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Les Enfants du capitaine Grant (Jules Verne), PREMIÈRE PARTIE: Chapitre III Malcolm-Castle

PREMIÈRE PARTIE: Chapitre III Malcolm-Castle

Chapitre III _Malcolm-Castle_

Le château de Malcolm, l'un des plus poétiques des Highlands, est situé auprès du village de Luss, dont il domine le joli vallon. Les eaux limpides du lac Lomond baignent le granit de ses murailles.

Depuis un temps immémorial il appartenait à la famille Glenarvan, qui conserva dans le pays de Rob-Roy et de Fergus Mac Gregor les usages hospitaliers des vieux héros de Walter Scott. À l'époque où s'accomplit la révolution sociale en Écosse, grand nombre de vassaux furent chassés, qui ne pouvaient payer de gros fermages aux anciens chefs de clans. Les uns moururent de faim; ceux-ci se firent pêcheurs; d'autres émigrèrent. C'était un désespoir général. Seuls entre tous, les Glenarvan crurent que la fidélité liait les grands comme les petits, et ils demeurèrent fidèles à leurs tenanciers. Pas un ne quitta le toit qui l'avait vu naître; nul n'abandonna la terre où reposaient ses ancêtres; tous restèrent au clan de leurs anciens seigneurs. Aussi, à cette époque même, dans ce siècle de désaffection et de désunion, la famille Glenarvan ne comptait que des écossais au château de Malcolm comme à bord du _Duncan_; tous descendaient des vassaux de Mac Gregor, de Mac Farlane, de Mac Nabbs, de Mac Naughtons, c'est-à-dire qu'ils étaient enfants des comtés de Stirling et de Dumbarton: braves gens, dévoués corps et âme à leur maître, et dont quelques-uns parlaient encore le gaélique de la vieille Calédonie. Lord Glenarvan possédait une fortune immense; il l'employait à faire beaucoup de bien; sa bonté l'emportait encore sur sa générosité, car l'une était infinie, si l'autre avait forcément des bornes. Le seigneur de Luss, «le laird» de Malcolm, représentait son comté à la chambre des lords. Mais, avec ses idées jacobites, peu soucieux de plaire à la maison de Hanovre, il était assez mal vu des hommes d'état d'Angleterre, et surtout par ce motif qu'il s'en tenait aux traditions de ses aïeux et résistait énergiquement aux empiétements politiques de «ceux du sud.» Ce n'était pourtant pas un homme arriéré que lord Edward Glenarvan, ni de petit esprit, ni de mince intelligence; mais, tout en tenant les portes de son comté largement ouvertes au progrès, il restait écossais dans l'âme, et c'était pour la gloire de l'Écosse qu'il allait lutter avec ses yachts de course dans les «matches» du royal-thames-yacht-club. Edward Glenarvan avait trente-deux ans; sa taille était grande, ses traits un peu sévères, son regard d'une douceur infinie, sa personne toute empreinte de la poésie highlandaise. On le savait brave à l'excès, entreprenant, chevaleresque, un Fergus du XIXe siècle, mais bon par-dessus toute chose, meilleur que saint Martin lui-même, car il eût donné son manteau tout entier aux pauvres gens des hautes terres. Lord Glenarvan était marié depuis trois mois à peine; il avait épousé miss Helena Tuffnel, la fille du grand voyageur William Tuffnel, l'une des nombreuses victimes de la science géographique et de la passion des découvertes. Miss Helena n'appartenait pas à une famille noble, mais elle était écossaise, ce qui valait toutes les noblesses aux yeux de lord Glenarvan; de cette jeune personne charmante, courageuse, dévouée, le seigneur de Luss avait fait la compagne de sa vie. Un jour, il la rencontra vivant seule, orpheline, à peu près sans fortune, dans la maison de son père, à Kilpatrick.

Il comprit que la pauvre fille ferait une vaillante femme; il l'épousa. Miss Helena avait vingt-deux ans; c'était une jeune personne blonde, aux yeux bleus comme l'eau des lacs écossais par un beau matin du printemps. Son amour pour son mari l'emportait encore sur sa reconnaissance. Elle l'aimait comme si elle eût été la riche héritière, et lui l'orphelin abandonné. Quant à ses fermiers et à ses serviteurs, ils étaient prêts à donner leur vie pour celle qu'ils nommaient: notre bonne dame de Luss. Lord Glenarvan et lady Helena vivaient heureux à Malcolm-Castle, au milieu de cette nature superbe et sauvage des Highlands, se promenant sous les sombres allées de marronniers et de sycomores, aux bords du lac où retentissaient encore les _pibrochs_ du vieux temps, au fond de ces gorges incultes dans lesquelles l'histoire de l'Écosse est écrite en ruines séculaires. Un jour ils s'égaraient dans les bois de bouleaux ou de mélèzes, au milieu des vastes champs de bruyères jaunies; un autre jour, ils gravissaient les sommets abrupts du Ben Lomond, ou couraient à cheval à travers les _glens_ abandonnés, étudiant, comprenant, admirant cette poétique contrée encore nommée «le pays de Rob-Roy», et tous ces sites célèbres, si vaillamment chantés par Walter Scott. Le soir, à la nuit tombante, quand «la lanterne de Mac Farlane» s'allumait à l'horizon, ils allaient errer le long des bartazennes, vieille galerie circulaire qui faisait un collier de créneaux au château de Malcolm, et là, pensifs, oubliés et comme seuls au monde, assis sur quelque pierre détachée, au milieu du silence de la nature, sous les pâles rayons de la lune, tandis que la nuit se faisait peu à peu au sommet des montagnes assombries, ils demeuraient ensevelis dans cette limpide extase et ce ravissement intime dont les cœurs aimants ont seuls le secret sur la terre. Ainsi se passèrent les premiers mois de leur mariage. Mais lord Glenarvan n'oubliait pas que sa femme était fille d'un grand voyageur! Il se dit que lady Helena devait avoir dans le cœur toutes les aspirations de son père, et il ne se trompait pas. Le _Duncan_ fut construit; il était destiné à transporter lord et lady Glenarvan vers les plus beaux pays du monde, sur les flots de la Méditerranée, et jusqu'aux îles de l'archipel. Que l'on juge de la joie de lady Helena quand son mari mit le _Duncan_ à ses ordres! En effet, est-il un plus grand bonheur que de promener son amour vers ces contrées charmantes de la Grèce, et de voir se lever la lune de miel sur les rivages enchantés de l'orient? Cependant lord Glenarvan était parti pour Londres.

