×

LingQをより快適にするためCookieを使用しています。サイトの訪問により同意したと見なされます クッキーポリシー.

image

Les Enfants du capitaine Grant (Jules Verne), PREMIÈRE PARTIE: Chapitre V _Le départ du «Duncan»_

PREMIÈRE PARTIE: Chapitre V _Le départ du «Duncan»_

Chapitre V _Le départ du «Duncan»_

Il a été dit que lady Helena avait une âme forte et généreuse. Ce qu'elle venait de faire en était une preuve indiscutable. Lord Glenarvan fut à bon droit fier de cette noble femme, capable de le comprendre et de le suivre. Cette idée de voler au secours du capitaine Grant s'était déjà emparée de lui, quand, à Londres, il vit sa demande repoussée; s'il n'avait pas devancé lady Helena, c'est qu'il ne pouvait se faire à la pensée de se séparer d'elle. Mais puisque lady Helena demandait à partir elle-même, toute hésitation cessait. Les serviteurs du château avaient salué de leurs cris cette proposition; il s'agissait de sauver des frères, des écossais comme eux, et lord Glenarvan s'unit cordialement aux hurrahs qui acclamaient la dame de Luss. Le départ résolu, il n'y avait pas une heure à perdre. Le jour même, lord Glenarvan expédia à John Mangles l'ordre d'amener le _Duncan_ à Glasgow, et de tout préparer pour un voyage dans les mers du sud qui pouvait devenir un voyage de circumnavigation. D'ailleurs, en formulant sa proposition, lady Helena n'avait pas trop préjugé des qualités du _Duncan_; construit dans des conditions remarquables de solidité et de vitesse, il pouvait impunément tenter un voyage au long cours. C'était un yacht à vapeur du plus bel échantillon; il jaugeait deux cent dix tonneaux, et les premiers navires qui abordèrent au nouveau monde, ceux de Colomb, de Vespuce, de Pinçon, de Magellan, étaient de dimensions bien inférieures. Le _Duncan_ avait deux mâts: un mât de misaine avec misaine, goélette-misaine, petit hunier et petit perroquet, un grand mât portant brigantine et flèche; de plus, une trinquette, un grand foc, un petit foc et des voiles d'étai. Sa voilure était suffisante, et il pouvait profiter du vent comme un simple clipper; mais, avant tout, il comptait sur la puissance mécanique renfermée dans ses flancs.

Sa machine, d'une force effective de cent soixante chevaux, et construite d'après un nouveau système, possédait des appareils de surchauffe qui donnaient une tension plus grande à sa vapeur; elle était à haute pression et mettait en mouvement une hélice double. Le _Duncan_ à toute vapeur pouvait acquérir une vitesse supérieure à toutes les vitesses obtenues jusqu'à ce jour. En effet, pendant ses essais dans le golfe de la Clyde, il avait fait, d'après le _patent-log_, jusqu'à dix-sept milles à l'heure. Donc, tel il était, tel il pouvait partir et faire le tour du monde. John Mangles n'eut à se préoccuper que des aménagements intérieurs. Son premier soin fut d'abord d'agrandir ses soutes, afin d'emporter la plus grande quantité possible de charbon, car il est difficile de renouveler en route les approvisionnements de combustible. Même précaution fut prise pour les cambuses, et John Mangles fit si bien qu'il emmagasina pour deux ans de vivres; l'argent ne lui manquait pas, et il en eut même assez pour acheter un canon à pivot qui fut établi sur le gaillard d'avant du yacht; on ne savait pas ce qui arriverait, et il est toujours bon de pouvoir lancer un boulet de huit à une distance de quatre milles. John Mangles, il faut le dire, s'y entendait; bien qu'il ne commandât qu'un yacht de plaisance, il comptait parmi les meilleurs skippers de Glasgow; il avait trente ans, les traits un peu rudes, mais indiquant le courage et la bonté. C'était un enfant du château, que la famille Glenarvan éleva et dont elle fit un excellent marin. John Mangles donna souvent des preuves d'habileté, d'énergie et de sang-froid dans quelques-uns de ses voyages au long cours. Lorsque lord Glenarvan lui offrit le commandement du _Duncan_, il l'accepta de grand cœur, car il aimait comme un frère le seigneur de Malcolm-Castle, et cherchait, sans l'avoir rencontrée jusqu'alors, l'occasion de se dévouer pour lui. Le second, Tom Austin, était un vieux marin digne de toute confiance; vingt-cinq hommes, en comprenant le capitaine et le second composaient l'équipage du _Duncan_; tous appartenaient au comté de Dumbarton; tous, matelots éprouvés, étaient fils des tenanciers de la famille et formaient à bord un clan véritable de braves gens auxquels ne manquait même pas le _piper-bag_ traditionnel. Lord Glenarvan avait là une troupe de bons sujets, heureux de leur métier, dévoués, courageux, habiles dans le maniement des armes comme à la manœuvre d'un navire, et capables de le suivre dans les plus hasardeuses expéditions. Quand l'équipage du _Duncan_ apprit où on le conduisait, il ne put contenir sa joyeuse émotion, et les échos des rochers de Dumbarton se réveillèrent à ses enthousiastes hurrahs. John Mangles, tout en s'occupant d'arrimer et d'approvisionner son navire, n'oublia pas d'aménager les appartements de lord et de lady Glenarvan pour un voyage de long cours. Il dut préparer également les cabines des enfants du capitaine Grant, car lady Helena n'avait pu refuser à Mary la permission de la suivre à bord du _Duncan_. Quant au jeune Robert, il se fût caché dans la cale du yacht plutôt que de ne pas partir. Eût-il dû faire le métier de mousse, comme Nelson et Franklin, il se serait embarqué sur le _Duncan_. Le moyen de résister à un pareil petit bonhomme!

