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Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, Tome 2, 45. La pluie de sang

45. La pluie de sang

La pluie de sang.

«En entrant, le bijoutier jeta un regard interrogateur autour de lui; mais rien ne semblait faire naître les soupçons s'il n'en avait pas, rien ne semblait les confirmer s'il en avait.

«Caderousse tenait toujours des deux mains ses billets et son or. La Carconte souriait à son hôte le plus agréablement qu'elle pouvait.

«—Ah! ah! dit le bijoutier, il paraît que vous aviez peur de ne pas avoir votre compte, que vous repassiez votre trésor après mon départ.

«—Non pas, dit Caderousse; mais l'événement qui nous en fait possesseur est si inattendu que nous n'y pouvons croire, et que, lorsque nous n'avons pas la preuve matérielle sous les yeux, nous croyons faire encore un rêve.»

«Le bijoutier sourit.

«—Est-ce que vous avez des voyageurs dans votre auberge? demanda-t-il.

«—Non, répondit Caderousse, nous ne donnons point à coucher; nous sommes trop près de la ville, et personne ne s'arrête.

«—Alors, je vais vous gêner horriblement?

«—Nous gêner, vous! mon cher monsieur! dit gracieusement la Carconte, pas du tout, je vous jure.

«—Voyons, où me mettez-vous?

«—Dans la chambre là-haut.

«—Mais n'est-ce pas votre chambre?

«—Oh! n'importe; nous avons un second lit dans la pièce à côté de celle-ci.

«Caderousse regarda avec étonnement sa femme. Le bijoutier chantonna un petit air en se chauffant le dos à un fagot que la Carconte venait d'allumer dans la cheminée pour sécher son hôte.

«Pendant ce temps, elle apportait sur un coin de la table où elle avait étendu une serviette les maigres restes d'un dîner, auxquels elle joignit deux ou trois œufs frais.

«Caderousse avait renfermé de nouveau les billets dans son portefeuille, son or dans un sac, et le tout dans son armoire. Il se promenait de long en large, sombre et pensif, levant de temps en temps la tête sur le bijoutier, qui se tenait tout fumant devant l'âtre, et qui, à mesure qu'il se séchait d'un côté, se tournait de l'autre.

«—Là, dit la Carconte en posant une bouteille de vin sur la table, quand vous voudrez souper tout est prêt.

«—Et vous? demanda Joannès.

«—Moi, je ne souperai pas, répondit Caderousse.

«—Nous avons dîné très tard, se hâta de dire la Carconte.

«—Je vais donc souper seul? fit le bijoutier.

«—Nous vous servirons, répondit la Carconte avec un empressement qui ne lui était pas habituel, même envers ses hôtes payants.

«De temps en temps Caderousse lançait sur elle un regard rapide comme un éclair.

«L'orage continuait.

«—Entendez-vous, entendez-vous? dit la Carconte; vous avez, ma foi, bien fait de revenir.

«—Ce qui n'empêche pas, dit le bijoutier, que si, pendant mon souper, l'ouragan s'apaise, je me remettrai en route.

«—C'est le mistral, dit Caderousse en secouant la tête; nous en avons pour jusqu'à demain.

«Et il poussa un soupir.

«—Ma foi, dit le bijoutier en se mettant à table, tant pis pour ceux qui sont dehors.

«—Oui, reprit la Carconte, ils passeront une mauvaise nuit.

«Le bijoutier commença de souper, et la Carconte continua d'avoir pour lui tous les petits soins d'une hôtesse attentive; elle d'ordinaire si quinteuse et si revêche, elle était devenue un modèle de prévenance et de politesse. Si le bijoutier l'eût connue auparavant, un si grand changement l'eût certes étonné et n'eût pas manqué de lui inspirer quelque soupçon. Quant à Caderousse, il ne disait pas une parole, continuant sa promenade et paraissant hésiter même à regarder son hôte.

«Lorsque le souper fut terminé, Caderousse alla lui-même ouvrir la porte.

«—Je crois que l'orage se calme, dit-il.

«Mais en ce moment, comme pour lui donner un démenti, un coup de tonnerre terrible ébranla la maison, et une bouffée de vent mêlée de pluie entra, qui éteignit la lampe.

«Caderousse referma la porte; sa femme alluma une chandelle au brasier mourant.

«—Tenez, dit-elle au bijoutier, vous devez être fatigué; j'ai mis des draps blancs au lit, montez vous coucher et dormez bien.

«Joannès resta encore un instant pour s'assurer que l'ouragan ne se calmait point, et lorsqu'il eut acquis la certitude que le tonnerre et la pluie ne faisaient qu'aller en augmentant, il souhaita le bonjour à ses hôtes et monta l'escalier.

«Il passait au-dessus de ma tête, et j'entendais chaque marche craquer sous ses pas.

«La Carconte le suivit d'un œil avide, tandis qu'au contraire Caderousse lui tournait le dos et ne regardait pas même de son côté.

«Tous ces détails, qui sont revenus à mon esprit depuis ce temps-là, ne me frappèrent point au moment où ils se passaient sous mes yeux; il n'y avait, à tout prendre, rien que de naturel dans ce qui arrivait, et, à part l'histoire du diamant qui me paraissait un peu invraisemblable, tout allait de source. Aussi comme j'étais écrasé de fatigue, que je comptais profiter moi-même du premier répit que la tempête donnerait aux éléments, je résolus de dormir quelques heures et de m'éloigner au milieu de la nuit.

«J'entendais dans la pièce au-dessus le bijoutier, qui prenait de son côté toutes ses dispositions pour passer la meilleure nuit possible. Bientôt son lit craqua sous lui; il venait de se coucher.

«Je sentais mes yeux qui se fermaient malgré moi, et comme je n'avais conçu aucun soupçon, je ne tentai point de lutter contre le sommeil; je jetai un dernier regard sur l'intérieur de la cuisine. Caderousse était assis à côté d'une longue table, sur un de ces bancs de bois qui, dans les auberges de village, remplacent les chaises; il me tournait le dos, de sorte que je ne pouvais voir sa physionomie; d'ailleurs eût-il été dans la position contraire, la chose m'eût encore été impossible, attendu qu'il tenait sa tête ensevelie dans ses deux mains.

«La Carconte le regarda quelque temps, haussa les épaules et vint s'asseoir en face de lui.

«En ce moment la flamme mourante gagna un reste de bois sec oublié par elle; une lueur un peu plus vive éclaira le sombre intérieur.... La Carconte tenait ses yeux fixés sur son mari, et comme celui-ci restait toujours dans la même position, je la vis étendre vers lui sa main crochue, et elle le toucha au front.

«Caderousse tressaillit. Il me sembla que la femme remuait les lèvres, mais, soit qu'elle parlât tout à fait bas, soit que mes sens fussent déjà engourdis par le sommeil, le bruit de sa parole n'arriva point jusqu'à moi. Je ne voyais même plus qu'à travers un brouillard et avec ce doute précurseur du sommeil pendant lequel on croit que l'on commence un rêve. Enfin mes yeux se fermèrent, et je perdis conscience de moi-même.

«J'étais au plus profond de mon sommeil, lorsque je fus réveillé par un coup de pistolet, suivi d'un cri terrible. Quelques pas chancelants retentirent sur le plancher de la chambre, et une masse inerte vint s'abattre dans l'escalier, juste au-dessus de ma tête.

«Je n'étais pas encore bien maître de moi. J'entendais des gémissements, puis des cris étouffés comme ceux qui accompagnent une lutte.

«Un dernier cri, plus prolongé que les autres et qui dégénéra en gémissements, vint me tirer complètement de ma léthargie.

«Je me soulevai sur un bras, j'ouvris les yeux, qui ne virent rien dans les ténèbres, et je portai la main à mon front, sur lequel il me semblait que dégouttait à travers les planches de l'escalier une pluie tiède et abondante.

«Le plus profond silence avait succédé à ce bruit affreux. J'entendis les pas d'un homme qui marchait au-dessus de ma tête, ses pas firent craquer l'escalier. L'homme descendit dans la salle inférieure, s'approcha de la cheminée et alluma une chandelle.

«Cet homme, c'était Caderousse; il avait le visage pâle, et sa chemise était tout ensanglantée.

«La chandelle allumée, il remonta rapidement l'escalier, et j'entendis de nouveau ses pas rapides et inquiets.

«Un instant après il redescendit. Il tenait à la main l'écrin; il s'assura que le diamant était bien dedans, chercha un instant dans laquelle de ses poches il le mettrait; puis, sans doute, ne considérant point sa poche comme une cachette assez sûre, il le roula dans son mouchoir rouge, qu'il tourna autour de son cou.

«Puis il courut à l'armoire, en tira ses billets et son or, mit les uns dans le gousset de son pantalon, l'autre dans la poche de sa veste, prit deux ou trois chemises, et, s'élançant vers la porte, il disparut dans l'obscurité. Alors tout devint clair et lucide pour moi; je me reprochai ce qui venait d'arriver, comme si j'eusse été le vrai coupable. Il me sembla entendre des gémissements: le malheureux bijoutier pouvait n'être pas mort; peut-être était-il en mon pouvoir, en lui portant secours, de réparer une partie du mal non pas que j'avais fait, mais que j'avais laissé faire. J'appuyai mes épaules contre une de ces planches mal jointes qui séparaient l'espèce de tambour dans lequel j'étais couché de la salle inférieure; les planches cédèrent, et je me trouvai dans la maison.

«Je courus à la chandelle, et je m'élançai dans l'escalier; un corps le barrait en travers, c'était le cadavre de la Carconte.

«Le coup de pistolet que j'avais entendu avait été tiré sur elle: elle avait la gorge traversée de part en part, et outre sa double blessure qui coulait à flots, elle vomissait le sang par la bouche. Elle était tout à fait morte. J'enjambai par-dessus son corps, et je passai.

