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Le Comte de Monte-Cristo, Alexandre Dumas, Tome 1, 29. La maison Morrel

29. La maison Morrel

Celui qui eût quitté Marseille quelques années auparavant, connaissant l'intérieur de la maison Morrel, et qui y fût entré à l'époque où nous sommes parvenus, y eût trouvé un grand changement.

Au lieu de cet air de vie, d'aisance et de bonheur qui s'exhale, pour ainsi dire, d'une maison en voie de prospérité; au lieu de ces figures joyeuses se montrant derrière les rideaux des fenêtres, de ces commis affairés traversant les corridors, une plume fichée derrière l'oreille; au lieu de cette cour encombrée de ballots, retentissant des cris et des rires des facteurs; il eût trouvé, dès la première vue, je ne sais quoi de triste et de mort.

Dans ce corridor désert et dans cette cour vide, de nombreux employés qui autrefois peuplaient les bureaux, deux seuls étaient restés: l'un était un jeune homme de vingt-trois ou vingt-quatre ans, nommé Emmanuel Raymond, lequel était amoureux de la fille de M. Morrel, et était resté dans la maison quoi qu'eussent pu faire ses parents pour l'en retirer; l'autre était un vieux garçon de caisse, borgne, nommé Coclès, sobriquet que lui avaient donné les jeunes gens qui peuplaient autrefois cette grande ruche bourdonnante, aujourd'hui presque inhabitée, et qui avait si bien et si complètement remplacé son vrai nom, que, selon toute probabilité, il ne se serait pas même retourné, si on l'eût appelé aujourd'hui de ce nom. Coclès était resté au service de M. Morrel, et il s'était fait dans la situation du brave homme un singulier changement.

Il était à la fois monté au grade de caissier, et descendu au rang de domestique. Ce n'en était pas moins le même Coclès, bon, patient, dévoué, mais inflexible à l'endroit de l'arithmétique, le seul point sur lequel il eût tenu tête au monde entier, même à M. Morrel, et ne connaissant que sa table de Pythagore, qu'il savait sur le bout du doigt, de quelque façon qu'on la retournât et dans quelque erreur qu'on tentât de le faire tomber.

Au milieu de la tristesse générale qui avait envahi la maison Morrel, Coclès était d'ailleurs le seul qui fût resté impassible.

Mais, qu'on ne s'y trompe point; cette impassibilité ne venait pas d'un défaut d'affection, mais au contraire d'une inébranlable conviction. Comme les rats, qui, dit-on, quittent peu à peu un bâtiment condamné d'avance par le destin à périr en mer, de manière que ces hôtes égoïstes l'ont complètement abandonné au moment où il lève l'ancre, de même, nous l'avons dit, toute cette foule de commis et d'employés qui tirait son existence de la maison de l'armateur avait peu à peu déserté bureau et magasin; or, Coclès les avait vus s'éloigner tous sans songer même à se rendre compte de la cause de leur départ; tout, comme nous l'avons dit, se réduisait pour Coclès à une question de chiffres, et depuis vingt ans qu'il était dans la maison Morrel, il avait toujours vu les paiements s'opérer à bureaux ouverts avec une telle régularité, qu'il n'admettait pas plus que cette régularité pût s'arrêter et ces paiements se suspendre, qu'un meunier qui possède un moulin alimenté par les eaux d'une riche rivière n'admet que cette rivière puisse cesser de couler. En effet, jusque-là rien n'était encore venu porter atteinte à la conviction de Coclès. La dernière fin de mois s'était effectuée avec une ponctualité rigoureuse. Coclès avait relevé une erreur de soixante-dix centimes commise par M. Morrel à son préjudice, et le même jour il avait rapporté les quatorze sous d'excédent à M. Morrel, qui, avec un sourire mélancolique, les avait pris et laissés tomber dans un tiroir à peu près vide, en disant: «Bien, Coclès, vous êtes la perle des caissiers.»

Et Coclès s'était retiré on ne peut plus satisfait; car un éloge de M. Morrel, cette perle des honnêtes gens de Marseille, flattait plus Coclès qu'une gratification de cinquante écus.

Mais depuis cette fin de mois si victorieusement accomplie, M. Morrel avait passé de cruelles heures; pour faire face à cette fin de mois, il avait réuni toutes ses ressources, et lui-même, craignant que le bruit de sa détresse ne se répandît dans Marseille, lorsqu'on le verrait recourir à de pareilles extrémités, avait fait un voyage à la foire de Beaucaire pour vendre quelques bijoux appartenant à sa femme et à sa fille, et une partie de son argenterie.

Moyennant ce sacrifice, tout s'était encore cette fois passé au plus grand honneur de la maison Morrel; mais la caisse était demeurée complètement vide. Le crédit, effrayé par le bruit qui courait, s'était retiré avec son égoïsme habituel; et pour faire face aux cent mille francs à rembourser le 15 du présent mois à M. de Boville, et aux autres cent mille francs qui allaient échoir le 15 du mois suivant. M. Morrel n'avait en réalité que l'espérance du retour du Pharaon , dont un bâtiment qui avait levé l'ancre en même temps que lui, et qui était arrivé à bon port, avait appris le départ. Mais déjà ce bâtiment, venant, comme le Pharaon de Calcutta, était arrivé depuis quinze jours, tandis que du Pharaon l'on n'avait aucune nouvelle.

C'est dans cet état de choses que, le lendemain du jour où il avait terminé avec M. de Boville l'importante affaire que nous avons dite, l'envoyé de la maison Thomson et French de Rome se présenta chez M. Morrel.

Emmanuel le reçut.

Le jeune homme, que chaque nouveau visage effrayait, car chaque nouveau visage annonçait un nouveau créancier, qui, dans son inquiétude, venait questionner le chef de la maison, le jeune homme, disons-nous, voulut épargner à son patron l'ennui de cette visite: il questionna le nouveau venu; mais le nouveau venu déclara qu'il n'avait rien à dire à M. Emmanuel, et que c'était à M. Morrel en personne qu'il voulait parler. Emmanuel appela en soupirant Coclès. Coclès parut, et le jeune homme lui ordonna de conduire l'étranger à M. Morrel. Coclès marcha devant, et l'étranger le suivit.

Sur l'escalier, on rencontra une belle jeune fille de seize à dix-sept ans, qui regarda l'étranger avec inquiétude.

Coclès ne remarqua point cette expression de visage qui cependant parut n'avoir point échappé à l'étranger.

«M.

Morrel est à son cabinet, n'est-ce pas, mademoiselle Julie? demanda le caissier. —Oui, du moins je le crois, dit la jeune fille en hésitant; voyez d'abord, Coclès, et si mon père y est, annoncez monsieur.

—M'annoncer serait inutile, mademoiselle, répondit l'Anglais, M. Morrel ne connaît pas mon nom.

Ce brave homme n'a qu'à dire seulement, que je suis le premier commis de MM. Thomson et French, de Rome, avec lesquels la maison de monsieur votre père est en relations.» La jeune fille pâlit et continua de descendre, tandis que Coclès et l'étranger continuaient de monter.

Elle entra dans le bureau où se tenait Emmanuel, et Coclès, à l'aide d'une clef dont il était possesseur, et qui annonçait ses grandes entrées près du maître, ouvrit une porte placée dans l'angle du palier du deuxième étage, introduisit l'étranger dans une antichambre, ouvrit une seconde porte qu'il referma derrière lui, et, après avoir laissé seul un instant l'envoyé de la maison Thomson et French, reparut en lui faisant signe qu'il pouvait entrer.

L'Anglais entra; il trouva M. Morrel assis devant une table, pâlissant devant les colonnes effrayantes du registre où était inscrit son passif.

En voyant l'étranger, M. Morrel ferma le registre, se leva et avança un siège; puis, lorsqu'il eut vu l'étranger s'asseoir, il s'assit lui-même.

Quatorze années avaient bien changé le digne négociant qui, âgé de trente-six ans au commencement de cette histoire, était sur le point d'atteindre la cinquantaine: ses cheveux avaient blanchi, son front s'était creusé sous des rides soucieuses; enfin son regard, autrefois si ferme et si arrêté, était devenu vague et irrésolu, et semblait toujours craindre d'être forcé de s'arrêter ou sur une idée ou sur un homme.

L'Anglais le regarda avec un sentiment de curiosité évidemment mêlé d'intérêt.

«Monsieur, dit Morrel, dont cet examen semblait redoubler le malaise, vous avez désiré me parler?

—Oui, monsieur.

Vous savez de quelle part je viens, n'est-ce pas? —De la part de la maison Thomson et French, à ce que m'a dit mon caissier du moins.

—Il vous a dit la vérité, monsieur.

La maison Thomson et French avait dans le courant de ce mois et du mois prochain trois ou quatre cent mille francs à payer en France, et connaissant votre rigoureuse exactitude, elle a réuni tout le papier qu'elle a pu trouver portant cette signature, et m'a chargé, au fur et a mesure que ces papiers écherraient, d'en toucher les fonds chez vous et de faire emploi de ces fonds.» Morrel poussa un profond soupir, et passa la main sur son front couvert de sueur.

«Ainsi, monsieur, demanda Morrel, vous avez des traites signées par moi?

—Oui, monsieur, pour une somme assez considérable.

—Pour quelle somme?

demanda Morrel d'une voix qu'il tâchait de rendre assurée. —Mais voici d'abord, dit l'Anglais en tirant une liasse de sa poche, un transport de deux cent mille francs fait à notre maison par M. de Boville, l'inspecteur des prisons.

Reconnaissez-vous devoir cette somme à M. de Boville? —Oui, monsieur, c'est un placement qu'il a fait chez moi, à quatre et demi du cent, voici bientôt cinq ans.

—Et que vous devez rembourser....

—Moitié le 15 de ce mois-ci, moitié le 15 du mois prochain.

—C'est cela; puis voici trente-deux mille cinq cents francs, fin courant: ce sont des traites signées de vous et passées à notre ordre par des tiers porteurs.

—Je le reconnais, dit Morrel, à qui le rouge de la honte montait à la figure, en songeant que pour la première fois de sa vie il ne pourrait peut-être pas faire honneur à sa signature; est-ce tout?

—Non, monsieur, j'ai encore pour la fin du mois prochain ces valeurs-ci, que nous ont passées la maison Pascal et la maison Wild et Turner de Marseille, cinquante-cinq mille francs à peu près: en tout deux cent quatre-vingt-sept mille cinq cents francs.»

Ce que souffrait le malheureux Morrel pendant cette énumération est impossible à décrire.

«Deux cent quatre-vingt-sept mille cinq cents francs, répéta-t-il machinalement.

—Oui, monsieur, répondit l'Anglais.

Or, continua-t-il après un moment de silence, je ne vous cacherai pas, monsieur Morrel, que, tout en faisant la part de votre probité sans reproches jusqu'à présent, le bruit public de Marseille est que vous n'êtes pas en état de faire face à vos affaires.» À cette ouverture presque brutale, Morrel pâlit affreusement.

«Monsieur, dit-il, jusqu'à présent, et il y a plus de vingt-quatre ans que j'ai reçu la maison des mains de mon père qui lui-même l'avait gérée trente-cinq ans, jusqu'à présent pas un billet signé Morrel et fils n'a été présenté à la caisse sans être payé.

—Oui, je sais cela, répondit l'Anglais; mais d'homme d'honneur à homme d'honneur, parlez franchement.

Monsieur, paierez-vous ceux-ci avec la même exactitude?» Morrel tressaillit et regarda celui qui lui parlait ainsi avec plus d'assurance qu'il ne l'avait encore fait.

«Aux questions posées avec cette franchise, dit-il, il faut faire une réponse franche.

Oui, monsieur, je paierai si, comme je l'espère, mon bâtiment arrive à bon port, car son arrivée me rendra le crédit que les accidents successifs dont j'ai été la victime m'ont ôté; mais si par malheur le Pharaon , cette dernière ressource sur laquelle je compte, me manquait...» Les larmes montèrent aux yeux du pauvre armateur.

«Eh bien, demanda son interlocuteur, si cette dernière ressource vous manquait?...

—Eh bien, continua Morrel, monsieur, c'est cruel à dire... mais, déjà habitué au malheur, il faut que je m'habitue à la honte, eh bien, je crois que je serais forcé de suspendre mes paiements.

—N'avez-vous donc point d'amis qui puissent vous aider dans cette circonstance?»

Morrel sourit tristement.

«Dans les affaires, monsieur, dit-il, on n'a point d'amis, vous le savez bien, on n'a que des correspondants.

—C'est vrai, murmura l'Anglais.

Ainsi vous n'avez plus qu'une espérance? —Une seule.

—La dernière?

—La dernière.

—De sorte que si cette espérance vous manque....

