Journal en français facile 12/06/2022 20h00 GMT
Loic Bussières : Et à l'écoute de RFI, il est 22h ici à Paris, 20h en temps universel. Bonsoir et bienvenue si vous nous rejoignez dans ce Journal en français facile. Journal que je vous présente en compagnie de Zéphyrin Kouadio. Bonsoir Zéphyrin.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Loic, bonsoir à toutes et à tous.
LB : Un seul grand titre à la une ce soir : le premier tour des élections législatives en France. La majorité présidentielle et la Nupes, l'union de la gauche, en sortent en tête, mais les deux formations sont au coude à coude. Et les premiers résultats ne permettent ni à Jean-Luc Mélenchon, ni au camp d'Emmanuel Macron, d'atteindre la majorité absolue. Le Rassemblement national arrive en troisième position. Le grand vainqueur restant l'abstention : plus d'un Français sur deux ne se sont pas rendus dans les bureaux de vote. L'essentiel de ce journal sera consacré aux premiers enseignements, aux premières réactions, en ce soir d'élections.
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ZK : « La Nupes arrive en tête ». Le commentaire est signé Jean-Luc Mélenchon, la tête de file de la Nouvelle union de la gauche.
LB : L'ancien candidat à la présidentielle qui voulait faire de ces élections législatives une sorte de « troisième tour », affirme ce soir que la majorité présidentielle est « défaite », qu'elle est vaincue, sans pour autant crier victoire. Aurélien Devernoix, vous etes envoyé spécial de RFI au quartier général de la Nupes.
Oui, le leader de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon, la jouer plutôt sobre ce soir. Il faut dire que les projections donnent l'Union de la gauche très loin d'une majorité, à l'issue du second tour, ce qui rend son souhait de devenir Premier ministre un peu plus lointain encore. Mais tous les dirigeants de la Nupes le disent, ces résultats étaient inespérés il y a encore quelques semaines et l'opportunité est belle de sortir de ces législatives avec une gauche ressuscitée. « On a passé un premier test avec succès. » m'a dit l'eurodéputée insoumise, Manon Aubry. La Nupes affirme sentir également une forme d'inquiétude, voire de panique dans les rangs présidentiels à l'issue de cette claque pour Emmanuel Macron, c'est ce que m'ont dit plusieurs militants présents ce soir. Preuve en est le refus de la majorité sortante d'appeler à voter pour la gauche en cas de duel Nupes/Rassemblement national. « Une honte » selon le dirigeant communiste Ian Brossât. Mais en effet, pour gagner ces législatives, il faudrait un miracle. Une déferlante des lecteurs a souhaité Jean-Luc Mélenchon. « Chaque voix dimanche, contrat double », dimanche prochain, a renchéri le patron des écologistes, Julien Bayou. Une nouvelle campagne commence donc ce soir avec pour la Nupes, une stratégie qui se dessine, faire du second tour un référendum anti Macron et récupérer un maximum de voix quelle qu'en soit leur origine.
LB : Aurélien Devernoix, envoyé spécial de RFI au quartier général de la Nupes.
ZK : La gauche en tête, donc Loic, à l'issue de ce premier tour des élections législatives. La gauche qui récolte entre 25 et 26% des voix. Au coude à coude, donc, avec la majorité présidentielle réunie sous la bannière « Ensemble ».
LB : Au QG d'« Ensemble », justement, on retrouve Anthony Lattier. Anthony, si l'on se fie aux projections en chiffre, Emmanuel Macron n'est pas assuré d'avoir la majorité absolue à l'Assemblée Nationale dimanche prochain.
Oui, Loïc, parce que la fourchette basse des projections sur le nombre de députés macronistes se situe en effet en dessous des 289 députés nécessaires pour avoir cette majorité absolue et donc avoir les coudées franches pour gouverner. Ce qui explique ce soir l'absence de triomphalisme du camp présidentiel et ce qui explique aussi l'appel à la mobilisation pour le second tour lancé par la Première ministre. Ici, Élisabeth borne, qui a mis en garde les Français contre le risque de l'instabilité politique. Pour décrocher cette majorité, la macronie mise maintenant sur ses réserves de voix. Elle pense en avoir davantage que la gauche qui est déjà rassemblée pour ce premier tour. Il n'empêche, ce sera difficile pour certains membres du gouvernement. 15 se présentent et la ministre de la Transition écologique, Amélie de Montchalin, et le ministre des Affaires européennes, Clément Beaune sont pour le moment en ballottage défavorable. Informations importantes, Aurélien l'évoquait, le camp présidentiel ne donne pas de consigne de vote en cas de duel entre l'Union de la gauche et l'extrême droite. Consigne de vote qui se feront au cas par cas. C'est finalement la suite logique des prises de position d'Emmanuel Macron cette semaine qui avait renvoyé dos-à-dos l'extrême gauche et l'extrême droite.
LB : Anthony Lattier, envoyé spécial de RFI donc, au quartier général d'« Ensemble ».
ZK : Et puis, l'autre enseignement de ce premier tour, Loic, c'est le résultat du Rassemblement National. Le parti de Marine Le Pen récolte à l'échelle nationale 18% des suffrages. Elle peut espérer une dizaine de députés.
