Le fait politique du jour - L'autre crue qui menace le pays
Comme Paris est menacée par les inondations de la Seine, le gouvernement vit sous la pression d'une autre montée dangereuse. Elle est filmée, scrutée, commentée et n'échappe à personne depuis une semaine. La crue spectaculaire qui inonde les quais de Seine a au moins un mérite pour les Français: elle est visible et télégénique. On l'observe et on comprend. Elle a même un instrument de mesure, le Zouave du Pont de l'Alma. Les pieds dans l'eau, on arrête les bateaux. Au genou, fermeture des voies sur berge. A la taille, on vide les musées. Au-delà, c'est la cata. C'est graphique et parlant, tout le monde comprend. Depuis près de trente ans maintenant, il est une autre crue qui n'en finit pas de monter. A la différence que celle-ci se déroule dans une indifférence quasi-générale. C'est celle de la dette française. Aux dernières nouvelles, elle venait de dépasser les 2100 milliards d'euros. Et elle continue de monter, de près de 2700 euros par seconde. Bientôt, elle représentera l'équivalent de tout ce que la France produit en un an. A ce niveau-là, la dette c'est comme l'eau, ça paralyse tout, à commencer par le gouvernement. Il n'y a plus de marges de manœuvre, les voies de circulation habituelles sont bloquées et plus le niveau monte, plus la catastrophe s'étend. Le problème c'est que cette crue là est moins visible que l'autre, celle de l'eau. Disons juste que si la dette publique française avait son Zouave du Pont de l'Alma, on ne verrait plus que le haut de son calot.