MOTEUR 2010-03-19
Le conflit qui oppose la société Google au gouvernement chinois pose le problème de la censure et aussi de l'accessibilité, c'est-à-dire de la possibilité d'accéder aux moteurs de recherche présents sur Internet. On s'est habitué aujourd'hui à cette curieuse expression « moteur de recherche », mais il y a peu d'années encore, alors qu'elle apparaissait, elle a beaucoup surpris : c'était une utilisation du mot « moteur » qu'on n'avait pas prévue ni anticipée. Rappelons d'abord que la formule a été traduite de l'anglais : search engine . Ce mot d' engine est en effet traduit essentiellement par « moteur », mais il cela renvoie en même temps à l'image d'une machine à chercher, d'une mécanique cherchante. Et cette fonction souligne bien l'idée de fonctionnement. Comme on le dit en français familier, la machine « mouline », quand elle cherche, quand l'investigation est lancée, avant que les résultats n'apparaissent sur l'écran. Elle mouline, c'est-à-dire elle tourne. Et l'image du moulin peut-être rapprochée de celle du moteur, en ce qui concerne du moins les moteurs d'engins mobile, voitures, avion. On pense donc à des mécaniques un peu à l'ancienne, qui tournent. Ce type d'image correspond moins aux commandes électroniques qu'on trouve dans les appareils récents, mais pourtant c'est ce qu'on trouve à propos des applications informatiques sur la toile. Comme si on voulait en donner une métaphore très concrète, qui paradoxalement évoque un peu un bricolage ancienne manière.
Moteur est donc un mot bien ancien en français. On disait d'ailleurs « mouveur », jusqu'au XVIe siècle, ce qui est tout à fait éclairant sur l'origine du mot : le moteur est en effet ce qui fait mouvoir, ce qui fait bouger. Les premiers sens du mot s'appliquent souvent à des personnes, dont l'action était déterminante : celles qui étaient à l'origine d'action, des meneurs, des instigateurs, puis des dirigeants. Au XVIIIe siècle le mot se spécialise en médecine, notamment en anatomie : les nerfs moteurs sont ceux qui permettent le mouvement. Mais c'est au XIXe siècle que le mot prend son sens actuel : un système mécanique qui permet de faire bouger un assemblage. Le mot s'utilise donc essentiellement pour un véhicule : moteur de voiture, de bateau, d'avion. Mais on sait bien que beaucoup d'autres appareils possèdent un moteur qui les fait fonctionner : un rasoir électrique, un batteur pour faire la mayonnaise. Des objets si quotidiens, si banals font bien sûr que le mot peut être utilisé de manière dérivée.
On peut dire que dans tel ou tel roman l'amour, la passion, le désir de vengeance sont le moteur de l'action, c'est à dire ce qui fait avancer l'action. On peut dire aussi qu'une personne très dynamique est le moteur de l'équipe dans laquelle elle travaille, le moteur du groupe. Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/