Il s'agissait du salut de malheureux naufragés; aussi, de cette absence momentanée, lady Helena se montra-t-elle plus impatiente que triste; le lendemain, une dépêche de son mari lui fit espérer un prompt retour; le soir, une lettre demanda une prolongation; les propositions de lord Glenarvan éprouvaient quelques difficultés; le surlendemain, nouvelle lettre, dans laquelle lord Glenarvan ne cachait pas son mécontentement à l'égard de l'amirauté. Ce jour-là, lady Helena commença à être inquiète.

Le soir, elle se trouvait seule dans sa chambre, quand l'intendant du château, Mr Halbert, vint lui demander si elle voulait recevoir une jeune fille et un jeune garçon qui désiraient parler à lord Glenarvan. «Des gens du pays? dit lady Helena.

--Non, madame, répondit l'intendant, car je ne les connais pas. Ils viennent d'arriver par le chemin de fer de Balloch, et de Balloch à Luss, ils ont fait la route à pied. --Priez-les de monter, Halbert,» dit lady Glenarvan.

L'intendant sortit. Quelques instants après, la jeune fille et le jeune garçon furent introduits dans la chambre de lady Helena. C'étaient une sœur et un frère. À leur ressemblance on ne pouvait en douter.

La sœur avait seize ans. Sa jolie figure un peu fatiguée, ses yeux qui avaient dû pleurer souvent, sa physionomie résignée, mais courageuse, sa mise pauvre, mais propre, prévenaient en sa faveur. Elle tenait par la main un garçon de douze ans à l'air décidé, et qui semblait prendre sa sœur sous sa protection. Vraiment! Quiconque eût manqué à la jeune fille aurait eu affaire à ce petit bonhomme! La sœur demeura un peu interdite en se trouvant devant lady Helena. Celle-ci se hâta de prendre la parole.

«Vous désirez me parler? dit-elle en encourageant la jeune fille du regard.

--Non, répondit le jeune garçon d'un ton déterminé, pas à vous, mais à lord Glenarvan lui-même. --Excusez-le, madame, dit alors la sœur en regardant son frère.

--Lord Glenarvan n'est pas au château, reprit lady Helena; mais je suis sa femme, et si je puis le remplacer auprès de vous... --Vous êtes lady Glenarvan? dit la jeune fille.

--Oui, miss.

--La femme de lord Glenarvan de Malcolm-Castle, qui a publié dans le _Times_ une note relative au naufrage du _Britannia_?

--Oui! oui! répondit lady Helena avec empressement, et vous?...

--Je suis miss Grant, madame, et voici mon frère.

--Miss Grant! Miss Grant! s'écria lady Helena en attirant la jeune fille près d'elle, en lui prenant les mains, en baisant les bonnes joues du petit bonhomme. --Madame, reprit la jeune fille, que savez-vous du naufrage de mon père? Est-il vivant? Le reverrons-nous jamais? Parlez, je vous en supplie!

--Ma chère enfant, dit lady Helena, Dieu me garde de vous répondre légèrement dans une semblable circonstance; je ne voudrais pas vous donner une espérance illusoire...

--Parlez, madame, parlez! Je suis forte contre la douleur, et je puis tout entendre.

--Ma chère enfant, répondit lady Helena, l'espoir est bien faible; mais, avec l'aide de Dieu qui peut tout, il est possible que vous revoyiez un jour votre père. --Mon Dieu! Mon Dieu!» s'écria miss Grant, qui ne put contenir ses larmes, tandis que Robert couvrait de baisers les mains de lady Glenarvan. Lorsque le premier accès de cette joie douloureuse fut passé, la jeune fille se laissa aller à faire des questions sans nombre; lady Helena lui raconta l'histoire du document, comment le _Britannia_ s'était perdu sur les côtes de la Patagonie; de quelle manière, après le naufrage, le capitaine et deux matelots, seuls survivants, devaient avoir gagné le continent; enfin, comment ils imploraient le secours du monde entier dans ce document écrit en trois langues et abandonné aux caprices de l'océan. Pendant ce récit, Robert Grant dévorait des yeux lady Helena; sa vie était suspendue à ses lèvres; son imagination d'enfant lui retraçait les scènes terribles dont son père avait dû être la victime; il le voyait sur le pont du _Britannia_; il le suivait au sein des flots; il s'accrochait avec lui aux rochers de la côte; il se traînait haletant sur le sable et hors de la portée des vagues. Plusieurs fois, pendant cette histoire, des paroles s'échappèrent de sa bouche. «Oh! papa! Mon pauvre papa!» s'écria-t-il en se pressant contre sa sœur. Quant à miss Grant, elle écoutait, joignant les mains, et ne prononça pas une seule parole, jusqu'au moment où, le récit terminé, elle dit: «Oh! madame! Le document!

