Journal en français facile 14/10/2021 20h00 GMT
Clémentine Pawlotsky : Merci d'ecouter RFI, il est 22h00 à Paris, 23h00 à Beyrouth. Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile présenté ce soir avec Sylvie Berret, bonsoir !
Sylvie Berruet : Bonsoir Clémentine, bonsoir à toutes et à tous. À la une, le Liban sombre journée à Beyrouth la capitale. Une manifestation a dégénéré en affrontements armés. Plusieurs personnes ont été tuées. Les États-Unis et la France appellent au calme.
CP : L'Europe propose de réduire de 80% les contrôles des biens circulants entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord mais la proposition divise les politiques.
SB : Les touristes sont de retour à Bali. L'ile indonésienne rouvre ses frontières avec certaines conditions à respecter. Une bonne nouvelle pour l'économie locale mais certains s'en inquiètent. Reportage à suivre.
CP : Et puis l'Amérique se met au vert. Le gouvernement des États-Unis a dévoilé un projet de construction de 7 grands parcs éoliens. Une annonce faite à quelques semaines de l'ouverture de la COP 26.
-----
SB : La capitale du Liban, Beyrouth, a donc été le théâtre de scènes de guerre aujourd'hui.
CP : Des tirs ont éclaté lors d'une manifestation organisée par le Hezbollah, et le mouvement chiite Amal. Un rassemblement pour protester contre le juge Tarek Bitar. C'est lui qui est en charge de l'enquête sur la double explosion du 4 aout 2020, au port de Beyrouth. Les manifestants l'accusent d'être « politisé » et « sélectif ». De violents combats ont suivi pendant plusieurs heures. 6 personnes sont mortes, 30 autres ont été blessées. Correspondance de Paul Khalifeh.
C'est l'ancienne ligne de démarcation, qui coupait Beyrouth en deux secteurs, musulman et chrétien pendant la guerre civile qui s'est embrasée. Des tirs en rafales et des explosions qui résonnent dans toute la ville, des automobilistes affolées, des rues désertées, des élèves bloquées dans leurs écoles. Des hommes armés appartenant au Hezbollah, au mouvement chiite Amal et au parti chrétien des Forces libanaises ont investi les rues malgré la présence massive de soldats de l'armée. Une armée qui a eu du mal à reprendre la situation en main/. Les armes se sont tues en milieu de journée, mais la tension demeure très forte, surtout que le problème reste entier. Au lieu d'appeler au calme et de condamner le recours aux armes, les principaux protagonistes se sont lancés des accusations. Le Hezbollah et le mouvement Amal ont accusé les Forces libanaises d'être à l'origine des premiers tirs contre les manifestants. Ils ont exigé l'arrestation des tireurs. L'ancienne milice chrétienne a nié ces accusations et son chef Samir Geagea a rejeté la responsabilité de ces incidents sur « les armes illégales », en allusion au Hezbollah, qui possède une puissante branche armée. Paul Khalifeh, Beyrouth, RFI.
CP : Les États-Unis appellent à une désescalade des tensions au Liban. Washington dit s'opposer à « toute intimidation et menace de violence contre la justice ». « nous soutenons l'indépendance de la justice au Liban » c'est ce qu'a déclaré Ned Price, le porte-parole de la diplomatie américaine. Et puis même son de cloche du côté de la France. Paris appelle à l'apaisement, le ministère français des Affaires étrangères se dit vivement préoccupé « au regard des récentes entraves au bon déroulement de l'enquête ». Une entrave, c'est un obstacle, quelque chose qui gêne, qui empêche d'avancer.
SB : En Norvège, la piste de l'acte terroriste se précise après l'attaque à l'arc qui a fait 5 morts.
CP : Les services de sécurité norvégiens estiment que cette attaque ressemble à un acte terroriste. Un peu plus tôt dans la journée, la police a indiqué que l'auteur présumé des faits est âgé de 37 ans, converti à l'islam et suspecté par le passé de radicalisation. Pour rappel, cette attaque s'est produite hier dans la ville de Königsberg, dans le sud-est du pays.
SB : L'Europe propose une réduction de 80% des contrôles imposés par le protocole nord Irlandais.
CP : Ce sont les contrôles douaniers qui concernent les biens circulant entre la Grande Bretagne et l'Irlande du Nord, restée dans le marché commun. En Irlande du Nord justement, les responsables ont passé la nuit à étudier le texte. Émeline Vin, comme toujours dans la province, les propositions européennes divisent.
