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Cinq semaines en ballon de Jules Verne, CHAPITRE XLII

CHAPITRE XLII

Combat de générosité.—Dernier sacrifice.—L'appareil de dilatation.—Adresse de Joe.—Minuit.—Le quart du docteur.—Le quart de Kennedy.—Il s'endort.—L'incendie.—Les hurlements.—Hors de portée.

Le docteur Fergusson commença par relever sa position d'après la hauteur des étoiles ; il se trouvait à vingt-cinq milles à peine du Sénégal.

« Tout ce que nous pouvons faire, mes amis, dit-il après avoir pointé sa carte, c'est de passer le fleuve ; mais comme il n'y a ni pont ni barques, il faut à tout prix le passer en ballon ; pour cela, nous devons nous alléger encore.

—Mais je ne vois pas trop comment nous y parviendrons, répondit le chasseur qui craignait pour ses armes ; à moins que l'un de nous se décide à se sacrifier, de rester en arrière... et, à mon tour, je réclame cet honneur.

—Par exemple !

répondit Joe ; est-ce que je n'ai pas l'habitude...

—Il ne s'agit pas de se jeter, mon ami, mais de regagner à pied la côte d'Afrique ; je suis bon marcheur, bon chasseur...

—Je ne consentirai jamais !

répliqua Joe.

—Votre combat de générosité est inutile, mes braves amis, dit Fergusson ; j'espère que nous n'en arriverons pas à cette extrémité ; d'ailleurs, s'il le fallait, loin de nous séparer, nous resterions ensemble pour traverser ce pays.

—Voilà qui est parlé, fit Joe ; une petite promenade ne nous fera pas de mal.

—Mais auparavant, reprit le docteur, nous allons employer un dernier moyen pour alléger notre Victoria .

—Lequel ?

fit Kennedy ; je serais assez curieux de le connaître.

—Il faut nous débarrasser des caisses du chalumeau, de la pile de bunzen et du serpentin ; nous avons là près de neuf cents livres bien lourdes à traîner par les airs.

—Mais, Samuel, comment ensuite obtiendras-tu la dilatation du gaz ?

—Je ne l'obtiendrai pas ; nous nous en passerons.

—Mais enfin...

—Écoutez-moi, mes amis ; j'ai calculé fort exactement ce qui nous reste de force ascensionnelle ; elle est suffisante pour nous transporter tous les trois avec le peu d'objets qui nous restent ; nous ferons à peine un poids de cinq cents livres, en y comprenant nos deux ancres que je tiens à conserver.

—Mon cher Samuel, répondit le chasseur, tu es plus compétent que nous en pareille matière ; tu es le seul juge de la situation ; dis-nous ce que nous devons faire, et nous le ferons.

—A vos ordres, mon maître.

—Je vous répète, mes amis, quelque grave que soit cette détermination, il faut sacrifier notre appareil.

—Sacrifions le !

répliqua Kennedy.

—A l'ouvrage !

» fit Joe.

Ce ne fut pas un petit travail ; il fallut démonter l'appareil pièce par pièce ; on enleva d'abord la caisse de mélange, puis celle du chalumeau, et enfin la caisse où s'opérait la décomposition de l'eau ; il ne fallut pas moins de la force réunie des trois voyageurs pour arracher les récipients du fond de la nacelle dans laquelle ils étaient fortement encastrés ; mais Kennedy était si vigoureux, Joe si adroit, Samuel si ingénieux, qu'ils en vinrent à bout ; ces diverses pièces furent successivement jetées au dehors, et elles disparurent en faisant de vastes trouées dans le feuillage des sycomores.

« Les nègres seront bien étonnés, dit Joe, de rencontrer de pareils objets dans les bois ; ils sont capables d'en faire des idoles !

» On dut ensuite s'occuper des tuyaux engagés dans le ballon, et qui se rattachaient au serpentin. Joe parvint à couper à quelques pieds au-dessus de la nacelle les articulations de caoutchouc ; mais quant aux tuyaux, ce fut plus difficile, car ils étaient retenus par leur extrémité supérieure et fixés par des fils de laiton au cercle même de la soupape.

