Journal en français facile 25 janvier 2018
Céline Pellarin : Vous écoutez RFI, il est 20h en temps universel.
21h à Paris. Bienvenue dans votre Journal en français facile. C'est Zéphirin Kouadio qui le présente avec moi aujourd'hui. Bonsoir Zéphirin. Zéphirin Kouadio : Bonsoir Céline, bonsoir à tous.
CP : À la une de ce journal en français facile, une offensive turque en Syrie.
L'armée d'Ankara vise des groupes kurdes. Mais cela à des conséquences pour les populations en Syrie comme en Turquie. De part et d'autre de la frontière d'où est fait le reportage de nos envoyés spéciaux. ZK : Nous irons aussi aux États-Unis où le président Trump lâche du lest, il relâche la pression sur la question des dreamers.
Alors qui sont ces dreamers, ces rêveurs en français, la réponse dans quelques minutes. CP : Enfin nous parlerons d'une nouvelle prouesse scientifique.
Une réussite fascinante, mais également un peu inquiétante. C'est Simon Rozé qui nous expliquera tout ça à la fin du journal. ------
ZK : Et on commence Céline par l'opération turque sur l'enclave kurde d'Afrine en Syrie qui se poursuit.
CP : On dénombre plusieurs dizaines de victimes selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, depuis le début de l'offensive qui s'est déroulée en moins d'une semaine.
Du côté turc de la frontière, on enterrait deux victimes civiles ce midi. Deux personnes mortes hier dans la chute de roquettes sur la ville frontalière de Kilis, où se sont rendus nos envoyés spéciaux Murielle Paradon et Julien Boileau. Des centaines de personnes prient, dans le froid, devant les deux cercueils recouverts d'un tissu vert, la couleur de l'islam et d'un drapeau turc.
Gokhan Cekic, vingt-six ans, habite Kilis, il est venu rendre hommage aux deux victimes tuées par la chute de roquettes sur la ville. « Les martyrs sont très importants dans notre communauté. Nous sommes venus leur rendre hommage parce que ce sont de gens d'ici. Ils sont morts pour la patrie. » Une victime est turque, l'autre syrienne. Beaucoup de Syriens se sont réfugiés côté turc, à Kilis, après des années de guerre dans leur pays. Abdullah Tabak, un cousin, assiste aux funérailles, fataliste. « Nous sommes des réfugiés, mon cousin était chez lui, il est allé la mosquée et voilà, il est mort, c'est la volonté de Dieu ». Les cercueils sont emportés au cimetière, tandis qu'au loin on entend les tirs de l'armée turque en direction d'Afrine en Syrie. ZK : Et on part aux États-Unis pour parler des rêveurs.
CP : Les dreamers comme on les appelle, sont de jeunes immigrés clandestins qui sont arrivés enfants dans le pays.
Sous la présidence Obama on leur a fourni un statut, mais Donald Trump a décidé de stopper ce programme de protection, le Daca. Une catastrophe pour ces millions de personnes qui ont grandi aux États-Unis. Donald Trump cependant adoucit sa position. Les dreamers sous certaines conditions pourront obtenir la nationalité américaine. Pas de générosité soudaine de la part du président américain, mais plutôt un geste politique: la question de l'immigration étant en effet au cœur du bras de fer entre Républicains et Démocrates sur le vote du budget. Juliette Gheerbrant.
C'est un premier geste encore flou, mais un geste qui va dans le sens du dialogue.
Donald Trump esquisse une réponse à la principale urgence : le statut des sans-papiers arrivés aux États-Unis quand ils étaient enfants, aujourd'hui menacés par l'abrogation du programme DACA qui leur permettait d'étudier ou de travailler. Désormais le président n'exclut plus complètement de leur octroyer la nationalité. « Disons que pendant dix à douze ans des gens font un excellent travail. Et pour ça il faut leur donner des encouragements. Bref ils bossent dur, leur réussite est formidable - qu'ils aient monté une petite entreprise, ou qu'ils soient employés. Enfin quelle que soit leur activité, c'est bien qu'ils sachent qu'après un certain nombre d'années, ils auront la possibilité de devenir citoyens ». Environ sept cent mille personnes qui ont grandi aux États-Unis sont menacées d'expulsion à partir du 5 mars. Et l'opposition n'est pas la seule à dénoncer la suppression du programme DACA, les entrepreneurs se sont aussi inquiétés de perdre de la main d'œuvre. Le gouvernement présentera lundi son projet législatif sur l'immigration, un projet « susceptible d'être accepté par les démocrates » selon la porte-parole de la Maison-Blanche. ZK : Explications signées, Juliette Gheerbrant.
Le Venezuela coupe les ponts avec l'Espagne. Une rupture diplomatique. CP : Le Venezuela a en effet expulsé l'ambassadeur d'Espagne.
Une réprimande, une conséquence après les sanctions imposées au pouvoir de Caracas par l'Union européenne. Bruxelles sanctionne la politique menée par le président vénézuélien Nicolas Maduro. ZK : En Inde, le cinéma provoque parfois des polémiques voire des violences.
CP : C'est le cas avec le film Padmavaat.
