Journal en français facile 28 novembre 2018
Clément Fraioli : Vous écoutez RFI, il est 21h à Paris, 20h en temps universel. Bienvenue dans cette nouvelle édition du Journal en français facile. Un journal que je présenterai avec Aurélien Devernoix. Bonsoir Aurélien.
Aurélien Devernoix : Bonsoir.
CF : À la une, le bras de fer continue entre l'Ukraine et la Russie après l'incident maritime survenu dimanche au large de la Crimée. Kiev exige la libération de ses marins retenus par la Russie. La Russie qui, elle, rejette la faute sur son voisin ukrainien.
AD : Le gouvernement britannique défend l'accord sur le Brexit. Selon un rapport du ministère des Finances, l'accord conclu par Theresa May limitera au maximum l'impact de la sortie de l'Union européenne sur l'économie britannique.
CF : Et puis en France, la France Insoumise fragilisée par le départ d'un proche collaborateur de Jean Luc Melenchon. Il dénonce le manque de démocratie au sein du parti.
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AD : La tension ne retombe pas entre l'Ukraine et la Russie.
CF : Kiev dénonce fermement et qualifie « d'illégale » l'emprisonnement de ses 24 marins. Des marins faits prisonniers dimanche par la Russie au large de la Crimée. « Nous condamnons cette manifestation de barbarie et multiplions les efforts pour faire revenir nos gars à la maison », a assuré sur Twitter le Premier ministre ukrainien. Voté hier par le parlement la loi martiale est entrée en vigueur ce matin en Ukraine. De son côté, Vladimir Poutine n'avait jusque-là pas réagi publiquement depuis le début de cette crise. Cette désormais chose faite. Sans surprise pour le président russe, c'est Kiev qui est à l'origine de cette affaire. Une affaire, Daniel Vallot qui selon Vladimir Poutine serait orchestrée, organisée à des fins électorales.
À aucun moment durant sa réponse de plusieurs minutes, le président russe ne prononce le nom de son homologue ukrainien. Et pourtant aux yeux de Vladimir Poutine, c'est bien Petro Porochenko qui est l'instigateur de l'incident maritime qui a éclaté dimanche au large du détroit de Kertch. « Le président ukrainien est en mauvaise position dans les sondages, explique Vladimir Poutine, à quelques mois de la présidentielle il avait besoin d'un prétexte pour décréter la loi martiale ». Et le président russe de s'étonner qu'un incident frontalier suffise à déclencher cette loi martiale, qui n'avait instauré ni pour la Crimée, ni pour le Donbass. Pour Vladimri Poutine, les garde-côtes russes n'ont fait que leur devoir en arraisonnant les navires ukrainiens qui se trouvaient dans les eaux territoriales russes. En septembre dernier, ajoute le chef du Kremlin, plusieurs navires de guerre ukrainiens avaient pu franchir le détroit de Kerch sans être inquiétés. Mais ceux-là, ajoute Vladimir Poutine, avaient respecté les règles en vigueur sur le détroit.
AD : Vladimir Poutine qui s'entretiendra avec Mohammed Ben Salmane ce week-end en Argentine à l'occasion du G20.
CF : L'Argentine où est arrivé aujourd'hui le prince héritier saoudien. Les discussions entre les deux hommes tourneront autour de l'affaire Khashoggi annonce le Kremlin. À Buenos Aires, MBS devrait rencontrer également le président turc Recep Tayyip Erdogan, avec lequel les relations sont pour le moins tendues depuis le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul le mois dernier. À noter qu'avant-hier l'ONG Human Rights Watch a porté plainte devant la justice argentine contre le prince Ben Salmane dans le dossier Khashoggi, mais aussi celui du Yémen.
AD : Le Yémen, où la dernière route d'accès à Hodeïda est menacée.
CF : La coalition militaire (sous commandement saoudien) vous le savez encercle le port d'Hodeïda. Il n'y a actuellement plus qu'une seule route ouverte. Et cette dernière pourrait très facilement être coupée par la coalition, indique une responsable humanitaire. Si cette route venait à être coupée, il n'y aurait plus aucun moyen de ravitailler les quelque 22 millions de Yéménites qui dépendent de l'aide qui transite par ce port.
AD : Le gouvernement britannique continue de défendre son plan pour le Brexit.
CF : Le Brexit aura bien un impact négatif sur l'économie du Royaume-Uni. Mais l'accord conclu par Theresa May avec l'Union européenne limitera les dégâts au maximum. C'est en tout cas ce qui ressort d'un rapport du ministère des Finances, Muriel Delcroix.
