Journal en français facile 17/05/2021 20h00 GMT
Vous écoutez RFI il est 22h à Paris, 20h en temps universel.
Romain Auzouy : Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile. Présenté ce soir en compagnie de Sylvie Berruet, bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Romain, bonsoir à tous.
RA : À la Une ce soir, nouvel échec du Conseil de sécurité de l'ONU face à la crise de Gaza. Les États-Unis refusent une déclaration commune. Parallèlement à cela, l'Égypte poursuit ses efforts de médiation. Plus de 200 personnes ont été tués en une semaine.
SB : Des résultats encourageants pour Sanofi. Le laboratoire français cherche à développer son vaccin contre le Covid-19. Les essais de phase 3 vont pouvoir débuter dans les prochaines semaines.
RA : Et puis, dans cette édition, reportage à Taïwan à la rencontre de migrants qui travaillent dans des bateaux de pêche. Dans des conditions dénoncées par les associations de droits de l'homme.
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SB : La crise de Gaza est entrée ce lundi dans sa deuxième semaine, et pour le moment il n'y a pas de signe d'apaisement.
RA : Depuis la reprise des hostilités, 210 personnes ont été tuées, en grande partie des Palestiniens. Les affrontements se sont poursuivis ce lundi. L'armée israélienne a indiqué avoir ciblé neuf maisons appartenant à des hauts commandants du Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza. Gaza où les rues étaient désertes ce lundi, plus de 40 000 habitants ont dû fuir leur maison selon l'ONU. La communauté internationale cherche une solution, pour le moment ne la trouve pas. Et parmi les solutions envisagées, il y a la possibilité d'une médiation de l'Égypte. Pourquoi cela n'aboutit-il pas ? Éléments de réponse avec Alexandre Buccianti, au Caire.
L'Égypte a proposé, dans un premier temps, une trêve de 12 heures entre Palestiniens et Israéliens. Une trêve qui permettrait l'ouverture d'un dialogue, par Égyptiens interposés, entre les dirigeants du Hamas et les responsables israéliens. Un scénario que Le Caire avait appliqué avec succès lors des précédents conflits entre Israël et le Hamas. Mais la délégation égyptienne partie à Tel Aviv s'est vue opposer une fin de non-recevoir de la part du pouvoir israélien. Un pouvoir qui veut se venger de l'affront de la pluie de missiles palestiniens sans précédent sur Israël, estiment des analystes. Pour marquer son mécontentement face au rejet de sa médiation, Le Caire a ouvert sa frontière avec Gaza pour permettre aux blessés palestiniens de venir se faire soigner en Égypte. Des blessés accompagnés de leur famille et parfois de hauts responsables du Hamas. Alexandre Buccianti, Le Caire, RFI.
RA : Ce lundi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'est entretenu par téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron. Tous deux se sont mis d'accord pour « continuer à se coordonner afin de favoriser un cessez-le-feu rapide et éviter que le conflit ne s'étende ».
Ce lundi également, le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait, mais pour la troisième fois en une semaine les États-Unis se sont opposés à l'adoption d'une déclaration commune. Ce qui a valu la vive réaction du président turc Recep Tayyip Erdogan à l'adresse de son homologue Joe Biden. « Vous écrivez l'Histoire avec des mains ensanglantées », a-t-il déclaré en raison du soutien américain à Israël. Joe Biden qui indique qu'il parlera ce soir avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
SB : La pandémie de coronavirus à présent. Et de nouvelles annonces pour une accélération de la vaccination.
RA : D'abord une date, à partir du 7 juin la vaccination contre le Covid-19 sera ouverte à tous les adultes en Allemagne. Et puis, aux États-Unis, la Maison Blanche qui annonce l'envoi d'ici la fin du mois de juin de 20 millions de doses vers des pays tiers, donc d'autres pays que les États-Unis. Tout cela montre que les campagnes de vaccination fonctionnent de mieux en mieux. Et dans le même temps, la course au vaccin continue, pour toujours développer de nouveaux vaccins. Ce matin, le français Sanofi a annoncé des résultats encourageants concernant son essai de phase 2 mené avec le britannique GSK. Résultats que nous présente Dominique Baillard.
La réponse immunitaire chez les adultes est forte à ce stade des essais, parmi toutes les classes d'âge. Les essais de phase 3 devraient donc commencer dans les prochaines semaines au niveau international et le labo dit avoir bon espoir de faire valider son candidat avant la fin de l'année. Enfin, des bonnes nouvelles pour le géant des vaccins humilié par les start up BioNtech et Moderna qui ont été les précurseurs avec leur vaccin à ARN messager. Le premier groupe pharmaceutique européen, champion mondial des vaccins, a préféré miser sur la technique traditionnelle éprouvée employée pour le sérum contre la grippe. Étant donné la pénurie mondiale, ce petit dernier devrait facilement trouver preneur. Sanofi travaille par ailleurs sur un autre vaccin anti-Covid à base d'ARN messager qui sera disponible en 2022 dans le meilleur des cas. Récemment entendu par le Sénat, le PDG du groupe s'est âprement défendu. Rappelant que l'industriel investit plus que jamais en recherche et développement. Il a évoqué la création dans le sud-est de la France de l'usine de vaccins la plus moderne du monde.
