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Bram Stoker - Dracula, Part (55)

Part (55)

Alors, je les conduisis, et, après quelques errements, je me retrouvai face à une porte de chêne, basse et voûtée, renforcée de fer. « C'est ici » dit le Professeur, dirigeant sa lampe vers un petit plan du bâtiment, qu'il avait copié sur l'original qui se trouvait dans le dossier relatif à l'achat de la propriété. Nous eûmes quelques difficultés à trouver la bonne clé sur le trousseau, mais parvînmes à ouvrir la porte. Nous nous attendions à quelque chose de très déplaisant, car en ouvrant la porte, un air malodorant avait commencé à s'exhaler par l'entrebâillement, mais personne n'était préparé à une odeur aussi nauséabonde. Aucun de mes compagnons n'avait jamais approché le Comte d'aussi près que moi, et lorsque je l'avais vu, soit il était en période de jeûne dans ses appartements, soit il était gorgé de sang frais dans un bâtiment en ruines où pouvait pénétrer l'air frais du dehors. Mais cet endroit était exigu, il était fermé depuis longtemps, et l'air y était immobile et vicié. A une odeur de terre se mêlait celle des miasmes qui emplissaient l'air infect. Mais l'odeur elle-même, comment pourrais-je la décrire ? Ce n'était pas seulement qu'elle mêlait aux senteurs de la mort celle, âcre et acide, du sang, mais c'était comme si la putréfaction elle-même s'était corrompue. Malheur ! Cela me rend malade rien que d'y penser. Chaque souffle exhalé par ce monstre semblait s'être accumulé en ce lieu pour le rendre encore plus abominable. Dans des circonstances ordinaires, une telle puanteur aurait dû mettre fin à notre entreprise, mais les circonstances n'étaient pas ordinaires, et la tâche noble et terrible que nous devions accomplir nous donnait la force de nous élever au-dessus des considérations purement physiques. Après un mouvement de recul bien naturel devant cette pestilence, nous nous mîmes au travail, comme si cet endroit répugnant était un jardin de roses. Lorsque nous commençâmes à examiner attentivement l'endroit, le Professeur nous dit : « La première chose à faire, c'est de voir combien de caisses il reste ; nous devons donc fouiller chaque recoin, chaque ouverture et chaque anfractuosité pour y chercher des indices de ce qu'ont pu devenir celles qui manquent. » Un seul regard nous suffit pour en déterminer le nombre, car les caisses de terre étaient très encombrantes, et on ne pouvait s'y tromper.

Sur les cinquante, il n'en restait que vingt-neuf ! Soudain, je frissonnai : je vis Lord Godalming se retourner d'un seul coup et observer le passage qui se trouvait au-delà de la porte voûtée, et mon cœur s'arrêta. Là-bas, il me semblait voir, nous observant depuis les ténèbres, les traits du visage maléfique du Comte, l'arête de son nez, ses yeux rouges, ses lèvres rouges, et sa terrifiante pâleur. Un instant après, toutefois, Lord Goldaming dit : « J'avais cru voir un visage, mais ce n'étaient que des ombres », et il reprit ses recherches. Je dirigeai ma lampe vers le passage, et y pénétrai. Il n'y avait absolument personne, et comme l'endroit ne comportait aucun recoin, aucune porte et aucune ouverture quelle qu'elle soit, mais seulement de solides murs de pierre, il n'y avait aucun endroit où se dissimuler, même pour lui. Je pensai que ma peur avait joué un tour à mon imagination, et ne dis rien. Quelques minutes plus tard, je vis Morris reculer subitement de quelques pas de l'endroit qu'il était occupé à examiner. Nous le suivîmes tous du regard, car sans nul doute, nous étions gagnés par une certaine nervosité, et nous vîmes alors une masse phosphorescente, qui brillait comme un ciel étoilé. Instinctivement, nous battîmes en retraite : la pièce entière devint littéralement grouillante de rats. Pendant quelques instants, nous restâmes interdits, tous, sauf Lord Godalming, qui s'était visiblement préparé à une telle éventualité. Il se jeta sur une autre grande porte de chêne bardée de fer, dont le Dr. Seward nous avait déjà fait une description, d'après sa