Le document!

--Je ne l'ai plus, ma chère enfant, répondit lady Helena. --Vous ne l'avez plus? --Non; dans l'intérêt même de votre père, il a dû être porté à Londres par lord Glenarvan; mais je vous ai dit tout ce qu'il contenait mot pour mot, et comment nous sommes parvenus à en retrouver le sens exact; parmi ces lambeaux de phrases presque effacés, les flots ont respecté quelques chiffres; malheureusement, la longitude... --On s'en passera! s'écria le jeune garçon. --Oui, Monsieur Robert, répondit Helena en souriant à le voir si déterminé. Ainsi, vous le voyez, miss Grant, les moindres détails de ce document vous sont connus comme à moi.

--Oui, madame, répondit la jeune fille, mais j'aurais voulu voir l'écriture de mon père. --Eh bien, demain, demain peut-être, lord Glenarvan sera de retour. Mon mari, muni de ce document incontestable, a voulu le soumettre aux commissaires de l'amirauté, afin de provoquer l'envoi immédiat d'un navire à la recherche du capitaine Grant. --Est-il possible, madame! s'écria la jeune fille; vous avez fait cela pour nous? --Oui, ma chère miss, et j'attends lord Glenarvan d'un instant à l'autre. --Madame, dit la jeune fille avec un profond accent de reconnaissance et une religieuse ardeur, lord Glenarvan et vous, soyez bénis du ciel!

--Chère enfant, répondit lady Helena, nous ne méritons aucun remerciement; toute autre personne à notre place eût fait ce que nous avons fait. Puissent se réaliser les espérances que je vous ai laissé concevoir! Jusqu'au retour de lord Glenarvan, vous demeurez au château... --Madame, répondit la jeune fille, je ne voudrais pas abuser de la sympathie que vous témoignez à des étrangers.

--Étrangers! Chère enfant; ni votre frère ni vous, vous n'êtes des étrangers dans cette maison, et je veux qu'à son arrivée lord Glenarvan apprenne aux enfants du capitaine Grant ce que l'on va tenter pour sauver leur père.» Il n'y avait pas à refuser une offre faite avec tant de cœur. Il fut donc convenu que miss Grant et son frère attendraient à Malcolm-Castle le retour de lord Glenarvan.

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PREMIÈRE PARTIE: Chapitre III Malcolm-Castle PART ONE: Chapter III Malcolm-Castle PRIMERA PARTE: Capítulo III Malcolm-Castle

Chapitre III _Malcolm-Castle_

Le château de Malcolm, l'un des plus poétiques des Highlands, est situé auprès du village de Luss, dont il domine le joli vallon. ||||||||||||||||||||||valley El castillo de Malcolm, uno de los más poéticos de las Highlands, se alza junto al pueblo de Luss, dominando su bonito valle. Les eaux limpides du lac Lomond baignent le granit de ses murailles. ||clear|||||||||