—Je suis perdu, monsieur, complètement perdu.

—Comme je venais chez vous, un navire entrait dans le port.

—Je le sais, monsieur.

Un jeune homme qui est resté fidèle à ma mauvaise fortune passe une partie de son temps à un belvédère situé au haut de la maison, dans l'espérance de venir m'annoncer le premier une bonne nouvelle. J'ai su par lui l'entrée de ce navire. —Et ce n'est pas le vôtre?

—Non, c'est un navire bordelais, la Gironde ; il vient de l'Inde aussi, mais ce n'est pas le mien.

—Peut-être a-t-il eu connaissance du Pharaon et vous apporte-t-il quelque nouvelle.

—Faut-il que je vous le dise, monsieur!

je crains presque autant d'apprendre des nouvelles de mon trois-mâts que de rester dans l'incertitude. L'incertitude, c'est encore l'espérance.» Puis, M. Morrel ajouta d'une voix sourde:

«Ce retard n'est pas naturel; le Pharaon est parti de Calcutta le 5 février: depuis plus d'un mois il devrait être ici.

—Qu'est cela, dit l'Anglais en prêtant l'oreille, et que veut dire ce bruit?

—Ô mon Dieu!

mon Dieu!

s'écria Morrel pâlissant, qu'y a-t-il encore?» En effet, il se faisait un grand bruit dans l'escalier; on allait et on venait, on entendit même un cri de douleur.

Morrel se leva pour aller ouvrir la porte, mais les forces lui manquèrent et il retomba sur son fauteuil.

Les deux hommes restèrent en face l'un de l'autre, Morrel tremblant de tous ses membres, l'étranger le regardant avec une expression de profonde pitié.

Le bruit avait cessé; mais cependant on eût dit que Morrel attendait quelque chose; ce bruit avait une cause et devait avoir une suite. Il sembla à l'étranger qu'on montait doucement l'escalier et que les pas, qui étaient ceux de plusieurs personnes, s'arrêtaient sur le palier.

Une clef fut introduite dans la serrure de la première porte, et l'on entendit cette porte crier sur ses fonds.

«Il n'y a que deux personnes qui aient la clef de cette porte, murmura Morrel: Coclès et Julie.»

En même temps, la seconde porte s'ouvrit et l'on vit apparaître la jeune fille pâle et les joues baignées de larmes.

Morrel se leva tout tremblant, et s'appuya au bras de son fauteuil, car il n'aurait pu se tenir debout.

Sa voix voulait interroger, mais il n'avait plus de voix. «Ô mon père!

dit la jeune fille en joignant les mains, pardonnez à votre enfant d'être la messagère d'une mauvaise nouvelle!» Morrel pâlit affreusement; Julie vint se jeter dans ses bras.

«Ô mon père!

mon père!

dit-elle, du courage! —Ainsi le Pharaon a péri?» demanda Morrel d'une voix étranglée.

La jeune fille ne répondit pas, mais elle fit un signe affirmatif avec sa tête, appuyée à la poitrine de son père.

«Et l'équipage?

demanda Morrel. —Sauvé, dit la jeune fille, sauvé par le navire bordelais qui vient d'entrer dans le port.»

Morrel leva les deux mains au ciel avec une expression de résignation et de reconnaissance sublime.

«Merci, mon Dieu!

dit Morrel; au moins vous ne frappez que moi seul.» Si flegmatique que fût l'Anglais, une larme humecta sa paupière.

«Entrez, dit Morrel, entrez, car je présume que vous êtes tous à la porte.»

En effet, à peine avait-il prononcé ces mots, que Mme Morrel entra en sanglotant; Emmanuel la suivait; au fond, dans l'antichambre, on voyait les rudes figures de sept ou huit marins à moitié nus.

À la vue de ces hommes, l'Anglais tressaillit; il fit un pas comme pour aller à eux, mais il se contint et s'effaça au contraire, dans l'angle le plus obscur et le plus éloigné du cabinet. Mme Morrel alla s'asseoir dans le fauteuil, prit une des mains de son mari dans les siennes, tandis que Julie demeurait appuyée à la poitrine de son père.

Emmanuel était resté à mi-chemin de la chambre et semblait servir de lien entre le groupe de la famille Morrel et les marins qui se tenaient à la porte. «Comment cela est-il arrivé?

demanda Morrel. —Approchez, Penelon, dit le jeune homme, et racontez l'événement.»

Un vieux matelot, bronzé par le soleil de l'équateur, s'avança roulant entre ses mains les restes d'un chapeau.

«Bonjour, monsieur Morrel, dit-il, comme s'il eût quitté Marseille la veille et qu'il arrivât d'Aix ou de Toulon.

—Bonjour, mon ami, dit l'armateur, ne pouvant s'empêcher de sourire dans ses larmes: mais où est le capitaine?

—Quant à ce qui est du capitaine, monsieur Morrel, il est resté malade à Palma; mais, s'il plaît à Dieu, cela ne sera rien, et vous le verrez arriver dans quelques jours aussi bien portant que vous et moi.

—C'est bien... maintenant parlez, Penelon», dit M. Morrel.

Penelon fit passer sa chique de la joue droite à la joue gauche, mit la main devant la bouche, se détourna, lança dans l'antichambre un long jet de salive noirâtre, avança le pied, et se balançant sur ses hanches:

«Pour lors, monsieur Morrel, dit-il, nous étions quelque chose comme cela entre le cap Blanc et le cap Boyador marchant avec une jolie brise sud-sud-ouest, après avoir bourlingué pendant huit jours de calme, quand le capitaine Gaumard s'approche de moi, il faut vous dire que j'étais au gouvernail, et me dit: «Père Penelon, que pensez-vous de ces nuages qui s'élèvent là-bas à l'horizon?»

«Justement je les regardais à ce moment-là.

«—Ce que j'en pense, capitaine!

j'en pense qu'ils montent un peu plus vite qu'ils n'en ont le droit, et qu'ils sont plus noirs qu'il ne convient à des nuages qui n'auraient pas de mauvaises intentions. «—C'est mon avis aussi, dit le capitaine, et je m'en vais toujours prendre mes précautions.

Nous avons trop de voiles pour le vent qu'il va faire tout à l'heure.... Holà! hé! range à serrer les cacatois et à haler bas de clinfoc! «Il était temps; l'ordre n'était pas exécuté, que le vent était à nos trousses et que le bâtiment donnait de la bande.

«—Bon!

dit le capitaine, nous avons encore trop de toile, range à carguer la grande voile! «Cinq minutes après, la grande voile était carguée, et nous marchions avec la misaine, les huniers et les perroquets.

«—Eh bien, père Penelon, me dit le capitaine, qu'avez-vous donc à secouer la tête?

«—J'ai qu'à votre place, voyez-vous, je ne resterais pas en si beau chemin.

«—Je crois que tu as raison, vieux, dit-il, nous allons avoir un coup de vent.

«—Ah!

par exemple, capitaine, que je lui réponds, celui qui achèterait ce qui se passe là-bas pour un coup de vent gagnerait quelque chose dessus; c'est une belle et bonne tempête, ou je ne m'y connais pas! «C'est-à-dire qu'on voyait venir le vent comme on voit venir la poussière à Montredon; heureusement qu'il avait affaire à un homme qui le connaissait.

«—Range à prendre deux ris dans les huniers!

cria le capitaine; largue les boulines, brasse au vent, amène les huniers, pèse les palanquins sur les vergues! —Ce n'était pas assez dans ces parages-là, dit l'Anglais; j'aurais pris quatre ris et je me serais débarrassé de la misaine.»

Cette voix ferme, sonore et inattendue, fit tressaillir tout monde.

Penelon mit sa main sur ses yeux et regarda celui qui contrôlait avec tant d'aplomb la manœuvre de son capitaine. «Nous fîmes mieux que cela encore, monsieur, dit le vieux marin avec un certain respect, car nous carguâmes la brigantine et nous mîmes la barre au vent pour courir devant la tempête.

Dix minutes après, nous carguions les huniers et nous nous en allions à sec de voiles. —Le bâtiment était bien vieux pour risquer cela, dit l'Anglais.

—Eh bien, justement!

c'est ce qui nous perdit. Au bout de douze heures que nous étions ballottés que le diable en aurait pris les armes, il se déclara une voie d'eau. «Penelon, me dit le capitaine, je crois que nous coulons, mon vieux; donne-moi donc la barre et descends à la cale.» «Je lui donne la barre, je descends; il y avait déjà trois pieds d'eau.

Je remonte en criant: «Aux pompes! aux pompes!» Ah! bien oui, il était déjà trop tard! On se mit à l'ouvrage; mais je crois que plus nous en tirions, plus il y en avait. «—Ah!

ma foi, que je dis au bout de quatre heures de travail, puisque nous coulons, laissons-nous couler, on ne meurt qu'une fois! «—C'est comme cela que tu donnes l'exemple maître Penelon?

dit le capitaine; eh bien, attends, attends! «Il alla prendre une paire de pistolets dans sa cabine. «—Le premier qui quitte la pompe, dit-il, je lui brûle la cervelle!

—Bien, dit l'Anglais.

—Il n'y a rien qui donne du courage comme les bonnes raisons, continua le marin, d'autant plus que pendant ce temps-là le temps s'était éclairci et que le vent était tombé; mais il n'en est pas moins vrai que l'eau montait toujours, pas de beaucoup, de deux pouces peut-être par heure, mais enfin elle montait.

Deux pouces par heure, voyez-vous, ça n'a l'air de rien; mais en douze heures ça ne fait pas moins de vingt-quatre pouces, et vingt-quatre pouces font deux pieds. Deux pieds et trois que nous avions déjà, ça nous en fait cinq. Or, quand un bâtiment a cinq pieds d'eau dans le ventre, il peut passer pour hydropique. «—Allons dit le capitaine, c'est assez comme cela et M. Morrel n'aura rien à nous reprocher: nous avons fait ce que nous avons pu pour sauver le bâtiment; maintenant, il faut tâcher de sauver les hommes.

À la chaloupe, enfants, et plus vite que cela! «Écoutez, monsieur Morrel, continua Penelon, nous aimions bien le Pharaon , mais si fort que le marin aime son navire, il aime encore mieux sa peau.

Aussi nous ne nous le fîmes pas dire à deux fois; avec cela, voyez-vous, que le bâtiment se plaignait et semblait nous dire: «Allez-vous-en donc, mais allez-vous-en donc!» Et il ne mentait pas, le pauvre Pharaon , nous le sentions littéralement s'enfoncer sous nos pieds. Tant il y a qu'en un tour de main la chaloupe était à la mer, et que nous étions tous les huit dedans. «Le capitaine descendit le dernier, ou plutôt, non il ne descendit pas, car il ne voulait pas quitter le navire, c'est moi qui le pris à bras-le-corps et le jetai aux camarades, après quoi je sautai à mon tour.

Il était temps. Comme je venais de sauter le pont creva avec un bruit qu'on aurait dit la bordée d'un vaisseau de quarante-huit. «Dix minutes après, il plongea de l'avant, puis de l'arrière, puis il se mit à tourner sur lui-même comme un chien qui court après sa queue; et puis, bonsoir la compagnie, brrou!...

tout a été dit, plus de Pharaon ! «Quant à nous, nous sommes restés trois jours sans boire ni manger; si bien que nous parlions de tirer au sort pour savoir celui qui alimenterait les autres, quand nous aperçûmes la Gironde : nous lui fîmes des signaux, elle nous vit, mit le cap sur nous, nous envoya sa chaloupe et nous recueillit.

Voilà comme ça s'est passé, monsieur Morrel, parole d'honneur! foi de marin! N'est-ce pas, les autres?» Un murmure général d'approbation indiqua que le narrateur avait réuni tous les suffrages par la vérité du fonds et le pittoresque des détails.

«Bien, mes amis, dit M. Morrel, vous êtes de braves gens, et je savais d'avance que dans le malheur qui m'arrivait il n'y avait pas d'autre coupable que ma destinée.

C'est la volonté de Dieu et non la faute des hommes. Adorons la volonté de Dieu. Maintenant combien vous est-il dû de solde? —Oh!

bah! ne parlons pas de cela, monsieur Morrel. —Au contraire, parlons-en, dit l'armateur avec un sourire triste.

—Eh bien, on nous doit trois mois... dit Penelon.

—Coclès, payez deux cents francs à chacun de ces braves gens.

Dans une autre époque, mes amis, continua Morrel, j'eusse ajouté: «Donnez-leur à chacun deux cents francs de gratification»; mais les temps sont malheureux, mes amis, et le peu d'argent qui me reste ne m'appartient plus. Excusez-moi donc, et ne m'en aimez pas moins pour cela.» Penelon fit une grimace d'attendrissement, se retourna vers ses compagnons, échangea quelques mots avec eux et revint.