première visite à l'extérieur du batiment, et que j'avais également vue moi-même. Il tourna la clé, tira les lourds verrous, et ouvrit la porte toute grande. Puis, tirant de sa poche son petit sifflet d'argent, il fit entendre un sifflement strident. Des chiens, derrière l'établissement du Dr. Seward, se mirent à hurler, et après une minute, trois terriers surgirent au coin du bâtiment. Inconsciemment, nous nous étions tous rapprochés de la porte, et dans ce mouvement je remarquai que la couche de poussière avait été foulée : les caisses qui avaient disparu étaient donc sorties par cette porte. Mais, même si à peine une minute s'était écoulée, les nombre de rats avait augmenté de façon alarmante. Ils semblaient déferler en masse dans la chapelle, à tel point que la lumière des lampes, se reflétant sur leurs corps noirs grouillants et leurs yeux brillants et maléfiques, donnait l'impression d'un essaim de lucioles. Les chiens se précipitèrent, mais il s'arrêtèrent soudain sur le seuil et se mirent à grogner, puis, levant le museau tous les trois en même temps, commencèrent à hurler de la façon la plus lugubre. Les rats étaient maintenant des milliers, et nous sortîmes. Lord Godalming prit un chien dans ses bras, et alla le déposer sur le sol, et à ce moment, la bête sembla retrouver son courage, et se rua sur ses ennemis naturels. Ceux-ci s'enfuirent si vite qu'avant qu'il ait pu en tuer une vingtaine, les autres chiens, qui l'avaient rejoint de la même manière, n'avaient plus beaucoup de proies à se mettre sous la dent : la plus grande partie des rats avaient disparu. Et avec eux, c'était comme si une présence maléfique s'était évanouie, car les chiens gambadèrent alors dans la pièce en aboyant joyeusement, jouant avec les cadavres de leurs ennemis, les retournant et les jetant en l'air en les secouant avec rage. Nous sentîmes tous le courage revenir. Etait-ce le fait d'avoir purifié l'air en ouvrant la porte, ou le soulagement de ne plus être enfermés après cette terrible expérience ? En tout cas, la terreur nous quitta comme on ôte un manteau, et notre présence en ce lieu perdit un peu de son caractère sinistre, même si notre résolution demeurait toujours aussi ferme. Nous refermâmes la porte extérieure et la verrouillâmes, puis, emmenant les chiens, entreprîmes d'explorer la maison elle-même. Nous ne trouvâmes rien de particulier, si ce n'est de la poussière dans des quantités inimaginables, et complètement vierge, à part les traces que j'avais moi-même laissées lors de ma première visite. A aucun moment les chiens ne montrèrent le moindre signe de nervosité, et même lorsque nous retournâmes à la chapelle, ils frétillaient d'excitation comme s'ils sortaient chasser le lapin dans la forêt en plein été. Le ciel s'éclaircissait déjà à l'est quand nous sortîmes par la porte principale. Le Dr. Van Helsing avait ôté du trousseau la clé de cette porte, qu'il avait convenablement verrouillée, et avait ensuite mis la clé dans sa poche. « Jusqu'ici », dit-il, « cette nuit nous a été très favorable. Rien de grave ne nous est arrivé comme j'aurais pu le craindre, et nous savons maintenant combien il manque de caisses. Mais surtout, je me réjouis que cette première étape, peut-être la plus difficile et la plus dangereuse, ait pu être accomplie sans qu'il eût été nécessaire de faire entrer dans cette chapelle notre douce Madam Mina, ou de troubler son sommeil, ou ses journées, avec des visions, des sons ou des odeurs monstrueuses qu'elle n'aurait jamais pu oublier. Nous avons appris quelque chose aussi, si du moins on peut raisonner à partir de ce cas particulier, c'est que les bêtes sauvages aux ordres du Comte ne sont pas sensibles à ses pouvoir mentaux. En effet, voyez : ces rats qui ont répondu à son appel, tout comme les loups avaient répondu à son appel lancé depuis le haut du château pour dévorer cette pauvre mère, ou au moment de votre départ, Jonathan ; mais bien qu'ils soient venus quand il les a appelés, ils se sont enfuis en désordre devant les petits chiens de notre ami Arthur. Nous avons encore d'autres épreuves devant nous, d'autres dangers, d'autres terreurs, et ce monstre lui-même – Il n'a pas utilisé son pouvoir sur le monde animal cette nuit pour la dernière fois, soyez-en sûrs. Ainsi donc, il est parti autre part. Bien ! Voici qui nous donne l'opportunité d'annoncer

