Les conseils d'une tutrice pour mieux parler le français (2)
Mais avant ça, j'aimerais bien que tu nous parles aussi d'un projet qui est lié à l'Académie
Français Authentique, puisqu'aujourd'hui tu ne donnes plus de cours en visuel, tu es très occupée
sur d'autres tâches. Mais dans l'Académie, tu as développé le projet « SOS grammaire ». Est-ce
que tu peux nous en parler un peu ? Oui, bien sûr. Donc oui, effectivement,
je ne m'occupe plus du tout de réunions, il y a d'autres tuteurs qui le font très bien, donc qui
sont expérimentés là-dedans. Pour ce qui est de « SOS grammaire », donc c'est assez nouveau en fait,
puisqu'on a commencé en 2021, je pense que... Oui, c'était janvier ou février. Donc,
ça fait... C'est ça, oui. Donc, c'est la première année. Et
globalement, c'est un peu répondre aux attentes des gens qui font partie de l'Académie et qui se
posent des questions à propos de la grammaire en règle générale, parce que même si j'imagine
que la grammaire ce n'est pas le point central de Français Authentique, ça reste quelque chose qui,
parfois, intrigue ou qui bloque parfois. Et l'idée, c'est de dire que la grammaire
ça ne devrait pas bloquer l'apprentissage, ça ne devrait pas nous faire peur. C'est très OK
et ça peut être plus simple que ce qu'on pense et ça peut être plus marrant aussi.
Donc, c'est ça l'idée, répondre aux questions. Les gens nous envoient des questions. Et encore
une fois, on se rend compte que très souvent c'est les mêmes questions qui reviennent. Et c'est pour
ça que les thèmes sont sélectionnés en fait. Si 10 personnes posent une question sur une certaine
façon, je ne sais pas, le dernier sur lequel on a bossé, on a bossé sur l'idée des pronoms relatifs.
Et ça, c'est une question qui est beaucoup revenue et c'est pour ça qu'elle a été sélectionnée. Si
beaucoup de gens se posent la question, c'est peut-être que dans leur façon d'apprendre,
la façon dont on leur a appris ou les livres de grammaire en fait, ce n'est peut-être pas expliqué
d'une façon très naturelle et très intuitive. Exactement. Et c'était l'idée de base du projet
quand on l'a développé, c'est cet aspect-là, puisqu'effectivement s'ils se posent encore
la question... Pour la plupart, ils sont déjà allés voir dans les livres,
mais ce qu'on a voulu faire, c'est expliquer de façon déjà simplifiée. En général,
c'est deux pages hein, les... Tu as deux pages de PDF, donc tu enregistres aussi ta voix du PDF,
puisque les gens peuvent s'améliorer en écoutant, et un petit quiz pour valider leur compréhension,
mais tu le fais d'une façon déjà simplifiée, deux pages visuelles, avec des couleurs etc. Moi-même,
j'aime bien quand je vais lire en diagonal, ça ressort tout de suite en fait. Et expliquer, comme
tu dis, de façon... avec des vrais mots et avec... puisque tu sais aussi... tu l'as déjà expliqué
à des gens qui ont fini par le comprendre, tu sais aussi comment l'enseigner. Donc ça, c'est
pour « SOS grammaire », qui marche plutôt bien. Et dans l'Académie, tu enregistres maintenant aussi
des audios des vocabulaires et prononciation. Oui, c'est ça, du coup, pour les modules qui
sont mensuels et qui sont toujours très très denses, tu parles d'une façon super naturelle
en fait sur tes sujets spécifiques. Donc, non seulement il y a du vocabulaire spécifique qui,
parfois, est probablement nouveau et complexe, et puis, en plus, comme tu le fais d'une façon
très spontanée, dans ta façon de parler, c'est blindé d'expression et des choses
comme ça qui sont intéressantes à expliquer. Oui, tout à fait. Tu as raison de le souligner,
ma façon de parler est plus spontanée dans les modules que dans les vidéos You Tube, qui ont
un format un peu plus préétabli, c'est-à-dire j'ai vraiment le script. Alors, je ne lis pas,
je ne lis jamais, mais je reprends des phrases et c'est moins spontané que les modules où là,
en général, je crée une carte heuristique, une mind map, et j'ai une phrase et je reprends et
je développe. Donc, c'est vrai que ça laisse la porte ouverte à pas mal d'expressions.