Depuis un temps immémorial il appartenait à la famille Glenarvan, qui conserva dans le pays de Rob-Roy et de Fergus Mac Gregor les usages hospitaliers des vieux héros de Walter Scott. |||||||||||||||||||||||||hospitable|||||| À l'époque où s'accomplit la révolution sociale en Écosse, grand nombre de vassaux furent chassés, qui ne pouvaient payer de gros fermages aux anciens chefs de clans. |||||||||||||||||||||Pachtzahlungen||||| |||||||||||||||||||||rent||||| Les uns moururent de faim; ceux-ci se firent pêcheurs; d'autres émigrèrent. |||||||||fishermen|| C'était un désespoir général. Seuls entre tous, les Glenarvan crurent que la fidélité liait les grands comme les petits, et ils demeurèrent fidèles à leurs tenanciers. |||||||||||||||||||||Pächter |||||believed||||linked||||||||||||tenants |||||||||||||||||||||орендарі Pas un ne quitta le toit qui l'avait vu naître; nul n'abandonna la terre où reposaient ses ancêtres; tous restèrent au clan de leurs anciens seigneurs. |||||roof|||seen|be born|||||||||||||||| |||||||||||||||||предків||||||||панів Ніхто не покинув дах, який бачив його народження; ніхто не залишив землю, де спочивали його предки; всі залишилися в клані своїх стародавніх панів. Aussi, à cette époque même, dans ce siècle de désaffection et de désunion, la famille Glenarvan ne comptait que des écossais au château de Malcolm comme à bord du _Duncan_; tous descendaient des vassaux de Mac Gregor, de Mac Farlane, de Mac Nabbs, de Mac Naughtons, c'est-à-dire qu'ils étaient enfants des comtés de Stirling et de Dumbarton: braves gens, dévoués corps et âme à leur maître, et dont quelques-uns parlaient encore le gaélique de la vieille Calédonie. ||||||||||||disunion|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||devoted|||||||||||||||||| |||||||||недовіра роз'єднаність||||||||||||||||||||||спадкували|||||Грегор||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Отже, в цю ж епоху, в цьому столітті недоброзичливості та роз'єднаності, сім'я Гленарванів складалася лише з шотландців у замку Малколма, як і на борту _Дункан_; всі вони походили від васалів Мак Грегора, Мак Фарлана, Мак Наббса, Мак Нотонів, тобто вони були дітьми графств Стерлінг та Дамбартона: відважні люди, вірні тілом і душею своєму пану, і деякі з них ще говорили гельською старої Каледонії. Lord Glenarvan possédait une fortune immense; il l'employait à faire beaucoup de bien; sa bonté l'emportait encore sur sa générosité, car l'une était infinie, si l'autre avait forcément des bornes. |||||||||||||||||||||||||||||limits |||||||використовував її|||||||||||||||||||||| Лорд Гленарван мав величезний статок; він використовував його, щоб робити багато доброго; його доброта перевершувала ще його щедрість, адже одна була безмежною, якщо інша, безумовно, мала межі. Le seigneur de Luss, «le laird» de Malcolm, représentait son comté à la chambre des lords. |||||laird|||||||||| ||||||||представлявував||||||| Лордові Лусса, «лаярду» Малькольма, представляв його графство у палаті лордів. Mais, avec ses idées jacobites, peu soucieux de plaire à la maison de Hanovre, il était assez mal vu des hommes d'état d'Angleterre, et surtout par ce motif qu'il s'en tenait aux traditions de ses aïeux et résistait énergiquement aux empiétements politiques de «ceux du sud.» |||||||||||||||||||||||||||||||||||Vorfahren||widerstand leisten|||politischen Übergriffen||||| |||||||||||||||||||||||||||||||||||ancestors||||||||those|| ||||якобіти||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Але, зі своїми якобітськими ідеями, не дуже стурбований тим, щоб сподобатися ганноверському двору, він був досить погано відомий державним діячам Англії, особливо з тієї причини, що дотримувався традицій своїх предків і енергійно чинив опір політичним зазіханням «тих з півдня». Ce n'était pourtant pas un homme arriéré que lord Edward Glenarvan, ni de petit esprit, ni de mince intelligence; mais, tout en tenant les portes de son comté largement ouvertes au progrès, il restait écossais dans l'âme, et c'était pour la gloire de l'Écosse qu'il allait lutter avec ses yachts de course dans les «matches» du royal-thames-yacht-club. ||||||backward||||||||||||||||||||||||||||||the soul||||||||||||||||||||||| ||||||відсталий|||||||||||||||||||||||||||||||||||||Шотландія|||||||||||||||| Проте лорд Едвард Гленарван не був назад у розвитку, ні маленьким духом, ні з вузьким розумом; але, тримаючи двері свого графства широко відчиненими для прогресу, він залишався шотландцем у душі, і саме за славу Шотландії він вирушав боротися зі своїми гоночними яхтами у «матчах» королівського яхт-клубу на Темзі. Edward Glenarvan avait trente-deux ans; sa taille était grande, ses traits un peu sévères, son regard d'une douceur infinie, sa personne toute empreinte de la poésie highlandaise. |||||||height|||||||||||||||||||| |||||||||||||||||||безмежної||||відбиток|||| Едварду Гленарвану було тридцять два роки; його зріст був великим, риси обличчя дещо суворими, погляд - безмежно м'яким, особа - цілком проникнена хайлендською поезією. On le savait brave à l'excès, entreprenant, chevaleresque, un Fergus du XIXe siècle, mais bon par-dessus toute chose, meilleur que saint Martin lui-même, car il eût donné son manteau tout entier aux pauvres gens des hautes terres. ||||||unternehmend|||||||||||||||||||||||||||||||| |||||||||||19th||||||||better||||||||||||||||||| |||||||||Фергус|||||||||||||||||||||||цілком||бідні|||високогірних| Знали, що він надзвичайно хоробрий, підприємливий, лицарський, Фергус XIX століття, але добрий понад усе, кращий ніж святій Мартин сам, адже він віддав би свій плащ цілком бідним людям високих земель. Lord Glenarvan était marié depuis trois mois à peine; il avait épousé miss Helena Tuffnel, la fille du grand voyageur William Tuffnel, l'une des nombreuses victimes de la science géographique et de la passion des découvertes. ||||||||||||міс||||||||||||||||||||||| Лорд Гленарван одружився всього три місяці тому; він одружився з міс Геленою Тафнел, дочкою великого мандрівника Вільяма Тафнела, однією з численних жертв географічної науки та пристрасті до відкриттів. Miss Helena n'appartenait pas à une famille noble, mais elle était écossaise, ce qui valait toutes les noblesses aux yeux de lord Glenarvan; de cette jeune personne charmante, courageuse, dévouée, le seigneur de Luss avait fait la compagne de sa vie. ||не належала||||||||||||||||||||||||||смілива|||||||||||| Міс Гелена не належала до шляхетної сім'ї, але вона була шотландкою, що коштувало всіх дворян у очах лорда Гленарвана; з цієї чарівної, сміливої, відданої молодої особи лорд Лусс зробив супутницю свого життя. Un jour, il la rencontra vivant seule, orpheline, à peu près sans fortune, dans la maison de son père, à Kilpatrick. |||||||orphan||||||||||||| ||||||||||||||||||||Кілпатрік Одного дня він зустрів її, живучи самотньо, сиротою, майже без статків, у будинку її батька, в Кілпатріку.