« échec », dans cette partie que nous jouons pour la survie des âmes humaines. Et maintenant, rentrons. L'aube est proche, et nous avons de quoi nous réjouir de notre première nuit de travail. Il se pourrait que de nombreuses nuits et de nombreux jours pleins de périls nous attendent, mais nous devons aller de l'avant, et nul danger ne doit nous faire reculer. L'établissement était silencieux quand nous rentrâmes, à part une pauvre créature qui hurlait à l'autre bout du bâtiment, et un sourd gémissement qui venait de la chambre de Renfield. Le pauvre homme se torturait sans doute l'esprit en vain, comme tous les aliénés. Je rentrai sur la pointe des pieds dans notre chambre, et je trouvai Mina endormie, respirant si doucement que je dus m'approcher d'elle pour entendre son souffle. Elle semblait plus pâle que de coutume. J'espère que la conférence de ce soir ne l'a pas trop perturbée. Je suis vraiment heureux que les tâches qu'il nous reste à accomplir, et même nos délibérations, lui soient épargnées. C'est une pression trop forte pour une femme. Ce n'était pas mon opinion au début, mais j'en sais maintenant davantage ; je suis donc heureux qu'il en soit ainsi. Elle pourrait être effrayée ne serait-ce que d'entendre certaines choses. Mais elle ne doit pas se rendre compte qu'il y a dissimulation, ou ce serait encore pire. En conséquence, notre travail doit être pour elle comme un livre scellé, du moins tant que nous ne sommes pas en mesure de lui dire que tout est fini, et que la terre a été délivrée d'un monstre des enfers. Je sais bien qu'il sera difficile de garder le silence, tant elle et moi nous faisons confiance, mais je dois être inflexible, et demain je ne lui révèlerai rien des évènements de cette nuit ; je refuserai d'en dire quoi que ce soit. Je vais rester sur le sofa, afin de ne pas la déranger. 1er octobre, plus tard Je suppose qu'il est bien naturel que nous ayons tous dormi très tard : la journée d'hier fut très occupée, et la nuit pas du tout reposante. Même Mina doit avoir ressenti cet épuisement ; en effet, même si j'ai dormi jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel, je me suis éveillé avant elle, et ai dû l'appeler deux ou trois fois avant qu'elle n'ouvre les yeux. A vrai dire, elle était si profondément endormie que pendant quelques secondes elle ne sembla même pas me reconnaître, mais au contraire me regarda avec terreur, comme quelqu'un qui aurait été tiré d'un mauvais rêve. Elle se plaignit d'être fatiguée, et je la laissai se reposer encore un peu. Nous savons maintenant que vingt-et-une caisses ont été enlevées, et si c'est le cas, nous devrions être capables de les suivre à la trace. Bien sûr, cela simplifierait considérablement notre travail, et le plus tôt sera le mieux. J'irai voir Thomas Snelling aujourd'hui. Journal du Dr. Seward 1er octobre Il était presque midi lorsque je fus réveillé par le Professeur qui entrait dans ma chambre. Il était plus joyeux qu'à l'ordinaire, et il est évident que les tâches de la nuit dernière l'ont aidé à de débarrasser de soucis qui pesaient sur son esprit. Après m'avoir parlé un peu de l'aventure de la nuit dernière, il me dit soudainement : « Votre patient m'intéresse beaucoup. Se pourrait-il que je lui rende à nouveau visite ce matin en votre compagnie ? Ou si vous êtes trop occupé, je peux y aller seul si vous y consentez. C'est une expérience nouvelle pour moi, de rencontrer un aliéné avec qui parler philosophie, et aux raisonnements si rigoureux. » J'avais quelques travaux urgents, je lui répondis donc que s'il pouvait y aller seul, j'en serais heureux, et qu'ainsi je n'aurais pas à le faire attendre. J'appelai donc un surveillant, et lui donnai les instructions nécessaires.