Ce fut alors que Joe déploya une merveilleuse adresse ; les pieds nus, pour ne pas érailler l'enveloppe, il parvint à l'aide du filet, et malgré les oscillations, à grimper jusqu'au sommet extérieur de l'aérostat ; et là, après mille difficultés, accroché d'une main à cette surface glissante, il détacha les écrous extérieurs qui retenaient les tuyaux.

Ceux-ci alors se détachèrent aisément, et furent retirés par l'appendice inférieur, qui fut hermétiquement refermé au moyen d'une forte ligature.

Le Victoria , délivré de ce poids considérable, se redressa dans l'air et tendit fortement la corde de l'ancre.

A minuit, ces divers travaux se terminaient heureusement, au prix de bien des fatigues ; on prit rapidement un repas fait de pemmican et de grog froid, car le docteur n'avait plus de chaleur à mettre à la disposition de Joe.

Celui-ci, d'ailleurs, et Kennedy tombaient de fatigue.

« Couchez-vous et dormez, mes amis, leur dit Fergusson ; je vais prendre le premier quart ; à deux heures, je réveillerai Kennedy ; à quatre heures, Kennedy réveillera Joe ; à six heures, nous partirons, et que le ciel veille encore sur nous pendant cette dernière journée !

» Sans se faire prier davantage, les deux compagnons du docteur s'étendirent au fond de la nacelle, et s'endormirent d'un sommeil aussi rapide que profond. La nuit était paisible ; quelques nuages s'écrasaient contre le dernier quartier de la lune, dont les rayons indécis rompaient à peine l'obscurité.

Fergusson, accoudé sur le bord de la nacelle, promenait ses regards autour de lui ; il surveillait avec attention le sombre rideau de feuillage qui s'étendait sous ses pieds en lui dérobant la vue du sol ; le moindre bruit lui semblait suspect, et il cherchait à s'expliquer jusqu'au léger frémissement des feuilles.

Il se trouvait dans cette disposition d'esprit que la solitude rend plus sensible encore, et pendant laquelle de vagues terreurs vous montent au cerveau.

A la fin d'un pareil voyage, après avoir surmonté tant d'obstacles, au moment de toucher le but, les craintes sont plus vives, les émotions plus fortes, le point d'arrivée semble fuir devant les yeux.

D'ailleurs, la situation actuelle n'offrait rien de rassurant, au milieu d'un pays barbare, et avec un moyen de transport qui, en définitive, pouvait faire défaut d'un moment à l'autre.

Le docteur ne comptait plus sur son ballon d'une façon absolue ; le temps était passé où il le man uvrait avec audace parce qu'il était sûr de 1ui.

Sous ces impressions, le docteur put saisir parfois quelques rumeurs indéterminées dans ces vastes forêts ; il crut même voir un feu rapide briller entre les arbres ; il regarda vivement, et porta sa lunette de nuit dans cette direction ; mais rien n'apparut, et il se fit même comme un silence plus profond.

Fergusson avait sans doute éprouvé une hallucination ; il écouta sans surprendre le moindre bruit ; le temps de son quart étant alors écoulé, il réveilla Kennedy, lui recommanda une vigilance extrême, et prit place aux côtés de Joe qui dormait de toutes ses forces.

Kennedy alluma tranquillement sa pipe, tout en frottant ses yeux, qu'il avait de la peine à tenir ouverts ; il s'accouda dans un coin, et se mit à fumer vigoureusement pour chasser le sommeil.

Le silence le plus absolu régnait autour de loi ; un vent léger agitait la cime des arbres et balançait doucement la nacelle, invitant le chasseur a ce sommeil qui l'envahissait malgré lui ; il voulut y résister, ouvrit plusieurs fois les paupières, plongea dans la nuit quelques-uns de ces regards qui ne voient pas, et enfin, succombant à la fatigue, il s'endormit.

Combien de temps fut-il plongé dans cet état d'inertie ?