«Pour ce qui est de cela, monsieur Morrel, dit-il en passant sa chique de l'autre côté de sa bouche et en lançant dans l'antichambre un second jet de salive qui alla faire le pendant au premier, pour ce qui est de cela....

—De quoi?

—De l'argent....

—Eh bien?

—Eh bien, monsieur Morrel, les camarades disent que pour le moment ils auront assez avec cinquante francs chacun et qu'ils attendront pour le reste.

—Merci, mes amis, merci!

s'écria M. Morrel, touché jusqu'au cœur: vous êtes tous de braves cœurs; mais prenez, prenez, et si vous trouvez un bon service, entrez-y, vous êtes libres.» Cette dernière partie de la phrase produisit un effet prodigieux sur les dignes marins.

Ils se regardèrent les uns les autres d'un air effaré. Penelon, à qui la respiration manqua, faillit en avaler sa chique; heureusement, il porta à temps la main à son gosier. «Comment, monsieur Morrel, dit-il d'une voix étranglée, comment, vous nous renvoyez!

vous êtes donc mécontent de nous? —Non, mes enfants, dit l'armateur; non, je ne suis pas mécontent de vous, tout au contraire.

Non, je ne vous renvoie pas. Mais, que voulez-vous? je n'ai plus de bâtiments, je n'ai plus besoin de marins. —Comment vous n'avez plus de bâtiments!

dit Penelon.

Eh bien, vous en ferez construire d'autres, nous attendrons. Dieu merci, nous savons ce que c'est que de bourlinguer. —Je n'ai plus d'argent pour faire construire des bâtiments, Penelon, dit l'armateur avec un triste sourire, je ne puis donc pas accepter votre offre, toute obligeante qu'elle est.

—Eh bien, si vous n'avez pas d'argent il ne faut pas nous payer; alors, nous ferons comme a fait ce pauvre Pharaon , nous courrons à sec, voilà tout!

—Assez, assez, mes amis, dit Morrel étouffant d'émotion; allez, je vous en prie.

Nous nous retrouverons dans un temps meilleur. Emmanuel, ajouta l'armateur, accompagnez-les, et veillez à ce que mes désirs soient accomplis. —Au moins c'est au revoir, n'est-ce pas, monsieur Morrel?

dit Penelon.

—Oui, mes amis, je l'espère, au moins; allez.»

Et il fit un signe à Coclès, qui marcha devant.

Les marins suivirent le caissier, et Emmanuel suivit les marins. «Maintenant, dit l'armateur à sa femme et à sa fille, laissez-moi seul un instant; j'ai à causer avec monsieur.»

Et il indiqua des yeux le mandataire de la maison Thomson et French, qui était resté debout et immobile dans son coin pendant toute cette scène, à laquelle il n'avait pris part que par les quelques mots que nous avons rapportés.

Les deux femmes levèrent les yeux sur l'étranger qu'elles avaient complètement oublié, et se retirèrent; mais, en se retirant, la jeune fille lança à cet homme un coup d'œil sublime de supplication, auquel il répondit par un sourire qu'un froid observateur eût été étonné de voir éclore sur ce visage de glace. Les deux hommes restèrent seuls. «Eh bien, monsieur, dit Morrel en se laissant retomber sur son fauteuil, vous avez tout vu, tout entendu, et je n'ai plus rien à vous apprendre.

—J'ai vu, monsieur, dit l'Anglais, qu'il vous était arrivé un nouveau malheur immérité comme les autres, et cela m'a confirmé dans le désir que j'ai de vous être agréable.

—Ô monsieur!

dit Morrel. —Voyons, continua l'étranger.

Je suis un de vos principaux créanciers, n'est-ce pas? —Vous êtes du moins celui qui possède des valeurs à plus courte échéance.

—Vous désirez un délai pour me payer?

—Un délai pourrait me sauver l'honneur, et par conséquent la vie.

—Combien demandez-vous?»

Morrel hésita.

«Deux mois, dit-il.

—Bien, dit l'étranger, je vous en donne trois.

—Mais croyez-vous que la maison Thomson et French....

—Soyez tranquille, monsieur, je prends tout sur moi.

Nous sommes aujourd'hui le 5 juin. —Oui.

—Eh bien, renouvelez-moi tous ces billets au 5 septembre; et le 5 septembre, à onze heures du matin (la pendule marquait onze heures juste en ce moment), je me présenterai chez vous.

—Je vous attendrai, monsieur, dit Morrel, et vous serez payé ou je serai mort.»

Ces derniers mots furent prononcés si bas, que l'étranger ne put les entendre.

Les billets furent renouvelés, on déchira les anciens, et le pauvre armateur se trouva au moins avoir trois mois devant lui pour réunir ses dernières ressources.

L'Anglais reçut ses remerciements avec le flegme particulier à sa nation, et prit congé de Morrel, qui le reconduisit en le bénissant jusqu'à la porte.

Sur l'escalier, il rencontra Julie.

La jeune fille faisait semblant de descendre, mais en réalité elle l'attendait. «Ô monsieur!

dit-elle en joignant les mains. —Mademoiselle, dit l'étranger, vous recevrez un jour une lettre signée.... Simbad le marin.... Faites de point en point ce que vous dira cette lettre, si étrange que vous paraisse la recommandation.

—Oui, monsieur, répondit Julie.

—Me promettez-vous de le faire?

—Je vous le jure.

—Bien!

Adieu, mademoiselle. Demeurez toujours une bonne et sainte fille comme vous êtes, et j'ai bon espoir que Dieu vous récompensera en vous donnant Emmanuel pour mari.» Julie poussa un petit cri, devint rouge comme une cerise et se retint à la rampe pour ne pas tomber.

L'étranger continua son chemin en lui faisant un geste d'adieu.

Dans la cour, il rencontra Penelon, qui tenait un rouleau de cent francs de chaque main, et semblait ne pouvoir se décider à les emporter. «Venez, mon ami, lui dit-il, j'ai à vous parler.»

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29. La maison Morrel 29. Das Morrel-Haus 29. Morrel House 29.モレル邸 29. Casa Morrel

Celui qui eût quitté Marseille quelques années auparavant, connaissant l’intérieur de la maison Morrel, et qui y fût entré à l’époque où nous sommes parvenus, y eût trouvé un grand changement. ||would have|left||||before|knowing||||house|Morrel||||would|||||||arrived|there|would have|||| He who had left Marseilles a few years before, knowing the interior of the Morrel house, and who had entered it at the time we arrived, would have found a great change.

Au lieu de cet air de vie, d’aisance et de bonheur qui s’exhale, pour ainsi dire, d’une maison en voie de prospérité; au lieu de ces figures joyeuses se montrant derrière les rideaux des fenêtres, de ces commis affairés traversant les corridors, une plume fichée derrière l’oreille; au lieu de cette cour encombrée de ballots, retentissant des cris et des rires des facteurs; il eût trouvé, dès la première vue, je ne sais quoi de triste et de mort. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Pakete|||||||||||||||||||||||| |place||||||of ease|||happiness||exhales|||||||||||place||these|figures|joyful||showing|behind||curtains|||||clerk|busy|crossing||||feather|pinned|behind|||place|||court|cluttered||ballots|resounding||cries|||||factors||would have||||||||||of|sad||of| Instead of that air of life, of ease and happiness which exhales, so to speak, of a house in the process of prosperity; instead of those cheerful figures appearing behind the curtains of the windows, of those busy clerks crossing the corridors, a feather stuck behind their ears; instead of this court cluttered with bales, resounding cries and laughter from the factors; he would have found, from the first sight, something of sadness and death.

Dans ce corridor désert et dans cette cour vide, de nombreux employés qui autrefois peuplaient les bureaux, deux seuls étaient restés: l’un était un jeune homme de vingt-trois ou vingt-quatre ans, nommé Emmanuel Raymond, lequel était amoureux de la fille de M. Morrel, et était resté dans la maison quoi qu’eussent pu faire ses parents pour l’en retirer; l’autre était un vieux garçon de caisse, borgne, nommé Coclès, sobriquet que lui avaient donné les jeunes gens qui peuplaient autrefois cette grande ruche bourdonnante, aujourd’hui presque inhabitée, et qui avait si bien et si complètement remplacé son vrai nom, que, selon toute probabilité, il ne se serait pas même retourné, si on l’eût appelé aujourd’hui de ce nom. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||à l'œil unique|||surnom|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ||||||||empty|||||once|populated||offices|||were|||was|||||||||||||Raymond|||||||||||||||||had||||||remove him|remove|||||||cash|blind||Coclès|nickname|||||||||populated|once|||hive|buzzing|today|almost|uninhabited|||||||||replaced|||||according to||||||||||||||||| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||einäugig||Kokles|Spitzname|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| In this deserted corridor and in this empty courtyard, many employees who formerly populated the offices, only two remained: one was a young man of twenty-three or twenty-four, named Emmanuel Raymond, who was in love with the M. Morrel's daughter, and had remained in the house, whatever his parents might have done to get him out of it; the other was an old, one-eyed old man named Cocles, a sobriquet given to him by the young men who once inhabited this great buzzing hive, now almost uninhabited, and who had so completely and completely replaced his real name, that, in all probability, he would not have even turned back if it had been called today by that name. Coclès était resté au service de M. Morrel, et il s’était fait dans la situation du brave homme un singulier changement. Coclès|||||||||||||||of the||man|||change Cocles had remained in the service of M. Morrel, and he had made a singular change in the situation of the good fellow.

Il était à la fois monté au grade de caissier, et descendu au rang de domestique. |was||||risen||grade|of|cashier|||||| He was at the same time ascended to the rank of cashier, and descended to the rank of servant. Ce n’en était pas moins le même Coclès, bon, patient, dévoué, mais inflexible à l’endroit de l’arithmétique, le seul point sur lequel il eût tenu tête au monde entier, même à M. Morrel, et ne connaissant que sa table de Pythagore, qu’il savait sur le bout du doigt, de quelque façon qu’on la retournât et dans quelque erreur qu’on tentât de le faire tomber. |||||||||patient|devoted||inflexible||the matter||arithmetic||only||||||held||||||||||||||||Pythagoras|||on||point||finger||||||returned||||||attempted||||fall It was none the less the same Cocles, good, patient, devoted, but inflexible about arithmetic, the only point on which he would have stood up to the whole world, even to Mr. Morrel, and who knew his table of Pythagoras like the back of his hand, who kept it at his fingertips, and who turned to it

Au milieu de la tristesse générale qui avait envahi la maison Morrel, Coclès était d’ailleurs le seul qui fût resté impassible. ||||||||invaded||||||besides||||remained||impassible In the midst of the general sadness that had invaded the Morrel house, Cocles was the only one who had remained impassive.