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Part (55) Anteil (55) Part (55) Parte (55) Часть (55)

Alors, je les conduisis, et, après quelques errements, je me retrouvai face à une porte de chêne, basse et voûtée, renforcée de fer. |||||||errands|||||||||oak|low||vaulted|reinforced|| So I led them, and after a few wanderings, found myself facing a low, arched, iron-reinforced oak door. « C'est ici » dit le Professeur, dirigeant sa lampe vers un petit plan du bâtiment, qu'il avait copié sur l'original qui se trouvait dans le dossier relatif à l'achat de la propriété. "This is it," said the Professor, directing his lamp at a small plan of the building, which he had copied from the original in the file relating to the purchase of the property. Nous eûmes quelques difficultés à trouver la bonne clé sur le trousseau, mais parvînmes à ouvrir la porte. |had||||||||||key ring|||||| Nous nous attendions à quelque chose de très déplaisant, car en ouvrant la porte, un air malodorant avait commencé à s'exhaler par l'entrebâillement, mais personne n'était préparé à une odeur aussi nauséabonde. ||||||||displeasing||||||||malodorous||||exhale||the crack||||||||| We were expecting something very unpleasant, for as we opened the door, a foul-smelling air had begun to exhale through the ajar, but no one was prepared for such a nauseating odor. Aucun de mes compagnons n'avait jamais approché le Comte d'aussi près que moi, et lorsque je l'avais vu, soit il était en période de jeûne dans ses appartements, soit il était gorgé de sang frais dans un bâtiment en ruines où pouvait pénétrer l'air frais du dehors. ||||||||||||||||||||||||fast|||||||gorged||||||||||||||| None of my companions had ever come as close to the Count as I had, and when I did, he was either fasting in his apartments or gorging himself with fresh blood in a ruined building where the fresh outside air could penetrate. Mais cet endroit était exigu, il était fermé depuis longtemps, et l'air y était immobile et vicié. ||||cramped||||||||||||stale A une odeur de terre se mêlait celle des miasmes qui emplissaient l'air infect. |||||||||miasmas||||infect The smell of earth mingled with the miasma that filled the foul air. Mais l'odeur elle-même, comment pourrais-je la décrire ? Ce n'était pas seulement qu'elle mêlait aux senteurs de la mort celle, âcre et acide, du sang, mais c'était comme si la putréfaction elle-même s'était corrompue. |||||||scents|||||||acid||||||||decay||||corrupted Not only did it mingle the acrid, acidic scent of blood with the scent of death, but it was as if putrefaction itself had become corrupted. Malheur ! Cela me rend malade rien que d'y penser. Chaque souffle exhalé par ce monstre semblait s'être accumulé en ce lieu pour le rendre encore plus abominable. ||exhaled||||||||||||||| Every breath exhaled by this monster seemed to have accumulated in this place, making it even more abominable. Dans des circonstances ordinaires, une telle puanteur aurait dû mettre fin à notre entreprise, mais les circonstances n'étaient pas ordinaires, et la tâche noble et terrible que nous devions accomplir nous donnait la force de nous élever au-dessus des considérations purement physiques. ||||||stench||||||||||||||||||||||||||||||rise|||||| In ordinary circumstances, such a stench should have put an end to our enterprise, but circumstances were not ordinary, and the noble and terrible task we had to accomplish gave us the strength to rise above purely physical considerations. Après un mouvement de recul bien naturel devant cette pestilence, nous nous mîmes au travail, comme si cet endroit répugnant était un jardin de roses. |||||||||pestilence|||began|||||||repugnant||||| After a natural recoil from the pestilence, we set to work, as if this disgusting place were a rose garden. Lorsque nous commençâmes à examiner attentivement l'endroit, le Professeur nous dit : « La première chose à faire, c'est de voir combien de caisses il reste ; nous devons donc fouiller chaque recoin, chaque ouverture et chaque anfractuosité pour y chercher des indices de ce qu'ont pu devenir celles qui manquent. |||||||||||||||||||||||||||||recess|||||crevice|||||||||||||are missing As we began to examine the place carefully, the Professor said: "The first thing to do is to see how many crates are left, so we have to search every nook and cranny, every opening and crevice, for clues as to what may have become of those that are missing. » Un seul regard nous suffit pour en déterminer le nombre, car les caisses de terre étaient très encombrantes, et on ne pouvait s'y tromper. |||||||determine||||||||||bulky|||||| "One look was all we needed to determine the number, as the earthen crates were very bulky, and there was no mistaking them.