Il comprit que la pauvre fille ferait une vaillante femme; il l'épousa. ||||||||valiant||| ||||||||смілива||| Він зрозумів, що бідна дівчина стане відважною жінкою; він її одружив. Miss Helena avait vingt-deux ans; c'était une jeune personne blonde, aux yeux bleus comme l'eau des lacs écossais par un beau matin du printemps. ||||||||||||||||||||||||весна Son amour pour son mari l'emportait encore sur sa reconnaissance. |||||перемагало|||| Ihre Liebe zu ihrem Mann war immer noch größer als ihre Dankbarkeit. Її любов до чоловіка все ще переважала над її вдячністю. Elle l'aimait comme si elle eût été la riche héritière, et lui l'orphelin abandonné. |любила його|||||||||||| Вона любила його так, ніби була багатою спадкоємицею, а він - покинутим сиротою. Quant à ses fermiers et à ses serviteurs, ils étaient prêts à donner leur vie pour celle qu'ils nommaient: notre bonne dame de Luss. |||фермери|||||||||||||||називали||||| Що стосується її фермерів і слуг, вони були готові віддати своє життя за ту, кого вони називали: наша добра пані з Люс. Lord Glenarvan et lady Helena vivaient heureux à Malcolm-Castle, au milieu de cette nature superbe et sauvage des Highlands, se promenant sous les sombres allées de marronniers et de sycomores, aux bords du lac où retentissaient encore les _pibrochs_ du vieux temps, au fond de ces gorges incultes dans lesquelles l'histoire de l'Écosse est écrite en ruines séculaires. |||||||||||||||||||||||||||chestnut trees|||||||||||||||||||||uncultivated||||||||||secular ||||||||Малколм|||||||||||||||||алеї||каштанів|||сикомори||||||лунають|||піброхі||||||||ущелини|некультурні|||історія|||||||столітні руїни Лорд Гленарван і леді Гелена жили щасливо в Малькольм-Кастл, серед цієї чудової і дикої природи Гайлендів, гуляючи під темними алеями каштанів і кленів, на берегах озера, де ще лунали _піброхи_ старовини, в глибинах цих неосвоєних ущелин, в яких історія Шотландії написана в столітніх руїнах. Un jour ils s'égaraient dans les bois de bouleaux ou de mélèzes, au milieu des vastes champs de bruyères jaunies; un autre jour, ils gravissaient les sommets abrupts du Ben Lomond, ou couraient à cheval à travers les _glens_ abandonnés, étudiant, comprenant, admirant cette poétique contrée encore nommée «le pays de Rob-Roy», et tous ces sites célèbres, si vaillamment chantés par Walter Scott. ||||||||Birken||||||||||Heidekraut|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||tapfer|||| |||||||||||larches|||||||heathers|||||||||||||||||||||||||||region|||||||||||||||||| |||блукали|||||||||||||||верески|пожовклі|||||піднімалися||вершини|круті|||||бігли||||||долини|покинуті|||||||||||||||||||||||| Одного дня вони заблукали в лісах беріз або модрин, серед безкраїх полів жовтої вереси; в інший день вони піднімалися на круті вершини Бен-Ломонда або мчались верхи через покинуті _глени_, вивчаючи, розуміючи, захоплюючись цією поетичною країною, ще званою «країною Роб-Роя», і всіма цими знаменитими місцями, так відважно оспіваними Вальтером Скоттом. Le soir, à la nuit tombante, quand «la lanterne de Mac Farlane» s'allumait à l'horizon, ils allaient errer le long des bartazennes, vieille galerie circulaire qui faisait un collier de créneaux au château de Malcolm, et là, pensifs, oubliés et comme seuls au monde, assis sur quelque pierre détachée, au milieu du silence de la nature, sous les pâles rayons de la lune, tandis que la nuit se faisait peu à peu au sommet des montagnes assombries, ils demeuraient ensevelis dans cette limpide extase et ce ravissement intime dont les cœurs aimants ont seuls le secret sur la terre. ||||||||||||||||||||||||||||||Zinnen||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||klaren|||||||||||||||| |||||falling||||||||||||||||battlements|||||||||||||||||||||||||||detached|||||||||||||||||||||||||||||||buried|||limpid|||||||||||||||| |||||наступаюча ніч||||||Мак Фарлейн|запалювала|||||||||||галерея|круговий||||комір||башточки||||||||||||||сидячи на|||камінь|||||||||||бліді|||||поки|||||||||||||потемніли||залишалися|поглинуті в|||прозорій|||||||||||||||| Al atardecer, cuando la "linterna de Mac Farlane" se iluminaba en el horizonte, paseaban por las bartazennes, la antigua galería circular que formaba un collar de almenas alrededor del castillo de Malcolm, y allí, pensativos, olvidados y como solos en el mundo, se sentaban sobre alguna piedra suelta, en medio del silencio de la naturaleza, bajo los pálidos rayos de la luna, mientras la noche caía gradualmente sobre las oscurecidas cimas de las montañas, permanecían sumidos en ese límpido éxtasis e íntimo arrobamiento del que sólo los corazones enamorados poseen el secreto en la tierra. Ввечері, на заході сонця, коли «ліхтарик Мак Фарлана» запалювався на горизонті, вони йшли блукати вздовж бартазенів, старої круглої галереї, яка утворювала ланцюг зубців навколо замку Малькольм, і там, замислені, забуті і наче поодинокі у світі, сидячи на якійсь відокремленій камені, посеред тиші природи, під блідим світлом місяця, поки ніч повільно накривала вершини потемнілих гір, вони залишалися захоплені цією прозорою екстазою та цим інтимним захопленням, таємниця якого відома лише люблячим серцям на землі. Ainsi se passèrent les premiers mois de leur mariage. Таким чином пройшли перші місяці їхнього шлюбу. Mais lord Glenarvan n'oubliait pas que sa femme était fille d'un grand voyageur! |||не забував||||||||| Але лорд Гленарван не забував, що його дружина - дочка великого мандрівника! Il se dit que lady Helena devait avoir dans le cœur toutes les aspirations de son père, et il ne se trompait pas. ||||||||||серце|||||||||||трубила| Він думав, що леді Гелена має в серці всі прагнення свого батька, і він не помилявся. Le _Duncan_ fut construit; il était destiné à transporter lord et lady Glenarvan vers les plus beaux pays du monde, sur les flots de la Méditerranée, et jusqu'aux îles de l'archipel. ||||||||||||||||||||||||||||||архіпелаг Корабель _Дункан_ був побудований; він призначався для перевезення лорда та леді Гленарван у найкрасивіші країни світу, по хвилях Середземного моря, і аж до островів архіпелагу. Que l'on juge de la joie de lady Helena quand son mari mit le _Duncan_ à ses ordres! Що||||||||||||||||| Яка радість охопила леді Хелену, коли її чоловік став до її послуг корабель _Дункан_! En effet, est-il un plus grand bonheur que de promener son amour vers ces contrées charmantes de la Grèce, et de voir se lever la lune de miel sur les rivages enchantés de l'orient? ||||||||||||||||||||||||||||медовий місяць||||зачаровані||Схід Адже чи є більше щастя, ніж повести свою любов до цих чарівних країв Греції і побачити, як місяць медового місяця піднімається над зачарованими берегами Сходу? Cependant lord Glenarvan était parti pour Londres. Проте лорд Гленарван відправився до Лондона.

