Journal en français facile 16/08/2021 20h00 GMT
Vous écoutez RFI, il est 22h à Paris, 20h en temps universel, minuit et demi à Kaboul.
Charlotte Derouin : Bienvenue si vous nous rejoignez pour ce Journal en français facile. Avec moi pour le présenter Mehdi Meddeb. Bonsoir.
Mehdi Meddeb : Bonsoir Charlotte, bonsoir à tous.
CD : En Afghanistan, vingt ans après leur chute, les talibans s'apprêtent à reprendre le contrôle du pays. Des milliers d'Afghans tentent de fuir le pays, ce qui inquiète notamment la Turquie.
MM : Quatre jeunes Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens. Les heurts se sont multipliés ces dernières semaines dans le nord de la Cisjordanie.
CD : Au Japon, la situation sanitaire s'empire. Les hôpitaux ne peuvent pas accueillir tous les malades du Covid-19, alors le ministre de la Santé a décidé que seules les personnes en état grave seraient hospitalisées.
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MM : L'Afghanistan est désormais aux mains des talibans.
CD : En quelques jours seulement, les talibans ont réussi à s'emparer des capitales provinciales, les unes après les autres jusqu'à la capitale, Kaboul. Une offensive très rapide qui intervient vingt ans après la chute de leur régime, c'était en 2001. Justine Maurel.
Les Talibans avaient été chassés du pouvoir par les Américains après cinq ans de règne. Les États-Unis avaient lancé une offensive contre les fondamentalistes islamistes qui refusaient de leur livrer Oussama Ben Laden, juste après les attentats du 11 septembre. Le mouvement taliban, né après l'invasion soviétique, est alors affaibli. Les insurgés se retranchent dans les provinces pachtounes de l'est et du sud-est de l'Afghanistan. Mais très vite, ils se restructurent. Ils profitent notamment de la baisse des effectifs occidentaux en Afghanistan en 2003, pendant la guerre en Irak. Sur le plan économique, ils peuvent compter sur un système d'imposition bien rodé, le commerce de l'opium ou encore des financements extérieurs. En 2020, après plusieurs tentatives infructueuses, Talibans et Américains signent l'accord de Doha. Il fixe les conditions du retrait des troupes occidentales. Un retrait qui commence le 8 juillet 2021 et qui laisse la voie libre aux quelques 75 000 insurgés talibans.
CD : Justine Maurel.
MM : Le président américain doit s'exprimer dans quelques minutes.
CD : Lors de sa dernière prise de parole en public sur l'Afghanistan, mardi dernier, Joe Biden avait défendu encore et encore sa décision de retirer les derniers soldats américains au plus tard au 31 août.
MM : Un peu plus tôt, le Emmanuel Macron s'est lui aussi exprimé.
CD : La France continuera à « lutter contre le terrorisme islamique sous toutes ses formes » a dit le président français. C'est un « enjeu pour la paix et la stabilité internationale ». Le chef de l'État a également appelé à anticiper l'afflux de migrants, alors que la prise du pouvoir par les talibans risque de pousser encore plus d'Afghans à quitter le pays.
MM : Des milliers de personnes tentaient ce lundi de fuir le pays, de pourvoir monter dans un avion.
CD : Des scènes de chaos aujourd'hui à l'aéroport de Kaboul. Le désespoir s'est emparé de certains Afghans, prêts à tout. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des centaines de personnes courant près d'un avion de transport militaire américain pour tenter de s'accrocher à ses roues. L'armée américaine a annoncé avoir tué deux personnes lors des scènes de panique.
MM : Les pays voisins de l'Afghanistan redoutent une vague migratoire, c'est le cas de la Turquie.
CD : La Turquie est sur la route de l'exil vers l'Europe. Et le président turc s'inquiète de l'arrivée de nouveaux réfugiés. Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'il allait tout faire pour stabiliser la situation en Afghanistan. À Istanbul, Céline Pierre-Magnani.
Tarir le flux à la source, c'est la stratégie que semble vouloir adopter le président turc. Recep Tayyip Erdogan a annoncé, ce dimanche, vouloir collaborer avec le Pakistan pour stabiliser l'Afghanistan. Une manière de jouer la carte confessionnelle pour créer un dialogue avec les talibans. Ces derniers s'étaient initialement opposés à ce que l'aéroport de Kaboul passe sous protection turque, mais la prise de la capitale a changé la donne. Dans une interview accordée au site d'information Independent Türkçe, un des leaders talibans a déclaré qu'ils souhaitaient créer des liens avec la Turquie allant même jusqu'à la qualifier « d'alliée ». La diplomatie avec les talibans ne suffira pourtant pas à enrayer les flux des milliers d'Afghans qui fuient leur pays. Recep Tayyip Erdogan le sait, c'est la raison pour laquelle il fait construire un mur à sa frontière orientale. Le président turc est critiqué en interne pour sa politique migratoire et il redoute de revivre un scénario à la syrienne. La Turquie compte officiellement 3,7 millions de réfugiés syriens et plus de 130 000 réfugiés afghans. Céline Pierre-Magnani, Istanbul, RFI.
MM : Quatre jeunes Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens.