Sur les cinquante, il n'en restait que vingt-neuf ! Of the fifty, only twenty-nine remained! Soudain, je frissonnai : je vis Lord Godalming se retourner d'un seul coup et observer le passage qui se trouvait au-delà de la porte voûtée, et mon cœur s'arrêta. ||||||||||||||||||||||||vaulted|||| Suddenly, I shivered: I saw Lord Godalming turn around suddenly and peer into the passage beyond the arched doorway, and my heart stopped. Là-bas, il me semblait voir, nous observant depuis les ténèbres, les traits du visage maléfique du Comte, l'arête de son nez, ses yeux rouges, ses lèvres rouges, et sa terrifiante pâleur. ||||||||||||||||||the ridge|||||||||||||pallor There I seemed to see, watching us from the darkness, the features of the Count's evil face, the bridge of his nose, his red eyes, his red lips, and his terrifying pallor. Un instant après, toutefois, Lord Goldaming dit : « J'avais cru voir un visage, mais ce n'étaient que des ombres », et il reprit ses recherches. |||||Goldaming||||||||||||||||| Je dirigeai ma lampe vers le passage, et y pénétrai. |directed|||||||| Il n'y avait absolument personne, et comme l'endroit ne comportait aucun recoin, aucune porte et aucune ouverture quelle qu'elle soit, mais seulement de solides murs de pierre, il n'y avait aucun endroit où se dissimuler, même pour lui. ||||||||||||||||||||||||||||||||||hide||| There was absolutely nobody there, and as the place had no nooks, crannies, doors or openings whatsoever, but only solid stone walls, there was nowhere to hide, even for him. Je pensai que ma peur avait joué un tour à mon imagination, et ne dis rien. Quelques minutes plus tard, je vis Morris reculer subitement de quelques pas de l'endroit qu'il était occupé à examiner. ||||||||suddenly|||||||||| A few minutes later, I saw Morris suddenly take a few steps back from the spot he was examining. Nous le suivîmes tous du regard, car sans nul doute, nous étions gagnés par une certaine nervosité, et nous vîmes alors une masse phosphorescente, qui brillait comme un ciel étoilé. |||||||||||||||||||saw||||phosphorescent||||||starred We all followed him with our eyes, for we were undoubtedly overcome by a certain nervousness, and then we saw a phosphorescent mass, shining like a starry sky. Instinctivement, nous battîmes en retraite : la pièce entière devint littéralement grouillante de rats. ||retreated||||||||teeming|| Pendant quelques instants, nous restâmes interdits, tous, sauf Lord Godalming, qui s'était visiblement préparé à une telle éventualité. Il se jeta sur une autre grande porte de chêne bardée de fer, dont le Dr. Seward nous avait déjà fait une description, d'après sa première visite à l'extérieur du batiment, et que j'avais également vue moi-même. ||||||||||banded||||||||||||||||||||building||||||| He threw himself at another large iron-clad oak door, which Dr. Seward had already described to us from his first visit outside the building, and which I had also seen myself. Il tourna la clé, tira les lourds verrous, et ouvrit la porte toute grande. ||||||heavy|bolts|||||| He turned the key, pulled the heavy bolts, and opened the door wide. Puis, tirant de sa poche son petit sifflet d'argent, il fit entendre un sifflement strident. ||||||||||||||strident Then, drawing his small silver whistle from his pocket, he let out a shrill whistle. Des chiens, derrière l'établissement du Dr. Seward, se mirent à hurler, et après une minute, trois terriers surgirent au coin du bâtiment. ||||||||||||||||terriers|emerged|||| Inconsciemment, nous nous étions tous rapprochés de la porte, et dans ce mouvement je remarquai que la couche de poussière avait été foulée : les caisses qui avaient disparu étaient donc sorties par cette porte. ||||||||||||||||||||||trampled||||||||left||| Unconsciously, we had all moved closer to the door, and with this movement I noticed that the layer of dust had been trodden away: the crates that had disappeared had therefore exited through this door. Mais, même si à peine une minute s'était écoulée, les nombre de rats avait augmenté de façon alarmante. ||||||||elapsed|||||||||alarming