propos de celui- là ; et les paroissiennes choisirent finalement la cour de Mme Aubain. ||||rivalries||||||||parish|chose|||||| There were rivalries over this one, and the parishioners finally chose Madame Aubain's court.

Les oppressions et la fièvre augmentaient. |oppressions||||were increasing Oppression and fever increased. Félicité se chagrinait de ne rien faire pour le reposoir. ||betrübte sich|||||||Reposoir ||grieved|||||||rest Félicité fretted about not doing anything for the repository. Au moins, si elle avait pu y mettre quelque chose ! At least, if she could have put something there! Alors elle songea au perroquet. Then she thought of the parrot. Ce n'était pas convenable, objectèrent les voisines. ||||widersprachen|| ||||objected|| It wasn't appropriate," objected the neighbors. Mais le curé accorda cette permission ; elle en fut tellement heureuse qu'elle le pria d'accepter, quand elle serait morte, Loulou, sa seule richesse. |||gewährte||||||||||||||||||| |||granted||||||||||||||||||| But the priest granted her permission, and she was so pleased that she asked him to accept Loulou, her only possession, when she died.

Du mardi au samedi, veille de la Fête-Dieu, elle toussa plus fréquemment. ||||||||||coughed|| From Tuesday to Saturday, the eve of Corpus Christi, she coughed more frequently. Le soir son visage était grippé, ses lèvres se collaient à ses gencives, des vomissements parurent ; et le lendemain, au petit jour, se sentant très bas, elle fit appeler un prêtre. |||||"verzerrt"||||klebten an|||Zahnfleisch||Erbrechen|||||||||||||||| |||||clogged||||were sticking|||gums|||||||||||||||||| By evening her face was seized up, her lips stuck to her gums, vomiting appeared; and the next day, at dawn, feeling very low, she sent for a priest.

Trois bonnes femmes l'entouraient pendant l'extrême-onction. ||||||Letzte Ölung ||||||anointing Three good women surrounded him during the extreme unction. Puis elle déclara qu'elle avait besoin de parler à Fabu. Then she said she needed to talk to Fabu.

Il arriva en toilette des dimanches, mal à son aise dans cette atmosphère lugubre. |||||||||||||düster |||||||||||||gloomy He arrived in his Sunday best, uncomfortable in the gloomy atmosphere.

– Pardonnez-moi, dit-elle avec un effort pour étendre le bras, je croyais que c'était vous qui l'aviez tué ! - Forgive me," she said with an effort to extend her arm, "I thought it was you who had killed him!

Que signifiaient des potins pareils ? |||Was bedeuteten solche Gerüchte?| |meant||gossip| What did such gossip mean? L'avoir soupçonné d'un meurtre ! |||murder Suspecting him of murder! un homme comme lui ! a man like him! et il s'indignait, allait faire du tapage. ||||||Lärm machen ||was indignant||||racket and he was indignant, going to make a fuss.

– Elle n'a plus sa tête, vous voyez bien ! - She's lost her head, as you can see!

Félicité de temps à autre parlait à des ombres. Félicité occasionally spoke to shadows. Les bonnes femmes s'éloignèrent. |||moved away The women moved away. La Simonne déjeuna. |Simonne|lunched La Simonne had breakfast.

Un peu plus tard, elle prit Loulou, et, l'approchant de Félicité : ||||||||approaching||

– Allons ! dites-lui adieu ! say goodbye!

Bien qu'il ne fût pas un cadavre, les vers le dévoraient ; une de ses ailes était cassée, l'étoupe lui sortait du ventre. |||||||||||||||||das Werg|||| ||||||||worms||devoured|||||||the tow|||| Although he wasn't a corpse, the worms were devouring him; one of his wings was broken, and oakum was coming out of his belly. Mais, aveugle à présent, elle le baisa au front, et le gardait contre sa joue. |blind||||||||||||| But, blind now, she kissed him on the forehead, and kept him against her cheek. La Simonne le reprit, pour le mettre sur le reposoir. |||||||||Altartisch ||||||put|||rest La Simonne took it back, and put it on the resting place.