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Jane Austen - Orgeuil et Préjugé - tome I, Orgeuil et Préjugé - tome I, chapitre 01

Orgeuil et Préjugé - tome I, chapitre 01

CHAPITRE PREMIER.

S'IL est une idée généralement reçue, c'est qu'un homme fort riche doit penser à se marier. Quelque peu connues que soient ses habitudes et ses intentions, cette idée est si fortement gravée dans l'esprit de toutes les familles du pays dans lequel il se fixe, qu'il est à l'instant considéré comme la propriété légitime des jeunes personnes qui l'habitent. Il ne s'agit plus que de savoir laquelle fixera son attention. Mon cher Monsieur Bennet, dit un jour Mistriss Bennet à son mari, avez-vous ouï dire que Netherfield-Parck fût enfin loué ?

Monsieur Bennet répondit qu'il n'en avoit pas entendu parler. Cela est ainsi cependant, car je le tiens de Mistriss Long, qui sort d'ici. M. Bennet ne répondit pas. Mais ne désirez-vous donc point savoir à qui, s'écria sa femme avec impatience ? — Vous désirez me le dire ; et je n'ai aucune raison de vous refuser de l'entendre. — C'étoit un encouragement suffisant pour Mistriss Bennet. Vous saurez donc, mon cher, que Netherfield-Parck vient d'être loué par un jeune seigneur fort riche ; il arriva lundi, en voiture à quatre chevaux, dans l'intention de voir la maison ; il en fut si enchanté que, de suite il convint du prix et des conditions avec M. Morris, qu'il doit en prendre possession avant un mois, et qu'il enverra plusieurs de ses domestiques pour faire les préparatifs nécessaires à la fin de la semaine prochaine. — Quel est son nom ? — Bingley. — Est-il marié ? — Non, certainement, mon cher ! Un homme qui a une grande fortune, quatre ou cinq mille livres sterlings, peutêtre ; quelle bonne affaire pour mes filles ! — Comment, quel rapport a-t-il donc avec elles ? — Mon cher Monsieur Bennet, que vous êtes désagréable ; ne voyez-vous pas que je pense à lui en faire épouser une ?

— Est-ce son intention en venant s'établir ici ? — Son intention, quelle absurdité ! Comment pouvezvous parler ainsi ? Il ne les connoît pas ; mais il est trèsprobable qu'il deviendra fort amoureux de l'une d'elles. Ainsi, vous devez lui faire une visite aussitôt qu'il sera arrivé. — Je ne vois pas que ce soit nécessaire ; vous et vos filles, à la bonne heure, et peut-être même seroit-il encore mieux de les y envoyer seules ; votre beauté pourroit leur faire tort. Il seroit fâcheux que M. Bingley vous donnât la préférence. — Vous me flattez, mon cher Monsieur Bennet, je n'ai certainement pas à me plaindre ; j'ai été très-belle dans mon temps, mais, à présent, je ne crois pas être fort remarquable. Lorsqu'une femme a cinq grandes filles, elle ne doit plus penser à sa beauté. Il est bien rare alors qu'elle puisse s'en occuper, à moins que ce ne soit pour en déplorer la perte. Mais, mon cher, vous devez vraiment aller voir M. Bingley dès qu'il sera dans notre voisinage. — C'est plus que je ne puis promettre. — Songez donc à vos filles ! Pensez au bel établissement que ce seroit pour l'une d'elles ! Sir Williams et Lady Laws sont décidés à lui faire visite sur ce qu'ils en ont ouï dire seulement ; vous savez qu'en général, ils ne recherchent point les nouveaux venus, et vous devez faire de même, car il nous seroit impossible d'être en relation avec lui, si vous ne commencez pas.