But even though barely a minute had passed, the number of rats had increased alarmingly. Ils semblaient déferler en masse dans la chapelle, à tel point que la lumière des lampes, se reflétant sur leurs corps noirs grouillants et leurs yeux brillants et maléfiques, donnait l'impression d'un essaim de lucioles. ||unleash|||||||||||||||reflecting|||||swarming||||||||||swarm||fireflies They seemed to flood into the chapel en masse, so much so that the light from the lamps, reflecting off their swarming black bodies and bright, evil eyes, gave the impression of a swarm of fireflies. Les chiens se précipitèrent, mais il s'arrêtèrent soudain sur le seuil et se mirent à grogner, puis, levant le museau tous les trois en même temps, commencèrent à hurler de la façon la plus lugubre. ||||||||||threshold|||||||||muzzle||||||||||||||| Les rats étaient maintenant des milliers, et nous sortîmes. ||||||||we left Lord Godalming prit un chien dans ses bras, et alla le déposer sur le sol, et à ce moment, la bête sembla retrouver son courage, et se rua sur ses ennemis naturels. |||||||||||||||||||||||||||rushed|||| Ceux-ci s'enfuirent si vite qu'avant qu'il ait pu en tuer une vingtaine, les autres chiens, qui l'avaient rejoint de la même manière, n'avaient plus beaucoup de proies à se mettre sous la dent : la plus grande partie des rats avaient disparu. Et avec eux, c'était comme si une présence maléfique s'était évanouie, car les chiens gambadèrent alors dans la pièce en aboyant joyeusement, jouant avec les cadavres de leurs ennemis, les retournant et les jetant en l'air en les secouant avec rage. ||||||||||||||gamboled||||||||||||||enemies|||||||||||| Nous sentîmes tous le courage revenir. Etait-ce le fait d'avoir purifié l'air en ouvrant la porte, ou le soulagement de ne plus être enfermés après cette terrible expérience ? |||||||||||||relief||||||||| En tout cas, la terreur nous quitta comme on ôte un manteau, et notre présence en ce lieu perdit un peu de son caractère sinistre, même si notre résolution demeurait toujours aussi ferme. |||||||||removes||||||||||||||||||||||| In any case, the terror left us like a cloak, and our presence in this place lost some of its sinister character, even if our resolve remained as firm as ever. Nous refermâmes la porte extérieure et la verrouillâmes, puis, emmenant les chiens, entreprîmes d'explorer la maison elle-même. |||||||locked||taking|||undertook||||| We closed the outer door and locked it, then, taking the dogs with us, set about exploring the house itself. Nous ne trouvâmes rien de particulier, si ce n'est de la poussière dans des quantités inimaginables, et complètement vierge, à part les traces que j'avais moi-même laissées lors de ma première visite. |||||||||||||||unimaginable|||untouched|||||||||||||| We found nothing in particular, except dust in unimaginable quantities, and completely untouched, apart from the traces I myself had left on my first visit. A aucun moment les chiens ne montrèrent le moindre signe de nervosité, et même lorsque nous retournâmes à la chapelle, ils frétillaient d'excitation comme s'ils sortaient chasser le lapin dans la forêt en plein été. |||||||||||||||||||||twitched||||||||||||| Le ciel s'éclaircissait déjà à l'est quand nous sortîmes par la porte principale. ||was clearing|||||||||| Le Dr. Van Helsing avait ôté du trousseau la clé de cette porte, qu'il avait convenablement verrouillée, et avait ensuite mis la clé dans sa poche. |||||removed||trousseau|||||||||locked||||||||| « Jusqu'ici », dit-il, « cette nuit nous a été très favorable. "So far," he says, "tonight has been very kind to us. Rien de grave ne nous est arrivé comme j'aurais pu le craindre, et nous savons maintenant combien il manque de caisses. Nothing serious has happened to us as I might have feared, and we now know how many crates we're short. Mais surtout, je me réjouis que cette première étape, peut-être la plus difficile et la plus dangereuse, ait pu être accomplie sans qu'il eût été nécessaire de faire entrer dans cette chapelle notre douce Madam Mina, ou de troubler son sommeil, ou