Si je résume un peu, en gros, dans l'Académie, on a déjà évoqué un certain nombre de choses, mais
on a les modules, donc qui traitent de différents sujets, ça peut aller du développement personnel,
la culture, des écrivains, là on en a fait un sur l'agriculture en France. On m'avait demandé
de le faire. Je ne pensais pas que ce serait un sujet qui intéresserait beaucoup de monde,
mais comme c'est lié à l'écologie dont on avait déjà parlé, ça intéressait. Donc, les sujets sont
très variés. On a parlé de Zola récemment etc. Donc, on a les modules avec la vidéo de base que,
maintenant, tu as pris en charge le montage aussi pour que ce soit plus dynamique, le PDF,
la prononciation, le vocabulaire. On a un quiz pour chaque module aussi. Donc ça,
c'est la partie « contenu ». Ta partie « SOS grammaire » qui revient aussi, qui est mensuelle.
Et les conversations Zoom avec les tuteurs. On a actuellement deux tuteurs. On a un troisième
tuteur qui va nous rejoindre. Et les gens ont la possibilité de réserver au minimum deux créneaux
chaque semaine. Il y a bien sûr un groupe Telegram pour que les gens puissent échanger,
un groupe Facebook. On a un club de lecture aussi. Quand on fait toute cette liste, quels sont, selon
toi, les points forts finalement de l'Académie ? Puisque là je viens de citer brièvement tout le
contenu. Il y a des centaines d'heures de contenu. Qu'est-ce qui, selon toi, ressort ? Quels sont les
points forts de l'Académie pour ses membres ? Oui, plein de choses, c'est sûr, mais j'imagine
que ce qui est, à mon sens, qui a une vraie valeur pour des apprenants, c'est deux choses : c'est
l'espace qu'ils ont pour être actif, à savoir, tu as mentionné le groupe Telegram où il y a beaucoup
de monde qui parlent au quotidien, ils parlent entre eux, et, enfin on ne répètera jamais assez
à quel point c'est important que ce soit... c'est tous les jours en fait, c'est tous les jours,
la pratique. Mais bon, ce n'est pas évident en fait d'avoir accès à des gens qui veulent
parler français tout le temps, tous les jours. On parlait de tutorat. C'est bien si on peut
se permettre d'avoir les services d'un tuteur, mais ce n'est pas quotidien et puis c'est un
investissement aussi, il faut le dire. Alors que faire partie de ce groupe, ça fait partie
de tout le package Académie, donc ce n'est pas quelque chose qu'il faut venir ajouter. Donc ça,
c'est vraiment un aspect de communauté entre eux. Et puis, ils se connaissent, c'est des gens qui
sont assez proches en fait, assez intimes au final. Donc, ils s'expriment entre eux.
Et puis, je pense qu'avoir des tuteurs qui sont natifs, qui sont là pour les écouter,
pour les corriger, et puis pour les faire sortir de cette zone de confort où on n'ose pas parler,
ça fait peur. C'est des petits groupes, mais ça reste quand même... il faut quand
même s'exposer dans une langue étrangère sur des sujets qui ne sont pas toujours évidents.
Et c'est bien d'avoir quelqu'un qui, au début, est là peut-être pour te tenir un
peu la main ou parfois pour te pousser si tu en as besoin ou quelque chose comme ça. Ça, c'est super.
J'imagine que c'est toute la partie où ils sont actifs et toute la partie du contenu est
très intéressante, parce que par exemple, pour les modules, je pense que c'est bien d'écouter
du contenu qui ne soit pas uniquement pour l'apprentissage, qui ne soit pas uniquement
de la grammaire, qui ne soit pas uniquement des astuces, même si tout ça c'est très chouette.
Mais finalement, dans la vraie vie, on ne parle pas que d'apprendre, on parle de plein d'autres
trucs. Donc, entendre quelqu'un qui parle de littérature, c'est intéressant et on absorbe
beaucoup. Je pense que ça c'est deux choses entièrement très différentes et ça marche bien.