On n'essaya pas. Il fallut même consentir «à lui refuser» la qualité de passager, car, mousse, novice ou matelot, il voulait servir. John Mangles fut chargé de lui apprendre le métier de marin.

«Bon, dit Robert, et qu'il ne m'épargne pas les coups de martinet, si je ne marche pas droit! --Sois tranquille, mon garçon», répondit Glenarvan d'un air sérieux, et sans ajouter que l'usage du chat à neuf queues était défendu, et, d'ailleurs, parfaitement inutile à bord du _Duncan_. Pour compléter le rôle des passagers, il suffira de nommer le major Mac Nabbs. Le major était un homme âgé de cinquante ans, d'une figure calme et régulière, qui allait où on lui disait d'aller, une excellente et parfaite nature, modeste, silencieux, paisible et doux; toujours d'accord sur n'importe quoi, avec n'importe qui, il ne discutait rien, il ne se disputait pas, il ne s'emportait point; il montait du même pas l'escalier de sa chambre à coucher ou le talus d'une courtine battue en brèche, ne s'émouvant de rien au monde, ne se dérangeant jamais, pas même pour un boulet de canon, et sans doute il mourra sans avoir trouvé l'occasion de se mettre en colère. Cet homme possédait au suprême degré non seulement le vulgaire courage des champs de bataille, cette bravoure physique uniquement due à l'énergie musculaire, mais mieux encore, le courage moral, c'est-à-dire la fermeté de l'âme. S'il avait un défaut, c'était d'être absolument écossais de la tête aux pieds, un calédonien pur sang, un observateur entêté des vieilles coutumes de son pays. Aussi ne voulut-il jamais servir l'Angleterre, et ce grade de major, il le gagna au 42e régiment des Highland-Black-Watch, garde noire, dont les compagnies étaient formées uniquement de gentilshommes écossais. Mac Nabbs, en sa qualité de cousin des Glenarvan, demeurait au château de Malcolm, et en sa qualité de major il trouva tout naturel de prendre passage sur le _Duncan_.

Tel était donc le personnel de ce yacht, appelé par des circonstances imprévues à accomplir un des plus surprenants voyages des temps modernes. Depuis son arrivée au _steamboat-quay_ de Glasgow, il avait monopolisé à son profit la curiosité publique; une foule considérable venait chaque jour le visiter; on ne s'intéressait qu'à lui, on ne parlait que de lui, au grand déplaisir des autres capitaines du port, entre autres du capitaine Burton, commandant le _Scotia_, un magnifique steamer amarré auprès du _Duncan_, et en partance pour Calcutta. Le _Scotia_, vu sa taille, avait le droit de considérer le _Duncan_ comme un simple _fly-boat_.

