#97 - Trouver un logement en France : le parcours du combattant (1)
Hugo: Salut à toutes et à tous, je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode, ou plutôt, on est ravis parce que je ne suis pas seul. Je suis en compagnie d'Ingrid. Ingrid: [00:00:27] Salut, salut !
Hugo: [00:00:29] Alors, comme vous l'avez entendu, aujourd'hui on va parler de logement et on a envie de tester un format un peu différent. Pas vraiment un format d'interview, mais plutôt une sorte de conversation, si possible naturelle. Et ça tombe bien parce qu'Ingrid, en ce moment, tu recherches un logement, donc tu vas pouvoir partager avec nous tes expériences. Alors, pour commencer, est-ce que tu peux dire aux auditeurs, pourquoi tu cherches un logement en France ?
Ingrid: [00:00:59] Eh bien parce que je suis arrivée en France il y a pas longtemps. Donc, pour ceux qui m'avaient écoutée dans l'interview qu'on avait faite, j'étais au Pérou avant, j'ai beaucoup voyagé, mais ça y est : retour en France. Donc là, j'ai décidé de m'installer, pas forcément définitivement, au moins pour quelque temps, à Toulouse. Hugo: [00:01:23] Oui. Et pour le titre de cet épisode, on a choisi «le parcours du combattant.» Alors il faut que j'explique cette expression. Le parcours du combattant, vous savez, c'est par exemple quand les militaires, les soldats s'entraînent. Ils ont un parcours avec différents obstacles, différentes difficultés : le parcours du combattant. Et on utilise cette expression avec un sens figuré pour décrire un processus qui est difficile, qui a des obstacles. Et nous, en tout cas, Ingrid et moi, d'après nos expériences personnelles, on considère que trouver un logement en France, ça peut être un parcours du combattant. Alors, est-ce que tu pourrais expliquer aux auditeurs pourquoi ?
Ingrid: [00:02:12] Alors, c'est une bonne expression pour ce contexte en particulier, parce que justement, comme tu l'as dit, un parcours du combattant, on imagine quelque chose avec beaucoup d'étapes, donc, où il faut d'abord passer cette première épreuve. Et puis, quand on l'a réussie, on passe à la suivante, etc. Et c'est vrai que c'est un peu ça parce qu'entre la concurrence qu'il y a pour réussir à trouver la perle rare, tous les logements qui sont pas forcément salubres, donc qui sont insalubres, ça veut dire qu'ils sont pas sains, qu'ils peuvent avoir des défauts qui font que… Je sais pas, les murs, par exemple, sont pleins d'humidité (expérience personnelle). Ou des choses qui font que c'est pas des logements qui sont bien pour être occupés. Puis après, il faut s'attaquer à l'administratif, etc. Donc oui, il y a beaucoup d'étapes et à chaque étape, on peut complètement être démoralisé ou on peut être bloqué en fait. Hugo: [00:03:16] D'ailleurs peut-être que certains ou certaines d'entre vous sont déjà passés par ce parcours du combattant, si vous avez vécu en France. Ou alors peut-être que ce parcours du combattant vous attend, si vous avez le projet de déménager en France pour faire vos études ou pour un nouveau travail. Donc, on s'est dit que ça serait une bonne idée de partager nos expériences avec vous et nos conseils, les choses à savoir si vous cherchez un logement en France, les documents qu'il faut préparer, les pièges à éviter, etc. Mais avant de vous parler de tout ça, je voudrais faire un petit rappel en disant qu'en France, il y a 300 000 personnes qui vivent dans la rue, 300 000 personnes qui n'ont pas de logement, qu'on appelle les SDF, les sans domicile fixe. Donc voilà, on voulait juste rappeler ce chiffre pour remettre un peu les choses dans leur contexte. Oui, ça peut être difficile de trouver un logement en France, mais ces difficultés sont incomparables, n'ont rien à voir, avec celles des personnes qui sont obligées de vivre dans la rue. Ingrid: [00:04:32] Oui, c'est sûr qu'on parle du cas des personnes qui ont les possibilités de se loger et c'est sûr qu'après le cas des SDF et des difficultés à se loger pour les personnes qui sont en extrême pauvreté, c'est carrément un autre sujet, qu'on va pas oser comparer à nos situations personnelles avec les privilèges qu'on peut avoir de travailler et d'avoir accès au logement. Hugo: [00:04:58] Et aussi, ce qui va être intéressant, c'est qu'on va pouvoir comparer ça avec nos expériences à l'étranger parce que toi, tu as vécu assez longtemps au Pérou, dans d'autres pays, en Amérique latine. Moi, j'ai vécu à Londres et en Pologne. Et on a pu observer qu'il y a certaines spécificités françaises qui ont des bons et des mauvais côtés, et dont on va pouvoir vous parler dans cet épisode. Ingrid: [00:05:23] C'est vrai, c'est vrai. Hugo: [00:05:24] Alors, est-ce que tu te souviens du premier appart que tu as loué ?
