Journal en français facile 24/08/2021 20h00 GMT
Vous écoutez RFI, il est 22h à Paris, 20h en temps universel.
Charlotte Derouin : Bienvenue si vous nous rejoignez pour ce Journal en français facile. Avec moi pour le présenter Mehdi Meddeb. Bonsoir.
Mehdi Meddeb : Dans cette édition, nous reviendrons encore largement sur l'Afghanistan où les talibans refusent toujours de repousser la date de départ des troupes américaines au-delà du 31 août. Pour le président américain, il y a trop de risques à maintenir ses soldats sur place au-delà de la fin du mois. Joe Biden l'a dit aujourd'hui aux dirigeants du G7, les sept plus grandes puissances mondiales. Le Royaume-Uni, la France et Allemagne espéraient pouvoir rester un peu plus longtemps pour continuer les évacuations.
MM : La mort de l'ancien président tchadien, Hissène Habré est décédé au Sénégal où il purgeait une peine de prison à vie. Il est mort des suites du Covid-19 à l'âge de 79 ans.
CD : La vice-présidente américaine, Kamala Harris, en visite à Singapour a accusé Pékin d'exercer des pressions sur les pays autour de la mer de Chine méridionale, une zone très importante pour le commerce mondial.
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MM : Près de 60 000 étrangers et Afghans ont pu quitter l'Afghanistan depuis que les talibans ont pris le pouvoir.
CD : Mais des milliers de personnes sont toujours massés à l'aéroport de Kaboul dans l'espoir de pouvoir encore monter dans un avion. Les talibans ont tenu une conférence de presse ce mardi. Ils ont confirmé qu'ils ne permettraient pas aux évacuations de se poursuivre au-delà du 31 août. Écoutez leur porte-parole, Zabihullah Mujahid :
« Non, je vous rappelle que ce sont les États-Unis qui ont unilatéralement décidé de retirer leurs troupes jusqu'au 31 août. Nous renouvelons donc notre appel aux Américains d'évacuer leurs ressortissants et les autres étrangers avant cette date. Ils ont les moyens de le faire. Ils ont les avions et contrôlent l'aéroport. Par ailleurs, nous ne sommes pas favorables à laisser partir des citoyens afghans et nous ne le permettrons pas car nous avons besoin de leurs compétences. Après le 31 août, les Américains n'ont plus aucun droit de se trouver sur notre sol et nous adopterons une position ferme. » CD : Le président américain Joe Biden a validé le départ des troupes américaines au 31 août comme prévu. Les Européens, Royaume-Uni, France, Allemagne, n'ont pas réussi à le convaincre de rester un peu plus longtemps. Les évacuations dépendent des États Unis car ce sont les troupes américaines qui sécurisent l'aéroport.
Une réunion des dirigeants du G7, des sept plus grandes puissances, s'est tenue cet après-midi en visioconférence. Nous jugerons les talibans sur leurs actes et non sur leurs paroles ont rappelé les chefs d'État et de gouvernement dans un communiqué commun. L'Afghanistan ne doit pas revenir un lieu sûr pour le terrorisme. Et le nouveau régime devra respecter les droits humains et en particulier ceux des femmes. Alors quels sont les moyens de pression dont disposent les Occidentaux pour faire pression sur les talibans ? Suspendre l'aide internationale ? Sanctionner les talibans, est-ce une bonne option ? Raphaël Delvolvé a posé la question à Gilles Dorronsoro, professeur de sciences politiques à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
« Ils sont énormes, l'Afghanistan est un pays ruiné par une classe politique très corrompue pendant 20 ans. La sécheresse est historique en Afghanistan. Il n'y a pas de structure d'État très fonctionnelle donc, s'il n'y a pas d'aide internationale, l'État ne pas se reconstruire. Très concrètement, les Américains ont bloqué des fonds de la Banque centrale afghane et le FMI a bloqué un prêt de 400 millions de dollars. Sans cet argent, la reconstruction sera extrêmement difficile. Maintenant, les Occidentaux ont non seulement un devoir d'aide humanitaire, mais ils ont également des intérêts en Afghanistan : l'émigration, la drogue, le terrorisme, pour prendre les principaux dossiers. Donc, si on rentre dans une logique de sanction, on risque de marginaliser totalement l'Afghanistan et de l'enfermer dans une logique de plus en plus radicale. Donc, efficacement, les Occidentaux auront un choix. S'ils sont dans une politique de sanctions, il va y avoir un durcissement des talibans, qui pour le moment était plutôt ouvert à la négociation, et personne ne va y gagner au fond. » CD : Gilles Dorronsoro, professeur de sciences politiques à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. MM : Hissène Habré est décédé aujourd'hui à l'âge de 79 ans.
