Journal en français facile 23 octobre 2018
Édouard du Penhoat : Il est 22 heures à Paris, 20 heures en temps universel, merci d'avoir choisi RFI. Zéphyrin Kouadio est avec moi pour présenter ce journal, bonsoir.
Zéphyrin Kouadio : Bonsoir Édouard, bonsoir à toutes et à tous.
EP : La tension monte entre l'Italie et la Commission européenne. Rome présente un budget non conforme aux règles édictées par l'Europe, Bruxelles lui demande de changer de ligne. Refus des autorités italiennes, elles ne comptent pas, pour l'instant, changer leur feuille de route.
Des affaires de Jamal Khashoggi retrouvées dans une voiture du consulat saoudien. Le président turc met en cause Riyad dans le meurtre du journaliste, mais sans nommer précisément les responsables.
ZK : Des milliers de personnes sur les routes d'Amérique centrale qui soulèvent sur leur passage la colère de Donald Trump : le président américain menace de couper les aides à plusieurs pays, le Mexique répond sèchement qu'il est hors de question qu'on lui dicte sa conduite.
EP : Enfin la réouverture du procès de Georges Tron, en France. Le maire de Draveil est jugé pour viols et agressions sexuelles, des accusations dont il se dit innocent.
ZK : La Commission européenne renvoie Bruxelles à ses calculs, elle refuse le budget présenté par l'Italie.
EP : En adressant hier une lettre de quatre pages à la Commission, Rome avait prévenu : le budget des années à venir ne respecte certes pas les critères demandés par l'UE, mais il serait le seul moyen d'éviter la récession. Bruxelles ne veut pas céder, l'Italie est donc priée de présenter une nouvelle feuille de route budgétaire. À Bruxelles, Pierre Bénazet.
La promesse du gouvernement italien de réduire de cinq points de pourcentage sa dette publique n'a pas suffi à la Commission européenne. Celle-ci estime que les précisions apportées par l'Italie n'ont pas répondu à ses préoccupations et que la trajectoire budgétaire n'est conforme ni aux engagements pris par l'Italie ni aux résolutions communes des membres de la zone Euro. La dette publique de l'Italie est la plus importante après celle de la Grèce à plus de 131 % du PIB soit plus du double de la limite autorisée et la Commission considère que la hausse prévue des dépenses publiques ne laissera aucune marge de manœuvre. L'Italie a selon elle déjà bénéficié de suffisamment de flexibilité pour ses déficits depuis 2015. Pour la première fois depuis qu'elle a commencé des examens de ce type sur les plans budgétaires nationaux il y a six ans, la Commission européenne a donc rejeté les projets italiens et lui demande de soumettre de nouveaux projets. L'Italie dispose de trois semaines, c'est-à-dire jusqu'au 13 novembre, reste à voir maintenant si c'est le lancement d'un dialogue ou d'un bras de fer.
ZK : Le président turc avait promis de révéler « toute la vérité » dans l'affaire Khashoggi. Il s'est longuement exprimé ce matin devant son groupe parlementaire.
EP : Aucun doute, d'après Recep Tayyip Erdogan, la mort du journaliste a bien été planifiée en amont, et ce « meurtre sauvage », dit-il, est le fruit du travail d'une équipe de 15 agents. Face aux députés, il estime que tous les responsables, quelle que soit leur implication, doivent être punis.
Recep Tayyip Erdogan :« À ce stade, tous les éléments et preuves qui ont été découverts indiquent que Jamal Khashoggi a été victime d'un meurtre sauvage. Cacher une telle sauvagerie porterait atteinte à la conscience humaine. En reconnaissant le meurtre, le gouvernement saoudien a fait un pas important. Ce que nous attendons de lui, maintenant, c'est qu'il mette au jour les responsabilités de chacun dans cette affaire, du plus haut niveau au plus bas. Nous disposons de solides preuves indiquant que le meurtre n'est pas le résultat d'un incident, mais bien le produit d'une opération planifiée. Étant donné que cela s'est passé à Istanbul, ma proposition est que ces 18 personnes soient jugées à Istanbul. » EP : Concernant l'enquête, la police turque a pu fouiller la voiture diplomatique saoudienne retrouvée dans un parking d'Istanbul. Ils y ont trouvé des valises contenant bien des affaires qui appartenaient au journaliste.
ZK : L'une des conséquences de cette affaire, c'est la manière dont les pays occidentaux doivent désormais gérer leurs rapports avec le royaume.
EP : Angela Merkel a déjà fait savoir qu'il n'était pas possible, pour l'heure de continuer à lui vendre des armes. Emmanuel Macron lui a paru bien agacé tout à l'heure lorsque des journalistes lui ont posé la question. Le président refuse de répondre à cette interrogation pour le moment.
Jair Bolsonaro ne veut pas débattre avec son adversaire. Le candidat d'extrême droite sorti en tête du premier tour à la présidentielle brésilienne refuse le débat avec Fernando Haddad, il met en avant des problèmes de santé. Jair Bolsonaro a été victime attaqué à l'arme blanche le mois dernier, alors qu'il était en campagne, il ne se dit pas suffisamment en forme pour une rencontre avec son adversaire. Le second tour de l'élection doit avoir lieu dimanche, le candidat d'extrême droite étant le favori des sondages.