— Vous êtes trop scrupuleuse, je crois que M. Bingley seroit charmé de vous voir, et je pourrais même vous charger de quelques lignes pour l'assurer de mon consentement à son mariage avec celle de mes filles qu'il choisira ; quoique cependant je dusse dire un mot en faveur de ma chère petite Lizzy. — Je vous prie de ne point le faire. Lizzy n'est pas supérieure aux autres ; elle n'est à beaucoup près ni si belle que Jane, ni si gaie que Lydie ; mais vous lui donnez toujours la préférence. — On ne peut tirer vanité ni des unes ni des autres, répliqua-t-il, elles sont sottes et ignorantes comme toutes les jeunes filles, mais Lizzy a quelque chose de plus animé que ses soeurs. — Je ne sais quelle jouissance vous avez à rabaisser ainsi vos enfans, Monsieur Bennet ? Il semble que vous preniez plaisir à me faire de la peine. Vous n'avez aucun égard pour mes pauvres nerfs. — Pardonnez-moi, ma chère, j'ai beaucoup de respect pour vos nerfs. Ce sont pour moi d'anciennes connaissances. Depuis vingt ans au moins, je vous en entends parler avec considération. — Vous ne savez pas ce que je souffre ! — J'espère, ma chère, que vous vous guérirez et que vous vivrez encore longtemps pour voir beaucoup de jeunes seigneurs, jouissant de quatre ou cinq mille livres de rentes, venir s'établir dans notre voisinage.

— Il en arriveroit vingt, que cela nous seroit bien inutile, puisque vous ne voulez pas seulement aller leur faire une visite. — Vous pouvez compter, ma chère, que, lorsqu'il y en aura vingt, j'irai les voir tous. M. Bennet offroit un mélange si extraordinaire de réparties promptes, d'humeur railleuse, de réserve et de caprices, que vingt-trois ans de mariage n'avoient pas suffi à sa femme pour bien connoître son caractère. Elle étoit moins difficile à définir. C'étoit une femme ignorante, d'une intelligence médiocre, et d'un caractère foible. Lorsqu'elle étoit mécontente, elle se plaignoit de ses nerfs. Son désir le plus ardent étoit de voir ses filles mariées ; sa principale occupation les visites, et son plaisir les nouvelles.

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Orgeuil et Préjugé - tome I, chapitre 01 Orgeuil et Préjugé - Band I, Kapitel 01 Orgeuil et Préjugé - tome I, chapter 01 Orgeuil y Prejuicio - volumen I, capítulo 01

CHAPITRE PREMIER. 最初の章。

S'IL est une idée généralement reçue, c'est qu'un homme fort riche doit penser à se marier. If IT is a generally accepted idea, it is that a very rich man must think of getting married. Si hay una idea generalmente aceptada, es que un hombre muy rico debería pensar en casarse. ITが一般的に受け入れられているアイデアである場合、それは非常に金持ちの男性が結婚することを考えなければならないということです。 Genel kabul gören bir fikir varsa, o da çok zengin bir adamın evlenmeyi düşünmesi gerektiğidir. Quelque peu connues que soient ses habitudes et ses intentions, cette idée est si fortement gravée dans l'esprit de toutes les familles du pays dans lequel il se fixe, qu'il est à l'instant considéré comme la propriété légitime des jeunes personnes qui l'habitent. However little known his habits and intentions may be, this idea is so strongly engraved in the minds of all the families of the country in which he settles, that he is instantly considered the rightful property of the young people who inhabit it. Por poco conocidas que sean sus costumbres e intenciones, esta idea está tan fuertemente grabada en la mente de todas las familias del país en el que se instala, que es considerado instantáneamente como propiedad legítima de los jóvenes que viven allí. 彼の習慣や意図はほとんど知られていませんが、この考えは彼が定住する国のすべての家族の心に強く刻まれているため、現時点ではそこに住む若者の正当な財産と見なされています。 Il ne s'agit plus que de savoir laquelle fixera son attention. Ahora sólo es cuestión de saber en cuál centrarse. Mon cher Monsieur Bennet, dit un jour Mistriss Bennet à son mari, avez-vous ouï dire que Netherfield-Parck fût enfin loué ? Mi querido señor Bennet -dijo un día Mistriss Bennet a su marido-, ¿se ha enterado de que por fin se ha alquilado Netherfield Park?