CD : Président du Tchad de 1982 à 1990, il est mort au Sénégal des suites du Covid-19. Il avait été hospitalisé il y a quelques jours à Dakar. C'est là qu'il purgeait sa peine de prison à perpétuité pour crime de guerre, crime contre l'humanité et actes de torture. Retour sur son parcours avec Charlotte Cosset.
Une enfance dans le désert, de longues études en France, c'est 1972 qu'Hissène Habré rentre au pays. Rapidement, il fonde une rébellion qui se fait connaître par l'enlèvement d'Occidentaux, notamment la chercheuse Françoise Claustre. Le 4 avril 1975, le commandant français Galopin, venu négocier pour la libération d'otages, est torturé et exécuté. Dans les conflits de l'époque, Hissène Habré se pose en défenseur de l'intégrité du Tchad face aux appétits libyens. Habré est nommé Premier ministre en 1978, mais très vite les luttes inter tchadiennes reprennent. Il renverse le président le 7 juin 1982. Il reste à la tête de l'État tchadien durant près de huit années avant d'être renversé à son tour en 1990 par Idriss Déby. Ses années de pouvoir sont marquées par de nombreux crimes. Une commission d'enquête après sa chute parle de quelques 40 000 morts. Hissène Habré est condamné à perpétuité en mai 2016 à Dakar par les Chambres africaines extraordinaires. Il est reconnu coupable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et d'actes de torture. Une condamnation confirmée en appel un an plus tard. Il purgeait depuis sa peine au Sénégal. Charlotte Cosset du service Afrique de RFI.
MM : L'Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc.
CD : Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, l'a annoncé en fin de journée lors d'une conférence de presse, accusant Rabat d'actions hostiles. Alger avait reproché, il y a quelques jours, au Maroc de soutenir des groupes à l'origine d'incendies dévastateurs qui ont frappé le nord de l'Algérie. Mais les différends entre les deux voisins sont très anciens. L'Algérie soutient depuis des années l'autonomie du Sahara occidental, territoire sur lequel le Maroc revendique sa souveraineté. Et plus récemment, le rapprochement entre le Maroc et Israël a ravivé les tensions car l'Algérie refuse la normalisation des relations avec l'État Hébreu.
MM : Les États-Unis hausse le ton face à la présence militaire chinoise en mer de Chine méridionale.
CD : La vice-présidente Kamala Harris est en visite à Singapour. Et elle a accusé aujourd'hui Pékin d'exercer des pressions sur les pays autour de la mer de Chine méridionale. Une mer très riche en ressources et où transite, où passe, une grande partie du commerce mondial. La Chine revendique la quasi-totalité de ces eaux. Et les Philippines, le Vietnam, la Malaisie et Brunei, ou encore Taïwan, revendiquent également leur souveraineté sur certaines zones. Les tensions se sont aggravées ces derniers mois entre Pékin et les autres pays de la région et alliés des États-Unis, qui accusent Pékin d'ignorer la décision d'un tribunal international qui a rejeté les prétentions de la Chine. C'est ce que nous explique Sophia Khatsenkova.
Depuis quelques années, Pékin est accusé de renforcer sa présence militaire dans la mer de Chine méridionale. Mais d'autres pays : les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei, ainsi que Taïwan, revendiquent aussi leur souveraineté maritime sur ces eaux. Le but du discours de Kamala Harris était aussi de rassurer et de rappeler fermement le soutien pérenne des États-Unis auprès de ses alliés dans la région : « Pékin continue à exercer des pressions, à intimider et avoir des revendications sur l'essentiel de la mer de Chine méridionale. Les États-Unis restent aux côtés de nos alliés face à ces menaces. » L'autre but de la visite de Kamala Harris : s'opposer à l'influence croissante de la Chine dans le monde. Washington veut rediriger son attention et ses ressources vers la région indopacifique, après le retrait de ses forces d'Afghanistan. Ce positionnement a fortement irrité la Chine. Quelques heures plus tard, Wang Wenbin, le porte-parole de la diplomatie chinoise a réagi en critiquant directement l'intervention américaine en Afghanistan : « Les États-Unis peuvent dénigrer et intimider d'autres pays sans en payer le moindre prix. Ça, c'est l'ordre mondial que les États-Unis souhaitent maintenir. » De son côté, Kamala Harris a souhaité montrer l'engagement de son pays dans la région à plus long terme et a proposé d'organiser en 2023 la réunion annuelle du Forum de coopération économique Asie-Pacifique.
MM : C'était l'un des meilleurs batteurs de sa génération.
CD : Charlie Watts, le batteur des Rolling Stones, est décédé aujourd'hui à Londres. Il avait appris tout seul à jouer de la batterie dans des clubs de jazz londoniens. Il avait fêté ses 80 ans en juin.
C'est la fin de ce Journal en français facile, merci à Mehdi Meddeb qui m'a accompagné ce soir.