Journal en français facile 25 juin 2017
Florent Guignard : Radio France Internationale, il est 20 heures en temps universel, 22 heures à Paris
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FG Bonsoir, bienvenue dans le journal en français facile, et j'ai le plaisir de retrouver Zéphirin Kouadio, bonsoir Zéphirin.
Zéphirin Kouadio : Bonsoir Florent, bonsoir à tous.
FG Au sommaire de ce journal, Zéphirin, la campagne législative en Allemagne :
ZK Avec un discours de Martin Schulz, le chef de file des sociaux-démocrates, particulièrement offensif contre la chancelière allemande Angela Merkel.
FG Des tensions diplomatiques entre les Pays-Bas et le Maroc : Rabat rappelle son ambassadeur en poste à La Haye, et réclame l'extradition d'un trafiquant de drogue accusé de soutenir la contestation populaire dans le nord du Maroc.
ZK Et puis en France, Marielle de Sarnez, après avoir dû quitter le gouvernement, à cause de l'affaire des emplois présumés fictifs au parlement européen, renonce à présider le groupe parlementaire de son parti le Modem à l'Assemblée nationale.
FG Rendez-vous enfin avec Yvan Amar, et « L'expression de la semaine » : la « révolution de palais » en Arabie saoudite
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ZK Et on commence ce journal avec la politique allemande. Les sociaux-démocrates, la gauche allemande, se mettent en ordre de bataille avant les élections législatives du 24 septembre prochain.
FG En ordre de bataille... le parti social-démocrate, le SPD, se prépare à lancer la bataille des législatives. Il tenait aujourd'hui son congrès à Dortmund, où il a adopté le programme qu'il présentera aux électeurs. Mais ce qu'on a surtout retenu de cette journée, Zéphirin, c'est le discours musclé, offensif, presque agressif, qu'a prononcé Martin Schulz, le chef de file du SPD pour ces législatives. C'est lui, l'ancien président du parlement européen, qui deviendrait premier ministre si le SPD gagnait les élections. Face à lui, Angela Merkel, la chancelière, qui tentera de briguer, d'obtenir un quatrième mandat à la tête du gouvernement allemand. Angela Merkel, et son parti, le parti conservateur, la CDU, sont toujours largement en tête des sondages. Ce qui peut expliquer le changement de ton adopté par Martin Schulz : aujourd'hui, les sociaux-démocrates gouvernent avec les conservateurs, il leur faut se distinguer, ils doivent marquer leurs différences, pour espérer remporter les élections de septembre. Envoyé spécial à Dortmund, Pascal Thibault
« Une attaque contre la démocratie ». Rien de moins. Martin Schulz, le candidat du SPD à la chancellerie, a décidé de changer de braquet et de s'en prendre ouvertement à la tenante du titre Angela Merkel. Il lui reproche, en personnalisant le pouvoir sur sa personne et en évitant de prendre position, de nuire au débat démocratique. A trois mois, des élections générales, les sociaux-démocrates, qui accusent un retard de 15 points dans les sondages sur leurs concurrents conservateurs, adoptent leur programme et attaquent de front la chancelière. Martin Schulz : « Le SPD est garant de la justice sociale et de la solidarité dans une période pleine de bouleversements. Nous voulons des retraites sûres, une plus grande égalité des chances à l'école et plus de justice salariale. Les chrétiens-démocrates croient sans le dire que rien ne doit changer dans ces domaines. » Martin Schulz, qui s'était vu reprocher dans un premier temps le flou de ses propositions, a depuis présenté des propositions concrètes sur les finances publiques, les retraites, la sécurité ou les questions d'éducation. Mais le candidat social-démocrate peine à convaincre les électeurs que ses propositions sont meilleures pour le pays que celles d'Angela Merkel. La chancelière, dont la popularité est à nouveau au zénith, profite d'une situation économique positive et des crises internationales pour lesquelles sa personnalité et son expérience rassurent les Allemands. Pascal Thibaut, Dortmund, RFI.
ZK Il y avait aujourd'hui des élections législatives en Albanie
FG Le Parti socialiste au pouvoir arrive largement en tête, selon les premiers résultats. Le scrutin a été marqué par une forte abstention. 44% seulement des électeurs sont allés voter.
ZK Une crise diplomatique entre les Pays-Bas et le Maroc.
FG Le Maroc a rappelé son ambassadeur en poste au Pays-Bas, pour réclamer l'extradition, le renvoi au Maroc, d'un trafiquant de drogue par ailleurs accusé par Rabat de soutenir la contestation sociale dans le Rif, vous savez, cette région du nord du Maroc où ont lieu depuis plusieurs mois des manifestations populaires presque quotidiennes. A Bruxelles, correspondance régionale de Quentin Dickinson.