«La chambre offrait l'aspect du plus affreux désordre. Deux ou trois meubles étaient renversés; les draps, auxquels le malheureux bijoutier s'était cramponné, traînaient par la chambre: lui-même était couché à terre, la tête appuyée contre le mur, nageant dans une mare de sang qui s'échappait de trois larges blessures reçues dans la poitrine.

«Dans la quatrième était resté un long couteau de cuisine, dont on ne voyait que le manche.

«Je marchai sur le second pistolet qui n'était point parti, la poudre étant probablement mouillée.

«Je m'approchai du bijoutier; il n'était pas mort effectivement: au bruit que je fis, à l'ébranlement du plancher surtout, il rouvrit des yeux hagards, parvint à les fixer un instant sur moi, remua les lèvres comme s'il voulait parler, et expira.

«Cet affreux spectacle m'avait rendu presque insensé; du moment où je ne pouvais plus porter de secours à personne je n'éprouvais plus qu'un besoin, celui de fuir. Je me précipitai dans l'escalier, en enfonçant mes mains dans mes cheveux et en poussant un rugissement de terreur.

«Dans la salle inférieure, il y avait cinq ou six douaniers et deux ou trois gendarmes, toute une troupe armée.

«On s'empara de moi; je n'essayai même pas de faire résistance, je n'étais plus le maître de mes sens. J'essayai de parler, je poussai quelques cris inarticulés, voilà tout.

«Je vis que les douaniers et les gendarmes me montraient du doigt; j'abaissai les yeux sur moi-même, j'étais tout couvert de sang. Cette pluie tiède que j'avais sentie tomber sur moi à travers les planches de l'escalier, c'était le sang de la Carconte.

«Je montrai du doigt l'endroit où j'étais caché.

«—Que veut-il dire? demanda un gendarme.

«Un douanier alla voir.

«—Il veut dire qu'il est passé par là, répondit-il.

«Et il montra le trou par lequel j'avais passé effectivement.

«Alors, je compris qu'on me prenait pour l'assassin. Je retrouvai la voix, je retrouvai la force; je me dégageai des mains des deux hommes qui me tenaient, en m'écriant:

«—Ce n'est pas moi! ce n'est pas moi!

«Deux gendarmes me mirent en joue avec leurs carabines.

«—Si tu fais un mouvement, dirent-ils, tu es mort.

«—Mais, m'écriai-je, puisque je vous répète que ce n'est pas moi!

«—Tu conteras ta petite histoire aux juges de Nîmes, répondirent-ils. En attendant, suis-nous; et si nous avons un conseil à te donner, c'est de ne pas faire résistance.

«Ce n'était point mon intention, j'étais brisé par l'étonnement et par la terreur. On me mit les menottes, on m'attacha à la queue d'un cheval, et l'on me conduisit à Nîmes.

«J'avais été suivi par un douanier; il m'avait perdu de vue aux environs de la maison, il s'était douté que j'y passerais la nuit; il avait été prévenir ses compagnons, et ils étaient arrivés juste pour entendre le coup de pistolet et pour me prendre au milieu de telles preuves de culpabilité, que je compris tout de suite la peine que j'aurais à faire reconnaître mon innocence.

«Aussi, ne m'attachai-je qu'à une chose: ma première demande au juge d'instruction fut pour le prier de faire chercher partout un certain abbé Busoni, qui s'était arrêté dans la journée à l'auberge du Pont-du-Gard. Si Caderousse avait inventé une histoire, si cet abbé n'existait pas, il était évident que j'étais perdu, à moins que Caderousse ne fût pris à son tour et n'avouât tout.

«Deux mois s'écoulèrent pendant lesquels, je dois le dire à la louange de mon juge, toutes les recherches furent faites pour retrouver celui que je lui demandais. J'avais déjà perdu tout espoir. Caderousse n'avait point été pris. J'allais être jugé à la première session, lorsque le 8 septembre, c'est-à-dire trois mois et cinq jours après l'événement, l'abbé Busoni, sur lequel je n'espérais plus, se présenta à la geôle, disant qu'il avait appris qu'un prisonnier désirait lui parler. Il avait su, disait-il, la chose à Marseille, et il s'empressait de se rendre à mon désir.

«Vous comprenez avec quelle ardeur je le reçus; je lui racontai tout ce dont j'avais été témoin, j'abordai avec inquiétude l'histoire du diamant; contre mon attente elle était vraie de point en point; contre mon attente encore, il ajouta une foi entière à tout ce que je lui dis. Ce fut alors qu'entraîné par sa douce charité, reconnaissant en lui une profonde connaissance des mœurs de mon pays, pensant que le pardon du seul crime que j'eusse commis pouvait peut-être descendre de ses lèvres si charitables, je lui racontai, sous le sceau de la confession, l'aventure d'Auteuil dans tous ses détails. Ce que j'avais fait par entraînement obtint le même résultat que si je l'eusse fait par calcul, l'aveu de ce premier assassinat, que rien ne me forçait de lui révéler, lui prouva que je n'avais pas commis le second, et il me quitta en m'ordonnant d'espérer, et en promettant de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour convaincre mes juges de mon innocence.

«J'eus la preuve qu'en effet il s'était occupé de moi quand je vis ma prison s'adoucir graduellement, et quand j'appris qu'on attendrait pour me juger les assises qui devaient suivre celles pour lesquelles on se rassemblait.

«Dans cet intervalle, la Providence permit que Caderousse fût pris à l'étranger et ramené en France. Il avoua tout, rejetant la préméditation et surtout l'instigation sur sa femme. Il fut condamné aux galères perpétuelles, et moi mis en liberté.

—Et ce fut alors, dit Monte-Cristo, que vous vous présentâtes chez moi porteur d'une lettre de l'abbé Busoni?

—Oui, Excellence, il avait pris à moi un intérêt visible.

«—Votre état de contrebandier vous perdra, me dit-il; si vous sortez d'ici, quittez-le.

«—Mais mon père, demandai-je, comment voulez-vous que je vive et que je fasse vivre ma pauvre sœur?

«—Un de mes pénitents, me répondit-il, a une grande estime pour moi, et m'a chargé de lui chercher un homme de confiance. Voulez-vous être cet homme? je vous adresserai à lui.

«—Ô mon père! m'écriai-je, que de bonté!

«—Mais vous me jurez que je n'aurai jamais à me repentir.»

«J'étendis la main pour faire serment.

«—C'est inutile, dit-il, je connais et j'aime les Corses, voici ma recommandation.

«Et il écrivit les quelques lignes que je vous remis, et sur lesquelles Votre Excellence eut la bonté de me prendre à son service. Maintenant je le demande avec orgueil à Votre Excellence, a-t-elle jamais eu à se plaindre de moi?

—Non, répondit le comte; et, je le confesse avec plaisir, vous êtes un bon serviteur, Bertuccio, quoique vous manquiez de confiance.

—Moi, monsieur le comte!

—Oui, vous. Comment se fait-il que vous ayez une sœur et un fils adoptif, et que, cependant vous ne m'ayez jamais parlé ni de l'une ni de l'autre!

—Hélas! Excellence, c'est qu'il me reste à vous dire la partie la plus triste de ma vie. Je partis pour la Corse. J'avais hâte, vous le comprenez bien, de revoir et de consoler ma pauvre sœur; mais quand j'arrivai à Rogliano, je trouvai la maison en deuil; il y avait eu une scène horrible et dont les voisins gardent encore le souvenir! Ma pauvre sœur, selon mes conseils, résistait aux exigences de Benedetto, qui, à chaque instant, voulait se faire donner tout l'argent qu'il y avait à la maison. Un matin, il la menaça, et disparut pendant toute la journée. Elle pleura, car cette chère Assunta avait pour le misérable un cœur de mère. Le soir vint, elle l'attendit sans se coucher. Lorsque, à onze heures, il rentra avec deux de ses amis, compagnons ordinaires de toutes ses folies, alors elle lui tendit les bras; mais eux s'emparèrent d'elle, et l'un des trois, je tremble que ce ne soit cet infernal enfant, l'un des trois s'écria:

«—Jouons à la question, et il faudra bien qu'elle avoue où est son argent.

«Justement le voisin Wasilio était à Bastia; sa femme seule était restée à la maison. Nul, excepté elle, ne pouvait ni voir ni entendre ce qui se passait chez ma sœur. Deux retinrent la pauvre Assunta, qui ne pouvant croire à la possibilité d'un pareil crime, souriait à ceux qui allaient devenir ses bourreaux, le troisième alla barricader portes et fenêtres, puis il revint, et tous trois réunis, étouffant les cris que la terreur lui arrachait devant ces préparatifs plus sérieux, approchèrent les pieds d'Assunta du brasier sur lequel ils comptaient pour lui faire avouer où était caché notre petit trésor; mais, dans la lutte, le feu prit à ses vêtements: ils lâchèrent alors la patiente, pour ne pas être brûlés eux-mêmes. Tout en flammes elle courut à la porte, mais la porte était fermée.

«Elle s'élança vers la fenêtre, mais la fenêtre était barricadée. Alors la voisine entendit des cris affreux: c'était Assunta qui appelait au secours. Bientôt sa voix fut étouffée; les cris devinrent des gémissements, et le lendemain, après une nuit de terreur et d'angoisses quand la femme de Wasilio se hasarda de sortir de chez elle et fit ouvrir la porte de notre maison par le juge, on trouva Assunta à moitié brûlée, mais respirant encore, les armoires forcées, l'argent disparu. Quant à Benedetto, il avait quitté Rogliano pour n'y plus revenir; depuis ce jour je ne l'ai pas revu, et je n'ai pas même entendu parler de lui.

