Mettre le doigt dans l'engrenage
Être entraîné dans un enchaînement de situations, généralement désagréables, auquel on ne peut échapper.
Se lancer imprudemment dans une action dont les conséquences seront néfastes, sans pouvoir s'en sortir. Un système d'engrenages de grande taille (dans un moulin, par exemple), peut devenir mortel pour peu qu'une partie d'un bonhomme (un membre, un vêtement) y soit happé, entraînant le reste du malheureux à se faire partiellement broyer dans cette mécanique stupide à laquelle ne vient même pas l'idée d'arrêter rapidement son mouvement.
C'est simplement de l'image de cet entraînement irrémédiable et non maîtrisable dans un enchaînement de situations désagréables que vient notre expression qui date du milieu du XIXe siècle.
Le 'doigt' y symbolise le début de ce qui a été entrepris à tort, sans penser que le bras et le reste du corps pouvaient être entraînés à la suite, sans échappatoire possible ; et "l'engrenage", ce mécanisme sans âme qu'on ne peut plus arrêter, représente l'enchaînement non maîtrisable des situations qu'il faut subir.
Si l'expression est relativement récente, il est intéressant de savoir que 'engrenage' est un dérivé du verbe 'engrener' qui, au sens propre et au XVIIe siècle, probablement par influence de 'encrené' qui voulait dire "entaillé de crans", signifiait "faire entrer les dents d'une roue dans les espaces séparant les dents d'une autre roue".