Journal en français facile 29/05/2020 20h00 GMT
Bienvenue sur Radio France Internationale, il est 22h à Paris, 20h en temps universel, et c'est l'heure de votre Journal en français facile. Jérôme Bastion : Et à la Une de l'actualité de ce vendredi 29 mai, tout d'abord : - les États-Unis sur un volcan, avec des manifestations de protestation de plus en plus violentes et qui essaiment dans tout le pays, à la suite de l'interpellation brutale d'un citoyen noir qui lui avait coûté la vie. Nous serons à Minneapolis dans un instant.
- la situation de Hong Kong préoccupe la communauté internationale, après l'adoption d'une loi qui renforce la mainmise de Pékin sur l'archipel. Washington annonce comme promis la suspension des exemptions commerciale dont bénéficiait cette enclave anciennement britannique, où la peur gagne la jeunesse. Vous l'entendrez. - et puis retour en France : nous parlerons des mesures de déconfinement annoncées par le gouvernement hier, et aussi des critères qui permettront de suivre l'évolution de la pandémie pour aller vers encore plus de déconfinement ou pas. ------
JB : Aux États-Unis, après trois nuits d'émeutes violentes à Minneapolis, le policier blanc accusé de la mort du citoyen noir George Floyd a été inculpé d'homicide involontaire, selon le bureau du procureur local. C'est son arrestation particulièrement violente, la nuque coincée sous le genou d'un policier, lundi dernier, qui a soulevé l'indignation non seulement de la communauté noire, mais également de l'ancien président Obama, du candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden, de la Commissaire de l'ONU aux Droits de l'Homme Michèle Bachelet également. Toujours est-il, Éric de Salve, vous êtes notre correspondant aux États-Unis et envoyé spécial à Minneapolis, que le calme est quelque peu revenu dans la ville à la faveur du déploiement de la Garde nationale.
Hier soir la police faisait profil bas, quasiment absente des rues en feu de Minneapolis, et changement d'ambiance très nette ce matin au lendemain de cette nuit d'émeute. La Garde nationale est déployée tout autour de la zone des émeutes, des soldats sont positionnés en armes avec blindés, fusils d'assaut, devant toutes les entrées de la zone, et notamment là où hier soir un commissariat de police a été investi, saccagé et brûlé par les manifestants. Dans ce quartier, presque aucun magasin n'a été épargné, tous ont été pillés ou brûlés. Et ce matin les rues de Minneapolis sont calmes, la ville est toujours confinée en raison du coronavirus, d'ailleurs, et les pompiers éteignent les derniers incendies. Après 3 jours de protestation, tout le monde ici se demande évidemment si l'arrestation du policier qui a tué George Floyd, ce matin, aura une influence sur les violences. Son inculpation pour meurtre, c'était l'une des principales demandes des manifestants, mais ils demandent aussi l'arrestation des 3 autres policiers qui ont laissé faire. Beaucoup d'habitants de Minneapolis à qui j'ai posé la question ce matin restent dubitatifs, car le problème des violences policières, et du racisme au sein de la police, disent-ils, est beaucoup plus large et systémique aux États-Unis. JB : Une actualité qui par ailleurs ravive les tensions entre le président américain et le site de microblogging Twitter, qui déjà il y a quelques jours avait décidé de modérer les tweets de Donald Trump en avertissant les utilisateurs que ses posts méritaient vérification, car ils pouvaient contenir de fausses informations. Il s'agissait alors de la validité du vote par correspondance pour le prochain scrutin, décision du réseau social qui avait déclenché les foudres du locataire de la Maison Blanche, qui a immédiatement publié un décret visant à restreindre l'autonomie de décision des administrateurs de Twitter, Facebook et autre YouTube. Cette fois, c'est pour un message présidentiel présenté comme un appel à la violence que Twitter a pris la décision inédite, historique, de masquer un post de Trump au sujet des émeutes de Minneapolis où il prévenait que « quand les pillages commencent, les tirs commencent aussi », interprété comme un appel à faire feu sur les manifestants. Le message du Président a donc été masqué, mais laissé accessible d'un clic après le message d'avertissement. Donald Trump qui par ailleurs s'est exprimé comme prévu sur la Chine ce vendredi depuis la Maison Blanche, il a une nouvelle fois critiqué Pékin pour sa gestion de la crise du coronavirus, l'accusant d'avoir coûté cher en vies et à l'économie du monde entier - une « tragédie », a-t-il dit - et annonçant la suspension des visas pour les ressortissants chinois présentant un risque pour la sécurité des États-Unis ; sans autre détail pour l'instant. Donald Trump qui a également confirmé sa volonté de sortir les États-Unis de l'Organisation mondiale de la Santé. Sur ce point également, nous devrions en savoir plus dans les prochaines heures.
Enfin le Président américain a aussi annoncé la fin des exemptions commerciales jusque-là accordées à Hong Kong. Décision qui fait suite à la validation par le Parlement chinois d'une loi de sécurité nationale à Hong Kong ; mesure qui a aussi assommé les jeunes et le mouvement de protestation qui se pose des questions quant à la suite à donner à la mobilisation. Ils craignent la mise en place d'un état policier et se demandent à quoi bon résister alors que la police est de plus en plus puissante et multiplie les arrestations en particulier des jeunes. Le reportage sur place de Florence de Changy.