Mais, qu’on ne s’y trompe point; cette impassibilité ne venait pas d’un défaut d’affection, mais au contraire d’une inébranlable conviction. ||||||||||||||||||unerschütterliche| |that one||be deceived|deceives|||impassibility||came|||defect||||||unwavering| But let no one be mistaken; this impassibility did not come from a lack of affection, but from an unshakable conviction. Comme les rats, qui, dit-on, quittent peu à peu un bâtiment condamné d’avance par le destin à périr en mer, de manière que ces hôtes égoïstes l’ont complètement abandonné au moment où il lève l’ancre, de même, nous l’avons dit, toute cette foule de commis et d’employés qui tirait son existence de la maison de l’armateur avait peu à peu déserté bureau et magasin; or, Coclès les avait vus s’éloigner tous sans songer même à se rendre compte de la cause de leur départ; tout, comme nous l’avons dit, se réduisait pour Coclès à une question de chiffres, et depuis vingt ans qu’il était dans la maison Morrel, il avait toujours vu les paiements s’opérer à bureaux ouverts avec une telle régularité, qu’il n’admettait pas plus que cette régularité pût s’arrêter et ces paiements se suspendre, qu’un meunier qui possède un moulin alimenté par les eaux d’une riche rivière n’admet que cette rivière puisse cesser de couler. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Müller|||||||||||||||||||fließen ||rats||||leave|||||building||in advance|||||perish|||||||hosts|selfish|have|||||||raises|the anchor||||||||crowd||clerks||of employees||was drawing|its||of||||the shipowner||||||office||store|||||seen|drift away||without|consider|||||||||||departure|||||||reduced|||||||figures||since|||that|||||||||||payments|take place|||open|||such|||did not admit||||||could||||||suspend||miller|who|possesses|a|mill|powered||the|waters|||river|does not admit||||can|||flow ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Coclès||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Like the rats, which, it is said, are gradually leaving a ship condemned in advance by fate to perish at sea, so that these selfish hosts have completely abandoned it at the moment when it is weighing anchor, likewise As we have said, all this crowd of clerks and employees who drew their livelihood from the shipowner's house had gradually deserted office and shop; Now, Cocles had seen them all leave without even thinking of realizing the cause of their departure; everything, as we have said, was reduced to a question of numbers for Cocles, and for twenty years he was in the house Morrel, he had always seen the payments to be made at open offices with such regularity, that he did not admit that this regularity could stop, and that these payments may be suspended, that a miller who owns a mill fed by the waters of a rich river, admits that this river can cease to flow. En effet, jusque-là rien n’était encore venu porter atteinte à la conviction de Coclès. |effect|until||||||harm|reaching||||| Indeed, until then nothing had come to undermine the conviction of Cocles. La dernière fin de mois s’était effectuée avec une ponctualité rigoureuse. ||||||performed||||rigorous The last end of the month was carried out with strict punctuality. Coclès avait relevé une erreur de soixante-dix centimes commise par M. Morrel à son préjudice, et le même jour il avait rapporté les quatorze sous d’excédent à M. Morrel, qui, avec un sourire mélancolique, les avait pris et laissés tomber dans un tiroir à peu près vide, en disant: ||||||sechzig|||||||||||||||||||||||||||||||||||||Schublade|||||| |had|noted||error||||cents|committed||||||prejudice|||||||reported|||cents|of excess||||||||||||||fall|||drawer|||about|empty|| Coclès hatte einen Fehler von siebzig Cent festgestellt, den Herr Morrel zu seinem Schaden begangen hatte, und am selben Tag hatte er die vierzehn überschüssigen Sous Herrn Morrel zurückgebracht, der sie mit einem wehmütigen Lächeln genommen und in eine ziemlich leere Schublade fallen lassen hatte, wobei er sagte: Cocles had discovered an error of seventy centimes committed by M. Morrel in his injury, and the same day he had brought back the fourteen sous of surplus to M. Morrel, who, with a melancholy smile, had taken and dropped them. in an almost empty drawer, saying: «Bien, Coclès, vous êtes la perle des caissiers.» |||||pearl||cashiers "Well, Cocles, you are the pearl of cashiers."

Et Coclès s’était retiré on ne peut plus satisfait; car un éloge de M. Morrel, cette perle des honnêtes gens de Marseille, flattait plus Coclès qu’une gratification de cinquante écus. ||||||||||||||||||||||schmeichelte|||||||fünfzig Taler |Coclès||withdrawn||||||||praise|||Morrel||pearl||||||flattered|||||||ecus And Cocles had retired, one could no longer be satisfied; for a eulogy of M. Morrel, that pearl of the honest people of Marseilles, flattered Cocles more than a reward of fifty crowns.

Mais depuis cette fin de mois si victorieusement accomplie, M. Morrel avait passé de cruelles heures; pour faire face à cette fin de mois, il avait réuni toutes ses ressources, et lui-même, craignant que le bruit de sa détresse ne se répandît dans Marseille, lorsqu’on le verrait recourir à de pareilles extrémités, avait fait un voyage à la foire de Beaucaire pour vendre quelques bijoux appartenant à sa femme et à sa fille, et une partie de son argenterie. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Notlage|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| |since|||||||accomplished||||||cruel||||||||||||gathered|||||||fearing||||||distress|||spread|||when one|the|would see|resort|||such ends||||||||fair||||||jewelry||||||||||||||silver ||||||||||||||crudele|||||||||||||||||||||||||||||||quando si|||||||||||||||||||||||||||||||||| But since the end of the month so victoriously accomplished, M. Morrel had passed cruel hours; to face this end of the month, he had collected all his resources, and he himself, fearing that the report of his distress would spread in Marseilles, when he would be seen resorting to such extremities, had made a trip to the fair of Beaucaire to sell some jewels belonging to his wife and daughter, and some of his silverware.

Moyennant ce sacrifice, tout s’était encore cette fois passé au plus grand honneur de la maison Morrel; mais la caisse était demeurée complètement vide. By means of|||||||||||||||||||box||remained||empty By means of this sacrifice, all had once again passed to the highest honor of the house Morrel; but the box had remained completely empty. Le crédit, effrayé par le bruit qui courait, s’était retiré avec son égoïsme habituel; et pour faire face aux cent mille francs à rembourser le 15 du présent mois à M. de Boville, et aux autres cent mille francs qui allaient échoir le 15 du mois suivant. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||échoir|||| ||scared|||||was running||withdrawn|||selfishness|||||||||||reimburse|||||||||||||||||become due|||| |||||rumore||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Credit, frightened by the noise that was running, had retired with its usual selfishness; and to face the hundred thousand francs to be repaid on the 15th of the present month to M. de Boville, and to the other hundred thousand francs which were to fall on the 15th of the following month. M. Morrel n’avait en réalité que l’espérance du retour du  Pharaon , dont un bâtiment qui avait levé l’ancre en même temps que lui, et qui était arrivé à bon port, avait appris le départ. ||had|||||||||of which||building||||the anchor||||||||||||||learned|| Mr. Morrel had in reality only the hope of Pharaoh's return, of which a ship which had weighed anchor at the same time as him, and which had arrived safely, had learned the departure. Mais déjà ce bâtiment, venant, comme le  Pharaon  de Calcutta, était arrivé depuis quinze jours, tandis que du  Pharaon  l’on n’avait aucune nouvelle. |||building|coming|||||Calcutta|||since|||||||||| But already this building, coming, like Pharaoh of Calcutta, had arrived for a fortnight, while Pharaoh had no news.

C’est dans cet état de choses que, le lendemain du jour où il avait terminé avec M. de Boville l’importante affaire que nous avons dite, l’envoyé de la maison Thomson et French de Rome se présenta chez M. Morrel. ||||||||next|||||||||||the important|||||said|the envoy|||||||||||at|| It was in this state of affairs that the day after he had finished with M. de Boville the important affair we have mentioned, the envoy of the Thomson and French House of Rome presented himself at the house of M. Morrel.

Emmanuel le reçut. Emmanuel||received ||ricevette Emmanuel received him.

Le jeune homme, que chaque nouveau visage effrayait, car chaque nouveau visage annonçait un nouveau créancier, qui, dans son inquiétude, venait questionner le chef de la maison, le jeune homme, disons-nous, voulut épargner à son patron l’ennui de cette visite: il questionna le nouveau venu; mais le nouveau venu déclara qu’il n’avait rien à dire à M. Emmanuel, et que c’était à M. Morrel en personne qu’il voulait parler. ||||||face|scared|||||announced|||creditor|||||was coming||||||||||let's say||wanted|save|||boss|the annoyance|||||question|||come||||come|||||||||||||||||||| The young man, whom each new face frightened, for each new face announced a new creditor, who, in his anxiety, came to question the head of the house, the young man, we say, wanted to spare his boss the boredom of this visit: he questioned the newcomer; but the newcomer declared that he had nothing to say to M. Emmanuel, and that it was to M. Morrel himself that he wished to speak. Emmanuel appela en soupirant Coclès. |||sighing| Emmanuel called, sighing Cocles. Coclès parut, et le jeune homme lui ordonna de conduire l’étranger à M. Morrel. |appeared|||||||||||| Cocles appeared, and the young man ordered him to lead the stranger to M. Morrel. Coclès marcha devant, et l’étranger le suivit. Coclès||in front|||| ||||lo straniero|| Cocles walked ahead, and the stranger followed him.

Sur l’escalier, on rencontra une belle jeune fille de seize à dix-sept ans, qui regarda l’étranger avec inquiétude. |||||||||seize||||||||| On the staircase we met a beautiful girl of sixteen to seventeen, who looked at the stranger with anxiety.

Coclès ne remarqua point cette expression de visage qui cependant parut n’avoir point échappé à l’étranger. |||||||||however||||escaped|| |||||||||||||scappata|| Cocles did not notice this expression of face, which, however, seemed to have not escaped the stranger.

«M. "Mr.

Morrel est à son cabinet, n’est-ce pas, mademoiselle Julie? ||||office||||| Morrel is at his office, isn't he, Mademoiselle Julie? demanda le caissier. ||cashier asked the cashier. —Oui, du moins je le crois, dit la jeune fille en hésitant; voyez d’abord, Coclès, et si mon père y est, annoncez monsieur. |||||||||||||||||||||announce| "Yes, at least I think so," said the girl, hesitating; see first, Cocles, and if my father is there, announce sir.

—M’annoncer serait inutile, mademoiselle, répondit l’Anglais, M. Morrel ne connaît pas mon nom. Announce to me|would be||miss||||||||| “It would be useless to tell me, mademoiselle,” replied the Englishman, “M. Morrel does not know my name.

Ce brave homme n’a qu’à dire seulement, que je suis le premier commis de MM. |||has|that||||||||committed|| questo|||||||||||||| This brave man has only to say that I am the first clerk of MM. Thomson et French, de Rome, avec lesquels la maison de monsieur votre père est en relations.» ||||||which||||||||| Thomson and French, of Rome, with whom your father's house is in contact. " La jeune fille pâlit et continua de descendre, tandis que Coclès et l’étranger continuaient de monter. |||paled|||||while|||||||climb The young girl turned pale and continued to descend, while Cocles and the stranger continued to ascend.

Elle entra dans le bureau où se tenait Emmanuel, et Coclès, à l’aide d’une clef dont il était possesseur, et qui annonçait ses grandes entrées près du maître, ouvrit une porte placée dans l’angle du palier du deuxième étage, introduisit l’étranger dans une antichambre, ouvrit une seconde porte qu’il referma derrière lui, et, après avoir laissé seul un instant l’envoyé de la maison Thomson et French, reparut en lui faisant signe qu’il pouvait entrer. |||||||||||||||||||||||||||||||||||Treppenabsatz|||||||||||||||||||||||||||||||||||||| ||||||||||||||key|of which|||||||||entries|near||||||placed||the corner||landing||||||||antechamber||||||||||after|have|||||the envoy||||||||||making|||| She entered the office where Emmanuel was sitting, and Cocles, with the help of a key which he possessed, and who announced his grand entrances near the master, opened a door placed in the corner of the landing on the second floor. introduced the stranger into an antechamber, opened a second door which he closed behind him, and, having left for a moment the envoy of the house Thomson and French, reappeared by making him a sign that he could enter.

L’Anglais entra; il trouva M. Morrel assis devant une table, pâlissant devant les colonnes effrayantes du registre où était inscrit son passif. ||||||sitting|in front|||paling|in front||columns|frightening|||||||passive The English entered; he found Monsieur Morrel sitting at a table, turning pale in front of the frightful columns of the register in which his debts were inscribed.

En voyant l’étranger, M. Morrel ferma le registre, se leva et avança un siège; puis, lorsqu’il eut vu l’étranger s’asseoir, il s’assit lui-même. |||||||||||||Stuhl|||||||||| |seeing||||closed||||||||seat|then|when he|had|||sit down||sat|| On seeing the stranger, M. Morrel closed the register, got up, and advanced a siege; then, when he had seen the stranger sit down, he sat down himself.

Quatorze années avaient bien changé le digne négociant qui, âgé de trente-six ans au commencement de cette histoire, était sur le point d’atteindre la cinquantaine: ses cheveux avaient blanchi, son front s’était creusé sous des rides soucieuses; enfin son regard, autrefois si ferme et si arrêté, était devenu vague et irrésolu, et semblait toujours craindre d’être forcé de s’arrêter ou sur une idée ou sur un homme. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||Falten||||||||||||||||||||||||||||||| Fourteen|years|had|||||||aged||||||beginning||||||||reaching||fifties||hair||whitened||||deepened|||wrinkles|worried|finally|||once||firm|||halted||become|||irresolute||||fear||forced|||or||||||| |||||||||di|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Fourteen years had greatly changed the worthy merchant, who, at the beginning of this story, was about to reach the age of fifty; his hair had whitened, his forehead had been hollowed by anxious wrinkles; finally, his gaze, once so firm and so fixed, had become vague and irresolute, and seemed always to be afraid of being compelled to stop either on an idea or on a man.

L’Anglais le regarda avec un sentiment de curiosité évidemment mêlé d’intérêt. |||||||||mixed|of interest The Englishman looked at him with a feeling of curiosity evidently mixed with interest.

«Monsieur, dit Morrel, dont cet examen semblait redoubler le malaise, vous avez désiré me parler? |||of which|this||seemed|reignite||malaise||||| "Sir," said Morrel, whose examination seemed to redouble the discomfort, "you have desired to speak to me?

—Oui, monsieur. -Yes sir.

Vous savez de quelle part je viens, n’est-ce pas? You know where I'm from, don't you? —De la part de la maison Thomson et French, à ce que m’a dit mon caissier du moins. |||||||||||||||cashier|| “From Thomson and French, at least my cashier told me.

