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Enlevé Kidnapped, Chapitre 3

Chapitre 3

III. Je fais connaissance de mon oncle [:]

Il se fit alors un grand riqueraque de chaînes et de verrous, la porte fut ouverte précautionneusement, et refermée derrière moi sitôt que je l'eus franchie.

– Allez dans la cuisine, et ne touchez à rien, dit la voix ; tandis que l'hôte de la maison s'occupait à réassujettir les défenses de la porte, je m'avançai à tâtons jusque dans la cuisine.

À la lueur du feu qui brûlait assez clair, je distinguai la chambre la plus nue que j'aie jamais vue. Une demi-douzaine de plats garnissaient l'étagère ; il y avait sur la table, pour le souper, une jatte de porridge[3], une cuiller de corne, et un gobelet de petite bière. En dehors des objets susdits, rien, sous la voûte de pierre de cette grande salle vide, que des coffres fermés à clef et alignés le long du mur, et un buffet d'angle à cadenas.

Sitôt la dernière chaîne en place, l'homme me rejoignit. C'était un individu de taille moyenne, rond de dos, étroit d'épaules, au visage terreux, et qui pouvait avoir aussi bien cinquante ans que soixante-dix. Son bonnet de nuit était de flanelle, comme la robe de chambre qu'il portait en guise d'habit et de gilet, sur sa chemise en loques. Il ne s'était pas rasé depuis longtemps ; mais ce qui me gênait surtout et m'intimidait, c'est qu'il ne voulait ni détourner les yeux de moi ni me regarder en face. Quels étaient son emploi ou sa condition, il m'était impossible de le deviner ; mais il avait plutôt l'air d'un vieux propre à rien de domestique, laissé à la garde de cette grande maison, moyennant la table et le couvert. [:]

– Avez-vous faim ? demanda-t-il, le regard au niveau de mon genou. Voulez-vous cette goutte de porridge ?

Je lui exprimai ma crainte que ce fût là son propre souper.

– Oh ! dit-il ; je puis fort bien m'en passer. Je me contenterai de l'ale, pour humecter ma toux.

Il but environ la moitié du gobelet, sans me quitter des yeux ; puis soudain il avança la main :

– Voyons cette lettre. [:]

Je lui dis que la lettre était pour M. Balfour, et non pour lui.

– Et qui croyez-vous donc que je suis ? dit-il. Donnez-moi la lettre d'Alexandre !

– Vous savez le nom de mon père ? [:]

– Ce serait drôle que je ne le sache pas, car c'était mon frère ; et, bien que vous n'ayez pas l'air de nous aimer beaucoup, ni moi, ni ma maison, ni mon excellent porridge, je suis votre oncle, Davie mon ami, et vous mon neveu. Ainsi, donnez cette lettre, asseyez-vous, et mangez. [:]

Si j'avais été plus jeune d'un an ou deux, je crois bien que la honte et l'amertume de la déception m'auraient fait fondre en larmes. En tout cas, je ne pus trouver un mot, et me contentai de lui passer la lettre ; puis je m'assis devant le porridge, sans aucun appétit, malgré mon âge. Cependant, mon oncle, penché sur l'âtre, tournait et retournait la lettre entre ses doigts. [:]

– Savez-vous ce qu'elle contient ? demanda-t-il, soudain.

– Vous voyez bien, monsieur, que le cachet est intact.

– Oui, mais qu'est-ce que vous venez faire ici ?

– Vous donner la lettre. [:]

– Non, dit-il d'un air rusé, vous avez dans doute quelque espérance.

– J'avoue, dis-je, qu'en apprenant que j'avais des parents à leur aise, j'ai nourri d'espoir d'en être secouru. Mais je ne suis pas un mendiant ; je ne vous demande rien, et ne veux aucune faveur qui ne me soit accordée spontanément. Car, si pauvre que je semble, j'ai des amis qui seront trop heureux de me venir en aide. [:]

– Ta ! ta ! ta ! fit l'oncle Ebenezer, ne vous fâchez donc pas avec moi. Nous nous entendrons fort bien. Et sur ce, Davie, mon ami, si vous avez fini du porridge, j'en tâterai moi aussi un peu. Oui, continua-t-il, après m'avoir repris l'escabeau et la cuiller, – c'est une bonne et saine nourriture… c'est une admirable nourriture que le porridge. (Il marmotta un bout de bénédicité, et attaqua.) Votre père aimait beaucoup la viande, je m'en souviens ; il était gourmet, sinon gourmand ; mais moi, je ne fais guère que grignoter. [:]

Il but une gorgée de petite bière, ce qui lui rappela sans doute les devoirs de l'hospitalité, car ses paroles suivantes furent :

– Si vous avez soif, vous trouverez de l'eau derrière la porte.

Je ne répondis pas à mon oncle, mais restai campé sur mes deux pieds, à le regarder de haut, le cœur plein de colère. De son côté, il mangeait comme quelqu'un de pressé, et jetait des coups d'œil furtifs tantôt sur mes souliers, tantôt sur mes bas rustiques. Une seule fois, où il hasarda plus haut son regard, nos yeux se rencontrèrent ; et un voleur pris la main dans le sac n'aurait pas laissé voir malaise plus intense. Cela me fit rêver, et je me demandai si sa timidité venait d'un manque trop prolongé de société, et si je ne pourrais pas, avec un peu d'effort, l'amener à disparaître, et changer ainsi mon oncle en un tout autre homme. Je fus rappelé à moi par sa voix aigre. [:]

– Votre père est mort depuis longtemps ?