Il ne put s'en rendre compte à son réveil, qui fut brusquement provoqué par un pétillement inattendu.

Il se frotta les yeux, il se leva.

Une chaleur intense se projetait sur sa figure. La forêt était en flammes.

« Au feu !

au feu ! s'écria-t-il, » sans trop comprendre l'événement.

Ses deux compagnons se relevèrent.

« Qu'est-ce donc !

demanda Samuel.

—L'incendie !

fit Joe... Mais qui peut... »

En ce moment des hurlements éclatèrent sous le feuillage violemment illuminé.

« Ah !

les sauvages ! s'écria Joe. Ils ont mis le feu à la forêt pour nous incendier plus sûrement !

—Les Talibas !

les marabouts d'Al-Hadji, sans doute ! » dit le docteur.

Un cercle de feu entourait le Victoria ; les craquements du bois mort se mêlaient aux gémissements des branches vertes ; les lianes, les feuilles, toute la partie vivante de cette végétation se tordait dans l'élément destructeur ; le regard ne saisissait qu'un océan de flammes ; les grands arbres se dessinaient en noir dans la fournaise, avec leurs branches couvertes de charbons incandescents ; cet amas enflammé, cet embrasement se réfléchissait dans les nuages, et les voyageurs se crurent enveloppés dans une sphère de feu.

« Fuyons !

s'écria Kennedy ! à terre ! c'est notre seule chance de salut ! » Mais Fergusson l'arrêta d'une main ferme, et, se précipitant sur la corde de l'ancre, il la trancha d'un coup de hache. Les flammes, s'allongeant vers le ballon, léchaient déjà ses parois illuminées ; mais le Victoria , débarrassé de ses liens, monta de plus de mille pieds dans les airs.

Des cris épouvantables éclatèrent sous la forêt, avec de violentes détonations d'armes à feu ; le ballon, pris par un courant qui se levait avec le jour, se porta vers l'ouest

Il était quatre heures du matin.

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CHAPITRE XLII CHAPTER XLII CAPÍTULO XLII ROZDZIAŁ XLII CAPÍTULO XLII

Combat de générosité.—Dernier sacrifice.—L'appareil de dilatation.—Adresse de Joe.—Minuit.—Le quart du docteur.—Le quart de Kennedy.—Il s'endort.—L'incendie.—Les hurlements.—Hors de portée. Combat of generosity.—Last sacrifice.—The dilation device.—Joe's address.—Midnight.—The doctor's watch.—Kennedy's watch.—He falls asleep.—The fire.—The howls. -Out of reach.

Le docteur Fergusson commença par relever sa position d'après la hauteur des étoiles ; il se trouvait à vingt-cinq milles à peine du Sénégal. Doctor Fergusson began by raising his position according to the height of the stars; he was barely twenty-five miles from Senegal.

« Tout ce que nous pouvons faire, mes amis, dit-il après avoir pointé sa carte, c'est de passer le fleuve ; mais comme il n'y a ni pont ni barques, il faut à tout prix le passer en ballon ; pour cela, nous devons nous alléger encore. "All we can do, my friends," he said after pointing to his card, "is to cross the river; but as there is neither bridge nor boats, it is necessary at all costs to pass it in a balloon; for that, we have to lighten up again.

—Mais je ne vois pas trop comment nous y parviendrons, répondit le chasseur qui craignait pour ses armes ; à moins que l'un de nous se décide à se sacrifier, de rester en arrière... et, à mon tour, je réclame cet honneur. |||||||||will succeed|||||||||||||||||||||||||||||||

—Par exemple !

répondit Joe ; est-ce que je n'ai pas l'habitude... replied Joe; am i not used to ...

—Il ne s'agit pas de se jeter, mon ami, mais de regagner à pied la côte d'Afrique ; je suis bon marcheur, bon chasseur... "It is not a question of throwing myself, my friend, but of regaining the coast of Africa on foot; I am a good walker, a good hunter ...

—Je ne consentirai jamais ! “I will never consent!

répliqua Joe.