—Il vous a dit la vérité, monsieur. “He told you the truth, sir.

La maison Thomson et French avait dans le courant de ce mois et du mois prochain trois ou quatre cent mille francs à payer en France, et connaissant votre rigoureuse exactitude, elle a réuni tout le papier qu’elle a pu trouver portant cette signature, et m’a chargé, au fur et a mesure que ces papiers écherraient, d’en toucher les fonds chez vous et de faire emploi de ces fonds.» ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||nach und nach|||||||fällig würden||||||||||||| ||||||in||current||this|month||of the||||||||||||||||||||||||||could||bearing||signature|||charged|in|fur||||||papers|would expire|of it||||with|||||||| |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||écherraient||||||||||||| The house Thomson and French had this month and next month three or four hundred thousand francs to pay in France, and knowing your rigorous accuracy, she gathered all the paper she could find bearing this signature, and asked me, as these papers went, to get the money from you and to use the funds. " Morrel poussa un profond soupir, et passa la main sur son front couvert de sueur. Morrel||||||||||||||sweat Morrel sighed deeply and ran his hand over his sweaty forehead.

«Ainsi, monsieur, demanda Morrel, vous avez des traites signées par moi? |||||||drafts|signed|| "So, sir," asked Morrel, "you have drafts signed by me?

—Oui, monsieur, pour une somme assez considérable. "Yes, sir, for a considerable sum.

—Pour quelle somme? -For how much?

demanda Morrel d’une voix qu’il tâchait de rendre assurée. |||||zu machen versuchte||| |||||was trying|||assured Morrel asked in a voice he tried to make sure. —Mais voici d’abord, dit l’Anglais en tirant une liasse de sa poche, un transport de deux cent mille francs fait à notre maison par M. de Boville, l’inspecteur des prisons. |here is|||||pulling||bundle|||pocket||transport|||||||||||||||| "But here at first," said the Englishman, pulling a bundle from his pocket, "a carriage of two hundred thousand francs made to our house by M. de Boville, the inspector of prisons.

Reconnaissez-vous devoir cette somme à M. de Boville? ||owe|||||| Do you admit that you owe this sum to M. de Boville? —Oui, monsieur, c’est un placement qu’il a fait chez moi, à quatre et demi du cent, voici bientôt cinq ans. ||||investment|||||||||half||||soon|| "Yes, sir, it's an investment he made at home, at four and a half cents, almost five years ago.

—Et que vous devez rembourser.... -And that you have to repay ....

—Moitié le 15 de ce mois-ci, moitié le 15 du mois prochain. Half||||||half|||| ||||||metà|||| -On the 15th of this month, half of the 15th of next month.

—C’est cela; puis voici trente-deux mille cinq cents francs, fin courant: ce sont des traites signées de vous et passées à notre ordre par des tiers porteurs. |this|||||||||end|current||||bills|signed||||||||||third parties|bearers -That's it; then there are thirty-two thousand five hundred francs, the end of the day: they are bills signed by you and passed to our order by third parties.

—Je le reconnais, dit Morrel, à qui le rouge de la honte montait à la figure, en songeant que pour la première fois de sa vie il ne pourrait peut-être pas faire honneur à sa signature; est-ce tout? ||recognize|||||||||shame|was rising|||||thinking|||||||||||||||||||signature||| "I recognize him," said Morrel, to whom the red of shame mounted in his face, thinking that for the first time in his life he might not be able to do honor to his signature; is that all?

—Non, monsieur, j’ai encore pour la fin du mois prochain ces valeurs-ci, que nous ont passées la maison Pascal et la maison Wild et Turner de Marseille, cinquante-cinq mille francs à peu près: en tout deux cent quatre-vingt-sept mille cinq cents francs.» |||||||||||values||||have||||||||Wild||Turner|||||||||about||||||||||| "No, sir, I have for the end of next month these values, which have passed us the house Pascal and the house Wild and Turner of Marseilles, fifty-five thousand francs more or less: in all two hundred and four twenty-seven thousand five hundred francs. "

Ce que souffrait le malheureux Morrel pendant cette énumération est impossible à décrire. ||suffered||||||enumeration|||| What the unfortunate Morrel suffered during this enumeration is impossible to describe.

«Deux cent quatre-vingt-sept mille cinq cents francs, répéta-t-il machinalement. Two|hundred|four|eighty|||||||||mechanically "Two hundred and eighty-seven thousand five hundred francs," he repeated mechanically.

—Oui, monsieur, répondit l’Anglais. "Yes, sir," replied the Englishman.

Or, continua-t-il après un moment de silence, je ne vous cacherai pas, monsieur Morrel, que, tout en faisant la part de votre probité sans reproches jusqu’à présent, le bruit public de Marseille est que vous n’êtes pas en état de faire face à vos affaires.» Or||||||||||||will hide|||||||doing|||||integrity||reproaches|until|||||||||||||||||||affairs Now, "continued he, after a moment's silence," I will not conceal from you, Monsieur Morrel, that, while you share your honesty so far, the public noise in Marseilles is that you are not in a position to deal with your business. " À cette ouverture presque brutale, Morrel pâlit affreusement. ||opening|almost|brutal||paled|horribly At this almost brutal opening, Morrel turned pale.

«Monsieur, dit-il, jusqu’à présent, et il y a plus de vingt-quatre ans que j’ai reçu la maison des mains de mon père qui lui-même l’avait gérée trente-cinq ans, jusqu’à présent pas un billet signé Morrel et fils n’a été présenté à la caisse sans être payé. |||until|||||||||||||||||hands||||||||managed||||||||||||||||||cash||| "Sir," said he, "up to the present time, and more than twenty-four years since I received the house from the hands of my father, who himself had managed it for thirty-five years, until not present a note signed Morrel and son was presented to the cashier without being paid.

—Oui, je sais cela, répondit l’Anglais; mais d’homme d’honneur à homme d’honneur, parlez franchement. |||||||of man|||||| "Yes, I know that," replied the Englishman; but from man of honor to man of honor, speak frankly.

Monsieur, paierez-vous ceux-ci avec la même exactitude?» |will pay||these|these|||| Sir, will you pay these with the same accuracy? " Morrel tressaillit et regarda celui qui lui parlait ainsi avec plus d’assurance qu’il ne l’avait encore fait. |zuckte zusammen||||||||||||||| |started|||the one||||thus|||||||| Morrel shuddered and looked at the man who was speaking to him more confidently than he had done before.

«Aux questions posées avec cette franchise, dit-il, il faut faire une réponse franche. ||posed|||||||must|||| "To the questions posed with this frankness," he says, "a frank answer must be made.

Oui, monsieur, je paierai si, comme je l’espère, mon bâtiment arrive à bon port, car son arrivée me rendra le crédit que les accidents successifs dont j’ai été la victime m’ont ôté; mais si par malheur le  Pharaon , cette dernière ressource sur laquelle je compte, me manquait...» |||||||||||||||||||||||||||||||entzogen||||||||||||||| |||will pay||||hopes||building|||||||||will restore||||||successive|of which|||||have taken|taken||||misfortune|||||||||count||was lacking Yes, sir, I will pay if, as I hope, my ship arrives safely, for its arrival will restore credit to me by the successive accidents of which I have been the victim; but if unfortunately the Pharaoh, this last resource on which I count, I missed ... " Les larmes montèrent aux yeux du pauvre armateur. |tears|rose|||||shipowner Tears rose in the eyes of the poor shipowner.

«Eh bien, demanda son interlocuteur, si cette dernière ressource vous manquait?... ||||||||||was missing "Well," asked his interlocutor, "if this last resource was missing?

—Eh bien, continua Morrel, monsieur, c’est cruel à dire... mais, déjà habitué au malheur, il faut que je m’habitue à la honte, eh bien, je crois que je serais forcé de suspendre mes paiements. |||||||||||||||||||||||||||||||Zahlungen einstellen|| ||continues||||cruel|||||used||misfortune||must|||get used|||shame||||||||forced|||| "Well," continued Morrel, "sir, it is cruel to say, but, already accustomed to misfortune, I must accustom myself to shame, well, I think I should be forced to suspend my payments."

—N’avez-vous donc point d’amis qui puissent vous aider dans cette circonstance?» ||||of friends||can||||| "Do not you have any friends who can help you in this circumstance?"

Morrel sourit tristement. Morrel smiles sadly.

«Dans les affaires, monsieur, dit-il, on n’a point d’amis, vous le savez bien, on n’a que des correspondants. ||business||||||||||||||||correspondents "In business, sir," said he, "we have no friends, you know it well, we only have correspondents.

—C’est vrai, murmura l’Anglais. "It is true," whispered the Englishman.

Ainsi vous n’avez plus qu’une espérance? So you have only one hope? —Une seule. -Only one.

—La dernière? -The last?

—La dernière. -The last.

—De sorte que si cette espérance vous manque.... |||||||is lacking -So that if you miss this hope ....

—Je suis perdu, monsieur, complètement perdu. “I am lost, sir, completely lost.

—Comme je venais chez vous, un navire entrait dans le port. |I|was coming|at|||ship|||| As I was coming to your house, a ship was entering the harbor.

—Je le sais, monsieur. -I know it, sir.

Un jeune homme qui est resté fidèle à ma mauvaise fortune passe une partie de son temps à un belvédère situé au haut de la maison, dans l’espérance de venir m’annoncer le premier une bonne nouvelle. |||||||||bad|fortune|||||||||belvedere||||||||hope|||||||| A young man who has remained faithful to my bad fortune spends part of his time at a belvedere located at the top of the house, in the hope of coming to announce the first good news. J’ai su par lui l’entrée de ce navire. |knew|||||| I knew by him the entry of this ship. —Et ce n’est pas le vôtre? -And it's not yours?

—Non, c’est un navire bordelais, la  Gironde ; il vient de l’Inde aussi, mais ce n’est pas le mien. ||a||Bordeaux||Gironde|||||also||||||mine “No, it's a Bordeaux ship, the Gironde; he's from India too, but he's not mine.

—Peut-être a-t-il eu connaissance du  Pharaon  et vous apporte-t-il quelque nouvelle. |||||I||||||brings|||| "Perhaps he has knowledge of Pharaoh and brings you some news.

—Faut-il que je vous le dise, monsieur! Must||||||| "Must I tell you, sir?

je crains presque autant d’apprendre des nouvelles de mon trois-mâts que de rester dans l’incertitude. |fear|almost|as much|||||||masts||||| I fear almost as much to hear news of my three-master as to remain in uncertainty. L’incertitude, c’est encore l’espérance.» The uncertainty||still| Uncertainty is still hope. " Puis, M. Morrel ajouta d’une voix sourde: ||||||dull Then Mr. Morrel added in a low voice:

«Ce retard n’est pas naturel; le  Pharaon  est parti de Calcutta le 5 février: depuis plus d’un mois il devrait être ici. |delay||||||||||||since||||||| "This delay is not natural; Pharaoh left Calcutta on the 5th of February: for more than a month he should be here.

—Qu’est cela, dit l’Anglais en prêtant l’oreille, et que veut dire ce bruit? What is|||||listening|the ear|||||| "What is that," said the Englishman, listening, "and what does this noise mean?

—Ô mon Dieu! -Oh my God!

mon Dieu! my God!

s’écria Morrel pâlissant, qu’y a-t-il encore?» exclaimed Morrel, turning pale, "what's the matter?" En effet, il se faisait un grand bruit dans l’escalier; on allait et on venait, on entendit même un cri de douleur. |||||||||the staircase||was going|||was coming||understood|||scream|| In fact, there was a loud noise on the stairs; we went and came, we even heard a cry of pain.

Morrel se leva pour aller ouvrir la porte, mais les forces lui manquèrent et il retomba sur son fauteuil. ||||||||||||failed him|||fell back|||chair Morrel got up to open the door, but his strength failed him and he fell back into his chair.

Les deux hommes restèrent en face l’un de l’autre, Morrel tremblant de tous ses membres, l’étranger le regardant avec une expression de profonde pitié. |||remained||||||||||||||||||||pity The two men stood facing each other, Morrel trembling with all his limbs, the stranger looking at him with an expression of deep pity.

Le bruit avait cessé; mais cependant on eût dit que Morrel attendait quelque chose; ce bruit avait une cause et devait avoir une suite. |||||however|one|would||||was waiting||||||||||have||result |rumore|||||||||||||||||||||| The noise had stopped; but it would have been said that Morrel was waiting for something; this noise had a cause and had to have a continuation. Il sembla à l’étranger qu’on montait doucement l’escalier et que les pas, qui étaient ceux de plusieurs personnes, s’arrêtaient sur le palier. |||||was climbing|gently||||||||||several|||||landing |||||||||||||||||||||pianerottolo It seemed abroad that the staircase was slowly ascending, and that the steps, which were those of several persons, stopped on the landing.