– Trois semaines, monsieur.

– C'était un renfermé, qu'Alexandre, – un renfermé, un silencieux. Il ne parlait déjà pas beaucoup étant jeune. Vous a-t-il dit grand-chose de moi ?

– Je ne savais même pas, monsieur, avant que vous me l'ayez dit, qu'il eût un frère.

– Mon Dieu, mon Dieu ! dit Ebenezer. Et non plus de Shaws, je suppose ?

– J'en ignorais même le nom, monsieur, dis-je. [:]

– Quand j'y pense ! dit-il. Quel singulier caractère ! Néanmoins, il avait un air étrangement satisfait, mais était-ce de lui, ou de moi, ou de la conduite de mon père, impossible de le discerner. Mais d'évidence, il paraissait bien surmonter cette antipathie et ce mauvais vouloir qu'il avait manifesté dès l'abord à rencontre de ma personne ; car il se leva soudain, traversa la pièce, et vint me donner une tape sur l'épaule. [:]

– Nous nous entendrons ! s'écria-t-il. Je suis ma foi bien aise de vous avoir fait entrer… Et maintenant, allez vous coucher.

À ma surprise, sans allumer ni lampe ni chandelle, il me précéda dans le corridor, s'avançant à tâtons dans les ténèbres, et respirant très fort. Nous montâmes un escalier, et il s'arrêta devant une porte, qu'il ouvrit. J'étais sur ses talons, l'ayant suivi de mon mieux tout trébuchant ; mais alors il me dit d'entrer, et que c'était là ma chambre. Je lui obéis, mais au bout de quelques pas je m'arrêtai et lui demandai une lumière pour y voir à me coucher.

– Tu ! tu ! dit l'oncle Ebenezer, il y a de la lune assez. [:]

– Ni lune, ni étoiles, monsieur, il fait noir comme dans un four, dis-je ; je ne trouve pas le lit.

– Tu ! tu ! tu ! tu ! dit-il. Des lumières dans une maison, je n'aime pas ça du tout. J'ai trop peur des incendies. La bonne nuit, David, mon ami.

Et sans plus me laisser le temps de protester il tira la porte, et je l'entendis tourner la clef de l'extérieur.

Je ne savais si je devais rire ou pleurer. Cette chambre était une vraie glacière, et le lit, que je découvris enfin, humide comme un trou à tourbe ; mais j'avais heureusement apporté mon ballot et mon plaid, et me roulant dans celui-ci, je m'étendis sur le parquet, tout contre le bois de lit, et ne tardai pas à m'endormir. [:]

Aux premières lueurs du jour, j'ouvris les yeux pour me retrouver dans une grande chambre, tendue de cuir gaufré, garnie de beaux meubles de brocart, et éclairée par trois grandes fenêtres. Dix ans plus tôt, ou mieux vingt, cette chambre devait être aussi plaisante que possible à qui s'y endormait ou s'y éveillait ; mais l'humidité, la poussière, l'abandon, les souris et les araignées avaient fait de la besogne depuis lors. Un certain nombre de vitres, aussi, étaient cassées ; et du reste il en allait de même pour toute la maison, au point que je soupçonne mon oncle d'avoir, à une époque donnée, soutenu un siège contre ses voisins furieux, – menés peut-être par Jennet Clouston. [:]

Cependant, le soleil brillait au-dehors ; et comme j'avais très froid dans cette malheureuse chambre, je heurtai et criai, tant que mon geôlier vint me délivrer. Il m'emmena derrière la maison, où il y avait un puits avec un seau, et me dit que je pouvais « m'y laver la figure si je le désirais ». Quand j'eus fait, je retrouvai le chemin de la cuisine, où il avait allumé le feu et préparait le porridge. Il y avait sur la table deux jattes et deux cuillers de corne, mais la même unique mesure de petite bière. Mes yeux durent se fixer sur ce détail avec quelque surprise, et mon oncle dut s'en apercevoir ; car il sembla répondre à ma pensée, en me demandant si je tenais à boire « de l'ale » – comme il disait.

Je lui répondis que c'était en effet mon habitude, mais qu'il n'avait pas à se mettre en frais.

– Non, non, dit-il, il faut ce qu'il faut. [:]

Il prit dans le buffet un deuxième gobelet, puis, à ma grande surprise, au lieu de tirer de la bière, il versa dans l'un des gobelets tout juste la moitié de l'autre. Il y avait dans ce geste une sorte de noblesse qui me coupa la respiration. Certes, mon oncle était avare, mais il l'était de façon si parfaite que son vice en devenait quasi respectable. [:]

Notre repas terminé, mon oncle Ebenezer ouvrit un tiroir, y prit une pipe en terre et une carotte de tabac, dont il coupa la dose voulue avant de la remettre sous clef. Puis il s'assit au soleil qui pénétrait par l'une des fenêtres, et fuma en silence. De temps à autre, ses yeux venaient rôder autour de moi, et il me lançait quelque question. Une fois, ce fut : « – Et votre mère ? » et sur ma réponse qu'elle aussi était morte, « – Oui, c'était une brave femme ! » Puis, après un nouveau silence, « – Quels sont donc ces amis à vous ? » [:]

Je lui racontai que c'étaient divers gentlemen du nom de Campbell. En réalité, un seul, c'est-à-dire le ministre, avait jamais fait attention à moi ; mais je commençais à croire que mon oncle ne m'estimait pas suffisamment, et, me trouvant seul avec lui, je ne voulais pas lui laisser imaginer que j'étais abandonné de tous. Il parut réfléchir ; puis : [:]