—Votre combat de générosité est inutile, mes braves amis, dit Fergusson ; j'espère que nous n'en arriverons pas à cette extrémité ; d'ailleurs, s'il le fallait, loin de nous séparer, nous resterions ensemble pour traverser ce pays. "Your generosity is useless, my good friends," said Fergusson; I hope we will not get to this end; moreover, if necessary, far from separating us, we would stay together to cross this country.

—Voilà qui est parlé, fit Joe ; une petite promenade ne nous fera pas de mal. "This is spoken," said Joe; a little walk won't hurt us.

—Mais auparavant, reprit le docteur, nous allons employer un dernier moyen pour alléger notre  Victoria . "But first," said the doctor, "we are going to use a last means to lighten our Victoria."

—Lequel ?

fit Kennedy ; je serais assez curieux de le connaître.

—Il faut nous débarrasser des caisses du chalumeau, de la pile de bunzen et du serpentin ; nous avons là près de neuf cents livres bien lourdes à traîner par les airs. |||||||torch|||||buns|||serpent||||||||||||||| “We must get rid of the cases of the blowtorch, the pile of bunzen and the coil; here we have nearly nine hundred pounds heavy to drag by air.

—Mais, Samuel, comment ensuite obtiendras-tu la dilatation du gaz ? “But, Samuel, how then will you get the gas expanded?

—Je ne l'obtiendrai pas ; nous nous en passerons. “I won't get it; we will do without.

—Mais enfin... -But finally...

—Écoutez-moi, mes amis ; j'ai calculé fort exactement ce qui nous reste de force ascensionnelle ; elle est suffisante pour nous transporter tous les trois avec le peu d'objets qui nous restent ; nous ferons à peine un poids de cinq cents livres, en y comprenant nos deux ancres que je tiens à conserver. ||||||||||||||||||||||||||||||||||weigh||||||||||||||||| “Hear me, my friends; I have calculated very exactly what remains of our ascending force; it is enough to transport all three of us with the few objects that we have left; we will barely weigh five hundred pounds, including our two anchors which I want to keep.

—Mon cher Samuel, répondit le chasseur, tu es plus compétent que nous en pareille matière ; tu es le seul juge de la situation ; dis-nous ce que nous devons faire, et nous le ferons. “My dear Samuel,” replied the hunter, “you are more competent than us in such matters; you are the sole judge of the situation; tell us what we need to do, and we will do it.

—A vos ordres, mon maître.

—Je vous répète, mes amis, quelque grave que soit cette détermination, il faut sacrifier notre appareil. “I repeat, my friends, however serious this determination may be, we must sacrifice our apparatus.

—Sacrifions le !

répliqua Kennedy.

—A l'ouvrage ! "At work!"

» fit Joe.

Ce ne fut pas un petit travail ; il fallut démonter l'appareil pièce par pièce ; on enleva d'abord la caisse de mélange, puis celle du chalumeau, et enfin la caisse où s'opérait la décomposition de l'eau ; il ne fallut pas moins de la force réunie des trois voyageurs pour arracher les récipients du fond de la nacelle dans laquelle ils étaient fortement encastrés ; mais Kennedy était si vigoureux, Joe si adroit, Samuel si ingénieux, qu'ils en vinrent à bout ; ces diverses pièces furent successivement jetées au dehors, et elles disparurent en faisant de vastes trouées dans le feuillage des sycomores. |||||||||dismantle|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||to pull|||||||||||||encased|||||vigorous|||||||||came||||||||||||||||||holes||||| It was not a small job; the apparatus had to be dismantled piece by piece; first removed the mixing box, then that of the blowtorch, and finally the box where the decomposition of the water took place; it took no less than the combined strength of the three travelers to tear the receptacles from the bottom of the nacelle in which they were strongly embedded; but Kennedy was so vigorous, Joe so skilful, Samuel so ingenious, that they came to the end of it; these various pieces were successively thrown outside, and they disappeared by making large holes in the foliage of the sycamores.