«Ce fut, reprit Bertuccio, après avoir appris ces tristes nouvelles, que j'allai à Votre Excellence. Je n'avais plus à vous parler de Benedetto, puisqu'il avait disparu, ni de ma sœur, puisqu'elle était morte.

—Et qu'avez-vous pensé de cet événement? demanda Monte-Cristo.

—Que c'était le châtiment du crime que j'avais commis, répondit Bertuccio. Ah! ces Villefort, c'était une race maudite.

—Je le crois, murmura le comte avec un accent lugubre.

—Et maintenant, n'est-ce pas, reprit Bertuccio, Votre Excellence comprend que cette maison que je n'ai pas revue depuis, que ce jardin où je me suis retrouvé tout à coup, que cette place où j'ai tué un homme, ont pu me causer ces sombres émotions dont vous avez voulu connaître la source; car enfin je ne suis pas bien sûr que devant moi, là, à mes pieds, M. de Villefort ne soit pas couché dans la fosse qu'il avait creusé pour son enfant.

—En effet, tout est possible, dit Monte-Cristo en se levant du banc où il était assis; même, ajouta-t-il tout bas, que le procureur du roi ne soit pas mort. L'abbé Busoni a bien fait de vous envoyer à moi. Vous avez bien fait de me raconter votre histoire, car je n'aurai pas de mauvaises pensées à votre sujet. Quant à ce Benedetto si mal nommé, n'avez-vous jamais essayé de retrouver sa trace? n'avez-vous jamais cherché à savoir ce qu'il était devenu?

—Jamais, si j'avais su où il était, au lieu d'aller à lui, j'aurais fui comme devant un monstre. Non heureusement, jamais je n'en ai entendu parler par qui que ce soit au monde, j'espère qu'il est mort.

—N'espérez pas, Bertuccio, dit le comte; les méchants ne meurent pas ainsi, car Dieu semble les prendre sous sa garde pour en faire l'instrument de ses vengeances.

—Soit, dit Bertuccio. Tout ce que je demande au ciel seulement, c'est de ne le revoir jamais. Maintenant, continua l'intendant en baissant la tête, vous savez tout, monsieur le comte; vous êtes mon juge ici-bas comme Dieu le sera là-haut; ne me direz-vous point quelques paroles de consolation?

—Vous avez raison, en effet, et je puis vous dire ce que vous dirait l'abbé Busoni: celui que vous avez frappé, ce Villefort, méritait un châtiment pour ce qu'il avait fait à vous et peut-être pour autre chose encore. Benedetto, s'il vit, servira, comme je vous l'ai dit, à quelque vengeance divine, puis sera puni à son tour. Quant à vous, vous n'avez en réalité qu'un reproche à vous adresser: demandez-vous pourquoi, ayant enlevé cet enfant à la mort, vous ne l'avez pas rendu à sa mère: là est le crime, Bertuccio.

—Oui, monsieur, là est le crime et le véritable crime, car en cela j'ai été un lâche. Une fois que j'eus rappelé l'enfant à la vie, je n'avais qu'une chose à faire, vous l'avez dit, c'était de le renvoyer à sa mère. Mais, pour cela, il me fallait faire des recherches, attirer l'attention, me livrer peut-être; je n'ai pas voulu mourir, je tenais à la vie par ma sœur, par l'amour-propre inné chez nous autres de rester entiers et victorieux dans notre vengeance; et puis enfin, peut-être, tenais-je simplement à la vie par l'amour même de la vie. Oh! moi, je ne suis pas un brave comme mon pauvre frère!»

Bertuccio cacha son visage dans ses deux mains, et Monte-Cristo attacha sur lui un long et indéfinissable regard.

Puis, après un instant de silence, rendu plus solennel encore par l'heure et par le lieu:

«Pour terminer dignement cet entretien, qui sera le dernier sur ces aventures, monsieur Bertuccio, dit le comte avec un accent de mélancolie qui ne lui était pas habituel, retenez bien mes paroles, je les ai souvent entendu prononcer par l'abbé Busoni lui-même: À tous maux il est deux remèdes: le temps et le silence. Maintenant, monsieur Bertuccio, laissez-moi me promener un instant dans ce jardin. Ce qui est une émotion poignante pour vous, acteur dans cette scène, sera pour moi une sensation presque douce et qui donnera un double prix à cette propriété. Les arbres, voyez-vous, monsieur Bertuccio ne plaisent que parce qu'ils font de l'ombre, et l'ombre elle-même ne plaît que parce qu'elle est pleine de rêveries et de visions. Voilà que j'ai acheté un jardin croyant acheter un simple enclos fermé de murs, et point du tout, tout à coup cet enclos se trouve être un jardin tout plein de fantômes, qui n'étaient point portés sur le contrat. Or, j'aime les fantômes; je n'ai jamais entendu dire que les morts eussent fait en six mille ans autant de mal que les vivants en font en un jour. Rentrez donc, monsieur Bertuccio, et allez dormir en paix. Si votre confesseur, au moment suprême, est moins indulgent que ne le fut l'abbé Busoni, faites-moi venir si je suis encore de ce monde, je vous trouverai des paroles qui berceront doucement votre âme au moment où elle sera prête à se mettre en route pour faire ce rude voyage qu'on appelle l'éternité.»

Bertuccio s'inclina respectueusement devant le comte, et s'éloigna en poussant un soupir.

Monte-Cristo resta seul; et, faisant quatre pas en avant:

«Ici, près de ce platane, murmura-t-il, la fosse où l'enfant fut déposé: là-bas, la petite porte par laquelle on entrait dans le jardin; à cet angle, l'escalier dérobé qui conduit à la chambre à coucher. Je ne crois pas avoir besoin d'inscrire tout cela sur mes tablettes, car voilà devant mes yeux, autour de moi, sous mes pieds, le plan en relief, le plan vivant.»

Et le comte, après un dernier tour dans ce jardin, alla retrouver sa voiture. Bertuccio, qui le voyait rêveur, monta sans rien dire sur le siège auprès du cocher.

La voiture reprit le chemin de Paris.

Le soir même, à son arrivée à la maison des Champs-Élysées, le comte de Monte-Cristo visita toute l'habitation comme eût pu le faire un homme familiarisé avec elle depuis de longues années; pas une seule fois, quoiqu'il marchât le premier, il n'ouvrit une porte pour une autre, et ne prit un escalier ou un corridor qui ne le conduisît pas directement où il comptait aller. Ali l'accompagnait dans cette revue nocturne. Le comte donna à Bertuccio plusieurs ordres pour l'embellissement ou la distribution nouvelle du logis, et tirant sa montre, il dit au Nubien attentif:

«Il est onze heures et demie, Haydée ne peut tarder à arriver. A-t-on prévenu les femmes françaises?»

Ali étendit la main vers l'appartement destiné à la belle Grecque, et qui était tellement isolé qu'en cachant la porte derrière une tapisserie on pouvait visiter toute la maison sans se douter qu'il y eût là un salon et deux chambres habités; Ali, disons-nous donc, étendit la main vers l'appartement, montra le nombre trois avec les doigts de sa main gauche, et sur cette même main, mise à plat, appuyant sa tête, ferma les yeux en guise de sommeil.

«Ah! fit Monte-Cristo, habitué à ce langage, elles sont trois qui attendent dans la chambre à coucher, n'est-ce pas?

—Oui, fit Ali en agitant la tête de haut en bas.

—Madame sera fatiguée ce soir, continua Monte-Cristo, et sans doute elle voudra dormir; qu'on ne la fasse pas parler: les suivantes françaises doivent seulement saluer leur nouvelle maîtresse et se retirer; vous veillerez à ce que la suivante grecque ne communique pas avec les suivantes françaises.»

Ali s'inclina. Bientôt on entendit héler le concierge; la grille s'ouvrit, une voiture roula dans l'allée et s'arrêta devant le perron. Le comte descendit; la portière était déjà ouverte; il tendit la main à une jeune femme enveloppée d'une mante de soie verte toute brodée d'or qui lui couvrait la tête.

La jeune femme prit la main qu'on lui tendait, la baisa avec un certain amour mêlé de respect, et quelques mots furent échangés, tendrement de la part de la jeune femme et avec une douce gravité de la part du comte, dans cette langue sonore que le vieil Homère a mise dans la bouche de ses dieux.

Alors, précédé d'Ali qui portait un flambeau de cire rose, la jeune femme, laquelle n'était autre que cette belle Grecque, compagne ordinaire de Monte-Cristo en Italie, fut conduite à son appartement, puis le comte se retira dans le pavillon qu'il s'était réservé.

À minuit et demi, toutes les lumières étaient éteintes dans la maison, et l'on eût pu croire que tout le monde dormait.

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45. La pluie de sang 45. Blood rain 45. La lluvia de sangre 45. 血雨

La pluie de sang.

«En entrant, le bijoutier jeta un regard interrogateur autour de lui; mais rien ne semblait faire naître les soupçons s’il n’en avait pas, rien ne semblait les confirmer s’il en avait. ||||||||||||||||birth|||||||||||||| "On entering, the jeweler cast a questioning glance around him; but nothing seemed to give rise to suspicion if he had none, nothing seemed to confirm them if he had any.

«Caderousse tenait toujours des deux mains ses billets et son or. |held||||||||| “Caderousse still held his banknotes and his gold with both hands. La Carconte souriait à son hôte le plus agréablement qu’elle pouvait. La Carconte smiled to her guest as nicely as she could.

«—Ah! ah! dit le bijoutier, il paraît que vous aviez peur de ne pas avoir votre compte, que vous repassiez votre trésor après mon départ. ||||||||||||||account|||repass||||| said the jeweler, it seems that you were afraid of not having your account, that you iron your treasure after my departure.