Cependant tout l'intérêt se concentrait sur le yacht de lord Glenarvan, et s'accroissait de jour en jour. En effet, le moment du départ approchait, John Mangles s'était montré habile et expéditif. Un mois après ses essais dans le golfe de la Clyde, le _Duncan_, arrimé, approvisionné, aménagé, pouvait prendre la mer. Le départ fut fixé au 25 août, ce qui permettait au yacht d'arriver vers le commencement du printemps des latitudes australes. Lord Glenarvan, dès que son projet fut connu, n'avait pas été sans recevoir quelques observations sur les fatigues et les dangers du voyage; mais il n'en tint aucun compte, et il se disposa à quitter Malcolm-Castle. D'ailleurs, beaucoup le blâmaient qui l'admiraient sincèrement. Puis, l'opinion publique se déclara franchement pour le lord écossais, et tous les journaux, à l'exception des «organes du gouvernement», blâmèrent unanimement la conduite des commissaires de l'amirauté dans cette affaire. Au surplus, lord Glenarvan fut insensible au blâme comme à l'éloge: il faisait son devoir, et se souciait peu du reste. Le 24 août, Glenarvan, lady Helena, le major Mac Nabbs, Mary et Robert Grant, Mr Olbinett, le steward du yacht, et sa femme Mrs Olbinett, attachée au service de lady Glenarvan, quittèrent Malcolm-Castle, après avoir reçu les touchants adieux des serviteurs de la famille. Quelques heures plus tard, ils étaient installés à bord. La population de Glasgow accueillit avec une sympathique admiration lady Helena, la jeune et courageuse femme qui renonçait aux tranquilles plaisirs d'une vie opulente et volait au secours des naufragés. Les appartements de lord Glenarvan et de sa femme occupaient dans la dunette tout l'arrière du _Duncan_; ils se composaient de deux chambres à coucher, d'un salon et de deux cabinets de toilette; puis il y avait un carré commun, entouré de six cabines, dont cinq étaient occupées par Mary et Robert Grant, Mr et Mrs Olbinett, et le major Mac Nabbs. Quant aux cabines de John Mangles et de Tom Austin, elles se trouvaient situées en retour et s'ouvraient sur le tillac. L'équipage était logé dans l'entrepont, et fort à son aise, car le yacht n'emportait d'autre cargaison que son charbon, ses vivres et des armes. La place n'avait donc pas manqué à John Mangles pour les aménagements intérieurs, et il en avait habilement profité. Le _Duncan_ devait partir dans la nuit du 24 au 25 août, à la marée descendante de trois heures du matin. Mais, auparavant, la population de Glasgow fut témoin d'une cérémonie touchante. À huit heures du soir, lord Glenarvan et ses hôtes, l'équipage entier, depuis les chauffeurs jusqu'au capitaine, tous ceux qui devaient prendre part à ce voyage de dévouement, abandonnèrent le yacht et se rendirent à Saint-Mungo, la vieille cathédrale de Glasgow. Cette antique église restée intacte au milieu des ruines causées par la réforme et si merveilleusement décrite par Walter Scott, reçut sous ses voûtes massives les passagers et les marins du _Duncan_.

Une foule immense les accompagnait. Là, dans la grande nef, pleine de tombes comme un cimetière, le révérend Morton implora les bénédictions du ciel et mit l'expédition sous la garde de la providence. Il y eut un moment où la voix de Mary Grant s'éleva dans la vieille église. La jeune fille priait pour ses bienfaiteurs et versait devant Dieu les douces larmes de la reconnaissance. Puis, l'assemblée se retira sous l'empire d'une émotion profonde. À onze heures, chacun était rentré à bord. John Mangles et l'équipage s'occupaient des derniers préparatifs. À minuit, les feux furent allumés; le capitaine donna l'ordre de les pousser activement, et bientôt des torrents de fumée noire se mêlèrent aux brumes de la nuit. Les voiles du _Duncan_ avaient été soigneusement renfermées dans l'étui de toile qui servait à les garantir des souillures du charbon, car le vent soufflait du sud-ouest et ne pouvait favoriser la marche du navire. À deux heures, le _Duncan_ commença à frémir sous la trépidation de ses chaudières; le manomètre marqua une pression de quatre atmosphères; la vapeur réchauffée siffla par les soupapes; la marée était étale; le jour permettait déjà de reconnaître les passes de la Clyde entre les balises et les _biggings_ dont les fanaux s'effaçaient peu à peu devant l'aube naissante. Il n'y avait plus qu'à partir. John Mangles fit prévenir lord Glenarvan, qui monta aussitôt sur le pont.

Bientôt le jusant se fit sentir; le _Duncan_ lança dans les airs de vigoureux coups de sifflet, largua ses amarres, et se dégagea des navires environnants; l'hélice fut mise en mouvement et poussa le yacht dans le chenal de la rivière. John n'avait pas pris de pilote; il connaissait admirablement les passes de la Clyde, et nul pratique n'eût mieux manœuvré à son bord. Le yacht évoluait sur un signe de lui: de la main droite il commandait à la machine; de la main gauche, au gouvernail, silencieusement et sûrement. Bientôt les dernières usines firent place aux villas élevées çà et là sur les collines riveraines, et les bruits de la ville s'éteignirent dans l'éloignement. Une heure après le _Duncan_ rasa les rochers de Dumbarton; deux heures plus tard, il était dans le golfe de la Clyde; à six heures du matin, il doublait le _mull_ de Cantyre, sortait du canal du nord, et voguait en plein océan.

