Journal en français facile 17/03/2021 20h00 GMT (L'audio commence à 2:56!)
Vous écoutez RFI il est 21h à Paris, 20h en temps universel.
Romain Auzouy : Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile.
À la une ce soir : Des tensions entre les États-Unis et la Russie. Moscou rappelle son ambassadeur aux États-Unis pour des consultations. À l'origine une phrase du Président américain Joe Biden à l'égard de son homologue russe Vladimir Poutine, explications dès le début de cette édition.
En Birmanie une banlieue de Rangoon dans le chaos. Des dizaines de manifestants ont été tués ces derniers jours à Hlaing Tharyar. Des habitations auraient été brûlées par les forces de sécurité, plus d'un mois et demi après le coup d'Etat militaire.
En Turquie le HDP dénonce un « putsch politique ». Le HDP c'est un parti pro-kurde et depuis aujourd'hui il est visé par une demande d'interdiction, demande formulée par un procureur auprès de la plus haute cour de justice du pays.
Et puis la décision d'Uber va-t-elle faire tache d'huile ? On dit qu'une décision fait tache d'huile quand elle est reproduite ailleurs. Le géant américain de réservation de voitures reconnait aux chauffeurs britanniques le statut de salarié. De quoi faire espérer les chauffeurs français. Reportage à la fin de cette édition.
------
RA : Donald Trump affichait une bienveillance avec Vladimir Poutine quand il était Président des États-Unis. Le ton semble radicalement changer avec son successeur. La preuve avec un mot aujourd'hui de Joe Biden lui-même. À la question d'un journaliste de la chaine ABC : « Pensez-vous que Vladimir Poutine soit un tueur », Joe Biden a répondu : « oui ». Évidemment cela n'a pas du tout plus à la Russie, le président de la chambre basse du Parlement dénonce une attaque contre son pays. La remarque de Joe Biden intervient au lendemain de nouvelles accusations d'interférences russes dans les élections américaines. À Washington pour RFI Anne Corpet
Vladimir Poutine a tenté d'interférer dans les élections, il a soutenu Donald Trump entame le journaliste vedette d'ABC avant d'interroger : « quel prix doit il payer ? » « Il payera un prix » répond Joe Biden qui ajoute… « je le connais relativement bien. » Le journaliste le relance : « vous avez dit qu'il n'avait pas d'âme. Le président répond. » « Oui j'ai dit cela. J'étais seul avec lui dans son bureau et c'est venu comme cela. Le président Bush avait dit qu'il l'avait regardé dans les yeux et qu'il y avait vu une âme. J'ai dit je vous regarde dans les yeux et je ne pense pas que vous ayez une âme. Il m'a répondu : on se comprend… ». Le journaliste reprend : « donc vous connaissez Vladimir Poutine. Vous pensez que c'est un tueur ? ». « Uh Uh je le pense » répond le président. Et le journaliste insiste : « donc quel prix doit-il payer ? » « Vous le verrez bientôt » élude le président.. Joe Biden ajoute que la Russie et les Etats Unis ont des intérêts en commun. Et que les deux pays doivent travailler ensemble. Pas sûr que ses commentaires incite Moscou à accroitre sa coopération avec Washington. Anne Corpet Washington RFI.
RA : Et signe des relations qui se tendent : la Russie annonce ce soir avoir rappelé son ambassadeur aux États-Unis pour des consultations. C'est un geste fort, Moscou cependant dit vouloir éviter une « dégradation irréversibles » des échanges entre les deux pays. À suivre donc.
En Birmanie les manifestations contre le coup d'État militaire se poursuivent, la répression de la junte également. Plus de 200 civils ont été tués depuis le 1er février. Et depuis plusieurs jours tous les regards sont tournés vers un quartier industriel de Rangoon où plusieurs dizaines de manifestants ont été tués ces derniers jours. Quartier qui est totalement bloqué Christophe Paget.