«—Non pas, dit Caderousse; mais l’événement qui nous en fait possesseur est si inattendu que nous n’y pouvons croire, et que, lorsque nous n’avons pas la preuve matérielle sous les yeux, nous croyons faire encore un rêve.» "No," said Caderousse; but the event that makes us so possessor is so unexpected that we can not believe it, and that when we do not have the material evidence in front of us, we think we still have a dream. "

«Le bijoutier sourit.

«—Est-ce que vous avez des voyageurs dans votre auberge? "Do you have any travelers in your inn? demanda-t-il.

«—Non, répondit Caderousse, nous ne donnons point à coucher; nous sommes trop près de la ville, et personne ne s’arrête. "No," replied Caderousse, "we do not give birth; we are too close to the city, and no one stops.

«—Alors, je vais vous gêner horriblement? "Then, am I going to embarrass you terribly?

«—Nous gêner, vous! "We annoy you! mon cher monsieur! dit gracieusement la Carconte, pas du tout, je vous jure. said Carconte graciously, not at all, I swear.

«—Voyons, où me mettez-vous? "Where do you put me?

«—Dans la chambre là-haut. "In the room up there.

«—Mais n’est-ce pas votre chambre? "'But isn't this your room?

«—Oh! n’importe; nous avons un second lit dans la pièce à côté de celle-ci. anything; we have a second bed in the room next to it.

«Caderousse regarda avec étonnement sa femme. "Caderousse looked at his wife in astonishment. Le bijoutier chantonna un petit air en se chauffant le dos à un fagot que la Carconte venait d’allumer dans la cheminée pour sécher son hôte. The jeweler hummed a little air as he warmed his back to a bundle that La Carconte had just lighted in the fireplace to dry his host.

«Pendant ce temps, elle apportait sur un coin de la table où elle avait étendu une serviette les maigres restes d’un dîner, auxquels elle joignit deux ou trois œufs frais. During this time she brought to a corner of the table where she had laid a napkin the meager remains of a dinner, to which she added two or three fresh eggs.

«Caderousse avait renfermé de nouveau les billets dans son portefeuille, son or dans un sac, et le tout dans son armoire. "Caderousse had enclosed the notes again in his wallet, his gold in a bag, and all in his closet. Il se promenait de long en large, sombre et pensif, levant de temps en temps la tête sur le bijoutier, qui se tenait tout fumant devant l’âtre, et qui, à mesure qu’il se séchait d’un côté, se tournait de l’autre. He was walking up and down, dark and thoughtful, occasionally raising his head on the jeweler, who stood smoking in front of the hearth, and who, as he was drying himself to one side, was turning the other.

«—Là, dit la Carconte en posant une bouteille de vin sur la table, quand vous voudrez souper tout est prêt. "'There,' said Carconte, placing a bottle of wine on the table, 'when you want to supper everything is ready.

«—Et vous? demanda Joannès.

«—Moi, je ne souperai pas, répondit Caderousse.

«—Nous avons dîné très tard, se hâta de dire la Carconte. "'We had dinner very late,' said La Carconte hastily.

«—Je vais donc souper seul? "'So I am going to have supper alone? fit le bijoutier. said the jeweler.

«—Nous vous servirons, répondit la Carconte avec un empressement qui ne lui était pas habituel, même envers ses hôtes payants. ||||||||eagerness||||||||||| "We will serve you," replied La Carconte, with an eagerness which was not usual to him, even to his paying guests.

«De temps en temps Caderousse lançait sur elle un regard rapide comme un éclair. "From time to time Caderousse glanced at her like a flash of lightning.

«L’orage continuait.

«—Entendez-vous, entendez-vous? "Do you hear, do you hear? dit la Carconte; vous avez, ma foi, bien fait de revenir. said the Carconte; you have, my faith, done well to return.

«—Ce qui n’empêche pas, dit le bijoutier, que si, pendant mon souper, l’ouragan s’apaise, je me remettrai en route. "That which does not prevent," said the jeweler, "that if, during my supper, the hurricane subsides, I will set out again.

«—C’est le mistral, dit Caderousse en secouant la tête; nous en avons pour jusqu’à demain. "It's the mistral," said Caderousse, shaking his head; we have until tomorrow.

«Et il poussa un soupir. "And he sighed.

«—Ma foi, dit le bijoutier en se mettant à table, tant pis pour ceux qui sont dehors. "Faith," said the jeweler, as he sat down to table, "so much the worse for those who are outside.

«—Oui, reprit la Carconte, ils passeront une mauvaise nuit. 'Yes,' La Carconte went on, 'they will have a bad night.

«Le bijoutier commença de souper, et la Carconte continua d’avoir pour lui tous les petits soins d’une hôtesse attentive; elle d’ordinaire si quinteuse et si revêche, elle était devenue un modèle de prévenance et de politesse. ||||||||||||||||||||||quintessential||||||||||thoughtfulness||| “The jeweler began to supper, and La Carconte continued to have for him all the little cares of an attentive hostess; she usually so quintessential and so surly, she had become a model of thoughtfulness and politeness. Si le bijoutier l’eût connue auparavant, un si grand changement l’eût certes étonné et n’eût pas manqué de lui inspirer quelque soupçon. |||||before|||||||||||||||| If the jeweler had known it before, such a great change would certainly have astonished him, and would not have failed to inspire him with some suspicion. Quant à Caderousse, il ne disait pas une parole, continuant sa promenade et paraissant hésiter même à regarder son hôte. As for Caderousse, he did not say a word, continuing his walk and appearing to hesitate even to look at his host.

«Lorsque le souper fut terminé, Caderousse alla lui-même ouvrir la porte. “When supper was over, Caderousse himself went to open the door.

«—Je crois que l’orage se calme, dit-il. "'I think the storm is calming down,' he said.

«Mais en ce moment, comme pour lui donner un démenti, un coup de tonnerre terrible ébranla la maison, et une bouffée de vent mêlée de pluie entra, qui éteignit la lampe. “But at that moment, as if to deny it, a terrible thunderclap shook the house, and a puff of wind mixed with rain entered, which extinguished the lamp.

«Caderousse referma la porte; sa femme alluma une chandelle au brasier mourant. "Caderousse closed the door; his wife lit a candle in the dying fire.

«—Tenez, dit-elle au bijoutier, vous devez être fatigué; j’ai mis des draps blancs au lit, montez vous coucher et dormez bien. "Come," she said to the jeweler, "you must be tired; I put white sheets in bed, go up to bed and sleep well.

«Joannès resta encore un instant pour s’assurer que l’ouragan ne se calmait point, et lorsqu’il eut acquis la certitude que le tonnerre et la pluie ne faisaient qu’aller en augmentant, il souhaita le bonjour à ses hôtes et monta l’escalier. "Joannès remained a moment longer to make sure that the hurricane did not subside, and when he became certain that the thunder and the rain were only increasing, he wished the guests good morning and went up. the staircase.

«Il passait au-dessus de ma tête, et j’entendais chaque marche craquer sous ses pas. “He was passing over my head, and I could hear every step creak under his footsteps.

«La Carconte le suivit d’un œil avide, tandis qu’au contraire Caderousse lui tournait le dos et ne regardait pas même de son côté. "La Carconte followed him with an eager eye, while Caderousse turned his back on him and did not even look at his side.

«Tous ces détails, qui sont revenus à mon esprit depuis ce temps-là, ne me frappèrent point au moment où ils se passaient sous mes yeux; il n’y avait, à tout prendre, rien que de naturel dans ce qui arrivait, et, à part l’histoire du diamant qui me paraissait un peu invraisemblable, tout allait de source. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||unbelievable|||| "All these details, which have come to my mind since that time, did not strike me as they passed before my eyes; there was, all in all, nothing natural about what was happening, and apart from the story of the diamond, which seemed to me a little implausible, everything was natural. Aussi comme j’étais écrasé de fatigue, que je comptais profiter moi-même du premier répit que la tempête donnerait aux éléments, je résolus de dormir quelques heures et de m’éloigner au milieu de la nuit. |||crushed||||||||||||||||||||||||||||||| So, as I was crushed with fatigue, that I intended to take advantage of the first respite that the storm would give to the elements, I resolved to sleep a few hours and go away in the middle of the night.

«J’entendais dans la pièce au-dessus le bijoutier, qui prenait de son côté toutes ses dispositions pour passer la meilleure nuit possible. |||||||||||||||arrangements|||||| "I heard in the room above the jeweler, who was taking all his steps to spend the best night possible. Bientôt son lit craqua sous lui; il venait de se coucher. Soon his bed crackled under him; he had just gone to bed.

«Je sentais mes yeux qui se fermaient malgré moi, et comme je n’avais conçu aucun soupçon, je ne tentai point de lutter contre le sommeil; je jetai un dernier regard sur l’intérieur de la cuisine. |||||||||||||conceived|||||attempt|||||||||||||||| “I felt my eyes closing in spite of myself, and as I had conceived no suspicion, I did not try to fight against sleep; I took one last look inside the kitchen. Caderousse était assis à côté d’une longue table, sur un de ces bancs de bois qui, dans les auberges de village, remplacent les chaises; il me tournait le dos, de sorte que je ne pouvais voir sa physionomie; d’ailleurs eût-il été dans la position contraire, la chose m’eût encore été impossible, attendu qu’il tenait sa tête ensevelie dans ses deux mains. |||||||||||||||||||||||chairs|||||||so||||||||||||||||||||||||||||||| Caderousse was seated beside a long table on one of those wooden benches which, in the village inns, replace the chairs; he turned his back on me, so that I could not see his physiognomy; besides, if he had been in the opposite position, the thing would have been impossible for me, since he held his buried head in his hands.

«La Carconte le regarda quelque temps, haussa les épaules et vint s’asseoir en face de lui. "La Carconte looked at him for a while, shrugged her shoulders, and came and sat down opposite him.