ZK : Le Mexique refuse de se laisser intimider par les menaces de Donald Trump à propos de la caravane des migrants.
EP : Le président américain en fait une affaire d'État. D'après lui, ces 7 000 personnes en marche vers les États-Unis constituent une urgence nationale, il annonce qu'il va couper les aides financières à plusieurs pays d'Amérique centrale, incapables, selon lui, de retenir leur population. Stéfanie Schüler, pas de quoi cependant inquiéter les autorités de Mexico.
La réponse du Mexique aux attaques de Donald Trump ne s'est pas fait attendre : « Nous n'allons pas nous plier à l'exigence de quelque gouvernement que ce soit. Personne ne provoquera au Mexique une réaction hostile à la caravane des migrants », a déclaré le ministre de l'Intérieur. Comme pour joindre les actes à la parole, le Mexique a ouvert la nuit dernière un pont à la frontière avec le Guatemala où des centaines de migrants centre-américains attendaient depuis plusieurs jours. Quelque 400 personnes ont ainsi pu être enregistrées par les autorités mexicaines. Des milliers d'autres migrants ont gagné le Mexique de manière clandestine et se dirigent à pied vers les États-Unis. Mais le flux migratoire ne va pas s'arrêter là, explique Wilfredo Mendez du Centre hondurien pour la promotion des droits de l'Homme : « Des personnes continuent à se rassembler dans différents villages et villes du Honduras qui souhaitent rejoindre la caravane pour sortir du pays. Mardi dernier, 4 000 personnes ont quitté le Honduras. À leur approche de la frontière guatémaltèque, des Salvadoriens se sont joints à cette caravane, et durant la traversée du Guatemala ils ont été rejoints par des Guatémaltèques. Mais 80 % de ces personnes sont des Honduriens ». Une nouvelle caravane de plus d'un millier de Honduriens a entamé dimanche la traversée à pied du Guatemala en direction de la frontière mexicaine.
ZK : Le milliardaire américain Georges Soros aurait-il pu être victime d'un engin explosif ?
EP : C'est en tout cas ce que soupçonne le FBI, qui a retrouvé une petite bombe déposée dans un colis dans la résidence new-yorkaise de l'homme d'affaires. Il ne se trouvait pas lui-même dans cette résidence. Georges Soros est très critiqué par de nombreux militants nationalistes à travers le monde, qui l'accusent de soutenir l'immigration illégale grâce à ses fondations humanitaires.
ZK : Il n'y a peut-être pas de fronde des députés français, mais tout de même, le Premier ministre semble juger bon de les rappeler à l'ordre.
EP : Comme toutes les semaines, le chef du gouvernement rencontrait les élus de la majorité, il leur a rappelé la nécessité d'avancer tous ensemble et de s'abstenir de vouloir modifier les projets de loi contre l'avis de l'exécutif. Deux exemples récents permettent de comprendre ce message du Premier ministre : la volonté de créer un crédit d'impôt pour les Français qui hébergent des réfugiés, et le fait d'installer une CSG progressive pour les retraités en fonction de leurs revenus.
Le camp de Grande-Synthe, dans le nord de la France, de nouveau évacué aujourd'hui. 1 800 personnes, essentiellement des Kurdes venus d'Irak, survivent autour du campement du Puythouck en attendant une occasion pour gagner le Royaume-Uni. En à peine cinq mois, cela fait six fois que le camp est évacué par les forces de l'ordre. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, dit vouloir « mettre fin à la situation ».
ZK : Devant les assises de Seine-Saint-Denis, Georges Tron se dit « totalement innocent » des viols dont il est accusé.
EP : Le maire de Draveil, dans l'Essonne, comparaît avec son ancienne adjointe Brigitte Gruel pour agressions sexuelles et viols en réunion. Deux plaignantes accusent l'élu de séances de massage qui se seraient finalement conclues sur des pénétrations non consenties. Franck Alexandre.
Georges Tron est un animal politique à sang froid. Il se comporte à la barre comme il le ferait au pupitre d'une tribune, son verbe est mesuré, ses mots sont posés. « Depuis le premier jour de cette histoire, le 24 mai 2011,indique-t-il à la cour, j'ai essayé de répondre à toutes les questions ». Puis, d'un regard déterminé, il lâche à ses juges « Je suis totalement innocent ». De façon insistante, il regrette la tenue de ce procès aux assises décidé en 2014 par la Cour d'appel de Paris, à contre-courant du non-lieu prononcé un an plus tôt par des juges d'instruction. « J'ai vécu cette décision comme une injustice », lâche Georges Tron, d'un souffle. Sa voix se fait plus forte lorsqu'il évoque sa dernière réélection à la mairie de Draveil. Enfin, il apparaît fataliste. « Ces faits ont été relayés de façon tellement forte par la presse, analyse-t-il, que cela a touché et blessé mes amis, ma famille, mes collègues ». La cour d'assises a désormais quatre semaines pour tout connaître de Georges Tron et de sa passion pour les médecines alternatives. Franck Alexandre, Bertrand Éclair, Bobigny, RFI.