Learn languages from TV shows, movies, news, articles and more! Try LingQ for FREE

PREMIÈRE PARTIE: Chapitre V _Le départ du «Duncan»_ PART ONE: Chapter V _The departure of the "Duncan"_ PRIMERA PARTE: Capítulo V _La partida del "Duncan"_

Chapitre V _Le départ du «Duncan»_

Il a été dit que lady Helena avait une âme forte et généreuse. Ce qu'elle venait de faire en était une preuve indiscutable. |||||||||indisputable Lord Glenarvan fut à bon droit fier de cette noble femme, capable de le comprendre et de le suivre. ||||||||||||||||||follow Cette idée de voler au secours du capitaine Grant s'était déjà emparée de lui, quand, à Londres, il vit sa demande repoussée; s'il n'avait pas devancé lady Helena, c'est qu'il ne pouvait se faire à la pensée de se séparer d'elle. |||||||||||seized||||||||||repelled||||preceded||||||||||||||| Mais puisque lady Helena demandait à partir elle-même, toute hésitation cessait. |||||||||||ceased Les serviteurs du château avaient salué de leurs cris cette proposition; il s'agissait de sauver des frères, des écossais comme eux, et lord Glenarvan s'unit cordialement aux hurrahs qui acclamaient la dame de Luss. |||||hailed|||||||||||||||||||joined|||hurrahs||acclaimed|||| Le départ résolu, il n'y avait pas une heure à perdre. Le jour même, lord Glenarvan expédia à John Mangles l'ordre d'amener le _Duncan_ à Glasgow, et de tout préparer pour un voyage dans les mers du sud qui pouvait devenir un voyage de circumnavigation. |||||expedited||||||||||||||||||||||||||||circumnavigation D'ailleurs, en formulant sa proposition, lady Helena n'avait pas trop préjugé des qualités du _Duncan_; construit dans des conditions remarquables de solidité et de vitesse, il pouvait impunément tenter un voyage au long cours. |||||||||||||||||||remarkable||solidity||||||with impunity|||||| C'était un yacht à vapeur du plus bel échantillon; il jaugeait deux cent dix tonneaux, et les premiers navires qui abordèrent au nouveau monde, ceux de Colomb, de Vespuce, de Pinçon, de Magellan, étaient de dimensions bien inférieures. ||||||||||maß||||||||||||||||||||||||||| ||||||||sample||gauged||||||||||approached||||||||Vespucci||Pinson||Magellan||||| Era un yate de vapor de la mejor especie; tenía doscientas diez toneladas, y los primeros barcos que desembarcaron en el Nuevo Mundo, los de Colón, Vespucio, Pinçon y Magallanes, eran de dimensiones mucho menores. Le _Duncan_ avait deux mâts: un mât de misaine avec misaine, goélette-misaine, petit hunier et petit perroquet, un grand mât portant brigantine et flèche; de plus, une trinquette, un grand foc, un petit foc et des voiles d'étai. ||||||||Vorsegel||Vorsegel||Vorsegel||kleiner Hunier|||kleiner Papagei|||||Brigantine||||||Trinket||||||||||Stagsegel ||||||||mizzen||foremast||||fore topsail|||crow's nest|||||brigantine||||||jib|||jib||||||sails|forestay El _Duncan_ tenía dos mástiles: un trinquete con trinquete, goleta de trinquete, pequeña gavia y pequeño papagayo, y un palo mayor con bergantín y foque; también tenía un trinquete, un foque grande, un foque pequeño y velas de estay. Sa voilure était suffisante, et il pouvait profiter du vent comme un simple clipper; mais, avant tout, il comptait sur la puissance mécanique renfermée dans ses flancs. |sail||||||||||||clipper||||||||||enclosed|||sides

