L'histoire du Brexit, épisode 2/3 : « Un accord impossible ? » - YouTube
Les Britanniques votent par référendum la sortie de l'Union européenne.
Un mot va ensuite faire le tour du monde :
"Brexit."
Brexit est un mot-valise composé des termes British et exit.
On le retrouve écrit pour la première fois en 2012 sur le blog de ce monsieur.
Et quatre ans plus tard,
Brexit entre dans ce dictionnaire avec cette définition :
Rapidement, le Brexit c'est plus qu'un mot : c'est une question politique et juridique.
Mais quand elle prononce cette phrase, deux jours avant le début de son mandat,
Theresa May est loin de s'imaginer que le Brexit va plonger son pays
dans sa plus grande phase d'incertitude depuis la seconde guerre mondiale…
"Le Brexit est un divorce, une séparation."
"Ça ne peut être que négatif."
Pour comprendre comment les Européens ont pris la main sur les négociations du Brexit,
il faut s'intéresser à ce qui s'est passé à Bruxelles les 28 et 29 juin 2016.
Quelques jours après le référendum, les 27 dirigeants font preuve d'une unité et
d'une fermeté insoupçonnées.
Ce qui les soude, c'est qu'en coulisses on redoute une implosion de l'Europe.
C'est la première fois qu'un pays s'en va.
Ça mettait chaque Européen devant sa responsabilité : « Est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres
pays qui allaient partir ? »
Les 27 indiquent qu'il n'y aura aucune négociation tant que la procédure de l'UE
n'est pas officialisée.
Et pour cela, il faut que l'article 50 du traité sur l'Union européenne soit déclenché.
Cela va leur permettre deux choses.
D'abord, de s'organiser :
De notre côté nous nous sommes préparés très sérieusement puisqu'on a eu du temps.
Michel Barnier prend le poste de négociateur en chef des Européens le 1er octobre 2016.
Nous avons décidé de jouer la transparence totale.
De dire tout, en temps réel, aux 27 gouvernements, de dire tout, en temps réel, au Parlement
et de publier à l'égard des journalistes et des citoyens des documents de négociation,
ce qui ne s'était jamais fait.
Au contraire, la situation est moins ordonnée dans le camp du Royaume-Uni.
L'article 50 a aussi permis aux Européens de prendre la main sur le calendrier :
pressés par Bruxelles, les Britanniques déclenchent la procédure de divorce le 29 mars 2017,
sans savoir clairement où ils veulent aboutir.
Le piège se referme car la négociation est enserrée dans un délai de deux ans.
Les 27 maîtrisent désormais l'horloge.
Le premier se trouve dans les urnes, lors des législatives anticipées de juin 2017.
Décidées par la première ministre pour augmenter sa majorité absolue au Parlement,
le vote la lui fait perdre.
Après cette débâcle, elle doit s'allier avec un parti d'extrême droite irlandais,
le DUP, qui pèse sur toutes ses décisions.
Or, trouver une majorité au Parlement est la clé du succès.
En cas d'échec pour ratifier l'accord, ce qu'on appelle le « no deal », le Royaume-Uni
s'orienterait vers un Brexit dur : le 30 mars 2019, il pourrait ainsi perdre l'accès
au marché intérieur européen et les avantages de plus de 700 accords.
Un coup perdant pour Theresa May.
Le deuxième obstacle pour Theresa May, c'est la quantité de dossiers à gérer.
"Avec mon équipe, nous avons mis sur la table, dès le début,
tous les pointsd'incertitude créés par le Brexit.
Parmi les centaines de dossiers très concrets à traiter, prenons quelques exemples :
le coût du divorce, environ 40 milliards d'euros, car les Britanniques s'étaient
engagés dans le budget 2014-2020
la question des transports aériens ou routiers
ou le statut des Britanniques dans l'UE et des Européens au Royaume-Uni
Comme tout divorce, ça crée de l'incertitude. Beaucoup d'incertitudes, beaucoup de conséquences…
humaines, sociales, juridiques, économiques, techniques, financières.