LB : Marine Le Pen qui, de son côté, récolte 54% des suffrages dans sa circonscription. Mais à cause de l'abstention, elle devra passer par un second tour pour être réélue députée comme en 2017. Écoutez sa réaction ce soir.
Dans notre pays en proie au doute et où tout semble hors contrôle, on le voit avec le Stade de France, l'inflation ou la hausse du carburant, il faut des députés solides et déterminés.
Dimanche prochain, il est important de ne pas laisser Emmanuel Macron disposer d'une majorité absolue dont il abusera pour appliquer ces méthodes autocentrées et brutales, et nous imposer son projet antisocial. Dans les circonscriptions qui voient au second tour un duel entre la République en marche et la Nupes, j'invite les électeurs à ne pas choisir entre les destructeurs d'en haut et les destructeurs d'en bas, à ne pas choisir entre ceux qui veulent vous priver de vos droits et ceux qui veulent vous priver de vos biens. La France n'est ni une salle de marché, ni une Zad.
LB : Voilà la réaction de Marine Le Pen, en ballottage favorable. Donc ce soir dans le Pas-de-Calais, avec 54% des voix.
ZK : D'autres résultats, Loic, à l'issue de ce premier tour.
LB : Avec tout d'abord, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, qui se qualifie sans surprise dans sa 10e circonscription du Nord et sera face une candidate de la Nupes au deuxième tour. Il est en tête avec 39,1% des voix. La première ministre, Elisabeth Borne, avait hérité d'une circonscription réputée facile pour le camp présidentiel, elle arrive en tête également, et là aussi elle affrontera la Nupes. À retenir également, Jean-Michel Blanquer, l'ancien ministre de l'Éducation, qui se présentait pour la première fois, et qui est éliminé dès le premier tour, dans le Loiret, avec un peu moins de 19% des voix. Autre résultat, l'élimination d'Éric Zemmour, le candidat Reconquête qui avait atteint 7% des voix lors de la présidentielle et qui arrive en 3e position dans la 4e circonscription du Var où il se présentait. Voilà ce que l'on pouvait dire de ce premier tour des législatives en France. À retenir également, l'abstention record, 52.8% des voix. Nous reviendrons ben évidemment sur ce scrutin dans nos prochaines éditions, tout particulièrement dans 24h en France, rendez-vous à 0h heure de Paris.
ZK : L'actualité dans le monde, en ce dimanche 12 juin, Loic, c'est aussi la guerre en Ukraine où l'armée russe continuait ce week-end de pilonner Sievierodonetsk, dans l'Est du pays.
LB : L'objectif pour Moscou, c'est toujours d'en prendre le contrôle total, le contrôle de cette ville, mais dans ces combats, l'épuisement des munitions se fait de plus en plus sentir, surtout du côté ukrainien, très dépendant de l'aide militaire occidentale. Notre envoyée spéciale Anissa El Jabri s'est rendue avec l'armée russe dans la région de Louhansk où les forces pro-russes avancent très lentement. Des forces russes et pro-russes qui souhaitent, à l'heure où les Ukrainiens réclament désespérément des armes, afficher leur confiance. Écouter son reportage.
« Voilà, ce sont des échantillons de toutes les armes de pays occidentaux qui ont été fournis à l'armée ukrainienne dans le cadre de l'assistance militaire de l'OTAN. En particulier, des missiles guidés antichars, un lance-grenades à équipage AT4, des lance-grenades américains M72, un lance-grenades Socrates et un grand nombre de nouvelles armes et de Bayraktar, de Milan et de Javelin. » Étalé par les forces pro-russes face à la presse, tout ce matériel américain, allemand, suisse, français, a été pris, affirme-t-on, sur cette position, au tout début de l'offensive, à 100 kilomètres à vol d'oiseau de Sievierodonetsk. Soleil accablant et chant d'oiseaux, la ligne de front semble bien loin, elle est pourtant dans toutes les têtes, à commencer par celle du dirigeant de la république autoproclamée de Louhansk, Leonid Passetchnik. « Aujourd'hui, selon le dernier rapport reçu ce matin, Sievierodonetsk n'a pas été complètement conquise, pas à 100%. Les soldats ukrainiens nationalistes notamment sont toujours dans la zone industrielle de l'usine Azot, et de là, ils bombardent la ville. C'est pourquoi il est impossible de dire que la situation à Sievierodonetsk est calme et sous notre contrôle. » Combien de civils, combien de soldats dans l'usine Azot, le dirigeant affirme encore l'ignorer. Mais il affiche une certitude claire : les objectifs seront atteints. Anissa el Jabri, Louhansk, RFI.
ZK : Dans ce contexte de guerre en Ukraine, le Qatar choisit Total Energies comme premier partenaire étranger pour développer le North Field, le plus grand champ gazier du monde.
LB : L'Émirat va grâce à ce projet renforcer sa position de leader mondial de l'exportation de GNL, le gaz naturel liquéfié. Coût total : 30 milliards de dollars. Le projet vise à aider le pays du Golfe à augmenter sa production de 60% d'ici à 2027.
C'est la fin de ce journal, merci d'écouter la radio du monde