– Davie mon ami, dit-il, vous avez eu là une bonne inspiration, de venir chez votre oncle Ebenezer. J'estime beaucoup la famille ; et je me conduirai comme il faut avec vous ; mais jusqu'à ce que j'aie découvert à quoi il sied de vous mettre, – magistrature, théologie, ou bien carrière militaire, pour laquelle les jeunes gens ont tant de goût, – je ne voudrais pas voir rabaisser les Balfour devant ces Campbell du Highland, et je vous prierai de tenir votre langue. Pas de lettres ; pas de messages ; pas un seul mot à personne ; ou bien… voici ma porte. [:]

– Oncle Ebenezer, dis-je, je n'ai aucune raison de croire que vous me voulez autre chose que du bien. Malgré cela, je tiens à vous dire que j'ai aussi ma fierté. Ce n'est pas de mon propre mouvement que je suis venu vous trouver ; et si vous me montrez encore la porte, je vous prends au mot. [:]

Il sembla tout décontenancé.

– Ta ! ta ! ta ! ne vous emportez pas ! Laissez-moi un jour ou deux. Je ne suis pas sorcier, pour vous découvrir une fortune au fond d'une jatte de porridge ; mais laissez-moi seulement un jour ou deux, et ne dites rien à personne, et, aussi sûr que je vis, je ferai pour vous ce qui est juste.

– Très bien, cela suffit. Si vous avez l'intention de m'aider, nul doute que j'en serai fort aise, et nul doute que je vous en aurai de la reconnaissance.

Il me sembla (trop tôt, je l'avoue) que je prenais le dessus avec mon oncle ; et je me mis tout de suite à exiger que mon lit et les draps fussent aérés et séchés au soleil ; car pour rien au monde je ne coucherais dans un pareil fumier. [:]

– Est-ce ici ma maison, ou bien la vôtre ? dit-il de sa voix perçante ; mais aussitôt il se reprit : Non, non, ce n'est pas cela que je veux dire. Ce qui m'appartient vous appartient, David mon ami, et ce qui est à vous est à moi. « Le sang est plus épais que l'eau » ; et nous sommes seuls, vous et moi, à porter le nom.

Et là-dessus il divagua sur sa famille, et sa grandeur passée, et comme quoi son père avait entrepris d'agrandir la maison, et que lui-même avait arrêté les travaux comme un vain gaspillage… Ceci me rappela de lui faire la commission de Jennet Clouston. [:]

– La boiteuse ! s'écria-t-il. Douze cent quinze fois ? C'est le nombre de jours qui se sont écoulés depuis que je l'ai fait vendre ! Parbleu, David, je la ferai rôtir sur la tourbe rouge avant de trépasser. C'est une sorcière !… une sorcière avérée ! Je veux tout de suite en parler au greffier des Assises ! [:]

Là-dessus, il ouvrit un coffre, et en tira un très vieil habit bleu avec son gilet, bien conservés, et un assez beau chapeau de castor, également sans dentelle. Il les revêtit ; puis, ayant pris une canne dans le buffet, il referma tout à clef. Il allait sortir, quand une idée l'arrêta.

– Je ne puis cependant vous laisser seul dans la maison, dit-il. Il va falloir que je vous enferme… [:]

Le sang me monta au visage.

– Si vous m'enfermez, dis-je, vous m'aurez vu comme ami pour la dernière fois.

Il devint très pâle et se mordit les lèvres. [:]

– Ce n'est pas le moyen, dit-il en considérant rageusement un angle du parquet, ce n'est pas le moyen de gagner mes bonnes grâces, David.

– Monsieur, malgré le respect dû à votre âge et à notre sang commun, je ne fais pas cas de vos bonnes grâces pour un rouge liard. On m'a appris à avoir bonne opinion de moi-même, et seriez-vous dix fois le seul oncle et l'unique famille que j'aie au monde, je n'achèterais pas votre faveur à ce prix. [:]

L'oncle Ebenezer alla à la fenêtre et regarda une minute au-dehors. Je le voyais trembler et se contorsionner, comme un paralytique. Mais quand il se retourna, son visage était souriant.

– Bon, bon, dit-il, nous devons supporter et souffrir. Je ne sortirai pas, et tout sera dit. [:]

– Oncle Ebenezer, répliquai-je, je ne comprends rien à tout ceci. Vous en usez avec moi comme avec un voleur ; vous avez horreur de m'avoir chez vous ; vous me le montrez à chaque mot et à chaque minute ; il est impossible que vous m'aimiez ; et, de mon côté, je vous ai parlé comme je ne croyais pas devoir parler jamais à personne. Pourquoi donc voulez-vous me garder, alors ? Laissez-moi m'en retourner… laissez-moi m'en retourner chez mes amis, chez ceux qui m'aiment ! [:]

– Non ! non, non, non ! dit-il très vite. Je vous aime beaucoup ; nous nous entendrons très fort bien ; et, pour l'honneur de la maison, je ne puis vous laisser retourner sur vos pas. Restez tranquillement ici, comme un brave enfant ; restez tranquillement ici, encore un peu, et vous verrez que nous nous entendrons. [:]

– Bien monsieur, dis-je après un instant de réflexion, je resterai. Il est plus juste que je sois aidé par ma famille que par des étrangers ; et si nous ne nous entendons pas, je ferai de mon mieux pour que ce ne soit pas de ma faute. [:]

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Chapitre 3 Κεφάλαιο 3 Chapter 3 Capítulo 3 Capítulo 3

III. III. Je fais connaissance de mon oncle [:] I meet my uncle [:]

Il se fit alors un grand riqueraque de chaînes et de verrous, la porte fut ouverte précautionneusement, et refermée derrière moi sitôt que je l’eus franchie. The door was opened carefully, and closed behind me as soon as I passed through. Entonces se hizo un gran ruido de cadenas y cerraduras, la puerta fue abierta con precaución y cerrada detrás de mí tan pronto como la crucé.