L'histoire de l'une des reines mythiques les plus vénérées de la caste des guerriers Rajputs. Une caste étant un groupe social plus ou moins puissant et qui s'organise dans la société, c'est le cas en Inde. Ce film est totalement rejeté par cette communauté des Rajputs qui ont tout fait pour empêcher sa sortie sur les écrans. Hier, après les menaces, ce sont des violences qui ont eu lieu dans plusieurs États du nord de l'Inde. Évidemment cela inquiète Bollywood, l'énorme industrie du cinéma indien. Correspondance de Sébastien Farcis. Ce mercredi à Gurgaon, la cité d'affaires de New Delhi.
Un bus scolaire est caillassé, les enfants, terrorisés, se réfugient sous les sièges. Dehors, c'est un climat de révolte urbaine. Comme dans plusieurs Etats du nord de l'Inde, des centaines de jeunes enragés brûlent les voitures ou saccagent des cinémas, afin d'empêcher la diffusion du film Padmavaat. Ils répondent à l'appel d'un groupe radical de la caste des Rajputs. Celui-ci affirme que Bollywood est en train de souiller la mémoire d'une de leurs reines mythiques du quatorzième siècle. L'histoire est tirée d'une fable, quasiment personne n'a encore vu le film, mais qu'importe, c'est l'honneur de cette communauté guerrière qui serait en jeu. Selon Gaurav Bose, producteur de films à Bombay, ce rare niveau de violence est très préoccupant. « Les gens n'acceptent plus que l'on parle de leur histoire si on ne fait pas partie de leur communauté. Ce n'est même plus un problème de contenu, c'est simplement qu'ils s'arrogent le monopole de ce récit. Et en tant que réalisateur de films, c'est une situation très délicate. Car en Inde, nous avons cinquante religions, cinquante groupes politiques et sociaux, avec cinquante versions différentes de leur histoire. Et il est donc très difficile de ne pas vexer l'un d'entre eux ». Les propriétaires de salles de quatre États indiens ont déjà cédé à la menace, et refusé de diffuser Padmavaat par peur de subir de nouvelles violences. ZK : Est-ce que vous vous souvenez de Dolly?
Une célébrité des années 1990. CP : Dolly n'était ni une actrice ni une chanteuse, mais une brebis clonée.
C'était une première mondiale. Le clonage étant une manipulation génétique: on copie une cellule vivante. On a donc au final deux animaux génétiquement identiques. Si on reparle de Dolly et du clonage aujourd'hui, c'est que des scientifiques chinois ont réussi à cloner deux singes. Une prouesse dont le but est de mieux soigner les humains, mais dont l'éthique, la morale est critiquée. Simon Rozé. En 1996 naissait la brebis Dolly, le premier animal cloné.
Depuis, des souris, des chats, des chiens ont vu le jour de la même manière. Mais jamais nos plus proches cousins, les singes, n'avaient pu être clonés. C'est désormais chose faite, les macaques Zong Zong et Hua Hua partagent le même code génétique, que leurs parents, si on peut dire. Pour y parvenir, il faut prendre d'un côté une cellule de l'individu que l'on souhaite cloner. On ne garde que son noyau, qui contient l'information génétique. De l'autre côté, sur une femelle, on prélève une cellule reproductrice : un ovocyte et on enlève son noyau. L'idée, c'est d'insérer l'information génétique du premier individu dans l'ovocyte. Après quelques jours, un embryon apparaît et il est transféré dans l'utérus d'une mère porteuse. L'enfant qui naîtra sera alors un clone, avec exactement le même code génétique que le premier individu. Mais cette manipulation a un très fort taux d'échec. Il a fallu soixante-dix-neuf tentatives avant que Zong Zong et Hua Hua ne naissent. C'est pour cette raison qu'elle n'est pas envisageable pour l'homme, malgré la proximité entre notre espèce et les macaques. Selon les chercheurs, le but ne serait d'ailleurs pas le clonage humain, mais l'étude de maladies génétiques sur des espèces proches de nous. Une pratique qui est aujourd'hui acceptée par les comités d'éthique en Chine, mais également aux États-Unis. CP : Continuons à parler de sciences.
L'humain augmenté, c'est un humain qui est amélioré par des implants technologiques dans son corps. Une sorte d'homme-machine. Ce n'est plus de la science-fiction depuis déjà quelques années. Mais aujourd'hui on a appris qu'une personne qui perdait la vue à cause d'une maladie liée à l'âge a reçu un œil bionique. C'est un œil qui est une machine, en fait, reliée au cerveau du patient et qui lui permet de voir. L'entreprise française voudrait le commercialiser, cet œil bionique, en Europe à partir de 2021. Et puis un petit mot des Canadiens qui ont dépensé presque 6 milliards de dollars en cannabis en 2017. En termes de valeur, la production de "l'industrie du cannabis égale l'industrie de la bière" et est « plus grande que l'industrie du tabac », selon Statistique Canada. ZK : Et puis cette bonne nouvelle pour RFI.
CP : Radio France internationale a reçu le « Grand Prix Radio Francophone publique ».
Une récompense remise dans le cadre des Grands Prix Radio 2018. C'est la fin de cette édition, réalisée par Laurent Philippot. Et présenté avec Zéphirin Kouadio. Merci à tous les deux. On se retrouve demain! ZK : À demain Céline.