Journal en français facile 03/03/2022 20h00 GMT
Anne Corpet : Il est 21 h à Paris, 23 h à Moscou. Bienvenue dans le Journal en français facile présenté ce soir avec Sylvie Berruet bonsoir.
Sylvie Berruet : Bonsoir Anne, bonsoir à tous. En France, Emmanuel Macron vient d'officialiser sa candidature à la présidence.
AC : Une annonce par le biais d'une lettre aux français. Elle vient d'être mise en ligne. Valérie Gas va nous en détailler le contenu.
SB : Les combats de plus en plus violents en Ukraine.
AC : Il y a eu 33 morts dans des bombardements dans le nord du pays. Le président ukrainien a dit vouloir rencontrer le président russe. Vous entendrez Volodymyr Zelensky.
SB : Face à cette violence, les Ukrainiens tentent de résister.
AC : Ils le font parfois sans armes. De nombreux civils tentent de bloquer les convois militaires ou protestent devant les bâtiments occupés par les troupes russes.
SB : Et le nombre de réfugiés augmente.
AC : Un million d'Ukrainiens ont déjà quitté le pays. Certains commencent à arriver en Allemagne. Reportage dans ce journal.
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SB : C'est finalement officiel : le président français est candidat à sa propre succession.
AC : Dans une lettre aux Français, mise en ligne ce soir et qui sera publiée dans les colonnes des quotidiens de la presse régionale demain matin, le président de la République officialise donc son entrée en lice pour la présidentielle. Valérie Gas.
« Je suis candidat pour inventer avec vous une réponse française et européenne singulière » face aux menaces, « défendre nos valeurs, préparer l'avenir ». Les crises doivent être « le point de départ d'une nouvelle époque ». Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron explique pourquoi il sollicite un nouveau mandat encore une fois en candidat du « et en même temps ». Celui de « l'humilité et de la lucidité » mais aussi de « l'audace et de la volonté » et surtout pas celui du « repli » ou de la « nostalgie ». On comprendra l'allusion à ses adversaires d'extrême droite. Lutter contre les inégalités, améliorer le modèle social, défendre la singularité française, la citoyenneté, des droits et des devoirs, investir dans l'école, la sécurité... pour faire des « Républicains ». « Avec vous, pour vous, pour nous tous » conclut-il pour manifester son ambition de rassembler les Français.
AC : Et Valérie, Emmanuel Macron n'a pas attendu la dernière heure, mais presque.
VG : Oui, demain c'était la date limite pour déclarer sa candidature auprès du conseil constitutionnel et il a choisi la formule la plus sobre possible. Une lettre destinée à être diffusée par le canal de la presse régionale pour se mettre au maximum en proximité avec les Français. Rien d'original, mais avec la guerre en Ukraine, le moment était mal choisi pour attirer l'attention sur la forme plus que sur le fond. Cette entrée en campagne est placée sous le signe de l'humilité et d'une certaine solennité, explique son entourage, car pour le moment, c'est encore le président qui est à la manoeuvre. Emmanuel Macron ne va pas changer sa casquette, prendre celle de candidat à la place de celle de président, non, il va avoir une « succession de casquettes » suivant les circonstances et les événements.
AC : Merci Valérie Gas.
SB : Les négociateurs russes et ukrainiens se sont entendus ce jeudi pour mettre en place des « couloirs humanitaires ».
AC : Ils devraient permettre l'évacuation de civils. Les Ukrainiens espéraient une trêve, un arrêt des combats, mais sans succès. L'armée russe a augmenté ses frappes sur les villes ukrainiennes. L'une a fait 33 morts dans une zone résidentielle du nord du pays. Les Russes ont pris le contrôle de Kherson, ville proche de la Crimée, déjà annexée par Moscou. Il y a eu de forts bombardements sur cette localité. Plus à l'est, à Marioupol, le maire a accusé la Russie de vouloir assiéger la ville. « Ils ont détruit les ponts, les trains pour empêcher les gens de sortir » a-t-il expliqué.
SB : Et le président russe s'est exprimé aujourd'hui à la télévision.