Tout à fait, oui. Merci pour cette synthèse. C'est un peu comme ça que je le vois aussi.
L'Académie a énormément évolué. Elle a commencé en janvier 2016 et on avait, au départ,
seulement les modules, le groupe, alors c'était un groupe WhatsApp à l'époque, et Facebook. Donc,
il y avait déjà cette idée d'un côté le contenu, et ça, ça a toujours existé aussi,
axé vers des choses qui va les intéresser, et la partie s'exprimer à l'oral au quotidien.
Et ce qui a été vraiment quand même un grand changement et qui est arrivé seulement fin de
l'année dernière, puisque tu faisais partie des deux premières tutrices à proposer ce service,
quand on l'a testé dans l'Académie, ça a été quand même un grand changement et un grand apport pour
les gens, puisque s'exprimer, en envoyant des messages même audio sur Telegram ou des images
sur Facebook, c'est une chose, c'est très bien de le faire tous les jours, mais comme tu dis,
venir devant 10-12 collègues et un tuteur français, s'exprimer à l'oral, c'est différent.
Oui, ce n'est pas évident. Et puis, pour être honnête, il y a certaines conversations qu'on
a eues avec des thèmes assez complexes. Parfois, on se lançait dans des débats philosophiques où de
temps en temps je me dis : « Mais jamais de la vie, je fais ça dans une langue ». Enfin, moi,
je ne le ferai pas, donc c'est assez impressionnant de voir des gens le
faire et c'est très inspirant, c'est chouette. C'est vrai. Et on a aussi... une chose que moi
j'apprécie, c'est le fait qu'effectivement il y en a qui ont un niveau vraiment excellent et qui
vont aider ceux qui ont un niveau inférieur, puisque ça pourrait faire peur et ça pourrait
donner l'impression que l'Académie est réservée à une élite, entre guillemets, de personnes
capables de parler de Zola, mais il n'y a pas que ça en fait, il y a vraiment tout le panel.
C'est très chouette, parce qu'en fait je pense que les gens peuvent se rendre compte qu'il n'y
a pas besoin de maîtriser. Bon ben si tu as envie de lire Zola et que tu peux en parler,
c'est fantastique, bien sûr. Mais tu n'es pas obligé de lire des ouvrages de 600
pages au quotidien pour t'exprimer sur des sujets intéressants et complexes en fait. Tu peux parler
de sujet très très chouette, à ton niveau, dans un groupe, ça se passe très bien en règle générale.
Oui, tout à fait. Et c'est bien de voir aussi que les plus avancés aident les moins avancés,
il y a vraiment un esprit de groupe. Par exemple, depuis deux mois, on a un club de lecture qui est
géré par deux membres, Julian et Barbara. Ils se mettent vraiment d'accord pour choisir des
ouvrages qui pourraient convenir à tout le monde. Donc là, ils sont en train de lire
actuellement Candide de Voltaire. Ils ont lu le mois dernier L'étranger d'Albert Camus. Donc ça,
c'était pour renforcer un module, puisqu'il y a un module de Camus dans l'Académie. Mais justement,
il n'y a pas une certaine classe qui va imposer des bouquins comme tu dis, de 600 pages,
que les autres ne pourraient pas suivre. Moi, j'aime beaucoup cette solidarité aussi.
Valentine, je voudrais bien maintenant qu'on bascule un peu sur... qu'on profite encore plus
de ton expérience pendant quelques instants pour que tu nous dises d'une façon générale qu'est-ce
qu'il faut faire absolument. Donc là, vraiment tu sélectionnes peu de choses, mais des choses qu'il
faut absolument faire si on a envie de s'exprimer à l'oral sans bloquer, parce que c'est ce que
veulent les gens qui nous regardent, ils veulent parler à l'oral sans bloquer, sans stresser.
Qu'est-ce que tu leur conseillerais de faire de façon pratique pour atteindre cet objectif ?
Oui. Bon, alors il va falloir être concis. J'imagine que ça peut être vaste comme sujet.
C'est vrai. Mais globalement,