Ingrid: [00:05:29] Eh oui, oui, oui. Alors moi, donc j'avais raconté, pour ceux qui avaient suivi, que quand je suis allée en prépa, j'ai eu la chance de pouvoir vivre dans un internat, donc un endroit qui était pour les étudiants. Mais c'est pas vraiment un logement, c'est pas vraiment un appartement. Mais par contre, la première fois que j'ai cherché un vrai appartement, c'est-à-dire que j'ai dû faire ce que je suis en train de faire maintenant, savoir où est-ce que je veux aller, faire des papiers, visiter, etc, c'était à Paris, juste avant mon master de journalisme et donc c'était… Je voulais absolument être dans un quartier de Paris, en particulier, le quartier où j'avais été en prépa où du coup il y avait tous mes amis qui étaient là-bas, etc, et qui reste mon quartier préféré, donc, autour de Montmartre. À Lamarck- Caulaincourt plus exactement. Et…
Hugo: [00:06:29] C'est le dix-huitième. Ingrid: [00:06:30] Ouais, c'est ça, c'est le 18ème. Donc… Ouais. Je suis sûre que ceux qui ont visité Paris y sont allés et doivent connaître. Ou si vous cherchez des photos, Lamarck-Caulaincourt, c'est très cliché à Paris. Mais ça restait un endroit qui était assez accessible. Donc bon, moi, j'avais pas beaucoup de moyens donc évidemment, je cherchais la fameuse chambre de bonne. Donc une chambre de bonne, c'est un logement qui est très spécifique à Paris. Peut-être certaines autres grandes villes, je sais pas, de France, mais en tout cas qui sont une spécificité des immeubles haussmanniens. Donc, c'est le type d'immeuble qu'il y a dans Paris où le dernier étage était avant réservé pour l'employée. Et donc, c'est un… des logements qui sont sous les toits. Donc avec le toit, le plafond qui n'est pas droit, et en général, c'est tout petit. Donc beaucoup, beaucoup d'étudiants à Paris logent dans ce genre d'endroit. Hugo: [00:07:28] Donc, une bonne, c'était une domestique. C'est un mot un peu familier qu'on n'utilise plus maintenant mais à l'époque, ça désignait une domestique, donc une personne qui faisait le ménage, la cuisine pour les familles bourgeoises. Et ces personnes-là dormaient au dernier étage des immeubles. Donc c'est pour ça que ces chambres s'appelaient les chambres de bonne, c'était les chambres pour les domestiques. Voilà.
Ingrid: [00:07:56] Voilà.
Hugo: [00:07:57] Ça veut pas dire que ce sont de bonnes chambres, mais au contraire.
Ingrid: [00:08:01] Pas du tout.