– Allez dans la cuisine, et ne touchez à rien, dit la voix ; tandis que l’hôte de la maison s’occupait à réassujettir les défenses de la porte, je m’avançai à tâtons jusque dans la cuisine. “Go into the kitchen, and touch nothing,” said the voice; While the host of the house was busy refastening the fenders of the door, I groped my way into the kitchen. – Ve a la cocina y no toques nada, dijo la voz; mientras el anfitrión de la casa estaba ocupado volviendo a asegurar las defensas de la puerta, avancé a tientas hasta la cocina.

À la lueur du feu qui brûlait assez clair, je distinguai la chambre la plus nue que j’aie jamais vue. By the light of the fire, which burned bright enough, I saw the most bare room I had ever seen. A la luz del fuego que ardía lo suficientemente claro, distinguí la habitación más desnuda que jamás haya visto. Une demi-douzaine de plats garnissaient l’étagère ; il y avait sur la table, pour le souper, une jatte de porridge[3], une cuiller de corne, et un gobelet de petite bière. Half a dozen dishes lined the shelf; there was on the table, for supper, a bowl of porridge[3], a horn spoon, and a goblet of small beer. En dehors des objets susdits, rien, sous la voûte de pierre de cette grande salle vide, que des coffres fermés à clef et alignés le long du mur, et un buffet d’angle à cadenas. Apart from the aforementioned objects, there was nothing under the stone vault of this large, empty room but locked chests lined up along the wall, and a corner sideboard with a padlock.

Sitôt la dernière chaîne en place, l’homme me rejoignit. As soon as the last chain was in place, the man joined me. C’était un individu de taille moyenne, rond de dos, étroit d’épaules, au visage terreux, et qui pouvait avoir aussi bien cinquante ans que soixante-dix. He was a medium-sized, round-backed, narrow-shouldered man with an earthy face, who could be fifty years old as well as seventy. Son bonnet de nuit était de flanelle, comme la robe de chambre qu’il portait en guise d’habit et de gilet, sur sa chemise en loques. His nightcap was flannel, as was the dressing gown he wore as a suit and vest over his ragged shirt. Il ne s’était pas rasé depuis longtemps ; mais ce qui me gênait surtout et m’intimidait, c’est qu’il ne voulait ni détourner les yeux de moi ni me regarder en face. He had not shaved for a long time; but what particularly bothered me and intimidated me was that he did not want to look away from me or look me in the face. Quels étaient son emploi ou sa condition, il m’était impossible de le deviner ; mais il avait plutôt l’air d’un vieux propre à rien de domestique, laissé à la garde de cette grande maison, moyennant la table et le couvert. What was his job or condition, it was impossible for me to guess; but he looked more like an old man who was not domestic, left in the care of this big house, by means of the table and the table. [:] [:]

– Avez-vous faim ? demanda-t-il, le regard au niveau de mon genou. he asked, his gaze level with my knee. Voulez-vous cette goutte de porridge ? Would you like that drop of porridge?

Je lui exprimai ma crainte que ce fût là son propre souper. I expressed my fear that this was his own supper.

– Oh ! dit-il ; je puis fort bien m’en passer. he says; I can very well do without it. Je me contenterai de l’ale, pour humecter ma toux. I will content myself with ale, to moisten my cough.

Il but environ la moitié du gobelet, sans me quitter des yeux ; puis soudain il avança la main : He drank about half of the goblet, without taking my eyes off it; then suddenly he put out his hand:

– Voyons cette lettre. - Let's see this letter. [:]

Je lui dis que la lettre était pour M. Balfour, et non pour lui.

– Et qui croyez-vous donc que je suis ? dit-il. Donnez-moi la lettre d’Alexandre !

– Vous savez le nom de mon père ? [:]

– Ce serait drôle que je ne le sache pas, car c’était mon frère ; et, bien que vous n’ayez pas l’air de nous aimer beaucoup, ni moi, ni ma maison, ni mon excellent porridge, je suis votre oncle, Davie mon ami, et vous mon neveu. - It would be funny that I do not know it, because it was my brother; and, although you do not seem to like us much, neither me, nor my house, nor my excellent porridge, I am your uncle, Davie my friend, and you my nephew. Ainsi, donnez cette lettre, asseyez-vous, et mangez. [:]

Si j’avais été plus jeune d’un an ou deux, je crois bien que la honte et l’amertume de la déception m’auraient fait fondre en larmes. If I had been a year or two younger, I believe that the shame and bitterness of disappointment would have made me burst into tears. En tout cas, je ne pus trouver un mot, et me contentai de lui passer la lettre ; puis je m’assis devant le porridge, sans aucun appétit, malgré mon âge. Cependant, mon oncle, penché sur l’âtre, tournait et retournait la lettre entre ses doigts. [:]

– Savez-vous ce qu’elle contient ? - Do you know what it contains? demanda-t-il, soudain.