Il s'agissait du salut de malheureux naufragés; aussi, de cette absence momentanée, lady Helena se montra-t-elle plus impatiente que triste; le lendemain, une dépêche de son mari lui fit espérer un prompt retour; le soir, une lettre demanda une prolongation; les propositions de lord Glenarvan éprouvaient quelques difficultés; le surlendemain, nouvelle lettre, dans laquelle lord Glenarvan ne cachait pas son mécontentement à l'égard de l'amirauté. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||experienced||||the day after tomorrow|||||||||||||||the Admiralty ||||||потопельники|||||тимчасовий||||||||||||||||||||сподіватися|||||||||||||||||||||||||||||||незадоволення|||| Al día siguiente, un despacho de su marido le dio esperanzas de un pronto regreso; por la tarde, una carta en la que solicitaba una prórroga; las propuestas de lord Glenarvan tropezaron con algunas dificultades; al día siguiente, otra carta, en la que lord Glenarvan no ocultaba su descontento con el Almirantazgo. Йшлося про порятунок нещасних потерпілих; отже, через цю тимчасову відсутність леді Хелена виявилася більш нетерплячою, ніж сумною; наступного дня телеграма від її чоловіка дала надію на швидке повернення; ввечері лист запросив продовження; пропозиції лорда Гленарвана зустрічали деякі труднощі; через день новий лист, у якому лорд Гленарван не приховував свого незадоволення щодо адміралтейства. Ce jour-là, lady Helena commença à être inquiète. В той день леді Хелена почала переживати.

Le soir, elle se trouvait seule dans sa chambre, quand l'intendant du château, Mr Halbert, vint lui demander si elle voulait recevoir une jeune fille et un jeune garçon qui désiraient parler à lord Glenarvan. |||||||||||||пан||||||||||||||||||||| Вечором вона була сама в своїй кімнаті, коли управитель замку, містер Халберт, прийшов запитати її, чи хоче вона прийняти дівчину та хлопця, які хотіли поговорити з лордом Гленарваном. «Des gens du pays? «Місцеві жителі?», dit lady Helena. сказала леді Гелена.

--Non, madame, répondit l'intendant, car je ne les connais pas. |||управитель|||||| Ils viennent d'arriver par le chemin de fer de Balloch, et de Balloch à Luss, ils ont fait la route à pied. ||||||||||||||Лус||||||| Вони щойно приїхали залізницею з Баллоха, а від Баллоха до Лусса йшли пішки. --Priez-les de monter, Halbert,» dit lady Glenarvan. Помоліться||||||| --Скажіть їм піднятися, Халберт», — сказала леді Гленарван.

L'intendant sortit. інтендант| Управитель вийшов. Quelques instants après, la jeune fille et le jeune garçon furent introduits dans la chambre de lady Helena. |||||||||||представлені|||||| C'étaient une sœur et un frère. ||сестра||| À leur ressemblance on ne pouvait en douter. ||схожість|||||

La sœur avait seize ans. |сестра||| Sa jolie figure un peu fatiguée, ses yeux qui avaient dû pleurer souvent, sa physionomie résignée, mais courageuse, sa mise pauvre, mais propre, prévenaient en sa faveur. |||||||||||||||||||||||sprachen für sie||| |||||||||||плакати||||||||||||||| Su cara bonita y un poco cansada, sus ojos que debían de haber llorado a menudo, su fisonomía resignada pero valiente, sus ropas pobres pero limpias, todo hablaba en su favor. Її гарне, трохи стомлене обличчя, очі, які, напевно, часто плакали, вираз обличчя, сповнений змирення, але мужності, бідний, але охайний одяг говорили на її користь. Elle tenait par la main un garçon de douze ans à l'air décidé, et qui semblait prendre sa sœur sous sa protection. ||||||||||||||||||сестра||| Вона тримала за руку хлопчика дванадцяти років з рішучим виглядом, який, здавалося, захищав свою сестру. Vraiment! Справді! Quiconque eût manqué à la jeune fille aurait eu affaire à ce petit bonhomme! |||||||||||||малюк Хто б не посмів образити дівчину, той мав би справу з цим малим чоловічком! La sœur demeura un peu interdite en se trouvant devant lady Helena. ||remained||||||||| |сестра||||заборонена|||||| Сестра трохи розгубилася, опинившись перед леді Геленою. Celle-ci se hâta de prendre la parole. |||hurried|||| |||поспішила|||| Вона поспішила вступити в розмову.

