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Chronique de Gérard Leclerc. 1., 09. Une identité malheureuse ?

09. Une identité malheureuse ?

La prise de distance que je me suis toujouirs imposée avec les options politiques dans cette chronique n'implique nullement que je sois indifférent à ce qui se joue de fondamental sur la scène publique.

D'ailleurs, il m'arrive d'intervenir de mon point de vue, qui n'est pas forcément celui de Sirius, pour donner mon sentiment sur le débat de fond, en m'efforçant à une certaine neutralité partisane qui ne consonne pas avec une neutralité philosophique.

Or, dans les discussions présentes, qui divisent farouchement l'opinion publique et les commentateurs, la question de l'identité, qu'elle soit nationale ou culturelle, est souvent invoquée. Alain Finkielkraut parle même d'« identité malheureuse », soulignant ainsi comment le sujet peut être âpre et douloureux.

Serions-nous condamnés à nous battre entre affirmation identitaire, soupçonnée de provoquer le rejet de l'autre et ouverture mondialiste, soupçonnée d'araser les cultures au profit des effets de domination économique ? Je ne suis pas sûr que les logiques binaires soient toujours les plus pertinentes.

La vie est souvent [plus] complexe que ne le laissent penser les divisions idéologiques. Ce qui ne veut pas dire, par ailleurs, que lesdites divisions ne reflètent pas des enjeux importants, qu'il importe de prendre en compte, [tout] en tâchant d'envisager des compromis raisonnables. Je pensais à cette querelle des identités culturelles, en lisant ces jours-ci le joli livre que Laurent Dandrieu [1] a écrit sur la rencontre manquée entre le roi Louis XIV et le grand architecte italien qu'était Le Bernin.

Rencontre manquée, parce que la venue à Paris de l'artiste n'aboutit pas à l'achèvement du Louvre envisagé par le roi. Deux cultures s'opposaient, deux conceptions de l'art s'affrontaient.

Mais au bout du compte, la France n'était pas indemne de cette confrontation avec la Rome baroque. Un nouveau style français allait s'affranchir, donner des chefs-d'œuvre dans lesquels nous nous identifions encore aujourd'hui. Conclusion : il y a un nécessaire et bénéfique échange des cultures, mais cet échange n'empêche pas l'affirmation des différences et des spécificités.

Un monde unifié [et] uniforme serait décidément triste. Encore faut-il qu'un monde différencié soit également fraternel. C'est la grâce que je nous souhaite en cette fin d'année. Notes [1] Laurent Dandrieu, Le roi et l'architecte.

Louis XIV, Le Bernin et la fabrique de la gloire, Le Cerf.

09. Une identité malheureuse ? 09. Eine unglückliche Identität? 09\. An unhappy identity? 09. ¿Una identidad desafortunada? 09. هویت ناراضی؟ 09. Un'identità sfortunata? 09. Een ongelukkige identiteit? 09. Uma identidade infeliz? 09. 不快乐的身份? 09. 不快樂的身份?

La prise de distance que je me suis toujouirs imposée avec les options politiques dans cette chronique n’implique nullement que je sois indifférent à ce qui se joue de fondamental sur la scène publique. The distance that I have always imposed on myself with political options in this column does not imply that I am indifferent to what is fundamentally played out on the public scene. 我在本專欄中一直對自己的政治選擇保持距離,但這並不意味著我對公共舞台上發生的根本性事情漠不關心。

D’ailleurs, il m’arrive d’intervenir de mon point de vue, qui n’est pas forcément celui de Sirius, pour donner mon sentiment sur le débat de fond, en m’efforçant à une certaine neutralité partisane qui ne consonne pas avec une neutralité philosophique. Moreover, I happen to intervene from my point of view, which is not necessarily that of Sirius, to give my opinion on the substantive debate, by striving for a certain partisan neutrality which does not sound with philosophical neutrality. 此外,我有時會從我的觀點(不一定是天狼星的觀點)進行幹預,以表達我對基本辯論的感受,爭取某種黨派中立,這聽起來並不符合哲學中立。

Or, dans les discussions présentes, qui divisent farouchement l’opinion publique et les commentateurs, la question de l’identité, qu’elle soit nationale ou culturelle, est souvent invoquée. However, in the current discussions, which fiercely divide public opinion and commentators, the question of identity, whether national or cultural, is often invoked. 然而,在目前公眾輿論和評論員分歧嚴重的討論中,人們經常提到身分認同問題,無論是民族認同或文化認同。 Alain Finkielkraut parle même d'« identité malheureuse », soulignant ainsi comment le sujet peut être âpre et douloureux. Alain Finkielkraut even speaks of “unhappy identity”, thus underlining how the subject can be harsh and painful. 阿蘭·芬基爾克勞特甚至談到了“不快樂的身份”,從而強調了這個主題是如何痛苦的。

Serions-nous condamnés à nous battre entre affirmation identitaire, soupçonnée de provoquer le rejet de l’autre et ouverture mondialiste, soupçonnée d’araser les cultures au profit des effets de domination économique ? Would we be condemned to fight between affirmation of identity, suspected of provoking the rejection of the other, and globalist openness, suspected of leveling cultures in favor of the effects of economic domination? 我們是否注定要在認同(被懷疑會激起對方的拒絕)和全球主義開放(被懷疑為了經濟統治的影響而拉平文化)之間展開鬥爭? Je ne suis pas sûr que les logiques binaires soient toujours les plus pertinentes. I'm not sure binary logics are always the most relevant. 我不確定二進制邏輯總是最相關的。

La vie est souvent [plus] complexe que ne le laissent penser les divisions idéologiques. Life is often [more] complex than ideological divisions suggest. Ce qui ne veut pas dire, par ailleurs, que lesdites divisions ne reflètent pas des enjeux importants, qu’il importe de prendre en compte, [tout] en tâchant d’envisager des compromis raisonnables. Which does not mean, moreover, that the said divisions do not reflect important issues, which it is important to take into account, [while] trying to consider reasonable compromises. Je pensais à cette querelle des identités culturelles, en lisant ces jours-ci le joli livre que Laurent Dandrieu [1] a écrit sur la rencontre manquée entre le roi Louis XIV et le grand architecte italien qu’était Le Bernin.

Rencontre manquée, parce que la venue à Paris de l’artiste n’aboutit pas à l’achèvement du Louvre envisagé par le roi. Deux cultures s’opposaient, deux conceptions de l’art s’affrontaient.

Mais au bout du compte, la France n’était pas indemne de cette confrontation avec la Rome baroque. Un nouveau style français allait s’affranchir, donner des chefs-d’œuvre dans lesquels nous nous identifions encore aujourd’hui. Conclusion : il y a un nécessaire et bénéfique échange des cultures, mais cet échange n’empêche pas l’affirmation des différences et des spécificités.

Un monde unifié [et] uniforme serait décidément triste. Encore faut-il qu’un monde différencié soit également fraternel. C’est la grâce que je nous souhaite en cette fin d’année. Notes [1] Laurent Dandrieu, Le roi et l’architecte.

Louis XIV, Le Bernin et la fabrique de la gloire, Le Cerf.