«En ce moment la flamme mourante gagna un reste de bois sec oublié par elle; une lueur un peu plus vive éclaira le sombre intérieur.... La Carconte tenait ses yeux fixés sur son mari, et comme celui-ci restait toujours dans la même position, je la vis étendre vers lui sa main crochue, et elle le toucha au front. ||||flame|dying|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||hooked||||||front "At this moment the dying flame gained a remnant of dry wood forgotten by it; a brighter light lit up the gloomy interior. La Carconte kept her eyes fixed on her husband, and as he was still in the same position, I saw her spreading her crooked hand towards him, and she touched him. at the front.

«Caderousse tressaillit. “Caderousse started. Il me sembla que la femme remuait les lèvres, mais, soit qu’elle parlât tout à fait bas, soit que mes sens fussent déjà engourdis par le sommeil, le bruit de sa parole n’arriva point jusqu’à moi. ||||||moved||||||||||||||||||||||||||||| It seemed to me that the woman was moving her lips, but either because she spoke quite low or because my senses were already numb by sleep, the sound of her word did not reach me. Je ne voyais même plus qu’à travers un brouillard et avec ce doute précurseur du sommeil pendant lequel on croit que l’on commence un rêve. |||||||||||||precursor||sleep||||||||| I could see only through a fog and with this precursory doubt of sleep during which one believes that one begins a dream. Enfin mes yeux se fermèrent, et je perdis conscience de moi-même. Finally my eyes closed, and I lost consciousness of myself.

«J’étais au plus profond de mon sommeil, lorsque je fus réveillé par un coup de pistolet, suivi d’un cri terrible. “I was in the depths of my sleep, when I was awakened by a pistol shot, followed by a terrible cry. Quelques pas chancelants retentirent sur le plancher de la chambre, et une masse inerte vint s’abattre dans l’escalier, juste au-dessus de ma tête. ||shambling|echoed||||||||||||fall||||above|above||| A few staggering steps echoed on the bedroom floor, and an inert mass came crashing down on the stairs, just above my head.

«Je n’étais pas encore bien maître de moi. "I was not yet a good master of myself. J’entendais des gémissements, puis des cris étouffés comme ceux qui accompagnent une lutte. I heard moans, then muffled cries like those that accompany a fight.

«Un dernier cri, plus prolongé que les autres et qui dégénéra en gémissements, vint me tirer complètement de ma léthargie. ||||||||||degenerated||moans|||||||lethargy "A last cry, more prolonged than the others and which degenerated into groans, came to pull me completely from my lethargy.

«Je me soulevai sur un bras, j’ouvris les yeux, qui ne virent rien dans les ténèbres, et je portai la main à mon front, sur lequel il me semblait que dégouttait à travers les planches de l’escalier une pluie tiède et abondante. ||lift|||||||||saw|||||||||||||||||||was dripping||||||||||| "I raised myself on one arm, I opened my eyes, who saw nothing in the darkness, and I put my hand to my forehead, on which it seemed to me that dripping through the boards of the stairs a warm rain and abundant.

«Le plus profond silence avait succédé à ce bruit affreux. "The deepest silence had succeeded this dreadful noise. J’entendis les pas d’un homme qui marchait au-dessus de ma tête, ses pas firent craquer l’escalier. I heard the footsteps of a man walking overhead, his footsteps cracking the stairs. L’homme descendit dans la salle inférieure, s’approcha de la cheminée et alluma une chandelle. The man went down into the lower room, approached the fireplace and lit a candle.

«Cet homme, c’était Caderousse; il avait le visage pâle, et sa chemise était tout ensanglantée. ||||||||||||||bloodied “This man was Caderousse; his face was pale, and his shirt was all bloody.

«La chandelle allumée, il remonta rapidement l’escalier, et j’entendis de nouveau ses pas rapides et inquiets. "The candle lit, he went up the stairs quickly, and I heard again his rapid and anxious steps.

«Un instant après il redescendit. ||after|| Il tenait à la main l’écrin; il s’assura que le diamant était bien dedans, chercha un instant dans laquelle de ses poches il le mettrait; puis, sans doute, ne considérant point sa poche comme une cachette assez sûre, il le roula dans son mouchoir rouge, qu’il tourna autour de son cou. |||||||||||||||||||||||||||||considering|||||||||||||||||turned|around||| He held the case in his hand; he made sure that the diamond was well inside, looked for an instant in which of his pockets he would put it; then, no doubt, not considering his pocket as a safe hiding place, he rolled it in his red handkerchief, which he turned around his neck.

«Puis il courut à l’armoire, en tira ses billets et son or, mit les uns dans le gousset de son pantalon, l’autre dans la poche de sa veste, prit deux ou trois chemises, et, s’élançant vers la porte, il disparut dans l’obscurité. ||ran||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| "Then he ran to the cupboard, took out his banknotes and his gold, put some in the pocket of his trousers, the other in his jacket pocket, took two or three shirts, and, rushing towards the door, he disappeared into the darkness. Alors tout devint clair et lucide pour moi; je me reprochai ce qui venait d’arriver, comme si j’eusse été le vrai coupable. Then everything became clear and lucid for me; I reproached myself for what had happened, as if I had been the real culprit. Il me sembla entendre des gémissements: le malheureux bijoutier pouvait n’être pas mort; peut-être était-il en mon pouvoir, en lui portant secours, de réparer une partie du mal non pas que j’avais fait, mais que j’avais laissé faire. I seemed to hear moans: the unfortunate jeweler could not be dead; perhaps it was in my power, by helping him, to repair some of the harm that I had done, but that I had allowed myself to do. J’appuyai mes épaules contre une de ces planches mal jointes qui séparaient l’espèce de tambour dans lequel j’étais couché de la salle inférieure; les planches cédèrent, et je me trouvai dans la maison. |||||||||||||||||||||||||gave||||||| I leaned my shoulders against one of those badly joined boards which separated the kind of drum I had slept in the lower room; the planks gave way, and I found myself in the house.

«Je courus à la chandelle, et je m’élançai dans l’escalier; un corps le barrait en travers, c’était le cadavre de la Carconte. |||||||||||||blocked|||||||| “I ran by candlelight, and rushed up the stairs; a body barred it across, it was the corpse of Carconte.

«Le coup de pistolet que j’avais entendu avait été tiré sur elle: elle avait la gorge traversée de part en part, et outre sa double blessure qui coulait à flots, elle vomissait le sang par la bouche. ||||||||been|||||||throat|crossed||part|||||||||||||||||| “The pistol shot I had heard had been fired at her: her throat had been pierced right through, and besides her double wound which flowed freely, she was vomiting blood through her mouth. Elle était tout à fait morte. She was quite dead. J’enjambai par-dessus son corps, et je passai. I hung over his body, and I passed.

«La chambre offrait l’aspect du plus affreux désordre. "The room looked like the most frightful mess. Deux ou trois meubles étaient renversés; les draps, auxquels le malheureux bijoutier s’était cramponné, traînaient par la chambre: lui-même était couché à terre, la tête appuyée contre le mur, nageant dans une mare de sang qui s’échappait de trois larges blessures reçues dans la poitrine. ||||||||||||||||||||||||||supported||||||||||||||||||| Two or three pieces of furniture were overturned; the sheets, to which the unfortunate jeweler had clung, were dragging through the room: he himself was lying on the ground, his head resting against the wall, swimming in a pool of blood which escaped from three large wounds received in the chest .

«Dans la quatrième était resté un long couteau de cuisine, dont on ne voyait que le manche. "In the fourth was a long kitchen knife, of which only the handle was visible.

«Je marchai sur le second pistolet qui n’était point parti, la poudre étant probablement mouillée. "I walked on the second gun that was not gone, the powder is probably wet.

«Je m’approchai du bijoutier; il n’était pas mort effectivement: au bruit que je fis, à l’ébranlement du plancher surtout, il rouvrit des yeux hagards, parvint à les fixer un instant sur moi, remua les lèvres comme s’il voulait parler, et expira. |||||||||||||||the shaking||||||some||||||||||me||||||||| "I approached the jeweler; he was not really dead: at the noise I made, especially at the breaking of the floor, he reopened his haggard eyes, managed to fix them for a moment on me, moved his lips as if he wanted to speak, and expired.

«Cet affreux spectacle m’avait rendu presque insensé; du moment où je ne pouvais plus porter de secours à personne je n’éprouvais plus qu’un besoin, celui de fuir. ||||||||||||||||||||||||||flee "This dreadful spectacle had made me almost insane; from the moment when I could no longer help others, I felt nothing more than a need to flee. Je me précipitai dans l’escalier, en enfonçant mes mains dans mes cheveux et en poussant un rugissement de terreur. ||||||embedding||||||||||roar|| I hurried down the stairs, thrusting my hands into my hair and uttering a roar of terror.

«Dans la salle inférieure, il y avait cinq ou six douaniers et deux ou trois gendarmes, toute une troupe armée. "In the lower hall there were five or six customs officers and two or three gendarmes, a whole armed troop.

«On s’empara de moi; je n’essayai même pas de faire résistance, je n’étais plus le maître de mes sens. "They seized me; I did not even try to resist, I was no longer the master of my senses. J’essayai de parler, je poussai quelques cris inarticulés, voilà tout. I tried to speak, I uttered a few inarticulate cries, that was all.

«Je vis que les douaniers et les gendarmes me montraient du doigt; j’abaissai les yeux sur moi-même, j’étais tout couvert de sang. ||||||||||||lowered|||||||||| "I saw that customs officers and gendarmes were pointing at me; I lowered my eyes to myself, I was all covered with blood. Cette pluie tiède que j’avais sentie tomber sur moi à travers les planches de l’escalier, c’était le sang de la Carconte. The warm rain that I felt falling on me through the planks of the stairs was the blood of Carconte.

«Je montrai du doigt l’endroit où j’étais caché. “I pointed to where I was hiding.