«Vous désirez me parler? dit-elle en encourageant la jeune fille du regard. |||заохочуючи|||||

--Non, répondit le jeune garçon d'un ton déterminé, pas à vous, mais à lord Glenarvan lui-même. --Ні, відповів молодий хлопець рішуче, не вам, а самому лорду Гленарвану. --Excusez-le, madame, dit alors la sœur en regardant son frère. ||||||сестра|||| --Пробачте його, мадам, сказала тоді сестра, дивлячись на свого брата.

--Lord Glenarvan n'est pas au château, reprit lady Helena; mais je suis sa femme, et si je puis le remplacer auprès de vous... --Лорда Гленарвана немає в замку, продовжила леді Гелена; але я його дружина, і якщо можу його замінити біля вас... --Vous êtes lady Glenarvan? dit la jeune fille.

--Oui, miss. |пропустити

--La femme de lord Glenarvan de Malcolm-Castle, qui a publié dans le _Times_ une note relative au naufrage du _Britannia_? ||||||Малкольмського замку||||||||||||корабельна катастрофа|| --Дружина лорда Гленарвана з Малкольм-Касла, яка опублікувала в _Times_ нотатку, пов'язану з корабельною катастрофою _Britannia_?

--Oui! --Так! oui! так! répondit lady Helena avec empressement, et vous?... ||||eagerness|| відповіла леді Хелена з нетерпінням, а ви?...

--Je suis miss Grant, madame, et voici mon frère. ||міс|||||| --Я міс Грант, мадам, а це мій брат.

--Miss Grant! Міс| --Міс Грант! Miss Grant! пані| s'écria lady Helena en attirant la jeune fille près d'elle, en lui prenant les mains, en baisant les bonnes joues du petit bonhomme. ||||||||||||||||||||||little man ||||||||||||||||||||||малюк --Madame, reprit la jeune fille, que savez-vous du naufrage de mon père? --Пані, продовжила молода дівчина, що ви знаєте про корабельну катастрофу мого батька? Est-il vivant? Він живий? Le reverrons-nous jamais? |побачимо|| Ми коли-небудь його побачимо знову? Parlez, je vous en supplie! ||||beg Говоріть, я вас дуже прошу!

--Ma chère enfant, dit lady Helena, Dieu me garde de vous répondre légèrement dans une semblable circonstance; je ne voudrais pas vous donner une espérance illusoire... --Моя дорога дитино, каже леді Гелена, Бог вберіг мене від легковажної відповіді в подібній ситуації; я не хотіла б давати вам ілюзорну надію...

--Parlez, madame, parlez! --Говоріть, пані, говоріть! Je suis forte contre la douleur, et je puis tout entendre. Я сильна проти болю, і можу чути все.

--Ma chère enfant, répondit lady Helena, l'espoir est bien faible; mais, avec l'aide de Dieu qui peut tout, il est possible que vous revoyiez un jour votre père. |||||||||||||||||||||||побачите|||| --Моя дорога дитино, відповіла леді Хелена, надія дуже слабка; але, з допомогою Бога, який може все, ймовірно, що ви одного дня знову побачите свого батька. --Mon Dieu! --Мій Боже! Mon Dieu!» s'écria miss Grant, qui ne put contenir ses larmes, tandis que Robert couvrait de baisers les mains de lady Glenarvan. ||||||||contain||||||||||||| |||міс|||||||||||||||||| О, Боже!» - вигукнула міс Грант, не зумівши стримати сліз, в той час як Роберт поцілував руки леді Гленарван. Lorsque le premier accès de cette joie douloureuse fut passé, la jeune fille se laissa aller à faire des questions sans nombre; lady Helena lui raconta l'histoire du document, comment le _Britannia_ s'était perdu sur les côtes de la Patagonie; de quelle manière, après le naufrage, le capitaine et deux matelots, seuls survivants, devaient avoir gagné le continent; enfin, comment ils imploraient le secours du monde entier dans ce document écrit en trois langues et abandonné aux caprices de l'océan. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||implored||||||||||||||||caprices|| |||||||болісна||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||благали про допомогу||||||||||||||||прихотях океану|| Коли перший приплив цієї болісної радості вщух, молода дівчина почала ставити безліч запитань; леді Гелена розповіла їй історію документу, про те, як _Британія_ загубилася на узбережжі Патагонії; яким чином, після корабельної катастрофи, капітан і два матроси, єдині залишилися в живих, повинні були дістатися до континенту; нарешті, як вони закликали допомогу всього світу в цьому документі, написаному трьома мовами та залишеному на милість океану. Pendant ce récit, Robert Grant dévorait des yeux lady Helena; sa vie était suspendue à ses lèvres; son imagination d'enfant lui retraçait les scènes terribles dont son père avait dû être la victime; il le voyait sur le pont du _Britannia_; il le suivait au sein des flots; il s'accrochait avec lui aux rochers de la côte; il se traînait haletant sur le sable et hors de la portée des vagues. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||gasping|||||||||| |||||поглинав||||||||||||||||||||||||||||||||||||||слідував за||бути||||||||скелі||||||повзав||||||||||| Під час цього оповідання Роберт Грант із захопленням спостерігав за леді Геленою; його життя було в підвішеному стані на її губах; його дитяча уява малювала йому страшні сцени, жертвою яких, мабуть, став його батько; він уявляв його на палубі _Британії_; він слідував за ним серед хвиль; він чіплявся з ним за скелі узбережжя; він тягнувся, задихаючись, по піску, подалі від хвиль. Plusieurs fois, pendant cette histoire, des paroles s'échappèrent de sa bouche. |||||||випали||| «Oh! papa! Mon pauvre papa!» s'écria-t-il en se pressant contre sa sœur. Quant à miss Grant, elle écoutait, joignant les mains, et ne prononça pas une seule parole, jusqu'au moment où, le récit terminé, elle dit: ||||||joining||||||||||||||||| Що стосується міс Грант, вона слухала, схопивши руки, і не вимовила жодного слова, до моменту, коли, закінчивши оповідь, вона сказала: «Oh! «Ой! madame! пані! Le document!