« Les nègres seront bien étonnés, dit Joe, de rencontrer de pareils objets dans les bois ; ils sont capables d'en faire des idoles ! "The negroes will be astonished," said Joe, "to meet such objects in the woods; they are able to make them idols!

» On dut ensuite s'occuper des tuyaux engagés dans le ballon, et qui se rattachaient au serpentin. |||||pipes|||||||||| We then had to deal with the pipes engaged in the balloon, which were attached to the coil. Joe parvint à couper à quelques pieds au-dessus de la nacelle les articulations de caoutchouc ; mais quant aux tuyaux, ce fut plus difficile, car ils étaient retenus par leur extrémité supérieure et fixés par des fils de laiton au cercle même de la soupape. |||||||||||||||rubber||||pipes|||||||||||||||||||brass||||||valve Joe managed to cut the rubber joints a few feet above the basket; but as for the pipes, it was more difficult, because they were retained by their upper end and fixed by brass wires to the very circle of the valve.

Ce fut alors que Joe déploya une merveilleuse adresse ; les pieds nus, pour ne pas érailler l'enveloppe, il parvint à l'aide du filet, et malgré les oscillations, à grimper jusqu'au sommet extérieur de l'aérostat ; et là, après mille difficultés, accroché d'une main à cette surface glissante, il détacha les écrous extérieurs qui retenaient les tuyaux. |||||||||||||||scratch|||||||||||||climb|||||||||||||||||||||nuts||||| It was then that Joe displayed a marvelous address; barefoot, in order not to scratch the envelope, he managed to use the net, and despite the oscillations, to climb up to the outer summit of the aerostat; and there, after a thousand difficulties, hooked with one hand to this slippery surface, he untied the external nuts which held the pipes.

Ceux-ci alors se détachèrent aisément, et furent retirés par l'appendice inférieur, qui fut hermétiquement refermé au moyen d'une forte ligature. ||||detached||||||||||hermetically||||||ligature These then easily detached, and were removed by the lower appendix, which was hermetically closed by means of a strong ligature.

Le  Victoria , délivré de ce poids considérable, se redressa dans l'air et tendit fortement la corde de l'ancre. ||delivered||||||||||||||| The Victoria, released from this considerable weight, straightened in the air and tightened the anchor rope strongly.

A minuit, ces divers travaux se terminaient heureusement, au prix de bien des fatigues ; on prit rapidement un repas fait de pemmican et de grog froid, car le docteur n'avait plus de chaleur à mettre à la disposition de Joe. |||||||||||||||||||||pemmican|||||||||||||||||| At midnight, these various works ended happily, at the cost of much fatigue; we quickly had a meal made of pemmican and cold grog, because the doctor no longer had any heat to put at Joe's disposal.

Celui-ci, d'ailleurs, et Kennedy tombaient de fatigue. This one, moreover, and Kennedy fell from fatigue.

« Couchez-vous et dormez, mes amis, leur dit Fergusson ; je vais prendre le premier quart ; à deux heures, je réveillerai Kennedy ; à quatre heures, Kennedy réveillera Joe ; à six heures, nous partirons, et que le ciel veille encore sur nous pendant cette dernière journée ! "Go to bed and sleep, my friends," said Fergusson; I'm going to take the first shift; at two o'clock I will wake up Kennedy; at four o'clock Kennedy will wake Joe up; at six o'clock, we will leave, and may the sky still watch over us during this last day!

» Sans se faire prier davantage, les deux compagnons du docteur s'étendirent au fond de la nacelle, et s'endormirent d'un sommeil aussi rapide que profond. ||||more||||||||||||||||||| Without further ado, the two companions of the doctor stretched out in the bottom of the basket, and fell asleep in a sleep as fast as it was deep. La nuit était paisible ; quelques nuages s'écrasaient contre le dernier quartier de la lune, dont les rayons indécis rompaient à peine l'obscurité. The night was peaceful; a few clouds crashed against the last quarter of the moon, whose undecided rays barely broke the darkness.

