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PLATON (Πλάτων) La République. Livre Septième., 09. PLATON. La République. Livre Septième. Partie 9/11.

09. PLATON. La République. Livre Septième. Partie 9/11.

Nous prescrirons, je pense, la même méthode à l'égard des autres sciences, si nous voulons être bons à quelque chose, comme législateurs. Mais toi, pourrais-tu me rappeler encore quelque science qui convienne à notre dessein ?

Il ne m'en vient aucune à l'esprit quant à présent.

Cependant le mouvement, à ce qu'il me semble, ne présente pas une seule forme ; il en a plusieurs. Un savant pourrait peut-être les nommer toutes ; mais il en est deux que nous connaissons.

Quelles sont-elles ?

Après celle que nous avons dite, vient celle-ci qui lui correspond [28].

Laquelle ?

Il semble que, comme les yeux ont été faits pour l'astronomie, les oreilles l'ont été pour les mouvements harmoniques, et que ces deux sciences, l'astronomie et la musique, sont sœurs, comme disent les Pythagoriciens et comme nous, cher Glaucon, nous l'admettons : n'est-ce pas ?

Oui Socrate.

Comme c'est une grande affaire, nous prendrons leur opinion sur ce point et sur d'autres encore, s'il y a lieu ; mais à côté de tout cela, nous maintiendrons notre maxime.

Quelle maxime ?

Celle d'interdire à nos élèves toute étude en ce genre qui demeurerait imparfaite et ne tendrait point au terme où doivent aboutir toutes nos connaissances, comme nous le disions tout à l'heure au sujet de l'astronomie. Ne sais-tu pas que la musique aujourd'hui n'est pas mieux traitée que sa sœur ? On borne cette science à la mesure des tons et des accords sensibles : travail sans fin, aussi inutile que celui des astronomes [29].

Il est plaisant en effet, Socrate, de voir nos musiciens avec ce qu'ils appellent leurs nuances diatoniques, l'oreille tendue, comme des curieux qui sont aux écoutes, les uns disant qu'ils découvrent un certain ton particulier entre deux tons, et que ce ton est le plus petit qui se puisse apprécier [30] : les autres soutenant au contraire que cette différence est nulle ; mais tous d'accord pour préférer l'autorité de l'oreille à celle de l'esprit.

Tu parles de ces braves musiciens qui ne laissent aucun repos aux cordes, les fatiguent de leurs expériences et les mettent pour ainsi dire à la question au moyen des chevilles. Pour ne pas prolonger cette description, je te fais grâce des coups d'archet qu'ils leur donnent, et des accusations dont ils les chargent sur leur obstination à refuser certains sons ou à en donner qu'on ne leur demande pas : j'abandonne toute cette description, et je déclare que ce n'est point de ceux-là que je veux parler, mais de ceux que nous nous sommes proposé d'interroger sur l'harmonie [31]. Ceux-ci du moins font la même chose que les astronomes ; ils cherchent des nombres dans les accords qui frappent l'oreille : mais ils ne vont pas jusqu'à y voir de simples données pour découvrir quels sont les nombres harmoniques et ceux qui ne le sont pas, ni d'où vient entre eux cette différence.

Voilà une étude bien sublime.

Elle est utile à la recherche du beau et du bon ; mais si on s'y livre dans une autre vue, elle ne servira de rien.

Cela peut bien être.

Pour moi je pense que l'étude de toutes les sciences que nous venons de parcourir, si elle portait sur leurs points de contact et sur leurs analogies entre elles, et les comprenait dans leurs rapports généraux, cette étude serait utile à la fin que nous nous proposons et vaudrait la peine qu'on s'y adonnât : sinon, elle n'en vaudrait nullement la peine.

J'en augure de même : mais, Socrate, tu nous parles là d'un bien long travail.

Quoi, tu veux dire sans doute notre prélude ? Et ne savons-nous pas que toutes ces études ne sont que des espèces de préludes de l'air qu'il nous faut apprendre ? Car assurément les gens qui excellent dans ces sciences ne sont pas dialecticiens, à ton avis ?

Non, certes, sauf un très petit nombre que j'ai pu rencontrer.

Mais si l'on n'est pas en état de donner ou d'entendre la raison de chaque chose, crois-tu qu'on puisse jamais bien connaître ce que nous avons dit qu'il fallait savoir ?

Je ne le crois pas.