Le document!

--Je ne l'ai plus, ma chère enfant, répondit lady Helena. --Я більше не маю його, моя дорога дитина, відповіла леді Гелена. --Vous ne l'avez plus? --Ви більше не маєте його? --Non; dans l'intérêt même de votre père, il a dû être porté à Londres par lord Glenarvan; mais je vous ai dit tout ce qu'il contenait mot pour mot, et comment nous sommes parvenus à en retrouver le sens exact; parmi ces lambeaux de phrases presque effacés, les flots ont respecté quelques chiffres; malheureusement, la longitude... ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||shreds||||||||||||| ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||уривки||||||потоки||||||| --Ні; в інтересах вашого батька, він повинен бути доставлений до Лондона лордом Гленарваном; але я сказала вам усе, що в ньому містилося, слово в слово, і як ми змогли відтворити його точний зміст; серед цих обривків фраз, які майже стерті, хвилі зберегли кілька цифр; на жаль, довгота... --On s'en passera! --Ми обійдемося без цього! s'écria le jeune garçon. --крикнув молодий хлопець. --Oui, Monsieur Robert, répondit Helena en souriant à le voir si déterminé. ||Роберт||||||||| --Так, пане Роберт, -- відповіла Олена, усміхаючись, бачачи його так рішучим. Ainsi, vous le voyez, miss Grant, les moindres détails de ce document vous sont connus comme à moi.

--Oui, madame, répondit la jeune fille, mais j'aurais voulu voir l'écriture de mon père. --Eh bien, demain, demain peut-être, lord Glenarvan sera de retour. --Ну що ж, можливо, завтра, завтра лорд Гленарван повернеться. Mon mari, muni de ce document incontestable, a voulu le soumettre aux commissaires de l'amirauté, afin de provoquer l'envoi immédiat d'un navire à la recherche du capitaine Grant. ||armed||||||||||||||||||||||||| ||озброєний||||||||||||адміралтейство||||||||||||| Мій чоловік, маючи цей безспірний документ, хотів подати його комісарам адміралтейства, щоб спровокувати негайну відправку корабля для пошуків капітана Гранта. --Est-il possible, madame! --Чи можливо це, мадемуазель! s'écria la jeune fille; vous avez fait cela pour nous? --Oui, ma chère miss, et j'attends lord Glenarvan d'un instant à l'autre. --Madame, dit la jeune fille avec un profond accent de reconnaissance et une religieuse ardeur, lord Glenarvan et vous, soyez bénis du ciel! ||||||||||||||ardor|||||||| ||||||||||||||пристрасність|||||||| --Пані, --сказала молода дівчина з глибоким акцентом вдячності та релігійним запалом,-- лорд Гленарван і ви, нехай будете благословенні небом!

--Chère enfant, répondit lady Helena, nous ne méritons aucun remerciement; toute autre personne à notre place eût fait ce que nous avons fait. |||||||заслуговуємо на||||||||||||||| --Дорога дитинко,--відповіла леді Хелена,-- ми не заслуговуємо на жодні подяки; будь-яка інша людина на нашому місці зробила б те, що зробили ми. Puissent se réaliser les espérances que je vous ai laissé concevoir! ||||||||||conceive ||||надії|||||| Нехай здійсняться надії, які я вам залишила уявити! Jusqu'au retour de lord Glenarvan, vous demeurez au château... ||||||remain|| ||||||залишайтеся|| До повернення лорда Гленарвана ви залишаєтеся в замку... --Madame, répondit la jeune fille, je ne voudrais pas abuser de la sympathie que vous témoignez à des étrangers. |||||||||||||||виявляєте||| --Мадам, відповіла молода дівчина, я не хотіла б зловживати симпатією, яку ви проявляєте до незнайомців.

--Étrangers! --Незнайомці! Chère enfant; ni votre frère ni vous, vous n'êtes des étrangers dans cette maison, et je veux qu'à son arrivée lord Glenarvan apprenne aux enfants du capitaine Grant ce que l'on va tenter pour sauver leur père.» ||||||||||||||||||||||learn|||||||||||||| ||||||||||||||||||||||навчиться|||||||||||||| Дорога дитина; ні твій брат, ні ти не є чужими в цьому домі, і я хочу, щоб з прибуттям лорда Гленарвана діти капітана Гранта дізналися, що ми спробуємо зробити для порятунку їхнього батька. Il n'y avait pas à refuser une offre faite avec tant de cœur. ||||||||||||серце Не було з чого відмовитися від пропозиції, зробленої з таким серцем. Il fut donc convenu que miss Grant et son frère attendraient à Malcolm-Castle le retour de lord Glenarvan. |||agreed||||||||||||||| ||||||||||чекатимуть|||||||| Отже, було договорено, що міс Грант і її брат чекатимуть в Малькольм-Касл на повернення лорда Гленарвана.