ses journées, avec des visions, des sons ou des odeurs monstrueuses qu'elle n'aurait jamais pu oublier. ||||rejoices|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| But above all, I'm delighted that this first step, perhaps the most difficult and dangerous, could have been taken without having to bring our sweet Madam Mina into the chapel, or disturb her sleep, or her days, with monstrous sights, sounds or smells that she would never have been able to forget. Nous avons appris quelque chose aussi, si du moins on peut raisonner à partir de ce cas particulier, c'est que les bêtes sauvages aux ordres du Comte ne sont pas sensibles à ses pouvoir mentaux. ||||||||||||||||||||||||||||||||||mental We've learned something too, if we can at least reason from this particular case, and that's that the wild beasts at the Count's command are not susceptible to his mental powers. En effet, voyez : ces rats qui ont répondu à son appel, tout comme les loups avaient répondu à son appel lancé depuis le haut du château pour dévorer cette pauvre mère, ou au moment de votre départ, Jonathan ; mais bien qu'ils soient venus quand il les a appelés, ils se sont enfuis en désordre devant les petits chiens de notre ami Arthur. Indeed, see: those rats who answered his call, just as the wolves had answered his call from the top of the castle to devour that poor mother, or at the time of your departure, Jonathan; but although they came when he called them, they fled in disorder before our friend Arthur's little dogs. Nous avons encore d'autres épreuves devant nous, d'autres dangers, d'autres terreurs, et ce monstre lui-même – Il n'a pas utilisé son pouvoir sur le monde animal cette nuit pour la dernière fois, soyez-en sûrs. We still have other trials ahead of us, other dangers, other terrors, and that monster himself - he didn't use his power over the animal world tonight for the last time, be sure of that. Ainsi donc, il est parti autre part. Bien ! Voici qui nous donne l'opportunité d'annoncer This gives us the opportunity to announce

« échec », dans cette partie que nous jouons pour la survie des âmes humaines. It's all about "failure", in this game we're playing for the survival of human souls. Et maintenant, rentrons. ||let's go back L'aube est proche, et nous avons de quoi nous réjouir de notre première nuit de travail. It's almost dawn, and we're looking forward to our first night's work. Il se pourrait que de nombreuses nuits et de nombreux jours pleins de périls nous attendent, mais nous devons aller de l'avant, et nul danger ne doit nous faire reculer. |||||||||||||perils|||||||||||||||| There may be many perilous nights and days ahead, but we must press on, and no danger should make us turn back. L'établissement était silencieux quand nous rentrâmes, à part une pauvre créature qui hurlait à l'autre bout du bâtiment, et un sourd gémissement qui venait de la chambre de Renfield. |||||||||||||||||||||moan||||||| The establishment was silent when we re-entered, apart from a poor creature howling at the other end of the building, and a muffled moan coming from Renfield's room. Le pauvre homme se torturait sans doute l'esprit en vain, comme tous les aliénés. ||||tortured||||||||| The poor man was no doubt torturing his mind in vain, like all lunatics. Je rentrai sur la pointe des pieds dans notre chambre, et je trouvai Mina endormie, respirant si doucement que je dus m'approcher d'elle pour entendre son souffle. I tiptoed back to our room, and found Mina asleep, breathing so softly that I had to move closer to her to hear her breath. Elle semblait plus pâle que de coutume. She seemed paler than usual. J'espère que la conférence de ce soir ne l'a pas trop perturbée. Je suis vraiment heureux que les tâches qu'il nous reste à accomplir, et même nos délibérations, lui soient épargnées. |||||||||||||||deliberations|||spared I'm really pleased that the tasks we still have to accomplish, and even our deliberations, will be spared him. C'est une pression trop forte pour une femme. Ce n'était pas mon opinion au début, mais j'en sais maintenant