Eh bien, Glaucon, voilà enfin après tous les préludes l'air dont je parlais ; c'est la dialectique* qui l'exécute. Science toute spirituelle, elle peut cependant être représentée par l'organe de la vue qui, comme nous l'avons montré, s'essaie d'abord sur les animaux, puis s'élève vers les astres et enfin jusqu'au soleil lui-même. Pareillement, celui qui se livre à la dialectique, qui, sans aucune intervention des sens, s'élève par la raison seule jusqu'à l'essence des choses, et ne s'arrête point avant d'avoir saisi par la pensée l'essence du bien, celui-là est arrivé au sommet de l'ordre intelligible, comme celui qui voit le soleil est arrivé au sommet de l'ordre visible.

Cela est vrai.

N'est-ce pas là ce que tu appelles la marche dialectique ?

Oui.

Rappelle-toi l'homme de la caverne : il se dégage de ses chaînes ; il se détourne des ombres vers les figures artificielles et la clarté qui les projette ; il sort de la caverne et monte aux lieux qu'éclaire le soleil ; et là, dans l'impuissance de porter directement les yeux sur les animaux, les plantes et le soleil, il contemple d'abord dans les eaux leurs images divines et les ombres des êtres véritables, au lieu des ombres d'objets artificiels, formées par une lumière que l'on prend pour le soleil. Voilà précisément ce que fait dans le monde intellectuel l'étude des sciences que nous avons parcourues ; elle élève la partie la plus noble de l'âme jusqu'à la contemplation du plus excellent de tous les êtres, comme tout à l'heure nous venons de voir le plus perçant des organes du corps s'élever à la contemplation de ce qu'il y a de plus lumineux dans le monde corporel et visible.

J'admets ce que tu dis : ce n'est pas que je n'aie bien de la peine à l'admettre, mais il me serait aussi difficile de le rejeter ; au surplus, comme ce sont des choses que nous n'avons pas à entendre seulement aujourd'hui, mais sur lesquelles il faut revenir plusieurs fois, supposons qu'il en est comme tu dis, venons-en à notre air, et étudions-le avec autant de soin que nous avons fait le prélude. Dis-nous donc en quoi consiste la dialectique, en combien d'espèces elle se divise, et par quels chemins on y parvient ; car il y a apparence que ce sont ces chemins qui conduisent au terme où le voyageur fatigué trouve le repos et la fin de sa course.

Je crains fort que tu ne puisses me suivre jusque là, mon cher Glaucon ; car pour moi la bonne volonté ne me manquerait pas ; ce que tu aurais à voir, ce n'est plus l'image du bien, mais le bien lui-même, ou du moins ce qui me paraît tel. Que je me trompe ou non, ce n'est pas encore la question ; mais ce qu'il s'agit de prouver, c'est qu'il existe quelque chose de semblable : n'est-ce pas ?

Oui.

Et que la dialectique seule peut le découvrir à un esprit exercé dans les sciences que nous avons parcourues ; qu'autrement, cela est impossible.

Oui c'est bien là ce qu'il s'agit de prouver.

Au moins il est un point que personne ne nous contestera, c'est que la méthode dialectique est la seule qui tente de parvenir régulièrement à l'essence de chaque chose, tandis que la plupart des arts ne s'occupent que des opinions des hommes et de leurs goûts, de production et de fabrication, ou se bornent même à l'entretien des produits naturels et fabriqués. Quant aux autres, tels que la géométrie et les sciences qui l'accompagnent, nous avons dit qu'ils ont quelque relation avec l'être ; mais la connaissance qu'ils en ont ressemble à un songe, et il leur sera impossible de le voir de cette vue nette et sûre qui distingue la veille, tant qu'ils resteront dans le cercle des données matérielles sur lesquelles ils travaillent, faute de pouvoir en rendre raison. En effet, quand les principes sont pris on ne sait d'où, et quand les conclusions et les propositions intermédiaires ne portent que sur de pareils principes, le moyen qu'un tel tissu d'hypothèses fassent jamais une science ?

Cela est impossible.

Il n'y a donc que la méthode dialectique qui, écartant les hypothèses, va droit au principe pour l'établir solidement ; qui tire peu à peu l'œil de l'âme du bourbier où il est honteusement plongé, et l'élève en haut avec le secours et par le ministère des arts dont nous avons parlé. Nous les avons appelés plusieurs fois du nom de sciences pour nous conformer à l'usage ; mais il faudrait leur donner un autre nom qui tienne le milieu entre l'obscurité de l'opinion et l'évidence de la science : nous nous sommes servis quelque part plus haut du nom de connaissance raisonnée. Au reste il ne s'agit pas de disputer sur les noms, quand nous avons, ce semble, des choses si importantes à examiner.

