J'TE PRÉSENTE #2 - Antonia Bembo
Antonia Bembo, née Padoani, est une compositrice, une mère, une religieuse,
une chanteuse, une groupie, et elle a un sacré caractère.
Pour être compositrice à cette époque, de toute façon, il en faut du caractère…
Elle est fille de médecin, et son père, hyper soucieux de son éducation,
l'a faite étudier avec le grand compositeur Cavalli.
Elle n'est pas la première musicienne vénitienne à étudier avec lui :
Barbara Strozzi, dont j'ai parlé dans le précédent épisode, était déjà son élève.
Tu n'as pas vu la vidéo ? Mais…va voir la vidéo !
Avant de rencontrer son mari, elle devient très proche de Francesco Corbetta.
Francesco Corbetta...
Le premier virtuose international de la guitare.
Bien que Corbetta avait 25 ans de plus qu'Antonia, le père Padoani voulait les marier.
Mais bon... ça s'est jamais fait.
Déjà adolescente, Antonia avait un sale caractère.
À tel point que son père menaçait de la déshériter.
Ça te donne un peu une idée de la zouze.
Elle s'est finalement mariée avec Lorenzo Bembo avec qui elle a eu deux garçons et une fille.
Lorenzo part pour la guerre de Candie et laisse sa femme seule avec les bambins.
On ne sait pas trop comment elle fait pour survivre pendant cette période difficile
mais en tout cas, quand Lorenzo revient de la guerre,
c'est la mouise !
Elle décide de divorcer et elle porte plainte pour :
infidélité, négligence, vol et brutalité.
Sympathique.
Son mari nie en bloc et les charges son abandonnés…
[Bravo…]
Coincée dans son mariage abusif, elle décide donc de quitter son pays
et s'échappe pour la France, sa fille sous le bras, assistée par son vieil ami guitariste...
Francesco Corbetta !
Elle choisit la France parce qu'elle est une fan absolue de Louis XIV !
Elle est en mode groupie.
Quand elle lui dédicace des manuscrits c'est limite si elle lui déclare pas sa flamme !
C'est vraiment la groupie de ouf.
Après l'avoir entendu chanter à la cour et avoir compris qu'elle avait été abandonnée par Corbetta,
Louis XIV décide de lui donner une pension à vie
et la fait installer chez les religieuses pour qu'elle écrive sa musique.
Sympas le mec.
Elle y compose sept volumes d'une centaine de pages d'arie, un opéra, des motets et des psaumes en français
Elle y mélange la virtuosité du style italien avec certains aspects du style français,
ça fait un combo explosif : c'est de la très belle musique !
La présence de Bembo en France a été redécouverte par une musicologue au milieu du XXe siècle,
et ce n'est qu'en 2006, qu'une autre musicologue, Claire Fontaine,
publie la première et unique biographie d'Antonia Bembo.
Je me demande bien combien de biographies sont consacrées
à chacun des ses collègues masculins de l'époque...