Brexit, piège à cons
Ils ont dit “on sort”.
¶ Oui, mais comment ? ¶ Les 27 qui restent sont d'autant plus tendus qu'ils ont l'impression qu'à la fin, ils se feront encore avoir. ¶ “Via !”. ¶ Dehors ! ¶ Voilà à peu près le discours tenu par l'Italien Renzi depuis le vote du Brexit. ¶ “Ils l'ont voulu, ils l'auront. ¶ Ciao !”. ¶ Ça fait longtemps que l'Italie et d'autre pays fondateurs commençaient à en avoir assez des caprices britanniques. ¶ L'heure est aux règlements de compte. ¶ Avec lui, hollande est sensiblement sur la même ligne. ¶ “Il faut aller vite pour remettre l'Europe en route”. ¶ Sous-entendu : montrer qu'on peut se débrouiller sans eux. ¶ A Berlin, Merkel sait qu'elle va perdre un allié libéral. ¶ Elle aurait plutôt tendance à essayer de minimiser la casse et à arrondir les angles. ¶ Mais derrière l'affichage politique, les postures, la réalité du marché s'imposera. ¶ Aucune des deux entités (l'Union européenne ou le Royaume-Uni) n'a d'intérêt à une rupture nette, un rétablissement des droits de douane, un retour en arrière sur les normes UE pour les produits, ni à un blocage des opérations bancaires (Aujourd'hui les banques de la City peuvent grâce à un passeport européen réaliser des opérations en euros pour le compte de clients américains japonais ou russes…demain rien n'est sur). ¶ Donc, tout porte à trouver un deal au plus vite. ¶ C'est là qu'apparait un obstacle d'ordre intérieur. ¶ En France le FN, en Italie les “5 Etoiles”. ¶ Syriza en Grèce, l'extrême droite en Autriche et en Allemagne. ¶ De partout, les gouvernements sociaux-démocrates (de gauche ou de droite) sont soumis à la pression de partis d'extrême gauche ou droite qui plaident, pour des raisons différentes, en faveur de la sortie de l'Europe. ¶ A chaque fois, la réponse est la même. ¶ Plutôt que de vanter les mérites de l'Europe les gouvernants crient au loup. ¶ “Impossible”, Suicidaire, “Kamikaze” ; “sortir de l'Europe serait une folie, ceux qui proposent cela sont irresponsables”. ¶ Le problème depuis le Brexit, c'est que tout va être fait pour que la négociation sur le retrait se passe le moins mal possible. ¶ Pour que les conséquences notamment économiques soient les moins graves possibles. ¶ On va tout faire pour amortir le choc, et donc, faire de facto la démonstration que sortir de l'Europe n'est pas impossible, et même pas aussi catastrophique que ça ! ¶ C'est le piège absolu : en facilitant la négociation, Hollande donne des billes au Front national. ¶ Renzi en donne aux 5 étoiles. ¶ Merkel en donne à son extrême droite. ¶ Le piège à cons parfait.