«—Que veut-il dire? "-What does he mean? demanda un gendarme.

«Un douanier alla voir. “A customs officer went to see.

«—Il veut dire qu’il est passé par là, répondit-il. "He means he's been there," he said.

«Et il montra le trou par lequel j’avais passé effectivement. "And he showed the hole through which I had actually passed.

«Alors, je compris qu’on me prenait pour l’assassin. "Then I realized that I was mistaken for the murderer. Je retrouvai la voix, je retrouvai la force; je me dégageai des mains des deux hommes qui me tenaient, en m’écriant: I found the voice again, I regained strength; I disengaged myself from the hands of the two men who were holding me, exclaiming:

«—Ce n’est pas moi! "-It is not me! ce n’est pas moi! It is not me!

«Deux gendarmes me mirent en joue avec leurs carabines. |||||aim|||rifles "Two gendarmes set me with their carbines.

«—Si tu fais un mouvement, dirent-ils, tu es mort. “'If you make a move,' they said, 'you're dead.

«—Mais, m’écriai-je, puisque je vous répète que ce n’est pas moi! "But," I exclaimed, "since I repeat to you, it is not me!

«—Tu conteras ta petite histoire aux juges de Nîmes, répondirent-ils. "'You will tell your little story to the judges of Nîmes,' they replied. En attendant, suis-nous; et si nous avons un conseil à te donner, c’est de ne pas faire résistance. In the meantime, follow us; and if we have any advice for you, it's not to resist.

«Ce n’était point mon intention, j’étais brisé par l’étonnement et par la terreur. "It was not my intention, I was shattered by astonishment and terror. On me mit les menottes, on m’attacha à la queue d’un cheval, et l’on me conduisit à Nîmes. I was handcuffed, tied to the tail of a horse, and taken to Nimes.

«J’avais été suivi par un douanier; il m’avait perdu de vue aux environs de la maison, il s’était douté que j’y passerais la nuit; il avait été prévenir ses compagnons, et ils étaient arrivés juste pour entendre le coup de pistolet et pour me prendre au milieu de telles preuves de culpabilité, que je compris tout de suite la peine que j’aurais à faire reconnaître mon innocence. |||||||||||||||||||||would pass||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| "I had been followed by a customs officer; he had lost sight of me in the neighborhood of the house; he had suspected that I would spend the night there; he had been to warn his companions, and they had arrived just to hear the pistol shot and to take me in the midst of such evidence of guilt, that I understood immediately the trouble that I would have to make recognize my innocence.

«Aussi, ne m’attachai-je qu’à une chose: ma première demande au juge d’instruction fut pour le prier de faire chercher partout un certain abbé Busoni, qui s’était arrêté dans la journée à l’auberge du Pont-du-Gard. "So I did not attach myself to anything but one thing: my first request to the examining magistrate was to beg him to search everywhere for a certain Abbe Busoni, who had stopped during the day at the Auberge du Pont. -du-Gard. Si Caderousse avait inventé une histoire, si cet abbé n’existait pas, il était évident que j’étais perdu, à moins que Caderousse ne fût pris à son tour et n’avouât tout. ||||||||||||||||||||||||||||confessed| If Caderousse had invented a story, if this abbe did not exist, it was obvious that I was lost, unless Caderousse was taken in his turn and confessed everything.

«Deux mois s’écoulèrent pendant lesquels, je dois le dire à la louange de mon juge, toutes les recherches furent faites pour retrouver celui que je lui demandais. "Two months passed during which, I must say to the praise of my judge, all the searches were made to find the one I asked him. J’avais déjà perdu tout espoir. I had already lost all hope. Caderousse n’avait point été pris. Caderousse had not been taken. J’allais être jugé à la première session, lorsque le 8 septembre, c’est-à-dire trois mois et cinq jours après l’événement, l’abbé Busoni, sur lequel je n’espérais plus, se présenta à la geôle, disant qu’il avait appris qu’un prisonnier désirait lui parler. I was going to be tried at the first session, when on the 8th of September, three months and five days after the event, Father Busoni, whom I no longer expected, came to the jail saying that he had learned that a prisoner wanted to talk to him. Il avait su, disait-il, la chose à Marseille, et il s’empressait de se rendre à mon désir. |||||||||||was rushing|||||| He had known, he said, the thing in Marseilles, and he hastened to surrender to my desire.

«Vous comprenez avec quelle ardeur je le reçus; je lui racontai tout ce dont j’avais été témoin, j’abordai avec inquiétude l’histoire du diamant; contre mon attente elle était vraie de point en point; contre mon attente encore, il ajouta une foi entière à tout ce que je lui dis. ||||ardor|||||||||||||I approached||||||||expectation||||||||||||||||||||||| "You understand how ardently I received it; I told him all that I had witnessed, and I entered with anxiety the story of the diamond; against my expectation she was true from point to point; against my expectation again, he added an entire faith to all that I said to him. Ce fut alors qu’entraîné par sa douce charité, reconnaissant en lui une profonde connaissance des mœurs de mon pays, pensant que le pardon du seul crime que j’eusse commis pouvait peut-être descendre de ses lèvres si charitables, je lui racontai, sous le sceau de la confession, l’aventure d’Auteuil dans tous ses détails. |||that trained||||||||||||morals||||||||||||||||||||||||||||||||||||| It was then that, led by his sweet charity, recognizing in him a deep knowledge of the customs of my country, thinking that the forgiveness of the only crime I had committed might perhaps come down from his very charitable lips, I told him, under the seal of confession, the adventure of Auteuil in all its details. Ce que j’avais fait par entraînement obtint le même résultat que si je l’eusse fait par calcul, l’aveu de ce premier assassinat, que rien ne me forçait de lui révéler, lui prouva que je n’avais pas commis le second, et il me quitta en m’ordonnant d’espérer, et en promettant de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour convaincre mes juges de mon innocence. |||||training||||||||||||the confession||||||||||||revealing||||||||||||||||||||||||||||||||||| What I had done by training obtained the same result as if I had done it by calculation, the confession of this first assassination, that nothing forced me to reveal to him, proved to him that I had not committed the second and he left me, ordering me to hope, and promising to do everything in his power to convince my judges of my innocence.

«J’eus la preuve qu’en effet il s’était occupé de moi quand je vis ma prison s’adoucir graduellement, et quand j’appris qu’on attendrait pour me juger les assises qui devaient suivre celles pour lesquelles on se rassemblait. |||||||||||||||soften||||||||||||||||||||gathered "I had the proof that in fact he had taken care of me when I saw my prison soften gradually, and when I learned that we would wait to judge me the seats that were to follow those for which we gathered .

«Dans cet intervalle, la Providence permit que Caderousse fût pris à l’étranger et ramené en France. |||||||||||||brought|| "In this interval, Providence allowed Caderousse to be taken abroad and brought back to France. Il avoua tout, rejetant la préméditation et surtout l’instigation sur sa femme. He confessed everything, rejecting the premeditation and especially the instigation on his wife. Il fut condamné aux galères perpétuelles, et moi mis en liberté. He was condemned to the perpetual galleys, and I set him free.

—Et ce fut alors, dit Monte-Cristo, que vous vous présentâtes chez moi porteur d’une lettre de l’abbé Busoni? "And it was then," said Monte Cristo, "that you went to see me carrying a letter from Father Busoni?

—Oui, Excellence, il avait pris à moi un intérêt visible. "Yes, Excellency, he had taken a visible interest in me.

«—Votre état de contrebandier vous perdra, me dit-il; si vous sortez d’ici, quittez-le. "Your state of smuggler will lose you," he said to me; if you leave here, leave it.

«—Mais mon père, demandai-je, comment voulez-vous que je vive et que je fasse vivre ma pauvre sœur? "But my father," I asked, "how do you want me to live and live my poor sister?"

«—Un de mes pénitents, me répondit-il, a une grande estime pour moi, et m’a chargé de lui chercher un homme de confiance. "One of my penitents," he replied, "has a great esteem for me, and has asked me to look for him a man of confidence. Voulez-vous être cet homme? Do you want to be this man? je vous adresserai à lui. I will address you to him.

«—Ô mon père! m’écriai-je, que de bonté! exclaimed I, what kindness!

«—Mais vous me jurez que je n’aurai jamais à me repentir.» ||||||||||repent "But you swear to me that I will never have to repent."

«J’étendis la main pour faire serment. “I stretched out my hand to take the oath.

«—C’est inutile, dit-il, je connais et j’aime les Corses, voici ma recommandation. "It is useless," said he, "I know and love the Corsicans, here is my recommendation.

«Et il écrivit les quelques lignes que je vous remis, et sur lesquelles Votre Excellence eut la bonté de me prendre à son service. "And he wrote the few lines which I gave you, and upon which Your Excellency had the goodness to take me in his service. Maintenant je le demande avec orgueil à Votre Excellence, a-t-elle jamais eu à se plaindre de moi? |||||pride||||||||||||| Now I ask it with pride to Your Excellency, has she ever had to complain about me?

—Non, répondit le comte; et, je le confesse avec plaisir, vous êtes un bon serviteur, Bertuccio, quoique vous manquiez de confiance. "No," replied the count; and, I confess with pleasure, you are a good servant, Bertuccio, although you lack confidence.

—Moi, monsieur le comte! "Me, Monsieur le Comte!"

—Oui, vous. Comment se fait-il que vous ayez une sœur et un fils adoptif, et que, cependant vous ne m’ayez jamais parlé ni de l’une ni de l’autre! How is it that you have a sister and an adopted son, and yet you have never spoken to me of either!