Fergusson, accoudé sur le bord de la nacelle, promenait ses regards autour de lui ; il surveillait avec attention le sombre rideau de feuillage qui s'étendait sous ses pieds en lui dérobant la vue du sol ; le moindre bruit lui semblait suspect, et il cherchait à s'expliquer jusqu'au léger frémissement des feuilles. |leaning|||edge||||||||||||||||||||||||||hiding||||||||||suspect||||||||shimmer|| Fergusson, leaning on the edge of the nacelle, looked around him; he watched attentively the dark curtain of foliage which stretched under his feet, concealing from him the view of the ground; the slightest sound seemed suspicious to him, and he tried to explain himself until the leaves rustled slightly.

Il se trouvait dans cette disposition d'esprit que la solitude rend plus sensible encore, et pendant laquelle de vagues terreurs vous montent au cerveau. It was in this frame of mind that solitude makes it even more sensitive, and during which vague terrors come to your mind.

A la fin d'un pareil voyage, après avoir surmonté tant d'obstacles, au moment de toucher le but, les craintes sont plus vives, les émotions plus fortes, le point d'arrivée semble fuir devant les yeux. At the end of such a journey, after having overcome so many obstacles, when reaching the goal, the fears are more lively, the emotions stronger, the point of arrival seems to flee before the eyes.

D'ailleurs, la situation actuelle n'offrait rien de rassurant, au milieu d'un pays barbare, et avec un moyen de transport qui, en définitive, pouvait faire défaut d'un moment à l'autre. |||||||reassuring||||||||||||||definitive|||default|||| Besides, the current situation offered nothing reassuring, in the middle of a barbaric country, and with a means of transport which, in the end, could be lacking at any moment.

Le docteur ne comptait plus sur son ballon d'une façon absolue ; le temps était passé où il le man uvrait avec audace parce qu'il était sûr de 1ui. The doctor no longer counted on his ball absolutely; the time had passed when he used it daringly because he was sure of himself.

Sous ces impressions, le docteur put saisir parfois quelques rumeurs indéterminées dans ces vastes forêts ; il crut même voir un feu rapide briller entre les arbres ; il regarda vivement, et porta sa lunette de nuit dans cette direction ; mais rien n'apparut, et il se fit même comme un silence plus profond. |||||could||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Under these impressions, the doctor could sometimes grasp some indefinite rumors in these vast forests; he even thought he saw a rapid fire shining between the trees; he looked briskly, and wore his night glasses in that direction; but nothing appeared, and there was even a deeper silence.

Fergusson avait sans doute éprouvé une hallucination ; il écouta sans surprendre le moindre bruit ; le temps de son quart étant alors écoulé, il réveilla Kennedy, lui recommanda une vigilance extrême, et prit place aux côtés de Joe qui dormait de toutes ses forces. ||||experienced|||||||||||||||||||||||||||||||||||||| Fergusson had doubtless experienced a hallucination; he listened without surprising the slightest noise; the time of his shift then having elapsed, he awoke Kennedy, recommended extreme vigilance, and took his place next to Joe who was sleeping with all his strength.

Kennedy alluma tranquillement sa pipe, tout en frottant ses yeux, qu'il avait de la peine à tenir ouverts ; il s'accouda dans un coin, et se mit à fumer vigoureusement pour chasser le sommeil. ||quietly|||||rubbing||||||||||||leans||||||||||||| Kennedy quietly lit his pipe, while rubbing his eyes, which he found it hard to hold open; he leaned in a corner, and began to smoke vigorously to drive out sleep.

Le silence le plus absolu régnait autour de loi ; un vent léger agitait la cime des arbres et balançait doucement la nacelle, invitant le chasseur a ce sommeil qui l'envahissait malgré lui ; il voulut y résister, ouvrit plusieurs fois les paupières, plongea dans la nuit quelques-uns de ces regards qui ne voient pas, et enfin, succombant à la fatigue, il s'endormit. ||||||||||||was stirring||crown||||||||||||||||||||||||||eyelids||||||||||||||||||||| The most absolute silence reigned around the law; a light wind stirred the treetops and gently rocked the basket, inviting the hunter to this sleep which overwhelmed him despite himself; he wanted to resist it, opened his eyelids several times, plunged into the night some of those glances which do not see, and finally, succumbing to fatigue, he fell asleep.