– Vous voyez bien, monsieur, que le cachet est intact. "You see, sir, that the seal is intact.

– Oui, mais qu’est-ce que vous venez faire ici ? - Yes, but what are you doing here?

– Vous donner la lettre. [:]

– Non, dit-il d’un air rusé, vous avez dans doute quelque espérance. “No,” he said shrewdly, “you doubtless have some hope.

– J’avoue, dis-je, qu’en apprenant que j’avais des parents à leur aise, j’ai nourri d’espoir d’en être secouru. "I confess," said I, "that when I learned that I had parents at their ease, I had hopes of being rescued. Mais je ne suis pas un mendiant ; je ne vous demande rien, et ne veux aucune faveur qui ne me soit accordée spontanément. But I am not a beggar; I do not ask you for anything, and I do not want any favor that is not given to me spontaneously. Car, si pauvre que je semble, j’ai des amis qui seront trop heureux de me venir en aide. Because, as poor as I seem, I have friends who will be too happy to help me. [:]

– Ta ! – Your! ta ! ta ! fit l’oncle Ebenezer, ne vous fâchez donc pas avec moi. "said Uncle Ebenezer," do not be angry with me. Nous nous entendrons fort bien. We will get along very well. Et sur ce, Davie, mon ami, si vous avez fini du porridge, j’en tâterai moi aussi un peu. And with that, Davie, my friend, if you've finished porridge, I'll try it too. Oui, continua-t-il, après m’avoir repris l’escabeau et la cuiller, – c’est une bonne et saine nourriture… c’est une admirable nourriture que le porridge. "Yes," he went on, after having taken the stool and the spoon, "it is a good and healthy food. It is an admirable food, like porridge. (Il marmotta un bout de bénédicité, et attaqua.) He muttered a bit of blessing, and attacked. Votre père aimait beaucoup la viande, je m’en souviens ; il était gourmet, sinon gourmand ; mais moi, je ne fais guère que grignoter. Your father liked meat very much, I remember it; he was a gourmet, if not a gourmand; but I do not do anything but nibble. [:]

Il but une gorgée de petite bière, ce qui lui rappela sans doute les devoirs de l’hospitalité, car ses paroles suivantes furent : He drank a sip of small beer, which doubtless reminded him of the duties of hospitality, for his next words were:

– Si vous avez soif, vous trouverez de l’eau derrière la porte. - If you are thirsty, you will find water behind the door.

Je ne répondis pas à mon oncle, mais restai campé sur mes deux pieds, à le regarder de haut, le cœur plein de colère. I did not answer my uncle, but stood on my two feet, looking down at him, my heart full of anger. De son côté, il mangeait comme quelqu’un de pressé, et jetait des coups d’œil furtifs tantôt sur mes souliers, tantôt sur mes bas rustiques. For his part, he ate like someone in a hurry, and glanced furtively sometimes on my shoes, sometimes on my rustic stockings. Une seule fois, où il hasarda plus haut son regard, nos yeux se rencontrèrent ; et un voleur pris la main dans le sac n’aurait pas laissé voir malaise plus intense. Once, when he hazarded his gaze higher, our eyes met; and a thief caught in the bag would not have allowed more intense discomfort. Cela me fit rêver, et je me demandai si sa timidité venait d’un manque trop prolongé de société, et si je ne pourrais pas, avec un peu d’effort, l’amener à disparaître, et changer ainsi mon oncle en un tout autre homme. It made me dream, and I wondered if her shyness was due to a lack of society, and if I could not, with a little effort, cause her to disappear, and thus change my uncle into a whole. other man. Je fus rappelé à moi par sa voix aigre. I was reminded of myself by his sour voice. [:]

– Votre père est mort depuis longtemps ?

– Trois semaines, monsieur.

– C’était un renfermé, qu’Alexandre, – un renfermé, un silencieux. "It was a stealthy thing, that Alexander, a stale, silent man. Il ne parlait déjà pas beaucoup étant jeune. He did not speak much when he was young. Vous a-t-il dit grand-chose de moi ? Did he tell you much about me?

– Je ne savais même pas, monsieur, avant que vous me l’ayez dit, qu’il eût un frère. "I did not even know, sir, before you told me, that he had a brother.

– Mon Dieu, mon Dieu ! dit Ebenezer. Et non plus de Shaws, je suppose ? And no more Shaws, I guess?

– J’en ignorais même le nom, monsieur, dis-je. [:]

– Quand j’y pense ! - When I think of it ! dit-il. Quel singulier caractère ! What a singular character! Néanmoins, il avait un air étrangement satisfait, mais était-ce de lui, ou de moi, ou de la conduite de mon père, impossible de le discerner. Nevertheless, he looked strangely satisfied, but it was not him, or me, or my father's conduct, that could not be discerned. Mais d’évidence, il paraissait bien surmonter cette antipathie et ce mauvais vouloir qu’il avait manifesté dès l’abord à rencontre de ma personne ; car il se leva soudain, traversa la pièce, et vint me donner une tape sur l’épaule. But obviously, he seemed to overcome this antipathy and ill-will that he had manifested from the beginning against my person; for he suddenly got up, crossed the room, and slapped me on the shoulder. [:]

– Nous nous entendrons ! - We will get along! s’écria-t-il. Je suis ma foi bien aise de vous avoir fait entrer… Et maintenant, allez vous coucher. I am very glad to have brought you in ... And now, go to bed.