Un habitant de Hlaing Tharyar confie que les gens ne sortent pas de peur de se faire tirer dessus par les forces de sécurité. Des forces de sécurité qui selon un média local ont brûlé la nuit dernière plusieurs habitations. La police boucle toujours le canton et fouille voitures, motos et les téléphones. Tout a basculé dimanche, quand plusieurs usines à capitaux chinois, une trentaine selon le quotidien nationaliste chinois Global time, ont été incendiées dans le canton. L'origine des feux n'est pas connue, mais depuis le coup d'Etat le sentiment anti chinois a augmenté - certains reprochant à Pékin un manque de fermeté vis-à-vis des putschistes. En tous cas après le début des incendies les forces de sécurité ont été déployées, elles ont tué de nombreux manifestants, la loi martiale a été instaurée dans la zone. Et lundi des centaines de personnes travaillant dans les usines de textile ont pris la fuite pour rentrer chez elles en province. Hier soir, des manifestants campaient sur un pont menant à Hlaing Tharyar, ils ont érigé des barricades, et certaines ont été brûlées par les forces de sécurité. Ce mercredi des enquêteurs de l'ONU ont appelé la population birmane à collecter et conserver les preuves des exactions commises par l'armée depuis le coup d'Etat du 1er février.
RA : En Turquie c'est l'un des bêtes noires du Président Erdogan (l'un de ses ennemis) : le parti pro-kurde HDP. Aujourd'hui son interdiction est réclamée par un procureur qui a saisi la plus haute cour de justice du pays, la Cour constitutionnelle. Les membres du parti sont accusés par le pouvoir d'entretenir des liens avec le PKK, un groupe armé classé terroriste. Correspondance à Istanbul d'Anne Andlauer.
Le HDP, troisième force politique au sein du parlement turc avec 55 députés, est accusé – je cite – de « vouloir détruire l'intégrité de l'État » et d'agir comme « le prolongement du PKK ». Ces accusations sont celles du procureur général de la cour de cassation, nommé l'année dernière par le président Erdogan. La nouvelle n'a rien d'une surprise. Le parti au pouvoir, l'AKP, et son allié ultranationaliste, le MHP, s'en prennent chaque jour au HDP en le présentant comme la vitrine d'un groupe terroriste. Treize anciens députés du parti pro-kurde ont été emprisonnés ces dernières années et un quatorzième député, Ömer Faruk Gergerlioğlu, a été déchu ce mercredi de son mandat suite à une condamnation, ouvrant la voie à son incarcération. Il y a quelques années encore, les dirigeants de l'AKP – dont Recep Tayyip Erdogan – s'opposaient catégoriquement aux fermetures de parti, eux qui avaient échappé de justesse à un sort similaire en 2008. La procédure contre le HDP, une formation soutenue par six millions d'électeurs au scrutin de 2018, intervient deux semaines après que le président turc a dévoilé une série de réformes censées améliorer l'état des droits de l'homme dans le pays. Anne Andlauer, Istanbul, RFI.
RA : Et ce soir réaction du HDP qui dénonce un « putsch politique » (un coup d'État politique). Et qui appelle « toutes les forces démocratiques, toutes les forces d'opposition sociales et politiques et notre peuple à lutter ensemble » contre cette initiative.
Dans l'actualité économique c'est une première mondiale : Uber le géant américain de réservation de voitures reconnait aux chauffeurs britanniques le statut de salarié, avec tous les droits que cela comporte comme un salaire minimum ou encore des congés payés. Uber contraint par la justice car cette annonce intervient un mois après une décision de la Cour suprême britannique estimant que les chauffeurs pouvaient être considérés comme « travailleurs » et donc bénéficier de droits sociaux. Voilà qui pourrait chambouler un modèle jusque-là très précaire. Cette décision nous vient du Royaume-Uni, pourrait-elle être appliquée en France ? C'est ce qu'espèrent de nombreux chauffeurs de VTC, plusieurs centaines sont actuellement en procédure judiciaire avec Uber. Alexis Bédu en a rencontré l'un d'entre eux ce matin. Reportage.
Ce chauffeur travaille avec Uber depuis six ans. Plus de 15 000 courses au compteur. Il est ravi de cette évolution de statut chez ses collègues britanniques. […] Sur le papier, il est aujourd'hui chauffeur indépendant, gère sa société et paye ses propres impôts. Mais dans les faits, il se dit traité comme un salarié de la firme américaine. […] Comme ce qui a été obtenu par les chauffeurs britanniques, il aimerait toucher un salaire minimum. […]
RA : Reportage d'Alexis Bedu à Paris.
Également en France le procès de l'affaire Bygmalion dans lequel doit comparaitre l'ancien Président Nicolas Sarkozy, est renvoyé au 20 mai. Il devait s'ouvrir aujourd'hui. La décision a été justifiée par l'hospitalisation de l'avocat de l'un des prévenus. Ce procès concerne les dépenses excessives de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. L'ancien Président déjà condamné au début du mois dans l'affaire dit des « écoutes » à trois ans de prison dont un an ferme pour corruption.