Qui ont été très largement sous-estimées.
Le point le plus épineux des négociations se trouve à plus de 500 km de Londres,
C'est celui de la frontière irlandaise.
Et ça mérite un petit détour.
Le Royaume-Uni est composé de quatre pays.
L'Irlande du Nord partage une frontière terrestre avec la République d'Irlande,
membre de l'UE.
Depuis l'accord de paix de 1998, cette frontière a en réalité disparu.
Mais avec le Brexit, se pose la question de son rétablissement.
Or si on la rétablit, la paix est menacée;
et si on la laisse ouverte
l'Irlande du Nord deviendra un sas d'entrée pour les marchandises illégales vers l'UE.
Seule solution : maintenir l'Irlande du Nord dans le marché unique,
au moins tant qu'une autre solution n'est pas trouvée.
C'est le « backstop », l'assurance contre le retour de la frontière imposée par l'UE
au Royaume-Uni.
Mais c'est une situation intolérable pour le DUP, qui y voit
une tentative de réunification de l'Irlande.
Même chose pour les hard-brexiters, qui craignent que cette mesure temporaire devienne durable.
Dès lors qu'on maintenait l'union douanière ou une fiction douanière,
les brexiters disaient que finalement l'Europe continuerait à imposer ses règles.
Le problème, c'est que personne n'a trouvé mieux que le backstop.
Sur tous ces dossiers très techniques, les Européens se montrent performants
durant les négociations qui durent un an et demi et qui aboutissent à ce document.
"C'est un document juridique, c'est un traité avec 600 pages qui apporte des réponses
juridiques, ou des garanties, là où le Brexit crée de l'incertitude.
Nous l'avons signé avec Theresa May, pas contre elle.
Avec elle et avec son gouvernement."
Donc il n'y a pas de punition, il n'y a pas de revanche, jamais.
Mais il y a le traitement objectif, pratique, concret de toutes les questions
créées par le Brexit.
Du côté britannique, les négociations ont été moins bien vécues :
Et en effet, le Parlement britannique rejette l'accord le 15 janvier 2019,
puis à nouveau le 12 mars.
Certains députés trouvent que Theresa May a fait trop de concessions,
d'autres qu'il vaudrait mieux rester dans l'UE.
Faute d'accord, Londres et Bruxelles s'entendent pour un court report de la date de sortie de l'UE.
Faute d'accord, Londres et Bruxelles s'entendent pour un court report de la date de sortie
Elle tente un troisième vote sur son accord.
Mais la réponse est toujours la même.
Le Royaume-Uni est dans l'impasse.
Comme pris au piège de l'unique stratégie de Theresa May, jouer la montre,
qui n'a jusque là jamais porté ses fruits.
"Theresa May m'a donné l'impression d'être une femme très prudente
qui ne voulait passe précipiter...
Ça été le cas… qui voulait donc que le temps fasse son œuvre.
Ce n'est pas toujours un bon principe le temps qu'on donne au temps.
Notamment dans une négociation.
Donc elle croyait que, progressivement, toutes les réserves du côté européen
allaient être gommées et que sur le plan politique intérieur elle finirait par trouver une majorité.
En tout cas, quelle que soit l'issue du Brexit, ses conséquences, elles, sont déjà là :
Des Britanniques profondément divisés.
Une vie politique phagocytée par un accord qui paraît impossible.
Un Royaume-Uni plus désuni que jamais,
avec les menaces sur la paix en Irlande
et une Ecosse europhile qui se me, à reparler d'indépendance.
Tandis que sur le continent, le Brexit a surtout permis de faire disparaitre
la plupart des velléités de sortie de l'UE.
Merci à tous d'avoir suivi cette vidéo, n'hésitez pas à poser des questions dans les commentaires.
Comme le Brexit va avoir de nombreuses conséquences, et que ça va continuer, on vous a mis sous la vidéo
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