Tu as raison Socrate ; c'est à la pensée à éclairer les termes.

Ainsi nous jugeons à propos, comme auparavant, d'appeler science la première et la plus parfaite manière de connaître ; connaissance raisonnée, la seconde ; foi, la troisième ; conjecture, la quatrième, comprenant les deux dernières sous le nom d'opinion, et les deux premières sous celui d'intelligence, de sorte que le rapport qui existe entre ce qui est et ce qui naît, se retrouve de l'intelligence à l'opinion, de la science à la foi, de la connaissance raisonnée à la conjecture. Mais laissons là, Glaucon, les rapports de ces deux ordres, à savoir, l'ordre de l'opinion et celui de l'intelligence, ainsi que le détail de la subdivision de chacun d'eux, pour ne pas nous jeter dans des discussions plus longues que celles dont nous sommes sortis.

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09. PLATON. La République. Livre Septième. Partie 9/11. 09. PLATON. Die Republik. Buch 7. Teil 9/11. 09. PLATO. The Republic. Book Seven. Part 9/11. 09 PLATO, La República, Libro Séptimo, Parte 9/11. 09. PLATO. Republika. Księga siódma. Część 9/11. 09. PLATO. A República. Livro Sete. Parte 9/11. 09. PLATO. Cumhuriyet. Yedinci Kitap. Bölüm 9/11.

Nous prescrirons, je pense, la même méthode à l’égard des autres sciences, si nous voulons être bons à quelque chose, comme législateurs. ||||||||regard|||sciences|||||||||| We will prescribe, I think, the same method with regard to the other sciences, if we want to be good at something, as legislators. Mais toi, pourrais-tu me rappeler encore quelque science qui convienne à notre dessein ? ||||||||||suit||| But you, could you still remind me of some science that suits our purpose?

Il ne m’en vient aucune à l’esprit quant à présent. It does not come to mind at present.

Cependant le mouvement, à ce qu’il me semble, ne présente pas une seule forme ; il en a plusieurs. However, the movement, it seems to me, does not present a single form; he has several. Un savant pourrait peut-être les nommer toutes ; mais il en est deux que nous connaissons. A scholar might perhaps name them all; but there are two of them that we know.

Quelles sont-elles ?

Après celle que nous avons dite, vient celle-ci qui lui correspond [28]. After the one we have said, comes the one that corresponds to it [28].

Laquelle ? Which ?

Il semble que, comme les yeux ont été faits pour l’astronomie, les oreilles l’ont été pour les mouvements harmoniques, et que ces deux sciences, l’astronomie et la musique, sont sœurs, comme disent les Pythagoriciens et comme nous, cher Glaucon, nous l’admettons : n’est-ce pas ? ||||||||||||||||||harmonics|||||||||||||||Pythagoreans|||||||||| It seems that, as the eyes were made for astronomy, the ears were made for harmonic movements, and that these two sciences, astronomy and music, are sisters, as say the Pythagoreans and like us, dear Glaucon, we admit it, do not we?

Oui Socrate.

Comme c’est une grande affaire, nous prendrons leur opinion sur ce point et sur d’autres encore, s’il y a lieu ; mais à côté de tout cela, nous maintiendrons notre maxime.

Quelle maxime ?

Celle d’interdire à nos élèves toute étude en ce genre qui demeurerait imparfaite et ne tendrait point au terme où doivent aboutir toutes nos connaissances, comme nous le disions tout à l’heure au sujet de l’astronomie. |||||||||||||||would tend|||||||||||||||||||| That of forbidding our students any study of this kind which would remain imperfect and would not tend to the end of which all our knowledge must end, as we said earlier about astronomy. Ne sais-tu pas que la musique aujourd’hui n’est pas mieux traitée que sa sœur ? Do not you know that music today is not treated better than his sister? On borne cette science à la mesure des tons et des accords sensibles : travail sans fin, aussi inutile que celui des astronomes [29]. |||||||||||accords|||||||||| This science is limited to the measurement of tones and sensible chords: endless work, as useless as that of astronomers.

