Journal en français facile 23/06/2021 20h00 GMT
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À la Une ce soir, les conséquences du réchauffement climatique. Les perspectives sont très pessimistes selon un rapport des experts du climat, le Giec, qui sera rendu prochainement. Il en ressort que les effets pourraient se faire ressentir avant 2050.
« Une honte » selon Ursula von der Leyen. La présidente de la Commission européenne a vivement réagi à la loi votée par la Hongrie qui prévoit d'interdire la diffusion aux mineurs de contenus sur l'homosexualité. Des tensions qui se sont déplacés sur les terrains de football de l'Euro, explications à suivre.
Et puis à Hong Kong, la fin de l'Apple Daily. L'un des derniers journaux d'opposition va devoir fermer. Décision prise suite à l'arrestation de plusieurs de ses dirigeants et le gel de ses crédits par les autorités, au nom de la loi sur la sécurité nationale.
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RA : C'est un rapport extrêmement alarmiste, un rapport qui sonne l'alarme, qui doit être publié en février prochain concernant le changement climatique. Il est signé du Giec, le Groupe d'experts sur le climat. Un résumé de ce rapport a pu être obtenu. Il y a des phrases qui en disent long, par exemple celle-ci : « La vie sur Terre peut se remettre d'un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L'humanité ne le peut pas. » On y apprend que la vie sur Terre telle que nous la connaissons aujourd'hui sera transformée quand les enfants nés en 2021 auront 30 ans, voire plus tôt. Comment cela pourrait-il se manifester ? Détails du rapport avec Marie Casadebaig.
Que la hausse des températures soit de 1,5 ou de 2°, des zones de la planète pourraient devenir invivables d'ici 2050 et donc pousser leurs habitants à fuir. La montée du niveau des mers menace les zones côtières. Le destin de certaines villes s'annonce « lugubre », si l'on reprend le terme du rapport, car elles seront sujettes à des vagues-submersions de plus en plus fréquentes et donc à des inondations. Le Giec s'alarme : c'est un danger pour les sociétés et l'économie mondiale. Près de 10% de la population mondiale et des actifs vivent à moins de dix mètres au-dessus du niveau des océans. Les zones côtières, les premières, mais aussi d'autres régions, citées par le Giec, pourraient même être frappées par trois ou quatre catastrophes météo simultanées : canicule, sècheresse, cyclone, incendies, maladies... Les experts évoquent l'est du Brésil, l'Asie du Sud-Est ou encore la Chine centrale. Les pénuries d'eau dans les villes pourraient aussi pousser la population à se déplacer. À plus de 2°, 400 millions de personnes supplémentaires y seront confrontées d'ici 2050. Une chaleur extrême, par vague, frappera plus souvent encore l'Asie du Sud et du Sud-Est, le golfe persique, le golfe du Mexique ou des parties du continent africain. 420 millions de personnes de plus en souffriront. Au point de chercher à immigrer.
RA : Marie Casadebeig. Réaction ce soir à cette publication de la jeune militante du mouvement climat Greta Thunberg, elle estime que cela va permettre au monde de voir « la réalité en face ».
Le ton est monté aujourd'hui entre plusieurs dirigeants européens et la Hongrie. À l'origine de ces tensions, l'adoption par Budapest d'un texte interdisant la diffusion aux mineurs de contenus sur l'homosexualité, l'homosexualité est comparée à la pornographie. « Une honte » a réagit aujourd'hui la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. La Commission qui était appelée à intervenir sur ce sujet par plus de la moitié des États membres de l'UE. Précisions à Bruxelles de Pierre Benazet.
La déclaration conçue à l'origine par les pays du Bénélux, mardi, pour dénoncer la loi hongroise est désormais portée par quinze pays de l'Union européenne ; ils réclament que la Commission agisse pour faire respecter le droit européen. Cette mise sous pression porte ses fruits : la présidente de la Commission européenne va écrire au gouvernement hongrois pour faire part de ses préoccupations juridiques – avant que la loi entre en vigueur. Pour Ursula von der Leyen, le fondement des valeurs européennes est l'acceptation de la diversité : « La loi hongroise est une honte. Cette loi instaure une discrimination basée sur l'orientation sexuelle. Et elle va à l'encontre de toutes les valeurs de l'Union européenne. Comme celle de la dignité humaine et de l'égalité. J'utiliserai tous les pouvoirs de la Commission pour assurer que les droits de tous les citoyens européens soient garantis qui que vous soyez et où que vous viviez... » Les quinze pays demandent également que la Commission saisisse la Cour de justice de l'UE, ce qui devrait raviver la demande du Parlement européen d'activer la possibilité de couper les financements communs aux pays qui vont à l'encontre des valeurs européennes. Pierre Benazet, Bruxelles, RFI.