RA : La France qui se prépare à retrouver une grande partie de ses libertés avec, mercredi, la réouverture des terrasses, des cinémas, des musées, des théâtres et de l'ensemble des commerces.
SB : Au Chili, on sait désormais qui rédigera la nouvelle Constitution du pays.
RA : Cette question était au cœur d'un vote ce week-end. Plus de 1 300 candidats pour 155 élus qui seront chargés réécrire cette Constitution héritée du régime d'Augusto Pinochet. Et les vainqueurs sont les indépendants. C'est un séisme politique au Chili car cela sonne comme un désaveu pour les partis traditionnels, la droite en tête. Christophe Paget.
« Nous ne sommes pas suffisamment en phase avec les demandes et les désirs des citoyens », a estimé le président conservateur Sebastian Piñera, parlant d'un « message clair et fort » envoyé à toutes les forces politiques traditionnelles : la liste unique de la droite au pouvoir et de l'extrême droite n'a rassemblé qu'un peu moins de 21% des suffrages, contre un peu plus de 33% pour les deux listes des partis de gauche ; au final ce sont bien les candidats indépendants qui disposeront du plus grand nombre de rédacteurs chargés de s'atteler à la nouvelle Constitution. Malgré tout, le candidat du Parti communiste à la présidentielle s'est réjoui que « les secteurs qui cherchent à transformer le pays ont triomphé » - selon les analystes, les affinités politiques des indépendants vont surtout vers le centre-gauche et la gauche, qui ont fait campagne pour un texte garantissant éducation, santé et logement. La droite, elle, défend le système actuel, mais le pays « a donné un signal que nous devons être capables d'écouter », a estimé, à quelques mois de la présidentielle, le chef du plus grand parti de droite, l'UDI. De fait, la demande d'une nouvelle Constitution avait été obtenue après un violent soulèvement social fin 2019. Mais la participation au scrutin de ce week-end aura été faible, 37%.
SB : Nous partons maintenant à Taïwan : l'archipel accusé d'atteintes aux droits de l'homme.
RA : Il s'agit de faits très précis : concernant le travail dans les bateaux. Il faut savoir que Taïwan est le deuxième pays au monde en terme de nombreux de bateaux de pêche en haute mer. Ce sont des navires qui peuvent passer plusieurs mois en mer, et qui, pour leurs besoins, emploient souvent des travailleurs pauvres migrants, venus d'Asie du sud-est. Leurs conditions de travail font l'objet de très vives critiques. Reportage de notre correspondant à Taiwan, Adrien Simorre.
Depuis son retour à Taïwan, Jaka n'en finit plus de faire des cauchemars. Ce ressortissant philippin de 38 ans était jusqu'à l'an dernier pêcheur sur un chalutier dirigé par un capitaine taïwanais. Il est aujourd'hui abrité par une association dans le sud de Taipei : « Sur le bateau, nous ne pouvions dormir qu'entre trois et cinq heures par jour. La nourriture était insuffisante et nous étions tous très affaiblis. Le patron était très violent avec nous. Un soir, il a frappé dans la nuque un de mes collègues indonésiens. Le lendemain, nous l'avons retrouvé mort dans son lit. » Les entreprises taïwanaises possèdent plus de 1 000 bateaux de pêches en haute mer sur lesquels travaillent au moins 20 000 ouvriers migrants. Violences physiques et verbales, rétentions de passeports ou de salaires : autant d'abus qui ont conduit en 2020 le Département du travail américain à considérer le produit de leur pêche comme étant issu du travail forcé. Lennon Ying-Dah Wong est le directeur de l'association qui héberge Jaka : « Taïwan se présente toujours comme un pays qui respecte les droits de l'homme. Mais en ce qui concerne les pêcheurs migrants, ce n'est absolument pas le cas. Quand les bateaux accostent à Taïwan, les autorités font très rarement des contrôles, il faut une vraie volonté politique pour changer cela. » La semaine dernière, l'organe de contrôle du système politique taïwanais a pour la première fois exhorté les autorités à s'attaquer sérieusement au problème. Un espoir pour les ONG comme pour Jaka, qui espère que son ancien capitaine sera un jour jugé. Adrien Simorre, Taipei, RFI.
RA : C'est la fin du Journal en français facile.