Monsieur Bennet répondit qu'il n'en avoit pas entendu parler. Cela est ainsi cependant, car je le tiens de Mistriss Long, qui sort d'ici. Pero así es, porque me lo ha dicho Mistriss Long, que acaba de salir de aquí. M. Bennet ne répondit pas. Mais ne désirez-vous donc point savoir à qui, s'écria sa femme avec impatience ? Pero, ¿no quieres saber de quién?", exclamó su mujer con impaciencia. — Vous désirez me le dire ; et je n'ai aucune raison de vous refuser de l'entendre. ||||||||||||||слышать это - You want to tell me, and I have no reason to refuse you. - Quieres decírmelo y no tengo motivos para rechazarte. — C'étoit un encouragement suffisant pour Mistriss Bennet. ||поощрение|||| Vous saurez donc, mon cher, que Netherfield-Parck vient d'être loué par un jeune seigneur fort riche ; il arriva lundi, en voiture à quatre chevaux, dans l'intention de voir la maison ; il en fut si enchanté que, de suite il convint du prix et des conditions avec M. Morris, qu'il doit en prendre possession avant un mois, et qu'il enverra plusieurs de ses domestiques pour faire les préparatifs nécessaires à la fin de la semaine prochaine. |||||||||||||||||||||||||||||||||||восторге|||||convint|||||||||||||||||||вышлет|||||||||||||||| Llegó el lunes, en un coche de cuatro caballos, con la intención de ver la casa; quedó tan encantado que inmediatamente acordó el precio y las condiciones con el señor Morris, que tomaría posesión en el plazo de un mes, y que enviaría a varios de sus criados para hacer los preparativos necesarios a finales de la próxima semana. — Quel est son nom ? — Bingley. — Est-il marié ? — Non, certainement, mon cher ! Un homme qui a une grande fortune, quatre ou cinq mille livres sterlings, peutêtre ; quelle bonne affaire pour mes filles ! — Comment, quel rapport a-t-il donc avec elles ? - ¿Qué tiene que ver con ellos? — Mon cher Monsieur Bennet, que vous êtes désagréable ; ne voyez-vous pas que je pense à lui en faire épouser une ? - Mi querido Sr. Bennet, qué desagradable es usted; ¿no ve que estoy pensando en casarlo con una?

— Est-ce son intention en venant s'établir ici ? — Son intention, quelle absurdité ! Comment pouvezvous parler ainsi ? Il ne les connoît pas ; mais il est trèsprobable qu'il deviendra fort amoureux de l'une d'elles. Ainsi, vous devez lui faire une visite aussitôt qu'il sera arrivé. — Je ne vois pas que ce soit nécessaire ; vous et vos filles, à la bonne heure, et peut-être même seroit-il encore mieux de les y envoyer seules ; votre beauté pourroit leur faire tort. - No veo que sea necesario; tú y tus hijas, adelante, y tal vez sería incluso mejor enviarlas allí solas; tu belleza podría hacerles daño. Il seroit fâcheux que M. Bingley vous donnât la préférence. Sería desafortunado que el Sr. Bingley le diera preferencia. — Vous me flattez, mon cher Monsieur Bennet, je n'ai certainement pas à me plaindre ; j'ai été très-belle dans mon temps, mais, à présent, je ne crois pas être fort remarquable. Lorsqu'une femme a cinq grandes filles, elle ne doit plus penser à sa beauté. Il est bien rare alors qu'elle puisse s'en occuper, à moins que ce ne soit pour en déplorer la perte. Mais, mon cher, vous devez vraiment aller voir M. Bingley dès qu'il sera dans notre voisinage. Pero, querida, debes ir a ver al Sr. Bingley en cuanto llegue a nuestro vecindario. — C'est plus que je ne puis promettre. — Songez donc à vos filles ! Pensez au bel établissement que ce seroit pour l'une d'elles ! Sir Williams et Lady Laws sont décidés à lui faire visite sur ce qu'ils en ont ouï dire seulement ; vous savez qu'en général, ils ne recherchent point les nouveaux venus, et vous devez faire de même, car il nous seroit impossible d'être en relation avec lui, si vous ne commencez pas.