RA : Et le sujet s'est déplacé sur le terrain du football après que l'UEFA, organisatrice actuellement de l'Euro, a refusé de laisser le stade de Munich s'illuminer aux couleurs de la communauté LGBT. Ce stade qui accueille actuellement, précisément, une rencontre entre la Hongrie et l'Allemagne. Berlin a vivement réagi et ce soir de nombreux sites allemands emblématiques sont aux couleurs de la communauté LGBT, comme l'hôtel de ville de Munich ou encore le stade olympique de Berlin.
C'est la fin d'une aventure de 26 ans, et une nouvelle illustration de la répression à Hong Kong : le journal Apple Daily va fermer. La toute dernière édition est en train d'être imprimée. Cela intervient cinq jours après une spectaculaire intervention de la police de Hong Kong qui a conduit à l'arrestation de plusieurs responsables et le gel des avoirs, donc des crédits, du journal. Les explications de Christophe Paget.
À chaque nouvelle opération du pouvoir hongkongais contre Apple Daily, les médias rappelaient que le journal était une « épine dans le pied de Pékin ». Ce ne sera bientôt plus le cas : le quotidien distribuera son ultime édition papier demain jeudi, l'édition en ligne ne sera plus mise à jour dès ce soir. La décision du conseil d'administration devait être annoncée vendredi suite au gel, la semaine dernière, par les autorités des avoirs du journal, l'empêchant de payer ses employés. Elle intervient dès aujourd'hui, après l'arrestation ce matin de son principal éditorialiste Li Ping, soupçonné de « collusion avec des pays étrangers ». C'est la septième personne liée à Apple Daily à être arrêtée depuis la mise en place l'an dernier par Pékin de la « loi sur la sécurité nationale », pour reprendre en main Hong Kong après les grandes manifestations pro-démocratie de 2019. Manifestations soutenues par le journal, dont le fondateur Jimmy Laï avait ensuite été un des premiers à être arrêté en utilisant la nouvelle loi - il risque la prison à vie. Apple Daily a remercié ce mercredi « ses lecteurs, ses abonnés, ses annonceurs et les Hongkongais pour leur amour et leur soutien ces 26 dernières années. » Vendredi, dans son éditorial, Li Ping avait estimé que le futur de la liberté de la presse à Hong Kong était dorénavant « précaire ».
RA : Et ce mercredi soir, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège du quotidien pour lui exprimer leur soutien. Et c'est d'ailleurs une photo de cette petite foule qui a été choisie pour la Une du dernier numéro d'Apple Daily qui sera donc publié demain jeudi.
En France, dans quatre jours le second tour des élections régionales et départementales. L'une des questions sera de savoir si le taux de participation sera aussi faible que lors du premier tour, il était de moins de 35% dimanche dernier. C'est une situation qui préoccupe l'exécutif, en début de semaine, le Premier ministre Jean Castex avait lancé un « appel solennel » à tous les Français à aller voter. Et aujourd'hui en Conseil des ministres, le président Emmanuel Macron a estimé que l'abstention « constituait une alerte démocratique à laquelle il fallait répondre ». Et cela relance le débat sur une modernisation du vote avec notamment la question du vote par internet. Débat dont s'est emparée une partie de la majorité présidentielle Anthony Lattier.
« La démocratie est en danger, il faut réagir ! », plaide le chef de file des députés Modem, Patrick Mignola : « Comment peut-on dans la société d'aujourd'hui, alors que l'on paye ses impôts sur internet, alors qu'on signe des contrats de travail sur internet, alors que l'on peut procéder à des prêts immobiliers sur internet, comprendre que l'on ne puisse pas voter sur internet. On peut parfaitement sécuriser les choses. Les jeunes qui vivent avec des smartphones aujourd'hui ne comprennent pas que leur interdisent d'avoir cet accès là aussi. » Le vote électronique, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal est pour, mais il temporise : « Ça reste pour nous un point sur lequel nous sommes favorables. En tout cas, nous on souhaite que le débat puisse continuer à se tenir, que les formations politiques puissent aussi se prononcer. » Mais voter en un clic ou voter par courrier ne réglera pas tout. C'est ce que rappelle le député Marcheur Ludovic Mendès : « Le cœur du débat, c'est comment redonner envie aux citoyens de se déplacer, il lui faut à nouveau, pas les faire rêver, mais leurs redonner confiance en l'avenir. Toute la classe politique doit se regarder dans un miroir et doit se remettre en question. C'est bien beau de faire 15 millions de bouquins pour dire que notre pays se fracture depuis 30 ans, mais en l'état on n'apporte plus assez de réponses parce qu'on se fracture nous-mêmes au sein de la classe politique et on donne à personne envie de nous suivre. » Le patron du parti présidentiel Stanislas Guerini est très favorable au vote par internet, mais il le reconnait aussi : ça n'est pas la « baguette magique » pour ramener les électeurs aux urnes.
RA : Anthony Lattier du service politique de RFI.
C'est ainsi que s'achève le Journal en français facile.