Si le Royaume-Uni quitte le bloc européen selon les termes de l'accord obtenu par Theresa May, cela entraînera une baisse de sa croissance de 3,9 % dans 15 ans, ce qui veut dire une économie amputée d'environ 100 milliards d'euros chaque année. Néanmoins une sortie sans accord serait pire, avec un déficit de 9,3 %. Quoi qu'il en soit, conclut le rapport du Trésor, toute forme de Brexit rendra le pays plus pauvre que s'il restait dans l'UE. Ces prédictions peu réjouissantes sont censées convaincre la population britannique que l'accord négocié par la Première ministre est le moins coûteux et que les députés doivent l'approuver. Le message de Theresa May est en substance : il aurait été préférable économiquement de rester dans l'UE, mais les électeurs ont choisi de partir et son gouvernement s'est efforcé de respecter cette décision politique en faisant le moins de dégâts possible. Mais alors que Theresa May est allée plaider sa cause en Écosse ce mercredi, ces chiffres ont en réalité permis à tous ses détracteurs de réitérer avec plus de force leurs arguments : les députés brexiters ont rejeté un rapport selon eux « malhonnête » tandis que les pro-européens ont vu là la preuve qu'il n'y avait en dehors de l'UE point de salut pour leur pays et réclamé plus que jamais un nouveau référendum.
AD : Est-ce une conséquence des positions du président brésilien Jair Bolsonaro sur le climat ? Le Brésil renonce à organiser la COP25.
CF : Le sommet sur le climat devait se tenir l'année prochaine. Année de la prise de fonction du président élu d'extrême droite. Pour expliquer ce renoncement, le ministère des Affaires étrangères brésilien invoque les restrictions budgétaires et le processus de transition avec la nouvelle administration. Cette annonce intervient à quelques jours de l'ouverture de la COP24 en Pologne. Et c'est évidemment un évènement de très grande envergure, Agnès Rougier.
Le centre de conférence de Katowice prévoie donc d'accueillir plus de 20 000 personnes : Des représentants politiques et de la communauté scientifique, des entreprises, des syndicats, des ONG, venus de 190 pays, auxquels on peut ajouter quelques 3000 journalistes et les innombrables volontaires engagés par les Nations Unies pour aider à l'organisation. Un évènement de ce type a donc un coût estimé à 179 millions d'euros minimum pour le pays organisateur, mais il peut y avoir des cofinancements privés, et localement, les retombées sont importantes en termes notamment de création d'emplois, et d'argent dépensé sur place par les congressistes. Mais 2019, c'est aussi l'année de la prise de fonction du nouveau président brésilien, élu d'extrême droite, Jair Bolsonaro, qui ne cache pas ses positions climato-sceptiques et son soutien aux gros agriculteurs qui déforestent l'Amazonie pour y cultiver du soja OGM, ce qui est nuisible pour le climat. C'est probablement là que se cache la vraie raison de ce pas en arrière.
CF : Les précisions d'Agnes Rougier.
AD : En France, après les annonces d'Emmanuel Macron hier, les gilets jaunes maintiennent leur mobilisation.
CF : Une mobilisation en baisse néanmoins. Ils étaient 7000 hier contre 12 000 mardi dernier selon le ministère de l'Intérieur. Hier également deux représentants du mouvement ont été reçus par le ministre de la transition écologique, François de Rugy. Des gilets jaunes que le Premier ministre Édouard Philippe se dit également prêt à recevoir et qu'il souhaite associer à la grande concertation annoncée par Emmanuel Macron. En attendant, un appel à une nouvelle manifestation a été lancé, ce samedi à Paris a été lancé.
AD : L'actualité politique, marquée également par une nouvelle défection au sein de la France insoumise...
CF : Djordje Kuzmanovic, l'un des concepteurs du programme de Jean-Luc Mélenchon, a annoncé ce matin son départ du mouvement. Un mouvement qu'il juge « dans l'impasse » en raison d'un « manque de démocratie » et d'une ligne politique qui a « beaucoup varié ». Alors, La France Insoumise vit-elle sa première crise ouverte ? Réponse avec Anne Soetemondt.
Ugo Bernalicis pèse ses mots. Quelques heures après la défection de Djrodje Kuzmanovic. « Un ami » insiste-t-il. Pas question pour le député insoumis de s'en prendre à la personne, mais pas question non plus d'affaiblir la France Insoumise. S'il est parti, c'est que Djordjé Kuzmanovic n'a pas supporté d'être évincé de la liste européenne. Le problème c'est que Djrodje Kuzmanovic est loin d'être le seul à avoir claqué la porte. En quelques semaines, ils sont plusieurs à avoir donné de la voix évoquant des errements idéologiques. Un mouvement qui se replierait autour de Jean-Luc Melenchon. La France insoumise est-elle en pleine crise ? Non répond le député Eric Coquerel qui préfère s'en prendre à la presse. Les faits sont pourtant là, depuis les perquisitions chez Jean-Luc Melenchon et au siège de la France insoumise, les sondages sont en berne. Une mauvaise passe symbolisée, dimanche dernier, par la défaite de l'insoumise Farida Amrani à une législative partielle dans l'Essonne.
AD : Anne Soetmondt. Du football, avec la Ligue des Champions. Le Paris Saint Germain affronte Liverpool.
CF : Et les Parisiens n'ont pas le droit à l'erreur. Ils pourraient être éliminés en cas de défaite face aux Anglais de Liverpool. D'autres matchs sont au programme avec par exemple, Tottenham/Inter Milan ou PSV Eindhoven/Fc Barcelone. C'est la fin de ce Journal en français facile. Merci à Aurélien Devernoix de m'avoir aidé à le présenter. Bonne soirée.