Une clef fut introduite dans la serrure de la première porte, et l’on entendit cette porte crier sur ses fonds. |key||introduced|||lock|||||||understood|||squeak|||funds A key was introduced into the lock of the first door, and this door was heard to cry on its back.

«Il n’y a que deux personnes qui aient la clef de cette porte, murmura Morrel: Coclès et Julie.» |there||that||||have||key|||||||| "There are only two people who have the key to this door," murmured Morrel: Cocles and Julie.

En même temps, la seconde porte s’ouvrit et l’on vit apparaître la jeune fille pâle et les joues baignées de larmes. |||||||||||||||||Wangen||| |||||||||||||||||plays|bathed|| At the same time, the second door opened and the pale girl appeared and her cheeks bathed in tears.

Morrel se leva tout tremblant, et s’appuya au bras de son fauteuil, car il n’aurait pu se tenir debout. ||||||leaned|||||chair|||||||standing Morrel got up trembling, and leaned on the arm of his armchair, for he could not stand.

Sa voix voulait interroger, mais il n’avait plus de voix. His voice wanted to interrogate, but he had no voice. «Ô mon père! “O my father!

dit la jeune fille en joignant les mains, pardonnez à votre enfant d’être la messagère d’une mauvaise nouvelle!» |||||joining|||||||||messenger||| said the girl, clasping her hands, "forgive your child for being the messenger of bad news!" Morrel pâlit affreusement; Julie vint se jeter dans ses bras. |paled|horribly||||throw||| Morrel turned horribly pale; Julie came to throw herself in his arms.

«Ô mon père! “O my father!

mon père!

dit-elle, du courage! she said, courage! —Ainsi le  Pharaon  a péri?» demanda Morrel d’une voix étranglée. ||||umgekommen||||| ||||perished|||||choked "So Pharaoh perished?" Morrel asked in a strangled voice.

La jeune fille ne répondit pas, mais elle fit un signe affirmatif avec sa tête, appuyée à la poitrine de son père. ||||||||nodded|||affirmative||||supported|||chest||| The girl did not answer, but she made an affirmative sign with her head leaning against her father's chest.

«Et l’équipage? |«Und die Besatzung?» |the crew "What about the crew?"

demanda Morrel. asked Morrel. —Sauvé, dit la jeune fille, sauvé par le navire bordelais qui vient d’entrer dans le port.» Saved|||||saved||||Bordeaux|||||| |||||||||bordolese|||||| "Saved," said the girl, "saved by the Bordeaux ship which has just entered the harbor."

Morrel leva les deux mains au ciel avec une expression de résignation et de reconnaissance sublime. Morrel raised both hands to the sky with an expression of resignation and sublime gratitude.

«Merci, mon Dieu! "Thanks my God!

dit Morrel; au moins vous ne frappez que moi seul.» ||||||hit|that||only said Morrel; at least you only hit me alone. " Si flegmatique que fût l’Anglais, une larme humecta sa paupière. |||||||befeuchtete||Augenlid |phlegmatic||was|||tear|moistens||eyelid Phlegmatic as the Englishman was, a tear moistened his eyelid.

«Entrez, dit Morrel, entrez, car je présume que vous êtes tous à la porte.» |||enter|||presume||||||| "Come in," said Morrel, "come in, for I presume you are all at the door."

En effet, à peine avait-il prononcé ces mots, que Mme Morrel entra en sanglotant; Emmanuel la suivait; au fond, dans l’antichambre, on voyait les rudes figures de sept ou huit marins à moitié nus. |||barely|||||||||||sobbing|||||||||saw|||figures|||||||half|half-naked In fact, scarcely had he uttered these words than Madame Morrel entered, sobbing; Emmanuel followed her; at the back, in the antechamber, were the rough faces of seven or eight half-naked sailors.

À la vue de ces hommes, l’Anglais tressaillit; il fit un pas comme pour aller à eux, mais il se contint et s’effaça au contraire, dans l’angle le plus obscur et le plus éloigné du cabinet. |||||||started||fit|a|not|as||||them||||refrained||faded away||||the angle|||||||distant||cabinet At the sight of these men, the Englishman shuddered; he took a step as if to go to them, but he restrained himself and, on the contrary, effaced himself in the most obscure and distant corner of the closet. Mme Morrel alla s’asseoir dans le fauteuil, prit une des mains de son mari dans les siennes, tandis que Julie demeurait appuyée à la poitrine de son père. |||sit down|||chair|took|a||||||||hers||||remained|leaning|||chest||| ||||||||||||||||sue||||rimaneva||||petto||| Mrs. Morrel went to sit in the chair, took one of her husband's hands in hers, while Julie remained leaning on her father's breast.

Emmanuel était resté à mi-chemin de la chambre et semblait servir de lien entre le groupe de la famille Morrel et les marins qui se tenaient à la porte. ||||mid||||||||||||||||||||||were standing||| Emmanuel had remained halfway to the room and seemed to be a link between the Morrel family group and the sailors standing at the door. «Comment cela est-il arrivé? How|||| "How did this happen?

demanda Morrel. asked Morrel. —Approchez, Penelon, dit le jeune homme, et racontez l’événement.» Approach|Penelon|||||||the event "Come on, Penelon," said the young man, "and tell the story."

Un vieux matelot, bronzé par le soleil de l’équateur, s’avança roulant entre ses mains les restes d’un chapeau. A||sailor|tanned|||||the equator|advanced|rolling|||||remains|| An old sailor, tanned by the sun of the equator, advanced rolling in his hands the remains of a hat.

«Bonjour, monsieur Morrel, dit-il, comme s’il eût quitté Marseille la veille et qu’il arrivât d’Aix ou de Toulon. |||||||||||eve||||of Aix||| "Good morning, Monsieur Morrel," he said, as if he had left Marseilles the day before and arrived from Aix or Toulon.

—Bonjour, mon ami, dit l’armateur, ne pouvant s’empêcher de sourire dans ses larmes: mais où est le capitaine? ||||the shipowner||unable|prevent himself|||||tears||||| "Good morning, my friend," said the shipowner, unable to resist smiling in his tears: "but where is the captain?

—Quant à ce qui est du capitaine, monsieur Morrel, il est resté malade à Palma; mais, s’il plaît à Dieu, cela ne sera rien, et vous le verrez arriver dans quelques jours aussi bien portant que vous et moi. As||||||||||||||Palma||||||||||||||||a few||||well|||| As to the captain, Monsieur Morrel, he remained ill at Palma; but, if it pleases God, it will be nothing, and you will see it arrive in a few days as well as you and I.

—C’est bien... maintenant parlez, Penelon», dit M. Morrel. |well|||||| "That's good ... now speak, Penelon," said Mr. Morrel.

Penelon fit passer sa chique de la joue droite à la joue gauche, mit la main devant la bouche, se détourna, lança dans l’antichambre un long jet de salive noirâtre, avança le pied, et se balançant sur ses hanches: ||||Kautabak||||||||||||||||wandte sich ab|||||||||schwärzliche|||||||||Hüften wiegend |fit|||chic|||plays||||plays|left||||in front||mouth||turned||||||jet||saliva|blackish|advanced|||||swaying|||hips Penelon passed his quid from his right cheek to his left cheek, put his hand in front of his mouth, turned away, threw a long jet of black saliva into the antechamber, put his foot forward, and swaying on his hips:

«Pour lors, monsieur Morrel, dit-il, nous étions quelque chose comme cela entre le cap Blanc et le cap Boyador marchant avec une jolie brise sud-sud-ouest, après avoir bourlingué pendant huit jours de calme, quand le capitaine Gaumard s’approche de moi, il faut vous dire que j’étais au gouvernail, et me dit: «Père Penelon, que pensez-vous de ces nuages qui s’élèvent là-bas à l’horizon?» ||||||||||||||||||||||||||||||navigué en mer||||||||||||||||||||barre du bateau||||||||||||||||| |during||||||were||||||||||||Cape Bojador|sailing|||pretty|breeze|||||have|bounced|||||||||Gaumard|approaches||||must||||||rudder|||||||||||||are rising|||to|the horizon ||||||||||||||||||||||||||||||herumgetrieben||||||||||||||||||||||||||||||||||||| "For that, Monsieur Morrel," he said, "we were something like that between Cape Blanc and Cape Boyador, walking with a lovely south-south-westerly breeze, after roaming for eight days of calm, when Captain Gaumard s approach me, I must tell you that I was at the helm, and said: "Father Penelon, what do you think of the clouds rising up there on the horizon?"

«Justement je les regardais à ce moment-là. Just||||||| "Exactly, I was watching them at that moment.

«—Ce que j’en pense, capitaine! "What do I think about it, captain!

j’en pense qu’ils montent un peu plus vite qu’ils n’en ont le droit, et qu’ils sont plus noirs qu’il ne convient à des nuages qui n’auraient pas de mauvaises intentions. |||rise|||||||||||||||||is suitable|||||wouldn't|||| |||||||||||||||||||||||nuvole|||||| I think they are climbing a little faster than they have the right, and they are blacker than it suits clouds that have no bad intentions. «—C’est mon avis aussi, dit le capitaine, et je m’en vais toujours prendre mes précautions. ||||||||||||take|| "It is my opinion also," said the captain, "and I am always going to take my precautions.

Nous avons trop de voiles pour le vent qu’il va faire tout à l’heure.... Holà! |||||||||||||the hour| We have too many sails for the wind he is going to do just now. hé! range à serrer les cacatois et à haler bas de clinfoc! ||anziehen||Kakatois-Segel|||herunterholen||| range|to|||cockatoos|and|to|pull|low||clamp ||||câbles|||tirer|||clinfoc range to shake the cacatois and to hack down clinfoc! «Il était temps; l’ordre n’était pas exécuté, que le vent était à nos trousses et que le bâtiment donnait de la bande. |||||||||||||Fersen|||||||| ||||||executed|||||at||trails||||building||||band "It was time; the order was not executed, the wind was on our heels, and the building was banding.

«—Bon! Good «—Good!"

dit le capitaine, nous avons encore trop de toile, range à carguer la grande voile! ||||||||Segel|||||| ||||have||||sail|stow||stow|||sail said the captain, we still have too much sail, stow the mainsail!" «Cinq minutes après, la grande voile était carguée, et nous marchions avec la misaine, les huniers et les perroquets. |||||||||||||voile de misaine||voiles de huniers|||perroquets |||||sail|was|furled|||were sailing|||mizen||top sails|||parrots «Five minutes later, the mainsail was stowed, and we were sailing with the jib, the topsails, and the spinnakers.

«—Eh bien, père Penelon, me dit le capitaine, qu’avez-vous donc à secouer la tête? ||father||||||what do||||shake|| "Well, Father Penelon," said the captain, "what have you to shake your head?"

«—J’ai qu’à votre place, voyez-vous, je ne resterais pas en si beau chemin. |||Ihrer Stelle|||||||||| ||||||||would stay||||| "-Ich würde an Ihrer Stelle, sehen Sie, nicht auf der Stelle stehen bleiben. "I have in your place, you see, I will not stay in such a good way.

«—Je crois que tu as raison, vieux, dit-il, nous allons avoir un coup de vent. ||||||||||are|||gust|| "I think you're right, old," he said, "we're going to have a gust of wind.

«—Ah!

par exemple, capitaine, que je lui réponds, celui qui achèterait ce qui se passe là-bas pour un coup de vent gagnerait quelque chose dessus; c’est une belle et bonne tempête, ou je ne m’y connais pas! |||||||||would buy|||||||||||||||on it||||||storm|||||| for example, Captain, that I answer him, whoever buys what happens there for a gust of wind would gain something on it; it's a beautiful and good storm, or I do not know it! «C’est-à-dire qu’on voyait venir le vent comme on voit venir la poussière à Montredon; heureusement qu’il avait affaire à un homme qui le connaissait. ||||||||||sieht kommen|||Staub||Montredon|||||||||| ||||saw||||||sees|||dust||Montredon|||||||||| "That is to say, we saw the wind coming as we see the dust coming to Montredon; fortunately he was dealing with a man who knew him.

