Chapitre 6. Tout est bien qui finit bien
C'est jeudi et, comme d'habitude, les quatre amis vont chez Victor après leurs cours. Le vieil homme laisse toujours la clé de la porte d'entrée sous une plante pour Gabriel.
Gabriel entre dans le salon et dit :
‒ Salut, Victor !
Mais, soudain, il crie :
‒ Oh non ! Victor ! Il est mort !
Thomas se précipite vers Victor qui est allongé par terre.
‒ Non, il est encore vivant ! dit Thomas. Camille, appelle une ambulance, vite !
À l'hôpital, les médecins leur disent que Victor n'est pas en danger.
‒ Rien de grave, dit le médecin, mais pour l'instant, il ne peut pas bouger son bras droit et il n'arrive pas à parler. Il pourra rentrer chez lui dans quelques jours, mais il aura besoin de quelqu'un pour l'aider.
‒ Moi, je peux l'aider, dit Gabriel.
Quelques jours plus tard, Gabriel va vivre chez Victor. Les autres vont le voir tous les après‒midis. Victor n'arrive toujours pas à parler et il les regarde tristement.
‒ Qu'est‒ce qu'on peut faire pour l'aider ? demande Gabriel aux autres.
‒ On peut peut‒être utiliser la musique, dit Camille. Je sais qu'on n'a pas encore étudié la « musicothérapie », mais on peut regarder sur Internet. Tu dis toujours qu'il aime quand tu joues du saxophone, Gabriel.
‒ Bien sûr ! Pourquoi je n'y ai pas pensé ? dit Gabriel.
‒ Et on peut aussi lui lire et lui chanter des chansons, dit Thomas.
‒ Et moi, qu'est‒ce que je peux faire ? dit Anaïs.
‒ Parle‒lui, dit Camille. Tu le fais toujours rire !
Le lendemain, ils vont chez Victor et ils apportent le madal avec eux. Thomas le frappe délicatement pendant que Gabriel joue du saxophone et que Camille chante avec sa voix très douce. Les yeux de Victor sont plus brillants, mais il n'arrive toujours pas à parler. Les quatre amis vont chez le vieil homme tous les jours, et Camille essaye de trouver des mots à mettre sur la musique, mais elle n'a pas d'idées.
Une nuit, Camille fait un rêve. Elle rêve qu'elle chante sur scène. Gabriel et Thomas jouent leur « Musique de Victor », comme elle l'appelle, et Anaïs danse comme un papillon.
Le lendemain matin, elle se réveille tard. Elle se lève et écrit les paroles de la chanson de son rêve. Ensuite, elle se précipite à l'académie et va voir ses amis.
‒ Je crois que j'ai trouvé notre chanson pour le spectacle ! leur dit‒elle.
Et elle commence à chanter :
Poursuivez vos rêves,
et écoutez votre coeur.
Voilà ce que vous devez faire
Pour que vos rêves deviennent réalité.
‒ Mais c'est la musique qu'on joue pour Victor ! dit Gabriel.
‒ Et ce sont ses mots ! dit Anaïs. C'est génial, Camille ! Je vais réfléchir à une danse pour ça !
‒ J'ai aussi rêvé de toi en train de danser cette nuit, dit Camille. Tu étais magnifique, comme un papillon ! Et toi Thomas, tu peux raconter l'histoire de Victor et d'Adèle, épisode par épisode, et après chaque épisode, je chanterai la chanson. Qu'est‒ce que vous en pensez ?
Thomas, Gabriel et Anaïs disent que c'est une excellente idée. Ils sont très heureux et s'embrassent tous les quatre.
‒ Nous devons le dire à Victor, dit Gabriel. Nous allons parler de sa vie, nous devons lui demander s'il est d'accord...
‒ Tu as raison, Gabriel, dit Camille. Je n'y avais pas pensé.
Plus tard, ils racontent à Victor leur projet pour le spectacle. Il n'arrive toujours pas à parler, mais il leur sourit : les quatre amis comprennent alors qu'il aime l'idée.
Les semaines suivantes sont bien remplies. Thomas écrit l'histoire de Victor et d'Adèle et il s'entraîne à jouer du madal avec Gabriel et Camille pendant qu'Anaïs travaille sa danse. Ils étudient aussi pour leurs examens de fin de semestre. Gabriel est encore chez Victor et il n'a pas beaucoup de temps pour étudier. Il sait qu'il doit réussir tous ses examens pour garder sa bourse mais il sait aussi que, maintenant, Victor compte beaucoup pour lui. Les autres essayent d'aider Gabriel comme ils peuvent, mais ils n'ont pas les mêmes cours.