À ma surprise, sans allumer ni lampe ni chandelle, il me précéda dans le corridor, s’avançant à tâtons dans les ténèbres, et respirant très fort. Nous montâmes un escalier, et il s’arrêta devant une porte, qu’il ouvrit. We went up a flight of stairs, and he stopped in front of a door, which he opened. J’étais sur ses talons, l’ayant suivi de mon mieux tout trébuchant ; mais alors il me dit d’entrer, et que c’était là ma chambre. I was on his heels, having followed him with all my stumbling; but then he told me to come in, and that was my room. Je lui obéis, mais au bout de quelques pas je m’arrêtai et lui demandai une lumière pour y voir à me coucher. I obeyed him, but after a few steps I stopped and asked for a light to see him go to bed.

– Tu ! tu ! dit l’oncle Ebenezer, il y a de la lune assez. said Uncle Ebenezer, "there is enough moon. [:]

– Ni lune, ni étoiles, monsieur, il fait noir comme dans un four, dis-je ; je ne trouve pas le lit. "Neither moon nor stars, sir, it is as black as in an oven," I said; I can not find the bed.

– Tu ! - You! tu ! you! tu ! you! tu ! you! dit-il. he says. Des lumières dans une maison, je n’aime pas ça du tout. Lights in a house, I do not like it at all. J’ai trop peur des incendies. I am too afraid of fires. La bonne nuit, David, mon ami.

Et sans plus me laisser le temps de protester il tira la porte, et je l’entendis tourner la clef de l’extérieur. And without giving me time to protest, he pulled the door open, and I heard him turn the key from the outside.

Je ne savais si je devais rire ou pleurer. I didn't know if I should laugh or cry. Cette chambre était une vraie glacière, et le lit, que je découvris enfin, humide comme un trou à tourbe ; mais j’avais heureusement apporté mon ballot et mon plaid, et me roulant dans celui-ci, je m’étendis sur le parquet, tout contre le bois de lit, et ne tardai pas à m’endormir. This room was a real cooler, and the bed, which I finally discovered, wet like a peat hole; but I had happily brought my bundle and my plaid, and rolling myself into it, I stretched myself on the floor, all against the bedstead, and soon fell asleep. [:]

Aux premières lueurs du jour, j’ouvris les yeux pour me retrouver dans une grande chambre, tendue de cuir gaufré, garnie de beaux meubles de brocart, et éclairée par trois grandes fenêtres. At the first light of day, I opened my eyes to find myself in a large room, stretched in embossed leather, furnished with beautiful brocade furniture, and illuminated by three large windows. Dix ans plus tôt, ou mieux vingt, cette chambre devait être aussi plaisante que possible à qui s’y endormait ou s’y éveillait ; mais l’humidité, la poussière, l’abandon, les souris et les araignées avaient fait de la besogne depuis lors. Ten years earlier, or twenty years better, this room must have been as pleasant as possible to those who slept there or awoke to it; but the humidity, the dust, the abandonment, the mice and the spiders had been doing some work since then. Un certain nombre de vitres, aussi, étaient cassées ; et du reste il en allait de même pour toute la maison, au point que je soupçonne mon oncle d’avoir, à une époque donnée, soutenu un siège contre ses voisins furieux, – menés peut-être par Jennet Clouston. A number of windows, too, were broken; and the same was true of the whole house, so much so that I suspect my uncle had, at one time, sustained a siege against his furious neighbors, perhaps led by Jennet Clouston. [:]

Cependant, le soleil brillait au-dehors ; et comme j’avais très froid dans cette malheureuse chambre, je heurtai et criai, tant que mon geôlier vint me délivrer. However, the sun was shining outside; and as I was very cold in this unhappy room, I knocked and shouted, as long as my jailer delivered me. Il m’emmena derrière la maison, où il y avait un puits avec un seau, et me dit que je pouvais « m’y laver la figure si je le désirais ». He took me behind the house, where there was a well with a bucket, and told me that I could "wash my face if I wanted to." Quand j’eus fait, je retrouvai le chemin de la cuisine, où il avait allumé le feu et préparait le porridge. When I did, I found my way back to the kitchen, where he had lighted the fire and was preparing the porridge. Il y avait sur la table deux jattes et deux cuillers de corne, mais la même unique mesure de petite bière. There was on the table two bowls and two spoons of horn, but the same single measure of small beer. Mes yeux durent se fixer sur ce détail avec quelque surprise, et mon oncle dut s’en apercevoir ; car il sembla répondre à ma pensée, en me demandant si je tenais à boire « de l’ale » – comme il disait. My eyes had to fix themselves on this detail with some surprise, and my uncle must have noticed it; for he seemed to answer my thought, asking me if I wanted to drink "ale" - as he said.

Je lui répondis que c’était en effet mon habitude, mais qu’il n’avait pas à se mettre en frais. I replied that it was indeed my habit, but that he did not have to put himself in charge.