Hugo: [00:08:01] En général, c'est pas les meilleurs logements dans les immeubles haussmanniens. Ingrid: [00:08:08] Donc, au final, j'ai trouvé la perle rare selon moi, c'était un endroit génial, qui n'était même pas sous les toits, qui était dans un tout petit immeuble. 15 mètres carrés. Seulement un studio avec une mini kitchenette. Et selon moi, c'était un très bon plan parce que c'était pas si cher. Ça devait coûter presque 600 euros les 15 mètres carrés. C'était très bien pour moi. Et puis finalement, je me suis rendu compte par la suite, en y vivant, que c'était un bon prix parce qu'il y avait du coup des problèmes d'humidité, etc. Donc par la suite, ça… Mais je l'adorais quand même. Et toi, tu te souviens la première fois que t'as cherché un logement ? Hugo: [00:08:49] Ouais, donc, moi aussi, c'était à Paris, pour ma première année en école de commerce. Et mon objectif, c'était d'être pas trop loin de l'école. Malheureusement, mon école était située dans un arrondissement qui est plutôt cher maintenant, donc le 11ème arrondissement, qui n'était pas trop cher jusqu'au début des années 2000. Mais ensuite, ils s'est gentrifié très rapidement, il est devenu très à la mode, donc les logements dans le 11e, pour moi, c'était inaccessible, c'était au-dessus de mon budget, mais j'ai trouvé un petit appartement dans le 20ème arrondissement, donc qui est à côté du 11ème. Et c'était à 30 minutes de l'école porte à porte. Donc quand on dit «porte à porte», ça veut dire la durée du trajet, vraiment, entre le moment où vous quittez votre, l'endroit où vous êtes et le moment où vous arrivez, donc d'une porte à l'autre, porte à porte, qui était dans le 20ème, donc à la limite du périphérique, station porte de Montreuil. Ingrid: [00:09:54] Ah ça va. C'est bien Porte de Montreuil. Hugo: [00:09:58] Bon, maintenant ça a un peu meilleure réputation. Mais bon, à l'époque… Mais moi, en plus, je connaissais très mal Paris, donc je me rendais pas compte vraiment de ce que c'était que ce quartier. Et bon bah, pour vous dire, à gauche de mon immeuble, il y avait un kebab. Et à droite, un kebab aussi. Donc beaucoup de kebabs dans la rue, de McDonald's, etc. Mais bon, c'est… Ingrid: [00:10:26] En général les portes, les portes de Paris, c'est la limite entre et, c'est un lieu de passage avec le périphérique à côté, donc c'est rarement… Il y en a qui sont vraiment vraiment horribles. Donc t'étais un peu dans un entre-deux on va dire. Hugo: [00:10:41] C'est pas la pire porte. Je ne sais pas si c'est… Ingrid: [00:10:46] C'est une porte quand même. Hugo: [00:10:47] Ça reste une porte, exactement. Mais bon, c'était un quartier très vivant, très cosmopolite, donc c'était assez sympa. Et moi, j'avais trouvé sur le site du CROUS. Alors ça, c'est un conseil, s'il y a des étudiants qui nous écoutent. Le CROUS, c'est une institution qui s'occupe des étudiants et notamment des étudiants qui ont pas de gros moyens financiers. Et sur le site du CROUS, vous pouvez trouver des logements où les loyers sont limités. Donc par exemple, vous pouvez trouver des logements à 400 euros à Paris, ce qui est vraiment une très bonne affaire parce que sinon, pour les appartements, c'est plutôt… Pour les studios, c'est vrai qu'en-dessous de 700 euros, c'est assez difficile, de trouver quelque chose. Donc oui, vous avez à la fois des logements dans des résidences étudiantes. Donc vous avez une chambre ou un petit appartement dans une résidence étudiante. Mais il y a aussi des particuliers, autrement dit des propriétaires privés qui peuvent louer leur appartement sur le site du CROUS. Vous avez vraiment pas mal d'annonces et vous pouvez aussi, en juillet, en général, c'est là qu'ils ouvrent… qu'il acceptent les candidatures, donc vous pouvez déposer votre candidature pour obtenir un logement auprès du CROUS. Et voilà. Moi, j'avais trouvé mon appartement comme ça. C'était une propriétaire et j'avais pris l'appartement avant même de l'avoir visité parce que j'étais vraiment content d'avoir trouvé quelque chose. Je crois que c'était 550 euros le loyer pour 20 mètres carrés. Donc pour Paris, je me disais c'est énorme 20 mètres carrés. Mais bon, ça reste, ça reste petit. J'avais quand même une cuisine séparée, un salon, une salle de bain. Donc voilà c'était pas mal. Ingrid: [00:12:42] Ouais, c'est bien. Mais c'est vrai que quand on part après de Paris, on se rend compte… On se dit : mais comment j'ai fait pour penser que 20 mètres carrés, c'était énorme, pour penser que ah 15 mètres carrés, ça va ! Pas du tout.
Hugo: [00:12:55] C'est sûr. C'est sûr. Mais effectivement, c'est vrai que à Paris en fait, les gens vivent beaucoup à l'extérieur. Donc, je sais pas si c'est parce que les appartements sont tellement petits qu'on est très vite claustrophobes et voilà on n'a pas envie de rester chez nous, ou parce qu'il y a une énorme offre culturelle, de divertissement, gastronomique.