Il est plaisant en effet, Socrate, de voir nos musiciens avec ce qu’ils appellent leurs nuances diatoniques, l’oreille tendue, comme des curieux qui sont aux écoutes, les uns disant qu’ils découvrent un certain ton particulier entre deux tons, et que ce ton est le plus petit qui se puisse apprécier [30] : les autres soutenant au contraire que cette différence est nulle ; mais tous d’accord pour préférer l’autorité de l’oreille à celle de l’esprit. ||||||||||||||||diatonic||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| It is indeed pleasant, Socrates, to see our musicians with what they call their diatonic nuances, their ears outstretched, like curious listeners, some saying that they discover a particular tone between two tones, and that this tone is the smallest that can be appreciated [30]: others argue on the contrary that this difference is null; but all agree in preferring the authority of the ear to that of the mind.

Tu parles de ces braves musiciens qui ne laissent aucun repos aux cordes, les fatiguent de leurs expériences et les mettent pour ainsi dire à la question au moyen des chevilles. ||||||||||||||||||||||||||||||pins You speak of these brave musicians who leave no rest on the strings, tire them of their experiments and put them so to speak to the question by means of the ankles. Pour ne pas prolonger cette description, je te fais grâce des coups d’archet qu’ils leur donnent, et des accusations dont ils les chargent sur leur obstination à refuser certains sons ou à en donner qu’on ne leur demande pas : j’abandonne toute cette description, et je déclare que ce n’est point de ceux-là que je veux parler, mais de ceux que nous nous sommes proposé d’interroger sur l’harmonie [31]. ||||||||||||of bow|||||||||the||||obstinacy|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||| In order not to prolong this description, I forgive you with the bows that they give them, and accusations that they charge them with their obstinacy in refusing certain sounds or giving them that they are not asked: abandon all this description, and I declare that it is not from those that I wish to speak, but from those which we have proposed to question on harmony [31]. Ceux-ci du moins font la même chose que les astronomes ; ils cherchent des nombres dans les accords qui frappent l’oreille : mais ils ne vont pas jusqu’à y voir de simples données pour découvrir quels sont les nombres harmoniques et ceux qui ne le sont pas, ni d’où vient entre eux cette différence. At least they do the same thing as astronomers; they look for numbers in the chords that strike the ear: but they do not go so far as to see simple data to discover what are the harmonic numbers and those which are not, or where does this difference come between them .

Voilà une étude bien sublime.

Elle est utile à la recherche du beau et du bon ; mais si on s’y livre dans une autre vue, elle ne servira de rien.

Cela peut bien être.

Pour moi je pense que l’étude de toutes les sciences que nous venons de parcourir, si elle portait sur leurs points de contact et sur leurs analogies entre elles, et les comprenait dans leurs rapports généraux, cette étude serait utile à la fin que nous nous proposons et vaudrait la peine qu’on s’y adonnât : sinon, elle n’en vaudrait nullement la peine. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||devoted||||||| For me I think that the study of all the sciences that we have just gone through, if it related to their points of contact and their analogies between them, and understood them in their general reports, this study would be useful to the end that we we propose and would be worth the trouble, otherwise it would not be worth it.

J’en augure de même : mais, Socrate, tu nous parles là d’un bien long travail. I beseech the same: but, Socrates, you speak to us of a very long work.

Quoi, tu veux dire sans doute notre prélude ? |||||||prelude Et ne savons-nous pas que toutes ces études ne sont que des espèces de préludes de l’air qu’il nous faut apprendre ? And do not we know that all these studies are only a kind of prelude to the air we need to learn? Car assurément les gens qui excellent dans ces sciences ne sont pas dialecticiens, à ton avis ? ||||||||||||dialecticians||| Because surely the people who excel in these sciences are not dialecticians, in your opinion?

Non, certes, sauf un très petit nombre que j’ai pu rencontrer. No, certainly, except a very small number that I could meet.

Mais si l’on n’est pas en état de donner ou d’entendre la raison de chaque chose, crois-tu qu’on puisse jamais bien connaître ce que nous avons dit qu’il fallait savoir ? ||||||||||to hear|||||||||||||||||||| But if we are not in a position to give or hear the reason for everything, do you think we can ever know what we said we should know?

Je ne le crois pas.