«—Range à prendre deux ris dans les huniers! ||||Reff|||Bramsegel Range||||ris|||hunting sails "Range to take two reefs in the topsails!

cria le capitaine; largue les boulines, brasse au vent, amène les huniers, pèse les palanquins sur les vergues! |||||les cordes|||||||||palanquins|||vergues cries|||release|the|sheets|row|||||top sails|weighs||palanquins|||yards ||||||||||||||Palanquine|||Rahen cried the captain; drop the bowls, brew in the wind, bring the topsails, weigh the palanquins on the yards! —Ce n’était pas assez dans ces parages-là, dit l’Anglais; j’aurais pris quatre ris et je me serais débarrassé de la misaine.» |||||||||||||||||||||voile de misaine ||||||Gegend|||||||||||||||Focksegel ||||||areas||||I would have|||rays|||||got rid|||mizzen ||||||||disse||||||||||||| "It was not enough in these parts," said the Englishman; I would have taken four reefs and got rid of the foresail. "

Cette voix ferme, sonore et inattendue, fit tressaillir tout monde. |||||||sursauter|| ||firm|sound||unanticipated|made|startle|| This firm, sonorous and unexpected voice made all people shudder.

Penelon mit sa main sur ses yeux et regarda celui qui contrôlait avec tant d’aplomb la manœuvre de son capitaine. ||||||||||||||mit Sicherheit||||| |||||||||||controlled|||with poise||||| Penelon put his hand over his eyes and looked at the man who was so controlling in his captain's maneuver. «Nous fîmes mieux que cela encore, monsieur, dit le vieux marin avec un certain respect, car nous carguâmes la brigantine et nous mîmes la barre au vent pour courir devant la tempête. |did|||||||||||||respect|||cargoed||brigantine|||put|||||||in front||storm |||||||||||||||||caricammo|||||||||||||| "We did better than that, sir," said the old sailor with a certain respect, for we carved the brigantine and set the bar in the wind to run before the storm.

Dix minutes après, nous carguions les huniers et nous nous en allions à sec de voiles. ||||were loading|the|top sails|and|we|||were leaving|to|dry|of|sails ||||||alberi||||||||| Ten minutes later, we carved the topsails and we went dry sails. —Le bâtiment était bien vieux pour risquer cela, dit l’Anglais. The|building|was||old||risk|that|said|the English "The building was very old to risk that," said the Englishman.

—Eh bien, justement! ||just “Well, exactly!

c’est ce qui nous perdit. it's|||us|lost that's what lost us. Au bout de douze heures que nous étions ballottés que le diable en aurait pris les armes, il se déclara une voie d’eau. |||||||||||||||||||||Wassereinbruch| |end|of|twelve|hours|that|we|were|tossed|that|||in|would have||the|weapons|it|declared|declared|a|way|of water At the end of twelve hours we were tossed about that the devil would have taken up arms, he declared himself a waterway. «Penelon, me dit le capitaine, je crois que nous coulons, mon vieux; donne-moi donc la barre et descends à la cale.» |||||||||wir sinken|||||||Steuer, Ruder|||||Laderaum Penelon|me|said||captain||believe|||are sinking||old||me||the|bar|and|descend|to||hold |||||||||||||||||||||la cale "Penelon," said the captain, "I think we are sinking, old man; give me the bar and go down to the hold. " «Je lui donne la barre, je descends; il y avait déjà trois pieds d’eau. I|him||the|bar|I|descend||||already|three||of water "I give him the bar, I go down; there were already three feet of water.

Je remonte en criant: «Aux pompes! |climb|in|screaming|To| |||||pompe I go back crying: "At the pumps! aux pompes!» Ah! to the|pumps| at the pumps! " Ah! bien oui, il était déjà trop tard! well||it|was|already|too|late well yes, it was already too late! On se mit à l’ouvrage; mais je crois que plus nous en tirions, plus il y en avait. |get|got|to|the work|but|I|believe|that||we||would draw|more||had|in|had ||||l'opera||||||||||||| We began to work; but I think the more we shoot, the more there was. «—Ah! “'Ah!

ma foi, que je dis au bout de quatre heures de travail, puisque nous coulons, laissons-nous couler, on ne meurt qu’une fois! ||||||||||||||untergehen|||||||| |faith|||||end||||||||are sinking|||sink||||| my faith, that I say after four hours of work, since we sink, let us sink, we die only once! «—C’est comme cela que tu donnes l’exemple maître Penelon? |as||||give||| ||||||||Penelon "Is that how you give the example of Master Penelon?

dit le capitaine; eh bien, attends, attends! |||||wait|wait said the captain; well, wait, wait! «Il alla prendre une paire de pistolets dans sa cabine. ||||pair||pistols||| "He took a pair of pistols in his cabin. «—Le premier qui quitte la pompe, dit-il, je lui brûle la cervelle! |||leaves||pump|||||||brain "The first one who leaves the pump," he said, "I burn his brains!

—Bien, dit l’Anglais. “Good,” said the Englishman.

—Il n’y a rien qui donne du courage comme les bonnes raisons, continua le marin, d’autant plus que pendant ce temps-là le temps s’était éclairci et que le vent était tombé; mais il n’en est pas moins vrai que l’eau montait toujours, pas de beaucoup, de deux pouces peut-être par heure, mais enfin elle montait. |||||||||||||||all the more||||||||||cleared||||||fallen||||||||||was rising|||||||inches||||||||was rising "There is nothing that gives courage like good reasons," continued the sailor, "especially since during that time the weather had cleared up and the wind had fallen; but it is none the less true that the water was always rising, not much, perhaps two inches an hour, but at last it was rising.

Deux pouces par heure, voyez-vous, ça n’a l’air de rien; mais en douze heures ça ne fait pas moins de vingt-quatre pouces, et vingt-quatre pouces font deux pieds. |inches||||||||||||||||||||||inches||twenty||inches|feet|| Two inches an hour, you see, it does not look like anything; but in twelve hours it is not less than twenty-four inches, and twenty-four inches is two feet. Deux pieds et trois que nous avions déjà, ça nous en fait cinq. ||||||planes|||||| Two feet and three that we already had, it makes us five. Or, quand un bâtiment a cinq pieds d’eau dans le ventre, il peut passer pour hydropique. |||||||||||||||hydropique |||building||||of water|||belly|||||hydropic However, when a building has five feet of water in the belly, it can pass for hydropique. «—Allons dit le capitaine, c’est assez comme cela et M. Morrel n’aura rien à nous reprocher: nous avons fait ce que nous avons pu pour sauver le bâtiment; maintenant, il faut tâcher de sauver les hommes. Let's go|||||||||||will have||||reproach|||||||have||||||||must|try||||men "Come," said the captain, "it is enough like that, and M. Morrel will have nothing to reproach us with; we have done what we could to save the vessel; now, we must try to save men.

À la chaloupe, enfants, et plus vite que cela! ||the boat|||||| ||boat|||||| On the boat, children, and faster than that! «Écoutez, monsieur Morrel, continua Penelon, nous aimions bien le  Pharaon , mais si fort que le marin aime son navire, il aime encore mieux sa peau. ||||||loved||||||||||||||||better||skin "Listen, Mr. Morrel," continued Penelon, "we loved Pharaoh, but so much so that the sailor loves his ship, he loves his skin even better.

Aussi nous ne nous le fîmes pas dire à deux fois; avec cela, voyez-vous, que le bâtiment se plaignait et semblait nous dire: «Allez-vous-en donc, mais allez-vous-en donc!» Et il ne mentait pas, le pauvre  Pharaon , nous le sentions littéralement s’enfoncer sous nos pieds. |||||taten wir||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| |||||did||||||||||||building||was complaining||||||||||||||||||||||||felt||sink||| So we did not make him say twice; with that, you see, that the building was complaining and seemed to be saying to us, "Go away, but go away!" And he was not lying, poor Pharaoh, we literally felt it. to sink under our feet. Tant il y a qu’en un tour de main la chaloupe était à la mer, et que nous étions tous les huit dedans. ||||||||||boat|||||||||||eight|inside ||||||||||||||||||||||dentro So much so that in a jiffy the boat was at sea, and we were all eight in it. «Le capitaine descendit le dernier, ou plutôt, non il ne descendit pas, car il ne voulait pas quitter le navire, c’est moi qui le pris à bras-le-corps et le jetai aux camarades, après quoi je sautai à mon tour. ||||||rather|||||||||||||||||||||||||threw||||||jumped||| "The captain came down last, or rather, no, he did not come down, for he did not want to leave the ship, it was me who took it in hand and threw it to the comrades, after which I jumped to my tower.

Il était temps. It was time. Comme je venais de sauter le pont creva avec un bruit qu’on aurait dit la bordée d’un vaisseau de quarante-huit. ||was||jump||bridge|burst|||||would|||broadside||ship||| As I had just jumped the bridge broke with a sound that looked like the edge of a forty-eight ship. «Dix minutes après, il plongea de l’avant, puis de l’arrière, puis il se mit à tourner sur lui-même comme un chien qui court après sa queue; et puis, bonsoir la compagnie, brrou!... ||||plunged||the front|||the rear||||||||||||||court|||tail|||good evening|||splash ||||plungeò|||||||||||||||||||||||||||| "Ten minutes later, he plunged forward, then backward, then began to turn on himself like a dog running after his tail; and then, good evening the company, brouill!

tout a été dit, plus de  Pharaon ! everything has been said, no more Pharaoh! «Quant à nous, nous sommes restés trois jours sans boire ni manger; si bien que nous parlions de tirer au sort pour savoir celui qui alimenterait les autres, quand nous aperçûmes la Gironde : nous lui fîmes des signaux, elle nous vit, mit le cap sur nous, nous envoya sa chaloupe et nous recueillit. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Kurs setzen||||||||| As for|||||||||drink|||||||were speaking||||draw lots|||||would feed|||||saw||Gironde|||did||signals||||||course||||sent||boat|||rescued "As for us, we stayed three days without food or drink; so that we were talking about drawing lots to find out who would feed the others, when we saw the Gironde: we made signals to her, she saw us, set sail for us, sent us her boat and collected us.

Voilà comme ça s’est passé, monsieur Morrel, parole d’honneur! That's how it happened, Mr. Morrel, word of honor! foi de marin! seafarer's faith! N’est-ce pas, les autres?» Is it not the others? " Un murmure général d’approbation indiqua que le narrateur avait réuni tous les suffrages par la vérité du fonds et le pittoresque des détails. |murmur||of approval||||narrator|had|gathered||the|votes||the|truth||fund||the|picturesque||details A general murmur of approbation indicated that the narrator had gathered all the votes by the truth of the fund and the picturesque details.

«Bien, mes amis, dit M. Morrel, vous êtes de braves gens, et je savais d’avance que dans le malheur qui m’arrivait il n’y avait pas d’autre coupable que ma destinée. ||||||||||||||in advance||||misfortune||was happening||||||||| "Well, my friends," said M. Morrel, "you are good people, and I knew beforehand that in the misfortune that was happening to me there was no other culprit but my destiny.

C’est la volonté de Dieu et non la faute des hommes. ||||||||fault|| It is the will of God and not the fault of men. Adorons la volonté de Dieu. Let's adore||will|| Let's worship the will of God. Maintenant combien vous est-il dû de solde? |how much||||||balance Now how much is your balance owed? —Oh! -Oh!

bah! Bah! ne parlons pas de cela, monsieur Morrel. |let's talk||||| let's not talk about that, Mr. Morrel. —Au contraire, parlons-en, dit l’armateur avec un sourire triste. ||let's talk|||the shipowner|||| "On the contrary, let's talk about it," said the shipowner with a sad smile.

—Eh bien, on nous doit trois mois... dit Penelon. ||||||mesi|| "Well, we are owed three months," said Penelon.

—Coclès, payez deux cents francs à chacun de ces braves gens. Coclès|||||||||| "Clès, pay two hundred francs to each of these good people."

Dans une autre époque, mes amis, continua Morrel, j’eusse ajouté: «Donnez-leur à chacun deux cents francs de gratification»; mais les temps sont malheureux, mes amis, et le peu d’argent qui me reste ne m’appartient plus. ||||||||I would have|added|||||||||||||||||||||||||belongs to me| |||||||||||||||||||||||infelici|||||||||||| In another time, my friends, "continued Morrel," I would have added, "Give them each two hundred francs of gratuity." but times are unhappy, my friends, and the little money left to me no longer belongs to me. Excusez-moi donc, et ne m’en aimez pas moins pour cela.» |||||love me|love|||| Excuse me, and love me no less for that. " Penelon fit une grimace d’attendrissement, se retourna vers ses compagnons, échangea quelques mots avec eux et revint. ||||der Rührung|||||||||||| |fit||grimace|of tenderness||returned||his|companions|exchanged|||with||and|returned Penelon grimaced with emotion, turned to his companions, exchanged a few words with them, and returned.

«Pour ce qui est de cela, monsieur Morrel, dit-il en passant sa chique de l’autre côté de sa bouche et en lançant dans l’antichambre un second jet de salive qui alla faire le pendant au premier, pour ce qui est de cela.... |||||||||||||chew|||side|||mouth||in|launching|||||||||||||||||||| "As for that, Mr. Morrel," he said, passing his quid on the other side of his mouth and throwing in the antechamber a second spurt of saliva that went on to make up the first, for what is from that ....

