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Les mots de l'actualité, APÉRO   2010-05-19

APÉRO 2010-05-19

Les apéros sont à l'honneur dans les médias : on ne parle que de ça, même s'ils sont remis en question et si on envisage leur interdiction. De quels apéros s'agit-il ? De ces apéros géants, improvisés assez vite, dont les invitations courent sur des réseaux internet ; en particulier Facebook , pour donner un rendez-vous collectif à tous ceux qui le souhaitent. Fêtes improvisées donc, difficiles à contrôler, dont les débordements peuvent faire peur.

Ce mot d' apéro est intéressant et très révélateur de cette société d'aujourd'hui, qui change, et croise des fascinations différentes. L'information disséminée et rapide passe par ces réseaux qui sont comme une vitrine de la vie moderne. Mais en même temps, on y propose des apéros . Un mot non seulement très français mais qui renoue avec une langue familière un peu ancienne, une tradition populaire. Ne serait-ce que cette finale en « o » qui est comme un sparadrap collé sur la coupure du mot qu'on abrège : quand on coupe à vif, qu'on supprime une syllabe (et c'est le cas pour ce mot d'apéritif), il faut bien arrêter le saignement, l'aider d'une voyelle cicatrisante. Ce mot légèrement balafré a donc un style, qui rime avec populo : un français populaire, un peu ancien déjà. Serait-ce le pendant divertissant du célèbre slogan métro - boulot - dodo ? L'admettre serait tricher : la finale en « o » de ces trois mots a chaque fois une histoire différente, qui n'est pas celle d'apéro. Il n'empêche que cette dernière voyelle, peu commune en français surveillé, est souvent porteuse de cet écho familier : on peut penser à un genre d'âge d'or de la culture populaire française, congés payés, trains de plaisir, accent de Gabin… En tout cas, prendre l'apéro est une posture, et même une expression typiquement française, assez insensible aux modes anglo-américaines en tout cas. Rien à voir avec le brunch ou le breakfast ; rien à voir avec l' happy hour . On voit pourtant que l'anglophilie actuelle teinte de son accent de nombreuses façons de rythmer la journée en mangeant ou en buvant quelque chose. Mais l'apéro, c'est autre chose. C'est au départ ce verre qu'on partage, c'est ce préambule, cet avant-propos qui précède le repas proprement dit, qui fait patienter. Mais l'apéro est un mot qui évoque aussi un relâchement, une détente : c'est qu'on a fini la journée de travail ou la matinée ! On ne travaille plus, on souffle, on sourit, on discute : une façon d'être ensemble en prenant son temps. Autant dire que l'apéro n'est pas exactement l'apéritif . C'est pourtant le mot d'origine qu'on a tronqué pour en arriver là. Il vient du verbe latin aperio , qui signifie ouvrir, et en effet il est censé ouvrir le repas qu'il précède, en même temps qu'il est censé ouvrir l'appétit. Alors que consomme-t-on à l'apéritif ? Un peu d'alcool en général, avec quelques petits amuse-gueules, censés ralentir l'ivresse qui gagne : les biscuits apéritifs. Et que boit-on ? Ce qu'on veut, mais bien souvent du vin cuit, plus fort que du vin de table, moins que les digestifs leurs symétriques d'après-dîner vins cuits qu'on appelle d'ailleurs de façon presque technique, des apéritifs. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.

APÉRO   2010-05-19 APERITIF 2010-05-19

Les apéros sont à l'honneur dans les médias : on ne parle que de ça, même s'ils sont remis en question et si on envisage leur interdiction. De quels apéros s'agit-il ? De ces apéros géants, improvisés assez vite, dont les invitations courent sur des réseaux internet ; en particulier Facebook , pour donner un rendez-vous collectif à tous ceux qui le souhaitent. Fêtes improvisées donc, difficiles à contrôler, dont les débordements peuvent faire peur.

Ce mot d' apéro est intéressant et très révélateur de cette société d'aujourd'hui, qui change, et croise des fascinations différentes. L'information disséminée et rapide passe par ces réseaux qui sont comme une vitrine de la vie moderne. Mais en même temps, on y propose des apéros . Un mot non seulement très français mais qui renoue avec une langue familière un peu ancienne, une tradition populaire. Ne serait-ce que cette finale en « o » qui est comme un sparadrap collé sur la coupure du mot qu'on abrège : quand on coupe à vif, qu'on supprime une syllabe (et c'est le cas pour ce mot d'apéritif), il faut bien arrêter le saignement, l'aider d'une voyelle cicatrisante. Ce mot légèrement balafré a donc un style, qui rime avec populo : un français populaire, un peu ancien déjà. Serait-ce le pendant divertissant du célèbre slogan métro - boulot - dodo ? L'admettre serait tricher : la finale en « o » de ces trois mots a chaque fois une histoire différente, qui n'est pas celle d'apéro. Il n'empêche que cette dernière voyelle, peu commune en français surveillé, est souvent porteuse de cet écho familier : on peut penser à un genre d'âge d'or de la culture populaire française, congés payés, trains de plaisir, accent de Gabin… En tout cas, prendre l'apéro est une posture, et même une expression typiquement française, assez insensible aux modes anglo-américaines en tout cas. Rien à voir avec le brunch ou le breakfast ; rien à voir avec l' happy hour . On voit pourtant que l'anglophilie actuelle teinte de son accent de nombreuses façons de rythmer la journée en mangeant ou en buvant quelque chose. Mais l'apéro, c'est autre chose. C'est au départ ce verre qu'on partage, c'est ce préambule, cet avant-propos qui précède le repas proprement dit, qui fait patienter. Mais l'apéro est un mot qui évoque aussi un relâchement, une détente : c'est qu'on a fini la journée de travail ou la matinée ! On ne travaille plus, on souffle, on sourit, on discute : une façon d'être ensemble en prenant son temps. Autant dire que l'apéro n'est pas exactement l'apéritif . C'est pourtant le mot d'origine qu'on a tronqué pour en arriver là. Il vient du verbe latin aperio , qui signifie ouvrir, et en effet il est censé ouvrir le repas qu'il précède, en même temps qu'il est censé ouvrir l'appétit. Alors que consomme-t-on à l'apéritif ? Un peu d'alcool en général, avec quelques petits amuse-gueules, censés ralentir l'ivresse qui gagne : les biscuits apéritifs. Et que boit-on ? Ce qu'on veut, mais bien souvent du vin cuit, plus fort que du vin de table, moins que les digestifs leurs symétriques d'après-dîner vins cuits qu'on appelle d'ailleurs de façon presque technique, des apéritifs. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/ Venez découvrir le livre Les Mots de l'Actualité d'Yvan Amar.