CD : Ça s'est passé tôt ce matin au camp de réfugiés de Jénine, au nord de la Cisjordanie occupée. Des membres de la police des frontières israélienne recherchaient une personne soupçonnée d'être impliquée « dans des activités terroristes ». Lorsque des affrontements ont éclaté. Les heurts se sont multipliés ces dernières semaines. L'Autorité palestinienne évoque une « situation explosive ». Les précisions de notre correspondante, Alice Froussard.
Tout a eu lieu très tôt ce matin, à l'aube, dans le camp de réfugié de Jénine. Selon des témoins sur place, au moment où une unité de l'armée israélienne effectuait un raid, un groupe de Palestiniens s'est engagé dans des affrontements. L'unité israélienne ouvre le feu et quatre jeunes, la vingtaine, ont été tués. Raed Abu Saif, 21 ans et Saleh Omar, 19 ans, Nour Jarrar, 19 ans, et Amjad Husseineh, 20 ans. Les deux premiers, blessés, ont été rapidement transféré à l'hôpital de Jénine où ils ont succombé à leurs blessures, les corps des deux autres ont été conservés par les Israéliens. L'armée israélienne assure avoir reçu des tirs en premier, il n'y a aucun blessé de leur côté. Dans les médias palestiniens, on rapporte qu'au moins deux autres jeunes Palestiniens ont été arrêtés : l'un, après avoir été blessé à la tête, l'autre Mohammed Abu Zina, arrêté chez lui. La porte-parole de la présidence palestinienne a aussitôt réagi, dénonçant, je cite, « un crime odieux » et précisant que « la poursuite de la politique israélienne mènera à un renforcement des tensions et à une situation explosive ». À Jénine, les funérailles de deux jeunes ont déjà commencé, rassemblant des centaines de Palestiniens. Alice Froussard, Ramallah, RFI.
MM : En Haïti, le bilan du puissant séisme qui a touché le sud d'Haïti samedi matin ne cesse de grimper.
CD : Plus de 1 300 morts et des milliers de blessés. Les hôpitaux sont totalement débordés. La situation est dramatique en raison du manque de matériel pour soigner les blessés. Et elle pourrait encore s'aggraver avec l'arrivée de la tempête tropicale Grace qui doit s'abattre sur la région.
MM : Le Japon fait face à une recrudescence de cas de Covid-19.
CD : Le pays recense en ce moment dix fois plus de cas quotidiens qu'il y a un mois. Dans les régions où l'état d'urgence a été instauré, comme à Tokyo, il manque des lits et des soignants pour prendre en charge les malades. Le ministère de la Santé a donc décidé qu'à partir de maintenant seuls les malades dans un état grave seraient hospitalisés. Cette décision suscite la colère des médecins, et même un début de panique dans la population. À Tokyo, Bruno Duval.
Au Japon, même les malades du Covid souffrant de difficultés respiratoires ne sont plus hospitalisés. Cela indigne ce médecin : « L'état de santé de ces malades pouvant se dégrader rapidement, cela me paraît très imprudent de leur imposer de rester chez eux. Et c'est inhumain, en plus. Ceux qui souffrent le martyre en respirant n'ont pas droit aux analgésiques les plus puissants, qui ne sont administrés qu'en milieu hospitalier. » À Tokyo, une armada d'aides-soignants à domicile munis de bonbonnes à oxygène sont sollicités jour et nuit par des malades qui sont en détresse respiratoire. Ce qui affole cet infirmier : « Beaucoup de mes patients sont si faibles qu'ils peuvent à peine parler. Certains ont même les lèvres et les doigts violets tellement ils sont en insuffisance respiratoire aiguë. Je n'avais jamais vu cela. À mon sens, on va droit à la catastrophe sanitaire majeure. » En ce moment, les Japonais se ruent sur les oxymètres, ces appareils qui mesurent le taux d'oxygène dans le sang. Dans ce magasin, par exemple, chaque jour, les rayons sont pris d'assaut : « J'ai commandé un oxymètre car on m'a dit que c'était indispensable pour surveiller l'évolution de son état de santé lorsqu'on ne peut pas être hospitalisé. » « Quand on est en rupture de stock, des clients se fâchent ou fondent en larmes tant ils sont stressés de ne pas pouvoir acheter cet appareil. » Stressés, et pour cause : six Japonais sur dix n'ont toujours pas été vaccinés. Bruno Duval, Tokyo, RFI.
MM : On en parlait il y a quelques instant, Joe Biden s'exprime en ce moment.
CD : Les États Unis n'avaient pas pour but de construire une nation en Afghanistan, dit le président américain, qui précise que les États Unis mèneront si nécessaire des actions anti-terroristes en Afghanistan. Joe Biden défend une nouvelle fois sa décision de retirer les troupes américaines d'Afghanistan.
MM : Et puis un mot de tennis, Charlotte.
CD : Roger Federer, blessé au genou droit, n'est pas près de retrouver les courts. La légende suisse, qui vient d'avoir 40 ans, va subir une nouvelle opération, ce qui devrait l'immobiliser pendant de longs mois.
C'est la fin de ce Journal en français facile, merci de votre fidélité.