—Hélas! Excellence, c’est qu’il me reste à vous dire la partie la plus triste de ma vie. Your Excellency, it remains for me to tell you the saddest part of my life. Je partis pour la Corse. I left for Corsica. J’avais hâte, vous le comprenez bien, de revoir et de consoler ma pauvre sœur; mais quand j’arrivai à Rogliano, je trouvai la maison en deuil; il y avait eu une scène horrible et dont les voisins gardent encore le souvenir! I was anxious, as you well understand, to see and console my poor sister; but when I arrived at Rogliano, I found the house in mourning; there was a horrible scene and the neighbors still remember it! Ma pauvre sœur, selon mes conseils, résistait aux exigences de Benedetto, qui, à chaque instant, voulait se faire donner tout l’argent qu’il y avait à la maison. ||||||||requirements|||||||||||||||||| My poor sister, according to my advice, resisted the demands of Benedetto, who at every moment wanted to be given all the money that was at home. Un matin, il la menaça, et disparut pendant toute la journée. One morning he threatened her, and disappeared all day long. Elle pleura, car cette chère Assunta avait pour le misérable un cœur de mère. She cried, for this dear Assunta had for the wretch a mother's heart. Le soir vint, elle l’attendit sans se coucher. Evening came, she waited for him without going to bed. Lorsque, à onze heures, il rentra avec deux de ses amis, compagnons ordinaires de toutes ses folies, alors elle lui tendit les bras; mais eux s’emparèrent d’elle, et l’un des trois, je tremble que ce ne soit cet infernal enfant, l’un des trois s’écria: ||||||||||||||||||||extended|||||seized|||||||||||||||||| When, at eleven o'clock, he returned with two of his friends, ordinary companions of all his follies, she held out her arms to him; but they took possession of her, and one of the three, I tremble that it was this infernal child, one of the three exclaimed:

«—Jouons à la question, et il faudra bien qu’elle avoue où est son argent. Let's||||||||||||| "Let's play the question, and she will have to admit where her money is.

«Justement le voisin Wasilio était à Bastia; sa femme seule était restée à la maison. "Just the neighbor Wasilio was at Bastia; his wife alone had stayed at home. Nul, excepté elle, ne pouvait ni voir ni entendre ce qui se passait chez ma sœur. No one except her could see or hear what was happening at my sister's house. Deux retinrent la pauvre Assunta, qui ne pouvant croire à la possibilité d’un pareil crime, souriait à ceux qui allaient devenir ses bourreaux, le troisième alla barricader portes et fenêtres, puis il revint, et tous trois réunis, étouffant les cris que la terreur lui arrachait devant ces préparatifs plus sérieux, approchèrent les pieds d’Assunta du brasier sur lequel ils comptaient pour lui faire avouer où était caché notre petit trésor; mais, dans la lutte, le feu prit à ses vêtements: ils lâchèrent alors la patiente, pour ne pas être brûlés eux-mêmes. |held|||||||||||||||||||||||||barricade|||||||||||suffocating|||||||was tearing|||||||||||||||||||||||||||||||||||||let|||||||||| Two of them detained poor Assunta, who could not believe in the possibility of such a crime, smiled at those who were going to be his executioners, the third went to barricade doors and windows, and then came back, and all three together, choking the cries that the terror was tearing him away from these more serious preparations, approaching Assunta's feet with the fire on which they were counting to make him confess where our little treasure was hidden; but in the struggle, fire took possession of her clothes: they then let go of the patient, so as not to be burned themselves. Tout en flammes elle courut à la porte, mais la porte était fermée. All in flames she ran to the door, but the door was closed.

«Elle s’élança vers la fenêtre, mais la fenêtre était barricadée. "She rushed to the window, but the window was boarded up. Alors la voisine entendit des cris affreux: c’était Assunta qui appelait au secours. Then the neighbor heard frightful cries: it was Assunta who called for help. Bientôt sa voix fut étouffée; les cris devinrent des gémissements, et le lendemain, après une nuit de terreur et d’angoisses quand la femme de Wasilio se hasarda de sortir de chez elle et fit ouvrir la porte de notre maison par le juge, on trouva Assunta à moitié brûlée, mais respirant encore, les armoires forcées, l’argent disparu. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||cabinets|forced|| Soon her voice was stifled; the cries became moans, and the next day, after a night of terror and anguish when the wife of Wasilio ventured out of her house and opened the door of our house by the judge, Assunta was found half-burned, but still breathing, the cabinets forced, the money gone. Quant à Benedetto, il avait quitté Rogliano pour n’y plus revenir; depuis ce jour je ne l’ai pas revu, et je n’ai pas même entendu parler de lui. As for Benedetto, he had left Rogliano not to return; since that day I have not seen him again, and I have not even heard of him.

«Ce fut, reprit Bertuccio, après avoir appris ces tristes nouvelles, que j’allai à Votre Excellence. |was||||||||||||| "It was," said Bertuccio, "after hearing this sad news," that I went to Your Excellency. Je n’avais plus à vous parler de Benedetto, puisqu’il avait disparu, ni de ma sœur, puisqu’elle était morte. I no longer had to tell you about Benedetto, since he had disappeared, nor of my sister, since she was dead.

—Et qu’avez-vous pensé de cet événement? “And what did you think of this event? demanda Monte-Cristo.

—Que c’était le châtiment du crime que j’avais commis, répondit Bertuccio. "That it was the punishment of the crime that I had committed," answered Bertuccio. Ah! ces Villefort, c’était une race maudite. these Villefort was a cursed race.

—Je le crois, murmura le comte avec un accent lugubre. "I believe so," murmured the count, with a gloomy accent.

—Et maintenant, n’est-ce pas, reprit Bertuccio, Votre Excellence comprend que cette maison que je n’ai pas revue depuis, que ce jardin où je me suis retrouvé tout à coup, que cette place où j’ai tué un homme, ont pu me causer ces sombres émotions dont vous avez voulu connaître la source; car enfin je ne suis pas bien sûr que devant moi, là, à mes pieds, M. de Villefort ne soit pas couché dans la fosse qu’il avait creusé pour son enfant. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||dug||| "And now, is it not," replied Bertuccio, "your Excellency understands that this house, which I have not seen since, that this garden where I suddenly found myself, that this place where I killed a man, have been able to cause me those dark emotions of which you wished to know the source; for, after all, I am not sure that before me, at my feet, M. de Villefort was not lying in the pit he had dug for his child.

—En effet, tout est possible, dit Monte-Cristo en se levant du banc où il était assis; même, ajouta-t-il tout bas, que le procureur du roi ne soit pas mort. “Indeed, anything is possible,” said Monte-Cristo, rising from the bench where he was seated; even, he added in a low voice, the king's attorney was not dead. L’abbé Busoni a bien fait de vous envoyer à moi. Father Busoni did well to send you to me. Vous avez bien fait de me raconter votre histoire, car je n’aurai pas de mauvaises pensées à votre sujet. You did well to tell me your story, because I will not have bad thoughts about you. Quant à ce Benedetto si mal nommé, n’avez-vous jamais essayé de retrouver sa trace? ||||||named|||||||| As for this so badly named Benedetto, have you never tried to find his trace? n’avez-vous jamais cherché à savoir ce qu’il était devenu? Have you ever tried to find out what had become of him?

—Jamais, si j’avais su où il était, au lieu d’aller à lui, j’aurais fui comme devant un monstre. -Never, if I had known where he was, instead of going to him, I would have fled like a monster. Non heureusement, jamais je n’en ai entendu parler par qui que ce soit au monde, j’espère qu’il est mort. Fortunately, I have never heard from anyone in the world, I hope he died.

—N’espérez pas, Bertuccio, dit le comte; les méchants ne meurent pas ainsi, car Dieu semble les prendre sous sa garde pour en faire l’instrument de ses vengeances. "Do not hope, Bertuccio," said the count; the wicked do not die so, because God seems to take them under his guard to make it the instrument of his vengeance.

—Soit, dit Bertuccio. Let|| "That's it," said Bertuccio. Tout ce que je demande au ciel seulement, c’est de ne le revoir jamais. All I ask in heaven is never to see him again. Maintenant, continua l’intendant en baissant la tête, vous savez tout, monsieur le comte; vous êtes mon juge ici-bas comme Dieu le sera là-haut; ne me direz-vous point quelques paroles de consolation? Now, "continued the steward, lowering his head," you know everything, monsieur le comte; you are my judge here below, as God will be up there; will you not say to me some words of consolation?

—Vous avez raison, en effet, et je puis vous dire ce que vous dirait l’abbé Busoni: celui que vous avez frappé, ce Villefort, méritait un châtiment pour ce qu’il avait fait à vous et peut-être pour autre chose encore. "You are right, indeed, and I can tell you what Father Busoni would say to you: the one you hit, this Villefort, deserved punishment for what he had done to you, and perhaps for something else. again. Benedetto, s’il vit, servira, comme je vous l’ai dit, à quelque vengeance divine, puis sera puni à son tour. Benedetto, if he lives, will serve, as I told you, to some divine vengeance, and then will be punished in his turn. Quant à vous, vous n’avez en réalité qu’un reproche à vous adresser: demandez-vous pourquoi, ayant enlevé cet enfant à la mort, vous ne l’avez pas rendu à sa mère: là est le crime, Bertuccio. As for you, you have only a reproach to ask yourself: ask yourself why, having removed this child to death, you have not returned to his mother: that is the crime, Bertuccio.

—Oui, monsieur, là est le crime et le véritable crime, car en cela j’ai été un lâche. -Yes, sir, that's the crime and the real crime, because in this I've been a coward. Une fois que j’eus rappelé l’enfant à la vie, je n’avais qu’une chose à faire, vous l’avez dit, c’était de le renvoyer à sa mère. Once I had recalled the child to life, I had only one thing to do, as you said, was to send him back to his mother. Mais, pour cela, il me fallait faire des recherches, attirer l’attention, me livrer peut-être; je n’ai pas voulu mourir, je tenais à la vie par ma sœur, par l’amour-propre inné chez nous autres de rester entiers et victorieux dans notre vengeance; et puis enfin, peut-être, tenais-je simplement à la vie par l’amour même de la vie. ||||||||||||deliver|||||||||held||||||||||innate|||||||||||||||||||||||||||| But for that I had to do research, to attract attention, to give myself up perhaps; I did not want to die, I insisted on my sister's life, on our innate self-esteem to remain whole and victorious in our vengeance; and then finally, perhaps, I just kept to life by the very love of life. Oh! moi, je ne suis pas un brave comme mon pauvre frère!»