Combien de temps fut-il plongé dans cet état d'inertie ? How long was he plunged into this state of inertia?

Il ne put s'en rendre compte à son réveil, qui fut brusquement provoqué par un pétillement inattendu. |||||||||||||||crackling| He couldn't realize when he woke up, which was suddenly caused by an unexpected twinkle.

Il se frotta les yeux, il se leva. ||rubbed||||| He rubbed his eyes, he got up.

Une chaleur intense se projetait sur sa figure. An intense heat was projected on his face. La forêt était en flammes. The forest was in flames.

« Au feu ! " Fire !

au feu ! fire ! s'écria-t-il, » sans trop comprendre l'événement. he cried, "without really understanding the event.

Ses deux compagnons se relevèrent. His two companions got up.

« Qu'est-ce donc ! " What is it !

demanda Samuel. asked Samuel.

—L'incendie ! "The fire!"

fit Joe... Mais qui peut... » said Joe... But who can..."

En ce moment des hurlements éclatèrent sous le feuillage violemment illuminé. ||||||||||illuminated At that moment screams broke out under the violently lit foliage.

« Ah ! "Ah!

les sauvages ! the Savages ! s'écria Joe. Ils ont mis le feu à la forêt pour nous incendier plus sûrement ! They set fire to the forest to set us on fire more surely!

—Les Talibas ! “The Talibas!

les marabouts d'Al-Hadji, sans doute ! |marabouts|||| the marabouts of Al-Hadji, no doubt! » dit le docteur.

Un cercle de feu entourait le  Victoria ; les craquements du bois mort se mêlaient aux gémissements des branches vertes ; les lianes, les feuilles, toute la partie vivante de cette végétation se tordait dans l'élément destructeur ; le regard ne saisissait qu'un océan de flammes ; les grands arbres se dessinaient en noir dans la fournaise, avec leurs branches couvertes de charbons incandescents ; cet amas enflammé, cet embrasement se réfléchissait dans les nuages, et les voyageurs se crurent enveloppés dans une sphère de feu. |||||||||||||||groans|||||vines|||||||||||twisted|||||||seizes||||||||||||||furnace|||||||||mass||||||||||||||||||| A ring of fire surrounded the Victoria; the crackles of dead wood mingled with the groans of the green branches; the vines, the leaves, all the living part of this vegetation twisted in the destructive element; the gaze caught only an ocean of flames; the big trees stood out in black in the furnace, with their branches covered with glowing coals; this flaming heap, this conflagration was reflected in the clouds, and the travelers thought themselves enveloped in a sphere of fire.

« Fuyons ! Let's flee "Let's run away!

s'écria Kennedy ! cried Kennedy! à terre ! down ! c'est notre seule chance de salut ! this is our only chance for salvation! » Mais Fergusson l'arrêta d'une main ferme, et, se précipitant sur la corde de l'ancre, il la trancha d'un coup de hache. ||||||||||||||||truncated|||| But Fergusson stopped him with a firm hand, and, rushing to the anchor rope, he cut it off with an ax. Les flammes, s'allongeant vers le ballon, léchaient déjà ses parois illuminées ; mais le  Victoria , débarrassé de ses liens, monta de plus de mille pieds dans les airs. ||||||||||||||got rid|||||||||||| The flames, stretching towards the balloon, were already licking its illuminated walls; but the Victoria, stripped of its bonds, soared more than a thousand feet in the air.

Des cris épouvantables éclatèrent sous la forêt, avec de violentes détonations d'armes à feu ; le ballon, pris par un courant qui se levait avec le jour, se porta vers l'ouest Terrible cries broke out under the forest, with violent detonations of firearms; the balloon, taken by a current which rose with the day, went towards the west

Il était quatre heures du matin. It was four o'clock in the morning.