– Non, non, dit-il, il faut ce qu’il faut. "No, no," he said, "you must have what you need. [:]

Il prit dans le buffet un deuxième gobelet, puis, à ma grande surprise, au lieu de tirer de la bière, il versa dans l’un des gobelets tout juste la moitié de l’autre. He took a second cup from the sideboard and, to my surprise, instead of drawing beer, he poured into one of the cups just half of the other. Il y avait dans ce geste une sorte de noblesse qui me coupa la respiration. There was in this gesture a kind of nobility that cut my breath. Certes, mon oncle était avare, mais il l’était de façon si parfaite que son vice en devenait quasi respectable. Certainly, my uncle was stingy, but he was so perfect that his vice became almost respectable. [:] [:]

Notre repas terminé, mon oncle Ebenezer ouvrit un tiroir, y prit une pipe en terre et une carotte de tabac, dont il coupa la dose voulue avant de la remettre sous clef. When our meal was over, my uncle Ebenezer opened a drawer, took a clay pipe, and a tobacco carrot, and cut it off before putting it back under lock and key. Puis il s’assit au soleil qui pénétrait par l’une des fenêtres, et fuma en silence. Then he sat down in the sun, which penetrated through one of the windows, and smoked in silence. De temps à autre, ses yeux venaient rôder autour de moi, et il me lançait quelque question. Every now and then, his eyes would dart around me, and he'd ask me some question. Une fois, ce fut : « – Et votre mère ? Once it was: “And your mother? » et sur ma réponse qu’elle aussi était morte, « – Oui, c’était une brave femme ! and on my reply that she too was dead, "Yes, she was a brave woman!" » Puis, après un nouveau silence, « – Quels sont donc ces amis à vous ? Then, after another silence, "What are these friends of yours?" » [:] " [:]

Je lui racontai que c’étaient divers gentlemen du nom de Campbell. I told him they were various gentlemen by the name of Campbell. En réalité, un seul, c’est-à-dire le ministre, avait jamais fait attention à moi ; mais je commençais à croire que mon oncle ne m’estimait pas suffisamment, et, me trouvant seul avec lui, je ne voulais pas lui laisser imaginer que j’étais abandonné de tous. In reality, only one, that is, the minister, had ever paid attention to me; but I began to believe that my uncle did not esteem me enough, and finding me alone with him, I did not want to let him imagine that I was abandoned by all. Il parut réfléchir ; puis : [:] He seemed to reflect; then: [:]

– Davie mon ami, dit-il, vous avez eu là une bonne inspiration, de venir chez votre oncle Ebenezer. “Davie my friend,” he said, “you had a good inspiration there, to come to your uncle Ebenezer. J’estime beaucoup la famille ; et je me conduirai comme il faut avec vous ; mais jusqu’à ce que j’aie découvert à quoi il sied de vous mettre, – magistrature, théologie, ou bien carrière militaire, pour laquelle les jeunes gens ont tant de goût, – je ne voudrais pas voir rabaisser les Balfour devant ces Campbell du Highland, et je vous prierai de tenir votre langue. I value the family very much; and I will conduct myself properly with you; but until I have discovered what it is appropriate to put you - magistracy, theology, or a military career, for which the young people have so much taste, - I would not want to see the Balfour belittled in front of these Campbell from Highland, and I beg you to hold your tongue. Pas de lettres ; pas de messages ; pas un seul mot à personne ; ou bien… voici ma porte. No letters; no messages; not a single word to anyone; Or ... here is my door. [:] [:]

– Oncle Ebenezer, dis-je, je n’ai aucune raison de croire que vous me voulez autre chose que du bien. "Uncle Ebenezer," I said, "I have no reason to believe that you want anything other than good. Malgré cela, je tiens à vous dire que j’ai aussi ma fierté. In spite of that, I want to tell you that I also have my pride. Ce n’est pas de mon propre mouvement que je suis venu vous trouver ; et si vous me montrez encore la porte, je vous prends au mot. It was not by my own movement that I came to find you; and if you show me the door again, I take you at your word. [:] [:]

Il sembla tout décontenancé. He seemed taken aback.

– Ta ! – Your! ta ! ta! ta ! ta! ne vous emportez pas ! don't get carried away! Laissez-moi un jour ou deux. Give me a day or two. Je ne suis pas sorcier, pour vous découvrir une fortune au fond d’une jatte de porridge ; mais laissez-moi seulement un jour ou deux, et ne dites rien à personne, et, aussi sûr que je vis, je ferai pour vous ce qui est juste. I am not a sorcerer, to discover you a fortune at the bottom of a bowl of porridge; but leave me only a day or two, and say nothing to anyone, and as sure as I live, I will do for you what is right.

– Très bien, cela suffit. - Very well, that's enough. Si vous avez l’intention de m’aider, nul doute que j’en serai fort aise, et nul doute que je vous en aurai de la reconnaissance. If you intend to help me, no doubt I will be very happy, and no doubt I will be grateful to you.

Il me sembla (trop tôt, je l’avoue) que je prenais le dessus avec mon oncle ; et je me mis tout de suite à exiger que mon lit et les draps fussent aérés et séchés au soleil ; car pour rien au monde je ne coucherais dans un pareil fumier. It seemed to me (too soon, I confess) that I was gaining the upper hand with my uncle; and I immediately began to demand that my bed and sheets be ventilated and dried in the sun; for nothing in the world I would sleep in such a manure. [:] [:]

– Est-ce ici ma maison, ou bien la vôtre ? "Is this my house, or yours? dit-il de sa voix perçante ; mais aussitôt il se reprit : Non, non, ce n’est pas cela que je veux dire. he said in his shrill voice; but immediately he corrected himself: No, no, that's not what I mean. Ce qui m’appartient vous appartient, David mon ami, et ce qui est à vous est à moi. What belongs to me belongs to you, David my friend, and what is yours is mine. « Le sang est plus épais que l’eau » ; et nous sommes seuls, vous et moi, à porter le nom. “Blood is thicker than water”; and we alone, you and I, bear the name.