Un jour, Gabriel leur dit :
‒ On peut faire la répétition du spectacle dans le salon de Victor… il dira peut‒être quelque chose s'il le voit...
Anaïs, Thomas et Camille trouvent que c'est une bonne idée et les quatre copains se retrouvent chez Victor à 18 heures.
‒ Victor, ce soir, tu vas être le premier à voir notre spectacle de fin de semestre, dit Gabriel.
Victor sourit et s'installe dans son fauteuil pour regarder ses quatre jeunes amis. À la fin, il se lève et sourit, puis il dit très lentement :
‒ Ma… Ma… Magnifique !
Il y a un moment de silence, puis les quatre amis prennent Victor dans leurs bras.
‒ Ça a marché ! crie Gabriel, les larmes aux yeux.
Les examens arrivent. Gabriel a étudié, mais il n'est pas trop sûr de les avoir réussis.
‒ Tu passeras, j'en suis sûre ! l'encourage Camille. La semaine suivante, la veille* du spectacle, l'Académie publie les résultats. Les quatre copains vont les voir sur Internet.
‒ Oh, non ! dit Gabriel, très triste. J'ai raté deux examens !
‒ Oh, mon pauvre ami, dit Camille, inquiète. Qu'est‒ce que tu vas faire ?
‒ Je ne sais pas… répond Gabriel.
‒ Pourquoi tu ne vas pas voir le professeur Blanchard pour lui expliquer pour Victor ? Il te laissera peut‒être garder la bourse.
Anaïs est silencieuse, cela ne lui ressemble pas. Camille le remarque et lui demande :
‒ Anaïs, qu'est‒ce qu'il y a ? Tu as réussi tous tes examens !
‒ Je sais, dit Anaïs, c'est ça le problème...
‒ Qu'est‒ce que tu veux dire ? dit Camille.
‒ Eh bien... je ne vous l'ai pas encore dit... vous savez... avec Victor et le spectacle... mais... ils m'ont demandé de faire la vidéo de sport... et ils ont dit qu'il y a beaucoup de travail à venir !
‒ Alors, maintenant, les examens sont finis et tu ne sais pas quoi faire, c'est ça ? dit Thomas.
‒ C'est exact ! dit Anaïs. Je ne veux pas vous quitter et j'adore les cours, mais ce genre de danse, c'est ce que je veux faire.
‒ C'est ton rêve ? demande Thomas.
‒ Oui, répond Anaïs.
‒ Alors, vas‒y ! dit‒il avant de la prendre dans ses bras.
‒ Oh, Anaïs, ça va être différent sans toi, dit Camille, mais je suis vraiment heureuse pour toi !
‒ Moi aussi, dit Gabriel, qui essaie d'oublier ses problèmes pendant un moment.
Le soir suivant, ils font le spectacle. C'est une réussite et tout le monde adore. Le lendemain, le professeur Blanchard les convoque dans son bureau.
‒ Votre numéro était la meilleure partie du spectacle. J'ai adoré l'idée d'utiliser le madal ! Je suis désolé de te voir partir Anaïs, mais dans la vie, il faut faire des choix. Alors, bonne chance ! Thomas, Camille, rendez‒vous à la rentrée ! Maintenant, vous pouvez me laisser seul avec Gabriel, s'il vous plaît, j'ai besoin de lui parler.
Les autres quittent le bureau et attendent dehors avec inquiétude.
‒ Eh bien, Gabriel, j'ai reçu un e‒mail ce matin d'un certain M. Victor Dubois. Il dit qu'il va financer tes études pour les deux prochaines années et que tu ne dois donc plus t'inquiéter de la bourse.
‒ Oh, merci, merci ! dit Gabriel.
‒ Ne me remercie pas, Gabriel, dit le professeur Blanchard. Remercie M. Dubois... Mais n'oublie pas, Gabriel, tu as deux examens à repasser en septembre !
Gabriel sort ensuite du bureau pour le dire à ses amis. Ils sont très contents pour lui !
‒ Tu vas me manquer, Anaïs, mais au moins j'aurai toujours ces deux superbes garçons avec moi, dit Camille avec un sourire.
Puis Gabriel va chez Victor.
‒ Oh, Victor, merci beaucoup ! dit‒il.
Victor sourit et dit lentement : « J'att… en…. dais ».
Au début, Gabriel ne comprend pas. Puis il se rappelle de leur première rencontre dans le parc.
‒ Ah, dit Gabriel en riant. Tu attendais que je te remercie ! Comme tu le dis toujours, « la politesse ne coûte rien ».
Il prend ensuite le vieil homme dans ses bras et le remercie encore de l'aider à réaliser son rêve.