L'homme au centre de ce litige néerlando-marocain s'appelle Saïd Chaou. Côté face il s'agit d'un ancien parlementaire, côté sombre il s'agirait d'un trafiquant de stupéfiants à grande échelle recherché par la police de son pays. Deux mandats d'arrêt internationaux ont été délivrés à son encontre, l'un en 2010, l'autre cinq ans après, notamment pour un trafic auquel il se serait livré entre le Maroc et l'Espagne. Arrêté à Rosendaël, à la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas, il est depuis cette date détenu dans ce dernier pays. Plusieurs réunions de travail ont eu lieu à son sujet entre les autorités marocaines et néerlandaises, sans toutefois que ces dernières accèdent à la demande d'extradition formulée par Rabat. C'est qu'entre-temps l'affaire s'est compliquée par les prises de position publiques de Saïd Chaou, qui apporte son soutien qu'il qualifie de « politique » aux partisans de l'indépendance de la région marocaine du Rif, agitée par des mouvements de protestation. Cela n'améliore évidemment en rien le cas de Monsieur Chaou et le gouvernement néerlandais s'en trouve bien embarrassé. Cependant, la décision du Maroc de rappeler en consultation son ambassadeur en poste à La Haye l'a pris de court et les ministres des Affaires étrangères et de la Justice des Pays-Bas disent trouver « inutile » et « incompréhensible » la réaction marocaine. Quentin Dickinson, à Bruxelles, RFI.
ZK La politique française, à présent : Marielle de Sarnez, proche de François Bayrou, jette l'éponge.
FG Elle jette l'éponge, comme un boxeur sur le ring pour éviter le KO : mise en cause dans l'affaire des emplois présumés fictifs de son parti le MoDem, au parlement européen, Marielle de Sarnez avait été évincée, sortie du gouvernement où elle était ministre des Affaires européennes. Et ce matin, elle a renoncé à présider le groupe parlementaire du Modem à l'Assemblée nationale. Véronique Rigolet.
Evincée du gouvernement, fragilisé par les soupçons d'emplois fictifs d'assistants au Parlement européen, Marielle de Sarnez ne prendra pas non plus la tête du groupe MoDem à l'Assemblée nationale. Anticipant l'élection à ce poste de Marc Fesneau, l'actuel secrétaire général du MoDem, l'ex-ministre proche de François Bayrou aura préféré jeter l'éponge à la mi-journée, indiquant sa candidature à la présidence d'une commission à l'Assemblée. Son arrivée annoncée - et imposée, presque - à la tête du groupe Modem avait reçu la semaine passée un accueil mitigé, la grande majorité des 42 députés centristes lui préférant très largement Marc Fesneau. C'est lui qui a permis au mouvement, expliquent ses collègues, de fonctionner ces dernières années en pleine traversée du désert, alors que l'eurodéputée Marielle de Sarnez officiait à Bruxelles. Ephémère ministre, recalée à la tête du groupe, Marielle de Sarnez ne cachait pas son amertume samedi sur les réseaux sociaux, affirmant notamment sur Facebook avoir vécu, je cite, « les semaines les plus tristes de sa vie politique ».
FG RFI, il est 22 heures 8 à Paris
ZK Et on retrouve à présent, comme tous les dimanches, « L'expression de la semaine » :
FG Ivan Amar revient avec nous sur « la révolution de palais » qui a eu lieu cette semaine en Arabie saoudite.
Le paysage politique semble changer en Arabie saoudite : l'un des fils du roi, Mohammed Ben Salmane, ministre de la défense, vient d'être choisi pour succéder à son père, lorsque la place sera à prendre. Et Mohammed Ben Nayef, l'héritier présomptif, c'est-à-dire celui qui passait pour le prochain roi, vient d'être évincé, c'est-à-dire écarté. Alors, on parle de « révolution de palais ». Est-ce qu'on prend l'expression dans son sens habituel ? Pas vraiment : le plus souvent, on l'utilise, cette expression, lorsqu'il y a un vrai changement de pouvoir. Ce n'est pas le cas, même si les rapports de force sont modifiés. Donc une révolution de palais c'est un coup d'Etat : le pouvoir change de main. Mais tout cela se fait de façon assez furtive, c'est-à-dire sans faire de bruit : le monarque, ou le chef de l'Etat, est renversé, en général par un proche, souvent par un membre de sa famille. Et le peuple n'est pour rien dans ce conflit. La population n'est même pas au courant : elle le sera quand cette bousculade sera terminée. Et le plus souvent, les lignes politiques principales ne changent pas : une révolution de palais, c'est le résultat de luttes internes dans la famille régnante, ou dans l'entourage du souverain : c'est un affrontement qui repose sur l'ambition, sur leur goût du pouvoir. Où cela ? Eh bien, l'expression s'emploie plus facilement à propos des Etats orientaux, probablement à cause du souvenir de l'image qu'on en avait dans la littérature classique, au 17e, 18esiècle : on parle des intrigues, des complots du sérail, c'est-à-dire du palais : il n'y en avait pas plus qu'ailleurs mais cela faisait partie de la littérature occidentale.
FG C'est la fin de ce journal en français facile, que vous pouvez retrouver sur le site RFI Savoirs. 22 heures 10 à Paris.