Et là-dessus il divagua sur sa famille, et sa grandeur passée, et comme quoi son père avait entrepris d’agrandir la maison, et que lui-même avait arrêté les travaux comme un vain gaspillage… Ceci me rappela de lui faire la commission de Jennet Clouston. And on that he divulged his family, and his past greatness, and how his father had undertaken to enlarge the house, and that he himself had stopped the work as a wasteful waste ... This reminded me to do the commission Jennet Clouston. [:] [:]

– La boiteuse ! - The gimp! – ¡La coja! s’écria-t-il. if he cried. exclamó. Douze cent quinze fois ? Twelve hundred and fifteen times? ¿Quince veces? C’est le nombre de jours qui se sont écoulés depuis que je l’ai fait vendre ! That's the number of days that have passed since I had it sold! Parbleu, David, je la ferai rôtir sur la tourbe rouge avant de trépasser. For heaven's sake, David, I'll roast her on the red peat before she dies. C’est une sorcière !… une sorcière avérée ! She's a witch! ... a proven witch! Je veux tout de suite en parler au greffier des Assises ! I want to talk to the court clerk right away! [:] [:]

Là-dessus, il ouvrit un coffre, et en tira un très vieil habit bleu avec son gilet, bien conservés, et un assez beau chapeau de castor, également sans dentelle. Thereupon he opened a chest, and took out a very old blue coat with his waistcoat, well preserved, and a tolerably handsome beaver hat, also without lace. Il les revêtit ; puis, ayant pris une canne dans le buffet, il referma tout à clef. He put them on; then, taking a cane from the sideboard, he locked everything up. Il allait sortir, quand une idée l’arrêta. He was about to go out when an idea stopped him.

– Je ne puis cependant vous laisser seul dans la maison, dit-il. "But I can not leave you alone in the house," he said. Il va falloir que je vous enferme… [:] I'll have to lock you up ... [:]

Le sang me monta au visage. Blood rushed to my face.

– Si vous m’enfermez, dis-je, vous m’aurez vu comme ami pour la dernière fois. "If you shut me up," I said, "you will have seen me as a friend for the last time.

Il devint très pâle et se mordit les lèvres. He turned very pale and bit his lip. [:] [:]

– Ce n’est pas le moyen, dit-il en considérant rageusement un angle du parquet, ce n’est pas le moyen de gagner mes bonnes grâces, David. "That's not the way," he said, looking furiously at a corner of the floor, "it's not the way to win my good graces, David.

– Monsieur, malgré le respect dû à votre âge et à notre sang commun, je ne fais pas cas de vos bonnes grâces pour un rouge liard. "Monsieur, in spite of the respect due to your age and our common blood, I do not care about your good graces for a red liard. On m’a appris à avoir bonne opinion de moi-même, et seriez-vous dix fois le seul oncle et l’unique famille que j’aie au monde, je n’achèterais pas votre faveur à ce prix. I have been taught to have a good opinion of myself, and if you are ten times the only uncle and only family I have in the world, I will not buy your favor at this price. [:] [:]

L’oncle Ebenezer alla à la fenêtre et regarda une minute au-dehors. Uncle Ebenezer went to the window and looked out for a minute. Je le voyais trembler et se contorsionner, comme un paralytique. I saw him shaking and writhing, like a paralytic. Mais quand il se retourna, son visage était souriant. But when he turned around, his face was smiling.

– Bon, bon, dit-il, nous devons supporter et souffrir. "Good, good," he said, "we must bear and suffer. Je ne sortirai pas, et tout sera dit. I will not go out, and everything will be said. [:] [:]

– Oncle Ebenezer, répliquai-je, je ne comprends rien à tout ceci. "Uncle Ebenezer," I replied, "I do not understand anything about this. Vous en usez avec moi comme avec un voleur ; vous avez horreur de m’avoir chez vous ; vous me le montrez à chaque mot et à chaque minute ; il est impossible que vous m’aimiez ; et, de mon côté, je vous ai parlé comme je ne croyais pas devoir parler jamais à personne. You use it with me as with a thief; you hate to have me at home; you show it to me at every word and every minute; it is impossible for you to love me; and, for my part, I spoke to you as I never thought I should speak to anyone. Pourquoi donc voulez-vous me garder, alors ? Why do you want to keep me then? Laissez-moi m’en retourner… laissez-moi m’en retourner chez mes amis, chez ceux qui m’aiment ! Let me go back... let me go back to my friends, to those who love me! [:] [:]

– Non ! - No! non, non, non ! no, no, no! dit-il très vite. he says quickly. Je vous aime beaucoup ; nous nous entendrons très fort bien ; et, pour l’honneur de la maison, je ne puis vous laisser retourner sur vos pas. I like you very much ; we will get along very well; and, for the honor of the house, I cannot let you retrace your steps. Restez tranquillement ici, comme un brave enfant ; restez tranquillement ici, encore un peu, et vous verrez que nous nous entendrons. Stay quietly here, like a good child; stay quiet here a little longer, and you'll see we get along. [:] [:]

– Bien monsieur, dis-je après un instant de réflexion, je resterai. - Well sir, I said after a moment of reflection, I will stay. Il est plus juste que je sois aidé par ma famille que par des étrangers ; et si nous ne nous entendons pas, je ferai de mon mieux pour que ce ne soit pas de ma faute. It is more accurate that I be helped by my family than by strangers; and if we do not get along, I'll do my best so it's not my fault. [:] [:]