—De quoi? -About what?

—De l’argent.... -Money....

—Eh bien? -Well?

—Eh bien, monsieur Morrel, les camarades disent que pour le moment ils auront assez avec cinquante francs chacun et qu’ils attendront pour le reste. |well|||||||||||will have|enough|||||||will wait||| "Well, Monsieur Morrel, the comrades say that for the moment they will have enough with fifty francs each, and that they will wait for the rest.

—Merci, mes amis, merci! “Thank you, my friends, thank you!

s’écria M. Morrel, touché jusqu’au cœur: vous êtes tous de braves cœurs; mais prenez, prenez, et si vous trouvez un bon service, entrez-y, vous êtes libres.» ||||to the|||||||||take|||||||||enter|||| exclaimed Mr. Morrel, touched to the heart: "you are all good-hearted; but take, take, and if you find a good service, enter it, you are free. " Cette dernière partie de la phrase produisit un effet prodigieux sur les dignes marins. |||||||||außergewöhnlich|||| |||||||||prodigious|||worthy| This last part of the sentence produced a prodigious effect on the worthy sailors.

Ils se regardèrent les uns les autres d’un air effaré. |||||||||entsetzt ||looked||each other|||||startled They looked at each other with a frightened look. Penelon, à qui la respiration manqua, faillit en avaler sa chique; heureusement, il porta à temps la main à son gosier. ||||||||||||||||||||gorge ||||||||verschlucken||||||||||||Kehle ||||breathing||almost||swallow||chew|||||time|||||throat |||||mancò||||||||||||||| Penelon, whose breathing was lacking, almost swallowed his quid; fortunately, he brought his hand to his throat in time. «Comment, monsieur Morrel, dit-il d’une voix étranglée, comment, vous nous renvoyez! |||||||choked||||send back "How, Mr. Morrel," he said in a strangled voice, "how, you send us back!

vous êtes donc mécontent de nous? |||unzufrieden|| you|||unhappy|| |||scontento|| Are you dissatisfied with us? —Non, mes enfants, dit l’armateur; non, je ne suis pas mécontent de vous, tout au contraire. ||||the shipowner||||||not unhappy||||| "No, my children," said the shipowner; No, I am not dissatisfied with you, quite the contrary.

Non, je ne vous renvoie pas. ||||send| No, I am not sending you back. Mais, que voulez-vous? But, what do you want? je n’ai plus de bâtiments, je n’ai plus besoin de marins. ||||buildings|||||| I have no more buildings, I no longer need sailors. —Comment vous n’avez plus de bâtiments! How|||||buildings “How you run out of buildings!

dit Penelon. said Penelon.

Eh bien, vous en ferez construire d’autres, nous attendrons. |well|||will make||||will wait Well, you will build others, we will wait. Dieu merci, nous savons ce que c’est que de bourlinguer. |||||||||voyager beaucoup |||||||||herumreisen |||||||||wander Thank God we know what it's like to go for a walk. —Je n’ai plus d’argent pour faire construire des bâtiments, Penelon, dit l’armateur avec un triste sourire, je ne puis donc pas accepter votre offre, toute obligeante qu’elle est. ||||||||buildings|||the shipowner||||||||||||offer||obliging|| "I have no more money to build buildings, Penelon," said the shipowner with a sad smile, "so I can not accept your offer, as obliging as it is.

—Eh bien, si vous n’avez pas d’argent il ne faut pas nous payer; alors, nous ferons comme a fait ce pauvre  Pharaon , nous courrons à sec, voilà tout! |||||||||||||||will||||||||will run||dry|| "Well, if you have no money, you must not pay us; then, we will do as poor Pharaoh did, we run dry, that's all!

—Assez, assez, mes amis, dit Morrel étouffant d’émotion; allez, je vous en prie. Enough|enough|||||suffocating||||||please "Enough, enough, my friends," said Morrel, suffocating with emotion; go, please.

Nous nous retrouverons dans un temps meilleur. ||will find|||| We will meet again in a better time. Emmanuel, ajouta l’armateur, accompagnez-les, et veillez à ce que mes désirs soient accomplis. ||the shipowner|accompany|||ensure|||||||accomplished Emmanuel, "added the shipowner," accompany them, and see to it that my wishes are fulfilled. —Au moins c’est au revoir, n’est-ce pas, monsieur Morrel? ||||goodbye||||| "At least it's goodbye, is not it, Mr. Morrel?"

dit Penelon. said Penelon.

—Oui, mes amis, je l’espère, au moins; allez.» “Yes, my friends, at least I hope so; go. "

Et il fit un signe à Coclès, qui marcha devant. ||fit||||||marched|in front And he made a sign to Cocles, who walked ahead.

Les marins suivirent le caissier, et Emmanuel suivit les marins. ||||le caissier||||| ||followed||cashier||||| The sailors followed the cashier, and Emmanuel followed the sailors. «Maintenant, dit l’armateur à sa femme et à sa fille, laissez-moi seul un instant; j’ai à causer avec monsieur.» |||||||||||||||||sich unterhalten|| ||the shipowner|||||||||||||||talk|| "Now," said the shipowner to his wife and daughter, "leave me alone for a moment; I have to talk to monsieur. "

Et il indiqua des yeux le mandataire de la maison Thomson et French, qui était resté debout et immobile dans son coin pendant toute cette scène, à laquelle il n’avait pris part que par les quelques mots que nous avons rapportés. ||||||Bevollmächtigten|||||||||||||||||||||||||||||||||| And||indicated||eyes||agent|||||||||||||in||corner||||||||||||||||||have|reported And he pointed out the agent of Thomson and French, who had stood motionless in his corner during the whole scene, to which he had taken part only by the few words we have mentioned.

Les deux femmes levèrent les yeux sur l’étranger qu’elles avaient complètement oublié, et se retirèrent; mais, en se retirant, la jeune fille lança à cet homme un coup d’œil sublime de supplication, auquel il répondit par un sourire qu’un froid observateur eût été étonné de voir éclore sur ce visage de glace. ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||éclore||||| |||raised||||||||forgotten|||withdrew||||withdrawing||||threw|||||glance|of eye|||supplication||||||||||would||astonished||see|hatch|||||ice ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||aufblühen||||| The two women raised their eyes to the stranger whom they had completely forgotten, and withdrew; but, on retiring, the girl gave this man a sublime glance of supplication, to which he replied with a smile, which a cold observer would have been astonished to see blossom on this face of ice. Les deux hommes restèrent seuls. The two men were left alone. «Eh bien, monsieur, dit Morrel en se laissant retomber sur son fauteuil, vous avez tout vu, tout entendu, et je n’ai plus rien à vous apprendre. |||||||||||chair||||||||||||||learn "Well, sir," said Morrel, letting himself fall back into his chair, "you have seen everything, heard everything, and I have nothing more to teach you.

—J’ai vu, monsieur, dit l’Anglais, qu’il vous était arrivé un nouveau malheur immérité comme les autres, et cela m’a confirmé dans le désir que j’ai de vous être agréable. |||||||||||misfortune|unearned||||||||||||||||pleasant ||||||||||||||||||||||||||||gradevole "I have seen, sir," said the Englishman, "that a new undeserved misfortune like the others has happened to you, and that has confirmed me in my desire to please you.

—Ô monsieur! “O sir!

dit Morrel. said Morrel. —Voyons, continua l’étranger. Let's see|| “Let's see,” continued the stranger.

Je suis un de vos principaux créanciers, n’est-ce pas? |||||main|creditors||| I am one of your main creditors, is not it? —Vous êtes du moins celui qui possède des valeurs à plus courte échéance. ||||||||||||Fälligkeit ||||||||values|||short|expiration ||||||||||||scadenza -You are at least the one with shorter-term values.

—Vous désirez un délai pour me payer? You|desire|a|delay|to|me| -Do you want a delay to pay me?

—Un délai pourrait me sauver l’honneur, et par conséquent la vie. A|delay||save||honor||||the|life -A delay could save me honor, and therefore life.

—Combien demandez-vous?» How||you ||voi "How much do you ask?"

Morrel hésita. |hesitated Morrel hesitated.

«Deux mois, dit-il. |months||he “Two months,” he said.

—Bien, dit l’étranger, je vous en donne trois. |says|the stranger|||in|gives|three “Well,” said the stranger, “I'll give you three.

—Mais croyez-vous que la maison Thomson et French.... |believe|you||the|house||and| -But do you believe that Thomson House and French ....

—Soyez tranquille, monsieur, je prends tout sur moi. Be|quiet||I|take||on| -Be quiet, sir, I take everything on me.

Nous sommes aujourd’hui le 5 juin. ||||June Today is June 5th. —Oui. -Yes.

—Eh bien, renouvelez-moi tous ces billets au 5 septembre; et le 5 septembre, à onze heures du matin (la pendule marquait onze heures juste en ce moment), je me présenterai chez vous. ||renew||all||||September||||||||||clock|marked|||||||||will present|at| “Well, renew all these tickets for me by September 5th; and on September 5th, at eleven o'clock in the morning (the clock was on eleven o'clock right now), I will report to you.

—Je vous attendrai, monsieur, dit Morrel, et vous serez payé ou je serai mort.» ||will wait||||||||||| "I will wait for you, sir," said Morrel, "and you will be paid or I will be dead."

Ces derniers mots furent prononcés si bas, que l’étranger ne put les entendre. |||||if|low||||could|| |||furono||||||||| These last words were uttered so low that the stranger could not hear them.

Les billets furent renouvelés, on déchira les anciens, et le pauvre armateur se trouva au moins avoir trois mois devant lui pour réunir ses dernières ressources. |tickets|were|renewed||tore||old||||shipowner|||||have|||in front|||reunite||| The notes were renewed, the old ones were torn up, and the poor ship-owner found himself at least three months old to gather his last resources.

L’Anglais reçut ses remerciements avec le flegme particulier à sa nation, et prit congé de Morrel, qui le reconduisit en le bénissant jusqu’à la porte. ||||||flegme|||||||||||||||||| |received||thanks|||phlegm||||||took|leave|||||reconduced|in||blessing||the|door The Englishman received his thanks with the phlegm peculiar to his nation, and took leave of Morrel, who brought him back, blessing him to the door.

Sur l’escalier, il rencontra Julie. On||he|met| On the stairs, he met Julie.

La jeune fille faisait semblant de descendre, mais en réalité elle l’attendait. The||girl|was|pretending|to||but|||it|was waiting The girl pretended to go down, but in reality she was waiting for him. «Ô monsieur! |sir “O sir!

dit-elle en joignant les mains. says||in|joining||hands she said, clasping her hands. —Mademoiselle, dit l’étranger, vous recevrez un jour une lettre signée.... Simbad le marin.... Faites de point en point ce que vous dira cette lettre, si étrange que vous paraisse la recommandation. Miss|says||you|will receive||day||letter|signed|Simbad|the|sailor|Make|of||in|point|||you|will tell|this|letter|if|strange|||seems|| "Mademoiselle," said the stranger, "you will one day receive a signed letter." Simbad, the sailor. "Make your point exactly what this letter will tell you, so odd that you seem to make the recommendation.

—Oui, monsieur, répondit Julie. “Yes, sir,” replied Julie.

—Me promettez-vous de le faire? -Do you promise to do it?

—Je vous le jure. -I swear to you.

—Bien!

Adieu, mademoiselle. Goodbye| Goodbye, miss. Demeurez toujours une bonne et sainte fille comme vous êtes, et j’ai bon espoir que Dieu vous récompensera en vous donnant Emmanuel pour mari.» Remain|||||holy||||||||hope|||||||giving|||husband |||||||||||||||||||||||marito Always remain a good and holy girl as you are, and I hope that God will reward you by giving you Emmanuel for a husband. " Julie poussa un petit cri, devint rouge comme une cerise et se retint à la rampe pour ne pas tomber. ||||scream|became||||cherry||||||railing||||fall Julie gave a little shriek, turned red like a cherry, and held herself on the rail so as not to fall.

L’étranger continua son chemin en lui faisant un geste d’adieu. The stranger||||||making|||of farewell The stranger continued on his way, waving him farewell.

Dans la cour, il rencontra Penelon, qui tenait un rouleau de cent francs de chaque main, et semblait ne pouvoir se décider à les emporter. |||||||||Rolle||||||||||||||| ||court|||||||roll|||||||||||||||take In the courtyard he met Penelon, who held a roll of a hundred francs from each hand, and seemed unable to decide to carry them away. «Venez, mon ami, lui dit-il, j’ai à vous parler.» Come||||||||| "Come, my friend," he said to him, "I have to talk to you."