— Vous êtes trop scrupuleuse, je crois que M. Bingley seroit charmé de vous voir, et je pourrais même vous charger de quelques lignes pour l'assurer de mon consentement à son mariage avec celle de mes filles qu'il choisira ; quoique cependant je dusse dire un mot en faveur de ma chère petite Lizzy. - Eres demasiado escrupulosa, creo que Mr Bingley estaría encantado de verte, e incluso podría encargarte unas líneas para asegurarle mi consentimiento a su matrimonio con cualquiera de mis hijas que elija; aunque debo decir unas palabras a favor de mi querida pequeña Lizzy. — Je vous prie de ne point le faire. - Por favor, no lo hagas. Lizzy n'est pas supérieure aux autres ; elle n'est à beaucoup près ni si belle que Jane, ni si gaie que Lydie ; mais vous lui donnez toujours la préférence. Lizzy no es superior a las demás; no es tan hermosa como Jane, ni tan alegre como Lydia; pero siempre le das preferencia. — On ne peut tirer vanité ni des unes ni des autres, répliqua-t-il, elles sont sottes et ignorantes comme toutes les jeunes filles, mais Lizzy a quelque chose de plus animé que ses soeurs. — Je ne sais quelle jouissance vous avez à rabaisser ainsi vos enfans, Monsieur Bennet ? - No sé qué placer le produce menospreciar así a sus hijos, Sr. Bennet. Il semble que vous preniez plaisir à me faire de la peine. Vous n'avez aucun égard pour mes pauvres nerfs. — Pardonnez-moi, ma chère, j'ai beaucoup de respect pour vos nerfs. Ce sont pour moi d'anciennes connaissances. Depuis vingt ans au moins, je vous en entends parler avec considération. — Vous ne savez pas ce que je souffre ! — J'espère, ma chère, que vous vous guérirez et que vous vivrez encore longtemps pour voir beaucoup de jeunes seigneurs, jouissant de quatre ou cinq mille livres de rentes, venir s'établir dans notre voisinage.

— Il en arriveroit vingt, que cela nous seroit bien inutile, puisque vous ne voulez pas seulement aller leur faire une visite. - Si llegaran veinte de ellos, no nos serviría de nada, ya que ni siquiera quieren ir a visitarlos. — Vous pouvez compter, ma chère, que, lorsqu'il y en aura vingt, j'irai les voir tous. - Puedes estar segura, querida, de que cuando haya veinte, iré a verlos a todos. M. Bennet offroit un mélange si extraordinaire de réparties promptes, d'humeur railleuse, de réserve et de caprices, que vingt-trois ans de mariage n'avoient pas suffi à sa femme pour bien connoître son caractère. El señor Bennet ofrecía una mezcla tan extraordinaria de réplica rápida, temperamento burlón, reserva y capricho, que veintitrés años de matrimonio no bastaron para que su esposa conociera bien su carácter. Elle étoit moins difficile à définir. C'étoit une femme ignorante, d'une intelligence médiocre, et d'un caractère foible. Lorsqu'elle étoit mécontente, elle se plaignoit de ses nerfs. Son désir le plus ardent étoit de voir ses filles mariées ; sa principale occupation les visites, et son plaisir les nouvelles. Su deseo más ardiente era ver a sus hijas casadas; su principal ocupación eran las visitas, y su placer las noticias.