Premier à dégainer : Jeffrey Donaldson, patron du DUP, principal parti unioniste c'est-à-dire attaché à l'identité britannique, profondément opposé au protocole. « Ces propositions sont bien loin de ce que nous souhaitons. Ce que nous souhaitons, c'est remplacer les arrangements actuels par un protocole qui respecte l'identité de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni. » Une position qui irrite la vice-première ministre, la nationaliste du Sinn Féin Michelle O'Neill. « L'unionisme politique, le DUP en particulier, sont plus intéressés par la course au sondage, quitte à faire monter l'instabilité à l'approche des prochaines élections. Ces propositions représentent un progrès et respectent l'engagement de protéger le commerce entre les deux Irlande et de ne pas placer de frontière sur cette île. » Pour les entreprises, les changements proposés sont bienvenus. Seamus Leheny, de l'association des transporteurs Logistics UK au micro de la télévision irlandaise RTÉ : « Nous saluons ce que propose l'UE : cela va réduire le temps nécessaire pour acheminer des produits de Grande-Bretagne en Irlande du Nord. Le protocole est loin d'être parfait, c'est vrai, il y a des problèmes, mais il contient du positif : il nous permet de commercer avec l'UE ET avec la Grande-Bretagne sans droits de douane. Nous pouvons en tirer avantage. » Les discussions doivent se poursuivre avec l'UE ce jeudi. Émeline Vin, Dublin, RFI.
CP : Les touristes sont de retour à Bali après trois annonces repoussées, l'ile indonésienne ré-accepte certains voyageurs étrangers vaccinés en provenance de pays triés sur le volet. Pour l'économie de l'île, qui dépend à 60% du tourisme, c'est une bonne nouvelle. Et l'on prépare déjà 2022, année où 3,6 millions de visiteurs étrangers sont espérés. Mais parmi la population locale certains restent sceptiques ou s'interrogent sur ce retour à la normale et les ravages de ce tourisme de masse. Reportage de Gabrielle Marechaux.
Aller travailler aux champs, faire de la vente en ligne, pendant 1 an et demi tous les acteurs du tourisme à Bali ont dû trouver en urgence des alternatives pour subsister. Hendra est un guide touristique francophone, il reste encore prudent et n'espère pas tout de suite reprendre son activité initiale. « Heureusement j'ai anticipé, parce que avant la pandémie, il y a eu l'éruption du Mont Agung et là aussi on a pas beaucoup travaillé. Donc j'ai dit à ma femme, il faut autre chose, si on a pas beaucoup de tourisme pour survivre. Donc maintenant j'ai un petit restaurant balinais. » Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, c'est une stratégie que le gouvernement de l'île devrait également appliquer pour Sukma Arida, chercheur spécialiste du tourisme à l'université locale. « À chaque fois que le tourisme est en difficulté, à cause d'attentats, d'éruption du volcan, ou du Covid, le gouvernement perd l'occasion de réfléchir à une économie plus équilibrée entre tourisme, agriculture et PME. C'est dommage car le secteur agricole est au cœur de la société balinaise, avec par exemple les rituels du Subak, une organisation sociale autour de l'irrigation des rizière qui est classé à l'Unesco. » Les voyageurs occidentaux n'ont eux pas manqué d'exprimer en ligne leur excitation à l'idée de retourner à Bali. Ces derniers mois pourtant, ces étrangers n'ont pas eu très bonne presse avec des journaux publiant régulièrement les frasques d'expatriés dérogeant aux règles sanitaires de Bali.
SB : Aux États-Unis, le gouvernement américain a dévoilé hier son projet de construire jusqu'à sept grands parcs éoliens.
CP : Ça sera au large des côtes du pays. Une initiative qui s'inscrit dans le cadre du plan de l'administration Biden pour sortir de l'énergie fossile et fournir de l'énergie éolienne. À plus de 10 millions de foyers américains d'ici à 2030. Une feuille de route ambitieuse selon le secrétaire à l'intérieur. Elle a été annoncée à quelques semaines de l'ouverture de la COP 26 à Glasgow en Écosse. Anne Verdaguer.
C'est un pas en avant gigantesque pour l'éolien aux Etats Unis, jusqu'à présent, seul un parc offshore était opérationnel : le Block Island Wind Farm, achevé fin 2016 au large de l'État du Rhode Island, mais qui n'est capable de fournir que 30 mégawatts au pays, soit seulement 0,1 % des 30 gigawatts souhaités par le président Biden pour 2030. Les États-Unis ont beaucoup de retard à rattraper sur la production d'énergie éolienne offshore, en comparaison, le Royaume-Uni planifie de produire 40 GW à la même échéance, la Chine 73 gigawatts . C'est donc une véritable course aux énergies vertes et le président américain en a fait son cheval de bataille, 12 milliards de dollars seront dépensés pour financer ces 7 nouvelles concessions, qui réduiront selon la maison blanche de 78 millions de tonnes les émissions de dioxyde de carbone et créeront aussi des dizaines de milliers d'emplois aux États-Unis. Il faudra aussi compter sur la grogne des pêcheurs qui estiment que ces parcs éoliens vont contribuer à raréfier certaines espèces tels que les homards, d'autres organisations environnementales pointent du doigt l'impact sur la faune et la flore marine.