Bertuccio cacha son visage dans ses deux mains, et Monte-Cristo attacha sur lui un long et indéfinissable regard. |||||||||||||||||indefinable| Bertuccio hid his face in both his hands, and Monte Cristo attached a long and indefinable look to him.

Puis, après un instant de silence, rendu plus solennel encore par l’heure et par le lieu: Then, after a moment of silence, made even more solemn by the hour and the place:

«Pour terminer dignement cet entretien, qui sera le dernier sur ces aventures, monsieur Bertuccio, dit le comte avec un accent de mélancolie qui ne lui était pas habituel, retenez bien mes paroles, je les ai souvent entendu prononcer par l’abbé Busoni lui-même: À tous maux il est deux remèdes: le temps et le silence. ||dignified|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||ills||||remedies||||| "To finish this conversation worthily, who will be the last on these adventures, Monsieur Bertuccio," said the count, with an accent of melancholy, which was not usual to him, "hold back my words, I have often heard them pronounced by Father Busoni Even to all evil there are two remedies: time and silence. Maintenant, monsieur Bertuccio, laissez-moi me promener un instant dans ce jardin. Ce qui est une émotion poignante pour vous, acteur dans cette scène, sera pour moi une sensation presque douce et qui donnera un double prix à cette propriété. |||||poignant||||||scene|||||||||||||||| What is a poignant emotion for you, actor in this scene, will be for me an almost sweet feeling and that will give a double price to this property. Les arbres, voyez-vous, monsieur Bertuccio ne plaisent que parce qu’ils font de l’ombre, et l’ombre elle-même ne plaît que parce qu’elle est pleine de rêveries et de visions. The trees, you see, Monsieur Bertuccio only please because they are shadows, and the shade itself only pleases because it is full of reveries and visions. Voilà que j’ai acheté un jardin croyant acheter un simple enclos fermé de murs, et point du tout, tout à coup cet enclos se trouve être un jardin tout plein de fantômes, qui n’étaient point portés sur le contrat. Now I bought a garden thinking to buy a simple enclosure closed with walls, and not at all, suddenly this enclosure happens to be a garden full of ghosts, which were not carried on the contract. Or, j’aime les fantômes; je n’ai jamais entendu dire que les morts eussent fait en six mille ans autant de mal que les vivants en font en un jour. Or|||||||||||||||||||||||||||| Now, I like ghosts; I have never heard that the dead would have done in six thousand years as much harm as the living do in a day. Rentrez donc, monsieur Bertuccio, et allez dormir en paix. Si votre confesseur, au moment suprême, est moins indulgent que ne le fut l’abbé Busoni, faites-moi venir si je suis encore de ce monde, je vous trouverai des paroles qui berceront doucement votre âme au moment où elle sera prête à se mettre en route pour faire ce rude voyage qu’on appelle l’éternité.» |||||||||||||||||||||||||||||||will soothe|||||||||||||||||||||| If your confessor, at the supreme moment, is less indulgent than was the Abbe Busoni, make me come if I am still of this world, I will find you words that gently rock your soul when it is ready to be set off on this rough journey called eternity. "

Bertuccio s’inclina respectueusement devant le comte, et s’éloigna en poussant un soupir. Bertuccio bowed respectfully before the count, and went away with a sigh.

Monte-Cristo resta seul; et, faisant quatre pas en avant: Monte Cristo remained alone; and, taking four steps forward:

«Ici, près de ce platane, murmura-t-il, la fosse où l’enfant fut déposé: là-bas, la petite porte par laquelle on entrait dans le jardin; à cet angle, l’escalier dérobé qui conduit à la chambre à coucher. "Here, near this plane-tree," murmured he, "the pit where the child was placed; there, the little door through which one entered the garden; at this angle, the hidden staircase leading to the bedroom. Je ne crois pas avoir besoin d’inscrire tout cela sur mes tablettes, car voilà devant mes yeux, autour de moi, sous mes pieds, le plan en relief, le plan vivant.» ||||||||||||||||||||||||plan||||| I do not think I need to put all this on my tablets, because here before my eyes, around me, under my feet, the plan in relief, the living plan. "

Et le comte, après un dernier tour dans ce jardin, alla retrouver sa voiture. Bertuccio, qui le voyait rêveur, monta sans rien dire sur le siège auprès du cocher. Bertuccio, who saw him as a dreamer, mounted without a word on the seat beside the coachman.

La voiture reprit le chemin de Paris.

Le soir même, à son arrivée à la maison des Champs-Élysées, le comte de Monte-Cristo visita toute l’habitation comme eût pu le faire un homme familiarisé avec elle depuis de longues années; pas une seule fois, quoiqu’il marchât le premier, il n’ouvrit une porte pour une autre, et ne prit un escalier ou un corridor qui ne le conduisît pas directement où il comptait aller. The same evening, on his arrival at the house of the Champs-Elysees, the Comte de Monte-Cristo visited the whole dwelling as a man familiar with it for many years could have done; not once, although he was the first to march, he did not open a door for another, and took a staircase or a corridor which did not lead him directly where he intended to go. Ali l’accompagnait dans cette revue nocturne. Ali accompanied him in this night review. Le comte donna à Bertuccio plusieurs ordres pour l’embellissement ou la distribution nouvelle du logis, et tirant sa montre, il dit au Nubien attentif: The count gave Bertuccio several orders for the embellishment or the new distribution of the house, and drawing his watch, he said to the attentive Nubian:

«Il est onze heures et demie, Haydée ne peut tarder à arriver. "It is half-past eleven, Haydee can not wait to arrive. A-t-on prévenu les femmes françaises?» Have French women been warned? ”

Ali étendit la main vers l’appartement destiné à la belle Grecque, et qui était tellement isolé qu’en cachant la porte derrière une tapisserie on pouvait visiter toute la maison sans se douter qu’il y eût là un salon et deux chambres habités; Ali, disons-nous donc, étendit la main vers l’appartement, montra le nombre trois avec les doigts de sa main gauche, et sur cette même main, mise à plat, appuyant sa tête, ferma les yeux en guise de sommeil. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||supporting||||||||| Ali stretched out his hand towards the apartment for the beautiful Greek, who was so isolated that by hiding the door behind a tapestry one could visit the whole house without suspecting that there was a living room and two inhabited rooms; Ali, we say, stretched out his hand towards the apartment, showed the number three with the fingers of his left hand, and on this same hand, lying flat, resting his head, shut his eyes in the direction of sleep.

«Ah! “Ah! fit Monte-Cristo, habitué à ce langage, elles sont trois qui attendent dans la chambre à coucher, n’est-ce pas? said Monte Cristo, accustomed to this language, "there are three of them waiting in the bedroom, are not they?

—Oui, fit Ali en agitant la tête de haut en bas. “Yes,” Ali said, shaking his head up and down.

—Madame sera fatiguée ce soir, continua Monte-Cristo, et sans doute elle voudra dormir; qu’on ne la fasse pas parler: les suivantes françaises doivent seulement saluer leur nouvelle maîtresse et se retirer; vous veillerez à ce que la suivante grecque ne communique pas avec les suivantes françaises.» |||||||||||||||||||||||||greet|||||||||||||following|||||||| "Madame will be tired tonight," continued Monte Cristo, "and no doubt she will want to sleep; that they do not make her speak: the French French must only greet their new mistress and retire; you will make sure that the following Greek does not communicate with the following French.

Ali s’inclina. Ali bowed. Bientôt on entendit héler le concierge; la grille s’ouvrit, une voiture roula dans l’allée et s’arrêta devant le perron. |||hail||||||||||||||| Soon the concierge was hailed; the gate opened, a car rolled down the alley and stopped in front of the porch. Le comte descendit; la portière était déjà ouverte; il tendit la main à une jeune femme enveloppée d’une mante de soie verte toute brodée d’or qui lui couvrait la tête. The count went down; the door was already open; he held out his hand to a young woman wrapped in a green silk mantle all embroidered with gold which covered her head.

La jeune femme prit la main qu’on lui tendait, la baisa avec un certain amour mêlé de respect, et quelques mots furent échangés, tendrement de la part de la jeune femme et avec une douce gravité de la part du comte, dans cette langue sonore que le vieil Homère a mise dans la bouche de ses dieux. The young woman took the hand that was being handed to her, kissed it with a certain respectful love, and a few words were exchanged, tenderly on the part of the young woman and with a gentle gravity on the part of the count, in this language. sound that the old Homer put in the mouth of his gods.

Alors, précédé d’Ali qui portait un flambeau de cire rose, la jeune femme, laquelle n’était autre que cette belle Grecque, compagne ordinaire de Monte-Cristo en Italie, fut conduite à son appartement, puis le comte se retira dans le pavillon qu’il s’était réservé. ||||||torch|||||||||||||||||||||||||||||||||||| Then, preceded by Ali who carried a torch of pink wax, the young woman, who was none other than this beautiful Greek, ordinary companion of Monte Cristo in Italy, was taken to her apartment, and then the count retired to the flag he had reserved.

À minuit et demi, toutes les lumières étaient éteintes dans la maison, et l’on eût pu croire que tout le monde dormait. ||||||||extinguished||||||||||||| At half past midnight all the lights were off in the house, and one would have thought that everyone was asleep.