Sa machine, d'une force effective de cent soixante chevaux, et construite d'après un nouveau système, possédait des appareils de surchauffe qui donnaient une tension plus grande à sa vapeur; elle était à haute pression et mettait en mouvement une hélice double. ||||effective|||||||||||||||superheating||||||||||||||||||||propeller| Le _Duncan_ à toute vapeur pouvait acquérir une vitesse supérieure à toutes les vitesses obtenues jusqu'à ce jour. En effet, pendant ses essais dans le golfe de la Clyde, il avait fait, d'après le _patent-log_, jusqu'à dix-sept milles à l'heure. ||||||||||||||||patent||||||| Donc, tel il était, tel il pouvait partir et faire le tour du monde. John Mangles n'eut à se préoccuper que des aménagements intérieurs. ||had||||||modifications| Son premier soin fut d'abord d'agrandir ses soutes, afin d'emporter la plus grande quantité possible de charbon, car il est difficile de renouveler en route les approvisionnements de combustible. |||||||Tanks||||||||||||||||||||| |||||||bunkers||to carry|||||||||||||||||supplies||fuel Même précaution fut prise pour les cambuses, et John Mangles fit si bien qu'il emmagasina pour deux ans de vivres; l'argent ne lui manquait pas, et il en eut même assez pour acheter un canon à pivot qui fut établi sur le gaillard d'avant du yacht; on ne savait pas ce qui arriverait, et il est toujours bon de pouvoir lancer un boulet de huit à une distance de quatre milles. ||||||magazines||||||||stored|||||provisions|||||||||||||||||pivot||||||forecastle||||||||||||||||||||cannonball|||||||| John Mangles, il faut le dire, s'y entendait; bien qu'il ne commandât qu'un yacht de plaisance, il comptait parmi les meilleurs skippers de Glasgow; il avait trente ans, les traits un peu rudes, mais indiquant le courage et la bonté. |||||||||||commanded||||recreation|||||||||||||||||rough||indicating||||| Er war dreißig Jahre alt, seine Gesichtszüge waren etwas rau, aber sie deuteten auf Mut und Güte hin. C'était un enfant du château, que la famille Glenarvan éleva et dont elle fit un excellent marin. |||||||||raised|||||||sailor John Mangles donna souvent des preuves d'habileté, d'énergie et de sang-froid dans quelques-uns de ses voyages au long cours. Lorsque lord Glenarvan lui offrit le commandement du _Duncan_, il l'accepta de grand cœur, car il aimait comme un frère le seigneur de Malcolm-Castle, et cherchait, sans l'avoir rencontrée jusqu'alors, l'occasion de se dévouer pour lui. ||||offered||||||accepted||||||||||||||||||||until then||||devote|| Le second, Tom Austin, était un vieux marin digne de toute confiance; vingt-cinq hommes, en comprenant le capitaine et le second composaient l'équipage du _Duncan_; tous appartenaient au comté de Dumbarton; tous, matelots éprouvés, étaient fils des tenanciers de la famille et formaient à bord un clan véritable de braves gens auxquels ne manquait même pas le _piper-bag_ traditionnel. ||||||||||||||||||||||||||alle||||||||||||Pächter|||||||||||||||||||||| |||||||||||trust|||||||||||comprised|||||||county|||||experienced||||tenants|||||||||||||||did not|||||piper|bag| Lord Glenarvan avait là une troupe de bons sujets, heureux de leur métier, dévoués, courageux, habiles dans le maniement des armes comme à la manœuvre d'un navire, et capables de le suivre dans les plus hasardeuses expéditions. |||||crew||||||||devoted|courageous|skilled|||handling||||||maneuver|||||||||||hazardous| Quand l'équipage du _Duncan_ apprit où on le conduisait, il ne put contenir sa joyeuse émotion, et les échos des rochers de Dumbarton se réveillèrent à ses enthousiastes hurrahs. ||||||||was leading||||||||||||||||awoke|||| John Mangles, tout en s'occupant d'arrimer et d'approvisionner son navire, n'oublia pas d'aménager les appartements de lord et de lady Glenarvan pour un voyage de long cours. |||||verladen||||||||||||||||||||| ||||taking care|of securing||to supply|||did not forget||to arrange|||||||||||||| Il dut préparer également les cabines des enfants du capitaine Grant, car lady Helena n'avait pu refuser à Mary la permission de la suivre à bord du _Duncan_. |had to|||||||||||||||||||||||||| Quant au jeune Robert, il se fût caché dans la cale du yacht plutôt que de ne pas partir. ||||||||||Keller|||||||| ||||||would have||||hold|||||||| Was den jungen Robert betraf, so hätte er sich eher im Laderaum der Jacht versteckt, als nicht zu gehen. Eût-il dû faire le métier de mousse, comme Nelson et Franklin, il se serait embarqué sur le _Duncan_. |||||profession||||||||||||| Si hubiera tenido que trabajar como marino, como Nelson y Franklin, se habría embarcado en el _Duncan_. Le moyen de résister à un pareil petit bonhomme!