Eh bien, Glaucon, voilà enfin après tous les préludes l’air dont je parlais ; c’est la dialectique* qui l’exécute. Science toute spirituelle, elle peut cependant être représentée par l’organe de la vue qui, comme nous l’avons montré, s’essaie d’abord sur les animaux, puis s’élève vers les astres et enfin jusqu’au soleil lui-même. A very spiritual science, it can, however, be represented by the organ of sight, which, as we have shown, tries first on animals, then rises towards the stars and finally to the sun itself. even. Pareillement, celui qui se livre à la dialectique, qui, sans aucune intervention des sens, s’élève par la raison seule jusqu’à l’essence des choses, et ne s’arrête point avant d’avoir saisi par la pensée l’essence du bien, celui-là est arrivé au sommet de l’ordre intelligible, comme celui qui voit le soleil est arrivé au sommet de l’ordre visible. Likewise, one who gives himself up to dialectics, who, without any intervention of the senses, rises by reason alone to the essence of things, and does not stop before having grasped by thought the essence of good, he has reached the summit of intelligible order, just as he who sees the sun has reached the summit of visible order.

Cela est vrai.

N’est-ce pas là ce que tu appelles la marche dialectique ? Is not this what you call the dialectical march?

Oui.

Rappelle-toi l’homme de la caverne : il se dégage de ses chaînes ; il se détourne des ombres vers les figures artificielles et la clarté qui les projette ; il sort de la caverne et monte aux lieux qu’éclaire le soleil ; et là, dans l’impuissance de porter directement les yeux sur les animaux, les plantes et le soleil, il contemple d’abord dans les eaux leurs images divines et les ombres des êtres véritables, au lieu des ombres d’objets artificiels, formées par une lumière que l’on prend pour le soleil. Remember the man in the cave: he is free from his chains; he turns away from the shadows towards the artificial figures and the clarity which projects them; he goes out of the cave and goes up to the places illuminated by the sun; and there, unable to look directly at animals, plants, and the sun, he first contemplates in the water their divine images and the shadows of true beings, instead of the shadows of artificial objects, formed by a light that we take for the sun. Voilà précisément ce que fait dans le monde intellectuel l’étude des sciences que nous avons parcourues ; elle élève la partie la plus noble de l’âme jusqu’à la contemplation du plus excellent de tous les êtres, comme tout à l’heure nous venons de voir le plus perçant des organes du corps s’élever à la contemplation de ce qu’il y a de plus lumineux dans le monde corporel et visible. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||piercing|||||||||||||||||||||| This is precisely what the study of the sciences we have done in the intellectual world does; it elevates the noblest part of the soul to the contemplation of the most excellent of all beings, just as we have just seen the most piercing organ of the body rise to the contemplation of what There is more luminousness in the corporeal and visible world.

J’admets ce que tu dis : ce n’est pas que je n’aie bien de la peine à l’admettre, mais il me serait aussi difficile de le rejeter ; au surplus, comme ce sont des choses que nous n’avons pas à entendre seulement aujourd’hui, mais sur lesquelles il faut revenir plusieurs fois, supposons qu’il en est comme tu dis, venons-en à notre air, et étudions-le avec autant de soin que nous avons fait le prélude. I admit what you say: it is not that I have much difficulty in admitting it, but it would be difficult for me to reject it; moreover, since these are things that we do not have to hear only today, but on which we must return several times, suppose that it is as you say, come to our air, and study as carefully as we have done the prelude. Dis-nous donc en quoi consiste la dialectique, en combien d’espèces elle se divise, et par quels chemins on y parvient ; car il y a apparence que ce sont ces chemins qui conduisent au terme où le voyageur fatigué trouve le repos et la fin de sa course. Tell us, then, what is the dialectic, how many species does it divide, and by what means is it achieved? for it seems that these are the roads that lead to the end where the weary traveler finds rest and the end of his race.

Je crains fort que tu ne puisses me suivre jusque là, mon cher Glaucon ; car pour moi la bonne volonté ne me manquerait pas ; ce que tu aurais à voir, ce n’est plus l’image du bien, mais le bien lui-même, ou du moins ce qui me paraît tel. |fear||||||||||||Glaucon||||||||||||||||||||||||||||||||||| I fear very much that you can not follow me here, my dear Glaucon; for to me good will would not fail me; what you would have to see is not the image of good, but the good itself, or at least what seems to me so. Que je me trompe ou non, ce n’est pas encore la question ; mais ce qu’il s’agit de prouver, c’est qu’il existe quelque chose de semblable : n’est-ce pas ? Whether I'm wrong or not, that's not the question yet; but what is to be proved is that there is something similar: is it not?

Oui.