Selon un vaste sondage mené par l'organisation du mouvement après l'annonce du projet de loi de sécurité nationale, 79 % des participants ont estimé ressentir de la colère (79 %) et 62 % de la peur. Jason a 29 ans et il y a un an il avait quitté son emploi pour participer à plein temps au mouvement de mobilisation, car il jugeait la situation très grave. Aujourd'hui il est sonné. Il souffre d'insomnie et d'une grave dépression. « Il y a un an j'étais très déprimé, j'avais peu d'espoir, mais maintenant c'est encore pire ! Si vous voyiez ce que disent mes amis sur Facebook, tout le monde dit qu'on est en train de mourir, on est tous foutus, on est tous foutus ! » Une solution qu'ils sont de plus en plus nombreux à contempler est l'émigration. Comme Tom, ancien policier, aujourd'hui agent immobilier. « Pas seulement mes collègues, mais mes clients aussi se mettent à parler d'émigrer, en particulier vers le Royaume-Uni, mais en fait ils n'ont aucun plan précis. Moi aussi j'aimerais bien partir, mais il me faudrait de l'argent ! » Les plus jeunes eux sont tentés par l'idée de l'indépendance, mais pour l'ancien policier Tom, ils n'ont pas compris que les idées ne suffisent pas à faire la révolution. Florence de Changy, Hong Kong, RFI.
JB : En France le déconfinement se poursuit : fin de la règle des 100 km pour les déplacements, plus de départements en rouge, les bars et les restaurants vont ouvrir de nouveau dans la quasi-totalité du pays. Le gouvernement a décidé de relâcher la pression, car le virus recule, mais certains indicateurs vont permettre de traquer l'évolution de l'épidémie, Nicolas Rocca. Ils sont 4, accompagnés de seuils limites, pour pouvoir prendre des mesures en cas de retour en force du virus. Ce jeudi le ministre de la Santé, Ollivier Véran a présenté pour la première fois une courbe montrant l'évolution du taux de reproduction de l'épidémie, soit le nombre moyen de personnes contaminé par un malade. Si ce taux que les spécialistes appellent R est au-dessus de 1, l'épidémie progresse, en dessous elle recule. Il se trouve actuellement à 0,77 un chiffre rassurant. Autre indicateur : l'incidence, la pression épidémique qui correspond au nombre de personnes infectées sur 100 000 habitants, dans la carte présentée hier il était de 6,14 personnes infecté sur 100 000, le seuil de vigilance a été fixé à 10. Ensuite le taux de positivité des tests virologiques, ceux qui déterminent si vous êtes contaminés à un moment précis. De 1,9 % à l'heure actuelle, il a atteint plus de 20 % durant la crise. Enfin, le taux d'occupation des lits en réanimation suivi de près depuis le début, un seuil de vigilance a été fixé dès 40 % d'occupation. L'évolution de ces indicateurs doit guider les décisions gouvernementales pour la prochaine étape du déconfinement le 22 juin. JB : Quelles stars du sport ont le mieux gagné leur vie sur les douze derniers mois ? Comme tous les ans, le magazine américain Forbes nous donne un bel aperçu en publiant le palmarès des 100 sportifs les plus riches. Et cette année, de manière inhabituelle, ce n'est pas un footballeur, mais un joueur de tennis : Roger Federer, qui est aussi le plus titré de tous. À bientôt 39 ans, le Suisse, toujours performant sur un court, est plus que jamais un acteur important du sport-business, Christophe Diremszian.
Si Roger Federer a déjà passé 310 semaines en tête du classement ATP, il n'avait encore jamais été n°1 mondial des sportifs les mieux rémunérés. C'est désormais chose faite avec les 106 millions de dollars engrangés depuis le 1er juin 2019, l'immense majorité provenant des primes d'engagement et des contrats publicitaires. Il associe actuellement son nom à 13 marques différentes. Derrière le Suisse (et 1er tennisman tout en haut de ce palmarès financier depuis de sa création), on retrouve les inévitables Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. L'Argentin a été détrôné par Federer, mais ses 104 millions de dollars récoltés devraient le consoler. L'élite du sport-business ne se renouvelle pas beaucoup. Figurent toujours en bonne place les basketteurs LeBron James et Stephen Curry ou le golfeur Tiger Woods, mais toujours pas de femmes parmi les 20 plus riches. À noter tout de même la percée de l'Américaine Naomi Osaka, 29e. La jeune prodige du tennis féminin a gagné davantage d'argent que son aînée Serena Williams. Les Français, eux, restent un peu en retrait même si le plus fortuné, Kylian Mbappé, n'est pas à plaindre avec ses 34 millions de dollars… Le football qui permet aussi à l'Egyptien Mohammed Salah d'être le sportif africain le mieux payé avec 35 millions empochés, devant le basketteur camerounais Joël Embiid.