On n'essaya pas. |didn't try| Il fallut même consentir «à lui refuser» la qualité de passager, car, mousse, novice ou matelot, il voulait servir. |||consent|||||||||seaman|||sailor||| John Mangles fut chargé de lui apprendre le métier de marin.

«Bon, dit Robert, et qu'il ne m'épargne pas les coups de martinet, si je ne marche pas droit! ||||that it||spare||||||||||| --Sois tranquille, mon garçon», répondit Glenarvan d'un air sérieux, et sans ajouter que l'usage du chat à neuf queues était défendu, et, d'ailleurs, parfaitement inutile à bord du _Duncan_. Pour compléter le rôle des passagers, il suffira de nommer le major Mac Nabbs. Le major était un homme âgé de cinquante ans, d'une figure calme et régulière, qui allait où on lui disait d'aller, une excellente et parfaite nature, modeste, silencieux, paisible et doux; toujours d'accord sur n'importe quoi, avec n'importe qui, il ne discutait rien, il ne se disputait pas, il ne s'emportait point; il montait du même pas l'escalier de sa chambre à coucher ou le talus d'une courtine battue en brèche, ne s'émouvant de rien au monde, ne se dérangeant jamais, pas même pour un boulet de canon, et sans doute il mourra sans avoir trouvé l'occasion de se mettre en colère. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Befestigungsmauer|||geschlagenen Bresche||||||||||||||||||||||||||||||| |||||||fifty|||||||||||||||||||||peaceful||gentle||||||||||||||||argued||||became angry|||mounted||||||||||||slope||curtain|||||being moved|||||||disturbing|||||||||||||||||||||| Cet homme possédait au suprême degré non seulement le vulgaire courage des champs de bataille, cette bravoure physique uniquement due à l'énergie musculaire, mais mieux encore, le courage moral, c'est-à-dire la fermeté de l'âme. |||||||||||||||||||||||||||||||||firmness|| S'il avait un défaut, c'était d'être absolument écossais de la tête aux pieds, un calédonien pur sang, un observateur entêté des vieilles coutumes de son pays. |||fault|||||||||||Caledonian|||||stubborn|||||| Aussi ne voulut-il jamais servir l'Angleterre, et ce grade de major, il le gagna au 42e régiment des Highland-Black-Watch, garde noire, dont les compagnies étaient formées uniquement de gentilshommes écossais. ||||||||||||||won|||regiment||Highland|||||||||formed|||gentlemen| Mac Nabbs, en sa qualité de cousin des Glenarvan, demeurait au château de Malcolm, et en sa qualité de major il trouva tout naturel de prendre passage sur le _Duncan_. |||||||||remained||||||||||||||||||||

Tel était donc le personnel de ce yacht, appelé par des circonstances imprévues à accomplir un des plus surprenants voyages des temps modernes. ||||||||||||unforeseen|||||||||| Depuis son arrivée au _steamboat-quay_ de Glasgow, il avait monopolisé à son profit la curiosité publique; une foule considérable venait chaque jour le visiter; on ne s'intéressait qu'à lui, on ne parlait que de lui, au grand déplaisir des autres capitaines du port, entre autres du capitaine Burton, commandant le _Scotia_, un magnifique steamer amarré auprès du _Duncan_, et en partance pour Calcutta. ||||steamboat|quay|||||monopolized||||||||||||||||||||||||||||displeasure||||||||||Burton|||Scotia|||steamer|moored||||||departure||Calcutta Le _Scotia_, vu sa taille, avait le droit de considérer le _Duncan_ comme un simple _fly-boat_. ||||size||||||||||||