davantage ; je suis donc heureux qu'il en soit ainsi. That wasn't my opinion at first, but I know better now, so I'm glad it's true. Elle pourrait être effrayée ne serait-ce que d'entendre certaines choses. |||afraid||||||| She might be frightened even to hear certain things. Mais elle ne doit pas se rendre compte qu'il y a dissimulation, ou ce serait encore pire. |||||||||||dissimulation||||| But she mustn't realize there's a cover-up, or that would be even worse. En conséquence, notre travail doit être pour elle comme un livre scellé, du moins tant que nous ne sommes pas en mesure de lui dire que tout est fini, et que la terre a été délivrée d'un monstre des enfers. |||||||||||sealed|||||||||||||||||||||||||||| Je sais bien qu'il sera difficile de garder le silence, tant elle et moi nous faisons confiance, mais je dois être inflexible, et demain je ne lui révèlerai rien des évènements de cette nuit ; je refuserai d'en dire quoi que ce soit. |||||||||||||||||||||||||||will reveal||||||||will refuse|||||| Je vais rester sur le sofa, afin de ne pas la déranger. 1er octobre, plus tard Je suppose qu'il est bien naturel que nous ayons tous dormi très tard : la journée d'hier fut très occupée, et la nuit pas du tout reposante. |||||||||||||||||||||||||||||reposing October 1, later I suppose it's only natural that we all slept very late: yesterday was a very busy day, and the night not at all restful. Même Mina doit avoir ressenti cet épuisement ; en effet, même si j'ai dormi jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel, je me suis éveillé avant elle, et ai dû l'appeler deux ou trois fois avant qu'elle n'ouvre les yeux. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||opens|| A vrai dire, elle était si profondément endormie que pendant quelques secondes elle ne sembla même pas me reconnaître, mais au contraire me regarda avec terreur, comme quelqu'un qui aurait été tiré d'un mauvais rêve. In fact, she was so deeply asleep that for a few seconds she didn't even seem to recognize me, but instead looked at me with terror, like someone who'd been woken from a bad dream. Elle se plaignit d'être fatiguée, et je la laissai se reposer encore un peu. She complained of being tired, and I let her rest a little longer. Nous savons maintenant que vingt-et-une caisses ont été enlevées, et si c'est le cas, nous devrions être capables de les suivre à la trace. We now know that twenty-one crates have been removed, and if so, we should be able to track them down. Bien sûr, cela simplifierait considérablement notre travail, et le plus tôt sera le mieux. |||would simplify|considerably||||||||| Of course, this would simplify our work considerably, and the sooner the better. J'irai voir Thomas Snelling aujourd'hui. Journal du Dr. Seward 1er octobre Il était presque midi lorsque je fus réveillé par le Professeur qui entrait dans ma chambre. Il était plus joyeux qu'à l'ordinaire, et il est évident que les tâches de la nuit dernière l'ont aidé à de débarrasser de soucis qui pesaient sur son esprit. |||||||||||||||||||||||worries||weighed||| Après m'avoir parlé un peu de l'aventure de la nuit dernière, il me dit soudainement : « Votre patient m'intéresse beaucoup. Se pourrait-il que je lui rende à nouveau visite ce matin en votre compagnie ? Ou si vous êtes trop occupé, je peux y aller seul si vous y consentez. ||||||||||||||consent C'est une expérience nouvelle pour moi, de rencontrer un aliéné avec qui parler philosophie, et aux raisonnements si rigoureux. It's a new experience for me to meet a lunatic with whom I can talk philosophy, and whose reasoning is so rigorous. » J'avais quelques travaux urgents, je lui répondis donc que s'il pouvait y aller seul, j'en serais heureux, et qu'ainsi je n'aurais pas à le faire attendre. |||urgent|||||||||||||||that thus||||||| "I had some urgent work to do, so I replied that if he could go alone, I'd be happy to, and that way I wouldn't have to keep him waiting. J'appelai donc un surveillant, et lui donnai les instructions nécessaires. So I called a supervisor and gave him the necessary instructions.