AC : « L'opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier », a assuré Vladimir Poutine. Il a parlé de « combat contre des néonazis » et assuré que des « mercenaires étrangers » utilisaient les civils comme « boucliers humains » en Ukraine. Le président russe s'est aussi entretenu avec le président français par téléphone. Il lui a dit qu'il comptait poursuivre le combat. « Le pire est à venir », s'est inquiété Emmanuel Macron après cet appel. Le président ukrainien de son côté a renouvelé son appel aux occidentaux pour qu'ils instaurent une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son pays, une zone que les avions n'auraient pas le droit de survoler. Cette demande a pour l'instant été rejetée. Volodymyr Zelensky espère aussi pouvoir discuter avec le président russe. C'est ce qu'il a déclaré ce jeudi à la télévision. On l'écoute.
« Ce n'est pas que je veux parler à Poutine mais je dois parler à Poutine. Le monde entier doit parler à Poutine parce que c'est le seul moyen d'arrêter cette guerre. C'est pour ça que je dois lui parler ».
SB : Voilà donc le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les Ukrainiens continuent de résister, Anne, par tous les moyens à l'offensive russe.
AC : Oui et même quand ils sont désarmés. Des manifestations ont, par exemple, lieu devant les bâtiments occupés par les troupes russes ou des civils tentent de bloquer les convois militaires. C'est ce que montrent de nombreuses vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. Sylvie Noël.
Des dizaines d'hommes, de femmes, rassemblés pour empêcher l'avancée d'un convoi militaire russe. Nous sommes à Melitopol, une localité ukrainienne de 160 000 habitants située à 100 km au nord de la Crimée, conquise par l'armée russe samedi dernier. Un soldat tire en l'air pour disperser la foule. Les habitants répondent en levant les mains. Cette vidéo circule depuis mardi dernier sur les réseaux sociaux, mais ce n'est qu'une parmi d'autres montrant des Ukrainiens tenter de bloquer des chars russes à mains nues, d'incendier du matériel militaire avec des cocktails molotov, de défier l'occupant. Comme à Berdiansk, conquise par les forces russes où des habitants crient en russe aux soldats de Moscou de rentrer chez eux. Une résistance à l'échelle locale, qui ne donne pas d'indication sur l'ampleur du phénomène.
SB : Sylvie Noël. Les Ukrainiens continuent de quitter le pays pour fuir les combats.
AC : Plus d'un million de personnes ont quitté l'Ukraine après une semaine d'offensive russe. Les 27 pays membres de l'Union européenne ont accepté à l'unanimité d'accorder une « protection temporaire » à ces réfugiés.
SB : Ces réfugiés d'Ukraine sont chaque jour plus nombreux à arriver en Allemagne.
AC : À la gare centrale de Berlin, six trains arrivent chaque jour de Varsovie en Pologne. La ville prévoit d'accueillir 20 000 personnes dans les jours à venir. De nombreux volontaires les prennent en charge à leur arrivée à la gare. Reportage à Berlin, Nathalie Versieux.
Le train entre en gare avec plus de deux heures de retard. Delphine, une étudiante belge, fait partie des volontaires qui accueillent les Ukrainiens et étudiants étrangers, exténués. « Il y a un train avec 250 Ukrainiens, des personnes qui viennent d'Ukraine. Donc oui, il y a quand même un afflux assez important. Après je pense qu'on a assez de volontaires pour s'occuper de chacune des personnes. Alors la plupart du temps, les personnes ont besoin d'une bonne douche et de dormir. » Un logement pour une nuit. Trois personnes parlant arabe et anglais. Un petit groupe d'Allemand attend à proximité du mégaphone. Comme Judith, ils sont venus proposer des chambres pour héberger des réfugiés. « Nos enfants ont rangé l'une de leur chambre, il y a des jouets, deux lits. On peut héberger une petite famille. Nous voulons aider. » Berlin, avec son expérience des réfugiés accueillis en 2015 est prête pour faire face à la vague d'Ukrainiens attendue par les autorités. La sénatrice aux affaires sociales a déjà ordonné la réouverture de certains des centres d'accueil entre temps fermés qui avaient permis d'héberger les Syriens, voici sept ans. Nathalie Versieux, Berlin, RFI.
SB : Les sanctions continuent de tomber sur la Russie.
AC : La Grande-Bretagne a décidé de punir deux oligarques russes, deux milliardaires proches du Kremlin. La France a pour sa part saisie un yatch, un bateau de luxe. Il appartient à une société liée au patron du géant pétrolier russe Rosneft.
SB : Voilà, c'est la fin de ce Journal en français facile, merci à vous Anne Corpet.
AC : Merci Sylvie Berruet, et à demain pour une nouvelle édition du Journal en français facile.