Cependant tout l'intérêt se concentrait sur le yacht de lord Glenarvan, et s'accroissait de jour en jour. ||||concentrated||||||||increased|||| En effet, le moment du départ approchait, John Mangles s'était montré habile et expéditif. Un mois après ses essais dans le golfe de la Clyde, le _Duncan_, arrimé, approvisionné, aménagé, pouvait prendre la mer. |||||||||||||verankert|versorgt||||| |||||||||||||moored|supplied|fitted|||| Le départ fut fixé au 25 août, ce qui permettait au yacht d'arriver vers le commencement du printemps des latitudes australes. Lord Glenarvan, dès que son projet fut connu, n'avait pas été sans recevoir quelques observations sur les fatigues et les dangers du voyage; mais il n'en tint aucun compte, et il se disposa à quitter Malcolm-Castle. |||||||||||||||||fatigues|||||||||heeded||||||prepared|||| Lord Glenarvan hatte, als sein Plan bekannt wurde, einige Bemerkungen über die Strapazen und Gefahren der Reise gehört. D'ailleurs, beaucoup le blâmaient qui l'admiraient sincèrement. |||blamed||admired it| Außerdem tadelten ihn viele, die ihn aufrichtig bewunderten. Puis, l'opinion publique se déclara franchement pour le lord écossais, et tous les journaux, à l'exception des «organes du gouvernement», blâmèrent unanimement la conduite des commissaires de l'amirauté dans cette affaire. ||||||||||||||||||||blamed|unanimously||||||||| Au surplus, lord Glenarvan fut insensible au blâme comme à l'éloge: il faisait son devoir, et se souciait peu du reste. Le 24 août, Glenarvan, lady Helena, le major Mac Nabbs, Mary et Robert Grant, Mr Olbinett, le steward du yacht, et sa femme Mrs Olbinett, attachée au service de lady Glenarvan, quittèrent Malcolm-Castle, après avoir reçu les touchants adieux des serviteurs de la famille. ||||||||||||||||steward|||||||Olbinett|||||||left|||||||touching|||||| Quelques heures plus tard, ils étaient installés à bord. La population de Glasgow accueillit avec une sympathique admiration lady Helena, la jeune et courageuse femme qui renonçait aux tranquilles plaisirs d'une vie opulente et volait au secours des naufragés. ||||welcomed||||admiration|||||||||was renouncing||||||opulent|||||| Les appartements de lord Glenarvan et de sa femme occupaient dans la dunette tout l'arrière du _Duncan_; ils se composaient de deux chambres à coucher, d'un salon et de deux cabinets de toilette; puis il y avait un carré commun, entouré de six cabines, dont cinq étaient occupées par Mary et Robert Grant, Mr et Mrs Olbinett, et le major Mac Nabbs. ||||||||||||der Kommandobrücke||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Quant aux cabines de John Mangles et de Tom Austin, elles se trouvaient situées en retour et s'ouvraient sur le tillac. ||||||||||||||||||||Deck |||||||||||||located||||opened|||deck L'équipage était logé dans l'entrepont, et fort à son aise, car le yacht n'emportait d'autre cargaison que son charbon, ses vivres et des armes. ||||the hold|||||at ease|||||||||coal||||| La place n'avait donc pas manqué à John Mangles pour les aménagements intérieurs, et il en avait habilement profité. |||||||||||||||||skillfully| Le _Duncan_ devait partir dans la nuit du 24 au 25 août, à la marée descendante de trois heures du matin. ||||||||||||tide|descending||||| Mais, auparavant, la population de Glasgow fut témoin d'une cérémonie touchante. À huit heures du soir, lord Glenarvan et ses hôtes, l'équipage entier, depuis les chauffeurs jusqu'au capitaine, tous ceux qui devaient prendre part à ce voyage de dévouement, abandonnèrent le yacht et se rendirent à Saint-Mungo, la vieille cathédrale de Glasgow. ||||||||||||||drivers|||||||||||||devotion|abandoned|||||went|||Mungo||||| Cette antique église restée intacte au milieu des ruines causées par la réforme et si merveilleusement décrite par Walter Scott, reçut sous ses voûtes massives les passagers et les marins du _Duncan_. ||||||||||||||||||||received|||vaults||||||||