Et que la dialectique seule peut le découvrir à un esprit exercé dans les sciences que nous avons parcourues ; qu’autrement, cela est impossible. |||dialectic||||||||exercised|||||||||||

Oui c’est bien là ce qu’il s’agit de prouver.

Au moins il est un point que personne ne nous contestera, c’est que la méthode dialectique est la seule qui tente de parvenir régulièrement à l’essence de chaque chose, tandis que la plupart des arts ne s’occupent que des opinions des hommes et de leurs goûts, de production et de fabrication, ou se bornent même à l’entretien des produits naturels et fabriqués. |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||are limited|||||||| At least there is one point that no one will challenge us is that the dialectical method is the only one that attempts to regularly reach the essence of everything, while most of the arts are only concerned with the opinions of men and their tastes, of production and manufacturing, or even limit themselves to the maintenance of natural and manufactured products. Quant aux autres, tels que la géométrie et les sciences qui l’accompagnent, nous avons dit qu’ils ont quelque relation avec l’être ; mais la connaissance qu’ils en ont ressemble à un songe, et il leur sera impossible de le voir de cette vue nette et sûre qui distingue la veille, tant qu’ils resteront dans le cercle des données matérielles sur lesquelles ils travaillent, faute de pouvoir en rendre raison. ||||||||||||||||||||||||||||||dream||||||||||||||||||||||||||||||||||||| As for others, such as geometry and the sciences which accompany it, we have said that they have some relation with being; but the knowledge they have of it resembles a dream, and it will be impossible for them to see it from that clear and sure view which distinguishes the day before, so long as they remain in the circle of the material data on which they work, for want of to be able to prove it. En effet, quand les principes sont pris on ne sait d’où, et quand les conclusions et les propositions intermédiaires ne portent que sur de pareils principes, le moyen qu’un tel tissu d’hypothèses fassent jamais une science ? In fact, when the principles are taken from where, and when the conclusions and intermediate propositions relate only to such principles, how can such a web of hypotheses ever make a science?

Cela est impossible.

Il n’y a donc que la méthode dialectique qui, écartant les hypothèses, va droit au principe pour l’établir solidement ; qui tire peu à peu l’œil de l’âme du bourbier où il est honteusement plongé, et l’élève en haut avec le secours et par le ministère des arts dont nous avons parlé. |||||||||excluding|||||||||||||||||||mire||||||||||||||||||||||spoken There is, then, only the dialectical method which, rejecting hypotheses, goes straight to the principle to establish it firmly; who gradually draws the eye from the soul of the quagmire where he is shamefully plunged, and raises him up with the help and the ministry of the arts of which we have spoken. Nous les avons appelés plusieurs fois du nom de sciences pour nous conformer à l’usage ; mais il faudrait leur donner un autre nom qui tienne le milieu entre l’obscurité de l’opinion et l’évidence de la science : nous nous sommes servis quelque part plus haut du nom de connaissance raisonnée. We have called them several times the name of sciences to conform to the usage; but it would be necessary to give them another name which holds the middle between the obscurity of opinion and the evidence of science: we have used the name of reasoned knowledge somewhere above. Au reste il ne s’agit pas de disputer sur les noms, quand nous avons, ce semble, des choses si importantes à examiner.

Tu as raison Socrate ; c’est à la pensée à éclairer les termes.

Ainsi nous jugeons à propos, comme auparavant, d’appeler science la première et la plus parfaite manière de connaître ; connaissance raisonnée, la seconde ; foi, la troisième ; conjecture, la quatrième, comprenant les deux dernières sous le nom d’opinion, et les deux premières sous celui d’intelligence, de sorte que le rapport qui existe entre ce qui est et ce qui naît, se retrouve de l’intelligence à l’opinion, de la science à la foi, de la connaissance raisonnée à la conjecture. |||||||||||||||||||||||||conjecture|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||conjecture Thus, as before, we consider it expedient to call science the first and most perfect way of knowing; reasoned knowledge, the second; faith, the third; conjecture, the fourth, comprising the last two under the name of opinion, and the first two under that of intelligence, so that the relation which exists between what is and what is born finds itself again from intelligence to intelligence. opinion, from science to faith, from reasoned knowledge to conjecture. Mais laissons là, Glaucon, les rapports de ces deux ordres, à savoir, l’ordre de l’opinion et celui de l’intelligence, ainsi que le détail de la subdivision de chacun d’eux, pour ne pas nous jeter dans des discussions plus longues que celles dont nous sommes sortis. ||||||||two||||||||||||||||||||||||||||||||||||