DÉLUGE 2009-09-03
C'est le déluge ! C'est ce qu'on entend dire en ce moment à propos du Burkina Faso, sur lequel s'abattent des pluies diluviennes. « Pluies diluviennes » est en même temps l'expression qu'on entend le plus couramment. Ces deux mots, « déluge » et « diluvien », sont en fait de même origine. Ils proviennent du latin diluvium , dont la formation est très expressive : en latin, diluvium a été formé à partir du verbe diluo , lui-même formé à partir du verbe luo . Pourquoi remonter si loin ? Parce que ça permet de comprendre le sens et la force des mots : luo ou lavo (parce on a les deux formes en latin) signifie laver, tremper. Diluo signifie tremper au point qu'on va désagréger, qu'on va délayer, dissoudre le terrain qu'on trempe. Et c'est à partir de ça que se forme diluvium : une pluie si forte qu'elle pourrait dissoudre, ou faire disparaître ce sur quoi elle tombe. On en tire donc en français l'adjectif « diluvien », que d'ailleurs, on n'emploie pratiquement pas au masculin, et à peine au singulier : ce sont toujours les pluies qui sont diluviennes. L'adjectif ressemble beaucoup à son ancêtre latin, alors que le nom « déluge », qui est populaire, qui apparaît anciennement en français, s'en écarte. Il a subi l'érosion du temps. Ce mot, on l'écrit parfois avec une majuscule. Le Déluge, est cette pluie légendaire, qui dura quarante jours et quarante nuits, et dont on dit qu'elle inonda entièrement la Terre. Expression de la colère divine pour châtier les hommes qui ne savaient plus respecter leur Créateur. À l'exception de Noé, ce juste, qui en réchappa avec sa famille grâce à son arche, et grâce à qui l'humanité ne fut pas éteinte pour toujours. Comme quoi, même le Déluge n'éteint pas absolument tout. L'aventure est racontée dans la Bible, et plus précisément dans la Genèse. Un déluge, sans majuscule, est donc une pluie terrible. Et par extension, tout ce qui peut tomber du ciel en abondance. Un gros bombardement peut être qualifié de « déluge de feu ». Parfois, mais plus rarement, au figuré on va parler d'un « déluge de mots », un « déluge de compliments », « un déluge d'insultes ». Mais on dira plus volontiers « une avalanche de compliments ». Par contre, le Déluge biblique sert d'évocation pour un événement très ancien. En particulier dans l'expression toute faite « ça remonte au déluge », c'est à dire c'est très vieux. Ça remonte à des temps dont on se souvient à peine.
Coproduction du Centre national de Documentation Pédagogique. http://www.cndp.fr/