Une foule immense les accompagnait. Là, dans la grande nef, pleine de tombes comme un cimetière, le révérend Morton implora les bénédictions du ciel et mit l'expédition sous la garde de la providence. |||large|nave||||||||reverend|Morton|implored||blessings||||||||||| Il y eut un moment où la voix de Mary Grant s'éleva dans la vieille église. |||||||||||rose|||| La jeune fille priait pour ses bienfaiteurs et versait devant Dieu les douces larmes de la reconnaissance. |||prayed|||benefactors||shed|||||||| Puis, l'assemblée se retira sous l'empire d'une émotion profonde. À onze heures, chacun était rentré à bord. John Mangles et l'équipage s'occupaient des derniers préparatifs. |||||||preparations À minuit, les feux furent allumés; le capitaine donna l'ordre de les pousser activement, et bientôt des torrents de fumée noire se mêlèrent aux brumes de la nuit. |midnight||||lit||||||||||||torrents|||||mingled||brumes||| Les voiles du _Duncan_ avaient été soigneusement renfermées dans l'étui de toile qui servait à les garantir des souillures du charbon, car le vent soufflait du sud-ouest et ne pouvait favoriser la marche du navire. |||||||enclosed||the case|||||||||stains||||||was blowing||||||||||| |||||||||чохол||полотно|||||||||||||||||||||||| Las velas del _Duncan_ habían sido cuidadosamente encerradas en la funda de lona utilizada para protegerlas de las manchas del carbón, ya que el viento soplaba del sudoeste y no podía favorecer el avance del buque. À deux heures, le _Duncan_ commença à frémir sous la trépidation de ses chaudières; le manomètre marqua une pression de quatre atmosphères; la vapeur réchauffée siffla par les soupapes; la marée était étale; le jour permettait déjà de reconnaître les passes de la Clyde entre les balises et les _biggings_ dont les fanaux s'effaçaient peu à peu devant l'aube naissante. ||||||||||||||||||||||||||||Ventile||||||||||||||||||Bojen||||||||||||| |||||||quiver|||trepidation|||boilers||manometer|marked||||||||reheated|hiss|||valves||||was calm||||||||||||||buoys|||biggings|||lanterns|were fading||||||naissant |||||||||||||котли|||||||||||підвищена||||||приплив|||||||||||||||||||будівлі||||зникали|||||світанок|що настає A las dos, el _Duncan_ empezó a estremecerse bajo la trepidación de sus calderas; el manómetro registraba una presión de cuatro atmósferas; el vapor calentado siseaba por las válvulas; la marea estaba floja; la luz del día permitía ya reconocer los pasos del Clyde entre las balizas y los _biggings_, cuyas linternas se apagaban poco a poco ante el alba naciente. О другій годині _Дункан_ почав тремтіти під трясінням своїх котлів; манометр вказував тиск у чотири атмосфери; розігріте пара свистіло через клапани; приплив був спокійний; день дозволяв уже розпізнати проходи Клайда між маяками та _біггінгами_, фанарі яких поступово зникали перед наступаючим світанком. Il n'y avait plus qu'à partir. Залишалося тільки вирушати. John Mangles fit prévenir lord Glenarvan, qui monta aussitôt sur le pont. Джон Менглс сповістив лорда Гленарвана, який одразу ж піднявся на місток.

Bientôt le jusant se fit sentir; le _Duncan_ lança dans les airs de vigoureux coups de sifflet, largua ses amarres, et se dégagea des navires environnants; l'hélice fut mise en mouvement et poussa le yacht dans le chenal de la rivière. ||Ebbe|||||||||||||||ließ los||Festmacher||||||||||||||||||||| ||ebb||||||raced|||||||||released||lines|||disengaged|||surrounding ships|the propeller|||||||||||channel||| ||||||||||||||||свисток|||||||||||||||||||||канал||| Незабаром відплив дав про себе знати; _Duncan_ випустив у повітря потужні свистки, скинув свої канати і звільнився від сусідніх кораблів; гвинт був приведений в рух і штовхнув яхту в фарватер річки. John n'avait pas pris de pilote; il connaissait admirablement les passes de la Clyde, et nul pratique n'eût mieux manœuvré à son bord. |||||||||||||||||would have||maneuvered||| John hatte sich keinen Lotsen genommen, denn er kannte die Passagen des Clyde sehr gut und kein Praktiker hätte besser manövrieren können. Джон не взяв пілота; він чудово знав проходи Клайда, і жоден практик не маневрував би краще на його борту. Le yacht évoluait sur un signe de lui: de la main droite il commandait à la machine; de la main gauche, au gouvernail, silencieusement et sûrement. ||||||||||||||||||||||кермо||| Яхта рухалася за його знаком: правою рукою він управляв машиною; лівою - стерном, тихо і впевнено. Bientôt les dernières usines firent place aux villas élevées çà et là sur les collines riveraines, et les bruits de la ville s'éteignirent dans l'éloignement. |||||||||||||||river|||||||died down||the distance |||заводи||||||||||||||||||||| Невдовзі останні фабрики поступилися місцем віллам, що здіймалися тут і там на берегових пагорбах, а звуки міста затихнули вдалині. Une heure après le _Duncan_ rasa les rochers de Dumbarton; deux heures plus tard, il était dans le golfe de la Clyde; à six heures du matin, il doublait le _mull_ de Cantyre, sortait du canal du nord, et voguait en plein océan. |||||rased|||||||||||||||||||||||doubled||mull||Mull of Kintyre|||||||sailed||| ||||||||||||||||||||||||||||||||Кантайр|||||||||| Годину по тому _Дункан_ пройшов повз скелі Дамбартона; через дві години він уже був в затоці Клайда; о шестій годині ранку він обігнув _мал_ Кентайр, вийшов з північного каналу і плив у відкритий океан.