Chapitre 3. "Lucien"
Dans la cour du lycée, le lundi matin, Margot retrouve Clara, Victoire et toutes les copines de la classe. Tout le monde parle de la soirée de Victoire : « C'était la meilleure fête de l'année ! »
Margot se sent exclue car elle n'a aucun souvenir à partager avec les autres. Lucien et les garçons de Terminale arrivent. Les lycéens bavardent avant de rentrer en cours. Clara présente Margot à Lucien.
‒ Margot, voici Lucien. Il joue dans le groupe.
‒ Salut ! dit Lucien.
‒ Bravo pour le concert, répond simplement Margot.
‒ Merci. Mais tu n'étais pas à la soirée, je m'en souviendrais.
‒ Non, en effet, mes parents m'ont int… enfin, j'avais autre chose à faire.
‒ Clara m'a dit que tu joues du piano.
Margot lance un regard de colère vers Clara :
« Pourquoi elle raconte ma vie ? »
‒ Pourquoi elle a dit ça ?
‒ Tu vas jouer au concert de la fête de la musique. Moi aussi !
‒ Ah !
‒ Tu joueras quoi ?
‒ Oh… du classique. Une valse de Chopin, une sonate de Beethoven, un prélude de Schubert…
‒ Tu joues du Schubert ! s'exclame Lucien avec admiration. J'adore le classique.
‒ C'est vrai ? Moi, j'en ai un peu marre.
‒ Avant, j'en jouais beaucoup et puis maintenant, je joue du jazz et du rock !
‒ Tu joues du piano ?
‒ Oui, mais j'ai aussi appris d'autres instruments : la guitare, la batterie. La musique quoi !… Mais, Margot ?
‒ Quoi ?
Lucien regarde la jeune fille sans rien dire pendant quelques secondes. Puis, il commence :
‒ Tu ne te rappelles pas de moi ?
‒ Euh… non …
Margot rougit. Lucien regarde la jeune fille avec un beau sourire et dit :
‒ Dès que je t'ai vue, je t'ai reconnue. On était ensemble au cours de piano de Madame Eto.
‒ Madame Eto ! La prof de piano japonaise ! Elle organisait toujours des petits concerts.
‒ Oui, c'est ça. Et une fois, on a joué ensemble un quatre mains !
‒ Mais oui ! Bien sûr ! Oh là là c'est fou !
‒ Le garçon qui devait jouer avec moi était malade et au dernier moment tu l'avais remplacé.
‒ Je m'en souviens très bien : j'avais eu très peur, mais au final on avait bien joué !
Clara arrive et interrompt la conversation.
‒ Ça va ? Vous faites connaissance ?
‒ En fait, on se connaît déjà !
Et Margot raconte leur première rencontre.
‒ J'ai du flair ! Vous allez bien ensemble, dit Clara avec un petit sourire malicieux.
Margot se sent encore plus rouge que tout à l'heure. Heureusement, la sonnerie du lycée retentit. Avant de se séparer, Lucien dit à Margot :
‒ En tous cas, moi j'ai hâte de t'entendre jouer au concert du conservatoire. Si tu m'invites bien sûr.
Margot n'a pas le temps de répondre. Tous les élèves rejoignent leur salle de cours.
La matinée commence par le cours de français. La prof, Madame Atride, explique les modalités de l'examen blanc :
‒ Ce sera comme pendant la véritable épreuve. Tout d'abord, la semaine prochaine, vous aurez l'épreuve écrite. Ensuite, je vous ferai passer les oraux. Pour l'écrit, je vous rappelle que vous aurez des extraits de textes littéraires à lire : vous devrez répondre à des questions avant de rédiger un texte à votre tour. Pour ce travail d'écriture : soit vous faites un commentaire de texte soit vous écrivez une dissertation. Vous pouvez aussi choisir d'écrire un texte de votre invention. En ce qui concerne l'oral, l'examinateur vous donnera un texte à lire. Vous disposerez de 30 minutes pour vous préparer et de 10 minutes pour faire votre compte rendu. Vous répondrez ensuite aux questions de l'examinateur pendant les 10 dernières minutes. Je vous conseille donc de réviser les textes classiques pour la prochaine fois.
Quand Margot sort du lycée Chaptal, Boulevard des Batignolles, elle est un peu inquiète des examens qui arrivent. La jeune fille marche et passe Place de Clichy devant la librairie de Paris. Elle s'arrête devant la vitrine : tous les ouvrages du programme de français sont exposés. Elle sait que son sujet du bac est par là. Tout à coup, la jeune fille reprend confiance. Finalement, elle est heureuse de relire les auteurs classiques qu'elle aime.
Le soir sur Messenger, Margot reçoit un message de Lucien : « Alors ? J'espère que tu travailles tes morceaux pour le concert ? »
Margot ne veut pas répondre. Elle a honte de ses interprétations et en plus, ce soir elle n'a fait que réviser son français. Mais, Lucien insiste : « Alors ? ».
« Je ne suis pas certaine de participer ».
« Impossible ! Pourquoi ? »
« Entre le bac français et tout le reste je ne suis pas prête du tout. »
« Je suis certain que tu vas assurer ! Tu dois avoir confiance ! »
« Mais, tu ne sais même pas comment je joue. Arrête d'insister !
« Je te rappelle qu'on a déjà joué ensemble… Je sais ce que je dis. Donc lance-toi ! Tu dois sentir les vibrations et les émotions. J'ai confiance ! »
« Merci, bonne nuit. »
Lorsque Margot pose son portable, elle sent son coeur qui bat fort. Les mots de Lucien sonnent encore dans ses oreilles. « Il a raison, j'aime la musique et les émotions qu'elle procure. »